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La tête dans les étoiles

Bon même s'il y a un plafond entre les deux...
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Sujet lancé par Matroshka Voroshk
Le 02-11-1510 à 00h02
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Posté par Kaelianne Foha,
Le 17-03-1512 à 21h17
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Matroshka Voroshk

Le Matal 19 Julantir 1511 à 14h48

 
A moitié dans les vapes, la sorcière haussait un sourcil. Evidemment les étoiles ne répondaient pas par "oui" ou "non", c'était trop simple. Ben voyons. Elle tourna et retourna la phrase plusieurs fois dans sa tête, cherchant un sens, une amorce de réflexion. Il lui aurait fallut Shyama pour traduire. Elle s'y connaissait en phrase bizarre, elle-même étant bizarre. Nul manuel d'astrologie apprenait à déchiffrer les phrases bizarres aussi Matroshka les laissa dans un coin brumeux de sa tête pour se concentrer sur autre chose.

Sans trop savoir pourquoi, l'astrologue faisait un petit bourdonnement, musiquée tirée d'un pan de sa mémoire de quand elle était petite fille. Elle ne se souvenait plus de l'origine de cette chanson. Des images se mêlaient au fur et à mesure. Un triangle passé, présent et délire du futur où la Voroshk était au barycentre.


Un nouvel art veut naître et exister
Deux mères décidées mais folles à lier
Impacter la Trame sans autre raison
Et franchir le Rubicon
D'une armure, vibrer d'un nouveau diapason
Une solution mais myriades d'actions.


Matroshka s'interrompit comme épuisée. Les hallucinations se superposaient à la réalité, vision étrange de ce qui l'entourait, de ce qu'elle pensait.

Rähina, es-tu là ?


 
Narrateur

Le Merakih 3 Agur 1511 à 01h16

 
***
Les Cieux scintillèrent, comme un clignement de paupière indécis.
La question restait vague, trop vague, mais le Flocon était bel et bien là et la petite Tisserande répondit à l'Astrologue tandis que ses Soeurs conféraient encore entre elles à mi-voix...
***


Quelques fois l'art nait...
Du hasard,
Mais bien plus souvent...
Du talent.

La folie liée à la passion
Menées par détermination,
Sont mères des plus grandes créations...
Mais patience est la condition.


 
Matroshka Voroshk

Le Julung 4 Agur 1511 à 15h12

 
Patience est mesure du temps.

La sorcière venait de prononcer cette phrase sans trop savoir pourquoi. Elle avait cru l'entendre un jour. Elle serait patiente. Elle attendrait. Elle n'avait pas le choix. Tombant dans le ciel noir, la Voroshk se laissait guider par le vent et trouvait ça bien d'être ainsi libérée de ses entraves terrestres.

Elle cherchait une façon d'avancer dans ses recherches, trouver une amorce. Shyama souhaitait commencer par une écaille de noosphage pour mieux s'approprier l'enchantement chimérique mais il ne s'agissait plus d'utiliser les acquis mais d'en créer de nouveaux. La difficulté était toute autre. Fixer l'enchantement à la trame revenait à deux choses pour la Voroshk : modifier le support d'une part de façon à incorporer la ressource et rendre réceptif l'enchantement d'autre part. Ce qui impliquait d'être sur deux fronts en simultanée, créer une harmonie...


Existe-t-il un écho pour guider nos pas ?
Une trace d'un passé déjà cherché ?
Loin d'être de la paresse,
Je recherche ta sagesse.
Comment faire pour que le noeud soit ancré
Vraiment, c'est la galère ici bas.



 
Narrateur

Le Julung 4 Agur 1511 à 17h07

 
***
Rähina et ses soeurs de la constellation de la Tisserande étaient bien les interlocutrices parfaites pour parler de noeud, aussi répondirent-elles toutes d'une voix unie et enthousiaste.
***


Pour faire une bonne épitase
Il faut savoir où se cachent
Les meilleures attaches
Qui lieront toutes les bases.

Pour ce que tu abordes
Tu dois d'abord
Poser la première corde.
Ce n'est qu'alors
Que tu sauras comment lier,
Que tu sauras où tisser.

L'appel est très ancien,
Il n'en reste presque rien.
Seuls quelques ancêtres
S'en souviennent peut-être...


 
Narrateur

Le Vayang 12 Agur 1511 à 12h28

 
***
Clignements de paupières... Combien de temps est-elle restée endormie là? Matroshka ne le savait pas... Un rapide coup d'oeil au ciel lui apprit que les Soeurs stellaires n'avaient pas beaucoup bougé depuis son dernier souvenir.
Avait-elle rêvé cette discussion avec les Etoiles? L'astrologue se posa sérieusement la question, sachant que le Nuage prétendait qu'Elles lui parlaient... mais d'habitude, les étoiles ne parlaient pas pourtant...

Se saisissant de la lunette, elle la pointa sur la constellation de la Tisserande, qui scintillait paisiblement dans le cadran nord-est des cieux. L'étoile la plus éloignée de la ligne d'horizon, Velnë le Dé-à-Coudre, était toute proche de Kminia le Compas de la constellation de l'Architecte... D'habitude, celle-ci était le guide des bâtisseuses, matrone de la rigueur et de la précision.
D'après ce que Matroshka savait, Velnë pouvait annoncer un changement de direction aussi bien qu'une confirmation d'un travail...
***


 
Matroshka Voroshk

Le Luang 15 Agur 1511 à 16h44

 
Matroshka restait allongée, impassible, fixant le ciel sans trop savoir pourquoi. Son esprit revenait sur terre, la physique reprenait sa réalité. L'étude était finie, livrant ses conclusions, ses réponses, ses interrogations.
Matroshka savait qu'elle avait eu beaucoup d'aide. C'était à elle de mettre à profit désormais ces indices, faire travailler sa matière grise et se montrer digne de cette précieuse assistance.

Plein de respect et de gratitude envers ces lointaines soeurs brillantes, la sorcière se redressa lentement et s'inclina religieusement pour témoigner ses remerciements. Le temps était venu de se retrousser les manches et de plonger au plus profond des mystères qui l'entouraient. Point de créatures ou de maléfices, c'était un combat d'une toute autre nature qui s'engageait. Celui de la réflexion, de l'intelligence et de la détermination. L'objectif était difficile à atteindre, les enjeux importants, la difficulté réelle.

Un sourire carnassier traversa le visage de la sorcière. Elle avait enfin un adversaire plus puissant qu'elle. L'inconnu.



 
Matroshka Voroshk

Le Luang 20 Fambir 1512 à 21h01

 
** Des mois plus tard **

La Voroshk avait prise une sorte de retraite temporaire, ou des vacances à durée indéterminée. Elle-même ne savait pas trop quand elle voudrait revenir dans les affaires. Ce jour-là, les choses bougeraient à Kryg et il y aura un sacré bazar. Mais d'ici là, l'astrologue en culottes courtes s'occupait de ses petites affaires dans la villa familiale, carbonisait un condomignon de temps à autre et surtout, surtout, faisait les boutiques.

Puis elle fut contactée, un jour qu'elle avait les bras chargés de sacs d'emplettes.

De la viande fraîche ??! s'exclama la sorcière en plein dans la boutique.

Les autres clients sortirent rapidement, connaissant la sorcière de renom. On la savait dangereuse mais pas cannibale. Mais les moeurs peuvent changer.

Bref, rendez-vous donné devant les Croûtons. La Voroshk arriva en retard, les bras complètement chargés d'emplettes. C'est dans ce genre de situations qu'elle était contente de maîtriser la magie. Un petit sort qui vous donne la force d'un taureau et c'est parti pour descendre les champs Élysées locaux en chantonnant une musique niaise.

C'est donc dans un dérapage plus ou moins contrôlé que la plus fashion des astrologues s'arrêta devant les Croûtons où l'attendait la grande intriguée.

Malgré son air ridicule pour une matriarcale, la sorcière n'en jaugeait pas moins ce qui se trouvait en face. Ses derniers souvenirs dataient d'un cours qu'elle donnait à la bibliothèque lorsqu'elle était venue avec son enfant et Mirwen. Autant dire qu'elle ne lui avait pas fait forte impression. Une folle parmi tant d'autres. L'Equilibrium avait ses idiots, les Rêvants leurs feignants, la Confrérie ses vicieux, la Fraternité ses paranoïaques, les Témoins leurs illuminés et le Matriarcat ses folles.


Hajar liadha !

La sorcière s'approcha, toujours aussi chargée et mis un grand coup de pied dans la double porte qui s'ouvrit avec fracas. Quelques têtes se tournèrent, voyant la scène puis haussant les épaules. Habituées.

C'est par là ! dit-elle en s'engouffrant à l'intérieur de l'étrange bâtiment octogonal.

Deux étages plus haut, les deux tydales arrivèrent devant une lourde porte avec un écriteau marqué dessus "SILENCE". Encore une fois, elle enfonça la porte dans un style tout féminin. Heureusement, il n'y avait personne. Elles traversèrent une minuscule bibliothèque sombre pour aller s'arrêter devant une porte. Elle s'apprêta à l'enfoncer de nouveau mais se retint au dernier moment l'air songeur. D'un léger coup de postérieur, elle la fit pivoter silencieusement.

Une sorte d'échelle s'élevait dans la pénombre, Matroshka s'y engouffrait sans réfléchir.

Lorsque les yeux de Kaelianne s'habituèrent à l'obscurité de la nouvelle pièce, elle découvrit un bureau. Ou un laboratoire. Ou une chambre. Ou une bibliothèque. Ou un bazar. Des parchemins jonchés sur le sol, des bougies éteintes, des objets d'études d'apparence fragile, des fioles alambiquées. Tous ces objets étaient partie intégrante d'un immense capharnaüm où la Voroshk était une sorte de variable d'ajustement, totalement aléatoire et loin d'être discrète.


Asseyez-vous liadha je vous en prie.

Sauf qu'il n'y avait rien pour s'asseoir. Les chaises prenaient trop de place. Seule une espèce de tabouret mécanique trônait derrière la Voroshk. Un ensemble de rouages et de poulies le reliait à quelque chose perdu dans l'obscurité.

Bon...on va faire autrement.

Un mot de pouvoir et la main de la Voroshk se mit à nimber de bleu. Des courants d'air se formèrent pour créer un cyclone miniature au centre de la pièce. Les parchemins sur le sol s'envolèrent et se posèrent en désordre un peu plus loin dans le bureau, laissant entrevoir un peu de sol. Matroshka prit une vieille carpette et l'étala devant elle puis s'assit en tailleur.

Donc, nous disions...


 
Kaelianne Foha

Le Merakih 22 Fambir 1512 à 00h29

 
***
Nemès l’avait laissée. Elle lui avait rapidement présenté Voroshk comme une personne qui s’occuperait d’elle et avait filé sans un mot. Bien sûr, elle aurait préféré que ce soit Nemès, et puis il y avait eu ces histoires de justices, des conversations de pensées interminables, des menaces, des décisions, et surtout de l’attente. Elle observa la petite tydale et la suivit, se maintenant à une distance prudente vu la manière dont elle ouvrait les portes. Elle ne proposa pas d’aider à porter non plus, vu la tornade qu’était cette tydale, c’était plus dangereux qu’autre chose que de se mettre sur son chemin.

Sa réputation lui était tout à fait étrangère, mais bien qu’un peu éthérée, elle n’était pas tout à fait stupide. Elle referma les portes ouvertes derrière elle, délicatement. La jeune tydale se félicita d’avoir un logement bien plus rangé que celui-ci. En comparaison sa masure à moitié abandonnée lui semblait être un palais de propreté. Et un palais, c’était un euphémisme. Elle observa l’absence de tabouret, failli aller sur le seul qu’elle voyait mais renonça en la voyant s’agiter.
Elle toussa face au tourbillon de poussière et papier. Poussière.

Elle s’assit avec des gestes automatiques, un peu raide. Elle observait le plafond, nez en l’air. Elle ne répondit pas. Pas tout de suite, il se passa un instant avec que son attention de revienne à la drôle d’astrologue.
***


J’aime la poussière.

On y lit bien les Signes.


***
La tydale sourit, un sourire vague encore un peu absent mais cette fois elle observe son interlocutrice d’un air tranquille. Elle ôta son vaste menteau de tissus léger pour ne garder qu'un haut sans manche aussi blanc que son pentathlon aux pans si larges qu'on pouvait parfois le confondre avec une robe. Elle dénoua le turban qui entourait son crâne lisse. Elle posa le tout à côté d'elle avec sa besace. Elle passa une main machinale sur son crâne.

Elle se demandait bien pourquoi Némès l'avait confiée à elle. Elle se concentra, se força à ramener toute son attention qui divaguait déjà vers d'autres dimensions. Elle avait à l'intérieur de sa main gauche une longue plaie aux croutes suintantes et sales. Une goutte de sang perla jusqu'au tapis. Elle n'y prêtait pas la moindre attention. Se concentrer. Elle se focalisa sur le visage et la chevelure rousse. Serra le poing pour que cesse le lien qui l'attirait ailleurs, plus loin. Bien plus loin.
Nemès avançait bien, elle espérait que son voyage se passe bien, tant que la vision la rassurait. Elle ne prenait pas la peine de la contacter. Elle savait déjà.

Se concentrer. Elle se gifla mentalement. Suffit. Et soupira d'aise en constatant qu'elle avait réussi à juguler son esprit.

***


Moi, c'est elle

 
Matroshka Voroshk

Le Vayang 24 Fambir 1512 à 22h26

 
Certes.

La lecture de..."signes" peut se faire sur différents supports. Entrailles fraîches et fumantes pourquoi pas ? Ou une bonne vieille boule de cristal ?


Haussement de sourcil. Plus sérieuse, la sorcière reprend.

Divination.
Drogues.
Marc de café.
Calculs mathématiques.
Théories chimériennes sur la manipulation temporelle.


Matroshka croisa les mains sous son menton.

Parmi plus d'une dizaine de méthodes, plus ou moins sérieuses, pourquoi s'intéresser à l'astrologie ? Car je suppose que c'est ce dont il est question vu ma présence.


Un bref tremblement secoue l'arcaniste. Son corps semble s’affaisser rapidement, sa peau perd de sa couleur. Son sort de force vient de s'estomper. D'un coup, la Voroshk semble moins impressionnante, plus fragile, plus faible.


 
Kaelianne Foha

Le Sukra 25 Fambir 1512 à 11h39

 
***
La jeune tydale la regarde d’un air un peu étonné qui croit au fur et à mesure de son énumération. Elle s’apprêtait à répondre après une longue réflexion qui lui avait fait froncer les sourcils quand elle assista à la métamorphose. Ses grands yeux bleus s’agrandirent un peu plus de surprise. Elle se glisse, se déplaçant un peu sur le tapis miteux pour tâter la peau de l’astrologue et en estimer l’élasticité. Elle la considère avec sérieux.
***


Est-ce que ça va ?

***
La main qui palpe se retire prestement. Peut-être est-ce pour cela que Nemès lui a ordonné d’aller vers elle ? Elle plisse son nez, le temps d’une réflexion encore qui n’aboutit à rien. Elle reprend de sa voix douce et posée.
***


Qu’est-ce l’astrologie ?

***
A son petit air innocent, il est aisément visible qu’il n’y a aucune plaisanterie et que la question est sérieuse. Elle contemple un peu plus la pièce et son désordre. Même d'aspect plus fragile, l'astrologue restait bien plus imposante que son interlocutrice qui semblait pouvoir plier au moindre coup de vent. Se mettre à pleurer à la moindre colère. Se blesser en se prenant un coin de table ou même s'égarer dans sa propre maison. On aurait dit une poupée de verre, de celles qu'on a peur de briser en la touchant. Ses yeux bleus d'une rare vivacité sont mis en valeur par l'absence de cheveux.

Elle se sentait heureuse. Au milieu du désordre près de cette drôle de personne.

***


Moi, c'est elle

 
Matroshka Voroshk

Le Matal 28 Fambir 1512 à 21h48

 
"L'astrologie est un ensemble de traditions et de croyances qui soutient que la position des planètes et des étoiles apporte des informations permettant d'analyser ou de prédire des événements humains, collectifs ou individuels."

La sorcière avait décliné cette longue définition d'un air snob.

Ca, c'est la définition des mathématiciens de la Fraternité. Des terre-à-terre un peu obtus qui reniflent trop de poudre à canon avec leurs gros nez.


Baillant un instant, Matroshka reprend plus passionnée.

Mais pour nous, tydales que nous sommes, enfants du Déclin, condamnées d'avance à attendre la Chute, la Fin de tout, nous avons l'art et la manière de voir les étoiles. De leur parler. De les ressentir.

...L'art et la manière liadha.


Il n'y a pas une astrologie mais des astrologies. Chacune de nous a sa manière, sa façon de procéder, son processus. Les bases, nous les avons toutes. La différence vient de l'empathie avec ce qui est au-dessus de nos crânes chauves.

La sorcière haussa les yeux vers la touffe qui s'accumulait sur son crâne "chauve". Une autre fois pour la comparaison... Et après réflexion, les meilleures astrologues étaient toutes chevelues. Elles étaient toutes folles d'ailleurs.



 
Kaelianne Foha

Le Merakih 29 Fambir 1512 à 18h23

 
C'est joli les étoiles.

***
La tydale lève le nez vers le plafond comme s'il n'existait pas et plisse les yeux.
***


Les étoiles ça fait comme un grand champ de poussière lointaine.
Je ne les comprends pas. Elles murmurent, mais je ne les comprends pas.
Pas encore peut-être.

Je dois apprendre à mieux voir.
Avoir l'art et la manière.

C'est très différent... très différent des signes qui se lisent.
Il n'y a donc aucune manière, aucune comparaison possible ? Comment sait-on que l'astrologue lira correctement ?
...

C'est vrai... on ne sait pas si je vois correctement non plus.
On ne peut pas savoir, vérifier... peut-être.

Il faut faire confiance.
Comment fait-on confiance ici ?

***
Un léger silence, elle baisse les yeux vers l'astrologue.
***


Tu n'es pas très chauve.
Et je ne suis pas chauve. Je suis rasée.
C'est Nemès qui me l'a fait !
***

Elle claque ses mains entre elles avec un sourire enfantin, heureux.

***


Moi, c'est elle

 
Matroshka Voroshk

Le Julung 8 Marigar 1512 à 22h12

 
La sorcière hausse un sourcil. Parler avec des phrases bizarres, agir étrangement, comme s'il y avait plusieurs personnalités en face d'elle. Décidément, une bonne tarée, une spécialité locale du Matriarcat. Elevée au grand air des montagnes infestées de condomignons, bercée très près du mur depuis toute petite, la sorcière en passe et des meilleures.

Ce sont les plus folles qui sont les meilleures astrologues. C'est un fait indubitable et les exemples parmi les symbiosées ou les autres sont légions. Et dans cette cohorte, Matroshka est presque saine d'esprit en comparaison. Si c'est dire.

Trop de questions liadha.

L'index en l'air comme une oratrice, l'astrologue reprend.


Les astrologues donnent les réponses mais ne posent pas de question.

Si nous commençons à poser les questions, nous sommes mal barrées ma fille.
dit la Voroshk en levant la tête vers son interlocutrice qui, même assise, reste encore trop grande.

Haussement d'épaules.

Conjectures, hypothèses, suppositions, probabilités, interprétation... ce n'est pas une science de l'exact. Liadha Alberta donne de très bons cours de mathématiques au rez-de-chaussée si vous voulez y aller. Ici, c'est l'incertitude.

Alors comment faire confiance à quelqu'un qui nous parle d'incertitudes dans quelque chose d'aussi important qu'un thème astral ?

D'abord, en faisant confiance aux étoiles et avant tout encore, en se faisant confiance à soi-même.

Le reste, n'est que cause à effet.



 
Kaelianne Foha

Le Luang 12 Marigar 1512 à 22h42

 
Es-tu folle ?

***
Elle plisse les yeux, les iris azuré assombris par la mauvaise lumière semblent plus mouvant, mystérieux, moins soudables. Elle lisse de manière placide un pan de jupe. Elle réfléchit un peu, se remémore les personnes qui l’ont marquée, qui sont restée en surface de l’onde agitée de sa mémoire. Si vite englouti dans les remouds, brassées. Une louve blanche, qui abandonne. Une femme qui caresse. Une glace acérée. Peu de personne, en soit. Certaines bonnes, d’autres mauvaises ou insignifiante.
Des questions ? Qu’est-ce une question après tout ?
Une forme superficielle.
Paroles. Les paroles ne sont guères fidèles, toujours si hypocrites et fuyantes.

Elle reprend, de sa voix flutée.
***


L’astrologie est-elle donc superficielle ?
Tu n’es pas claire, astrologue. Je ne vois ni cause, ni effet.

***
La grande tydale sourit de manière innocente, d'apparence sérieuse elle attend une réponse moins confuse.
***


Moi, c'est elle

 
Matroshka Voroshk

Le Sukra 17 Marigar 1512 à 20h46

 
La sorcière réfléchit un instant. Puis deux. Puis trois. Puis quatre.

Je ne suis pas folle...

Lueur d'amusement dans la pupille.

...j'ai une perception de la réalité altérée.

Et encore si elle savait...

L'astrologie est superficielle. Elle est sérieuse. Elle est déclinante, vivante, sang-âme. Elle est tout ce que nous sommes et ne sommes pas liadha. Il n'y a pas une astrologie mais des astrologies.


La lumière baisse encore dans la pièce, bientôt le noir sera installé.

Car c'est un miroir....


Une révélation vient de la traverser. Son coeur s'arrête un instant. Un seul. Elle vient de comprendre quelque chose qu'elle avait toujours su.

Un instant.

Perplexe, elle se lève et se dirige rapidement vers l'arrière de la pièce cachée par un lourd rideau. Sans ménagement, elle écarte les pans de la toile pour faire une grande baie vitrée derrière un fauteuil mécanique relié à une lunette astronomique.

*** ***


La pièce est éclairée par la première lune, donnant à la scène un aspect presque irréel. La sorcière fouille dans un tiroir pour en extraire un parchemin écorné. Elle le parcoure des yeux quelques secondes puis sort de sa poche un petit objet métallique. Du pouce, elle fait tourner l'aiguille du cadran plusieurs fois.


*** ***


C'est plus tôt que prévu...

Elle réfléchit un instant.

Liadha, vous vouliez voir de l'astrologie. Voilà la mienne. Mécanique, calculs et technologie.

Matroshka s'installe sur son fauteuil renversé, colle son oeil sur l'oculaire. Elle se relève puis actionne différentes manivelles qui font pivoter la lunette sur ses deux axes. Elle ne quitte pas des yeux son parchemin et son petit cosmolabe.

L'astrologue regarde de nouveau dans l'oculaire, modifie l'inclinaison, regarde encore, modifie encore jusqu'à atteindre l'objectif recherché. Satisfaite, elle regarde l'autre tydale.


J'ai connu une astrologue, très jeune, très douée, très folle. Elle n'avait besoin que d'un parchemin, d'un crayon et de ses yeux. Je ne suis pas comme elle, alors j'ai adapté, j'ai inventé, j'ai essayé, j'ai compensé.

Une pause.

Tu...vous voulez voir ?


 
Kaelianne Foha

Le Sukra 17 Marigar 1512 à 21h17

 
***
L’astrologie n’est rien. Ou indéfinissable. Les deux. Comme elle, altérée.
Un miroir ? Elle s’approche contre la baie vitrée et plonge son regard dans l’infinité du ciel. Ce soir le temps est clair. Les astres luisent lointains, condescendants. La jeune tydale pose son front contre la vitre froide sans quitter l’immensité des cieux. Après une longue contemplation elle se tourne vers l’appareil qu’elle observe.

Le cliquetis de l’aiguille lui plait. Elle aimerait avoir une petite chose aussi jolie qui tourne, un petit ronronnement de métal. L’astrologue s’agite, trop vite. L’éthérée se voûte un peu sur elle-même, fermant les yeux. Bruissement de papier. Bruit de rouages. Le ciel était trop calme, ici l’agitation est vertigineuse.
Elle se ramasse sur elle-même, se regroupe, se recentre.
Elle ne voulait pas voir l’astrologie, à vrai dire, elle était là car Nemès le lui avait dit. Vas avec elle. La guerrière était partie. Froide. Glaciale. Le ciel aussi est froid. Froid et distant. Un plaisant compagnon. Le froid réconforte tant l’âme. Un compagnon délicieux, torpeur. On oublie.

Elle écoute, jeune, douée et folle. Des mots. Elle est les trois, ça ne fait rien de plus d’elle. Chaque méthode à son mérite. Elle se rapproche, rouvre à demi les yeux. Elle pose une main sur l’épaule de l’astrologue, si appuie pour ployer au-dessus du parchemin. Elle s’attendait à sentir le poids de ses cheveux rouler sur ses épaules. Ils ne vinrent jamais et elle se rendit compte qu’elle les aimait quand même un peu, ses cheveux

Elle lit, sans vraiment lire. Puis elle imite, place ses yeux devant l’étrange machine qui lui montre une vision déformée. Si proche. Trop proche. Elle referme les yeux.
Les étoiles doivent rester lointaines.
Elle a peur soudainement.

La main sur l’épaule se crispe. Elle tourne la tête pour regarder le ciel à travers la baie vitrée. Son soulagement est immense de le voir inchangé. Elle soupire. Toujours crispée contre l’astrologue, elle murmure.
***


J’ai eu peur que les étoiles n’aient bougés, se soient rapprochée.
Quelle machine terrifiante...






Moi, c'est elle

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