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Sujet lancé par Lyhndael
Le 21-11-1510 à 11h37
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Posté par Lyhndael,
Le 27-04-1512 à 16h08
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Lyhndael

Le Dhiwara 21 Nohanur 1510 à 11h37

 
***
Lyhndael quittait le bureau de l'astrologue Alifa Farkadaïn et son axe avait changé.

De nombreuses choses demandaient réflexion...

De nombreuses choses étaient cachées...

De nombreuses choses auraient besoin de temps pour être comprises...

Mais le chemin lui apparaissait clairement... et il commençait par un message à destination de ses soeurs coupeuses et surtout de sa supérieure Nemès car son accord était indispensable...
***

Aka's Hajar soeurs du Fatalisme,

Ma route s'est éclairée, mon Méclien m'a été révélé.

Grâce à vous mes sœurs, j'ai appris la force d'agir ensemble, de manière cohérente… Chaque sœur est un modèle par son action, son courage, son talent et sa maîtrise…

Mais j'ai aussi appris la force de l'apprentissage, pas seulement le mentor, ni le tuteur, mais l'enseignant qui permet l'émergence du savoir, qui est la lumière dans les ténèbres qui permet de guider ton pas vers la connaissance au lieu d'errer, de tâtonner…

Je demande à pouvoir suivre un apprentissage dédié à l'enseignement… Non que j'en ai déjà parlé à Innana, à Matroshka ou quiconque… Mais je sais que si je m'y prends seule, je n'aboutirai pas… Je suis trop peu patiente pour être efficace dans une tache qui se révèle être avant tout une ouverture vers l'autre.

Je ne demande pas un traitement de faveur. Je poursuivrai mes tâches quotidiennes et mes devoirs envers mes sœurs, mais je souhaite pouvoir utiliser mon temps libre à cette activité.


***
Les mots lui étaient venus comme une évidence... comme s'ils avaient germé depuis longtemps...
n'attendant qu'une goutte pour éclore.
***


Peu m'importent les chances
Peu m'importe le temps... ou ma désespérance


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Luang 22 Nohanur 1510 à 23h21

 
***
Alifa lui avait conseillé de réfléchir et de décider... sereinement...
Mais comment rester sereine alors que pour la première fois, elle savait ce qu'elle devait faire.

Il lui fallait un symbole, un signe qui indique clairement à toutes que l'ancienne Lyhndael n'était plus.
Son coeur et son âme avaient changé... sa famille aussi...

Elle savait enfin que la tache qui lui était confiée était cruciale pour la survie du Matriarcat : elle avait repéré un manquement, une faille... et elle devrait y prêter la plus grande application possible...

Ainsi grandirait le Matriarcat...
Ainsi le Declin et la fin du Tableau verraient ses filles fières y assister.

Elle était devenue une fière sœur des Fileuses de Mort et il lui fallait l'officialiser.
Lyhndael se rendait d'un pas fière et déterminé... Elle ne rencontrerait peut-être pas La Matriarche Malaglinis, cela était peut-être même préférable...

Mais elle avançait... à jamais !
***


Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Merakih 24 Nohanur 1510 à 10h08

 
***
Lyhndael sortait de la demeure des Fileuses de mort. On ne lui avait posé que peu de questions quand elle y était entrée, comme si sa présence coulait de source. Elle y avait été accueillie par une semeuse, lui demandant juste de confirmer son nom et sa volonté de rejoindre la Famille. Pendant tout l'échange, elle lui avait souri avec un air de dire qu'elle en avait mis du temps pour trouver sa place, pourtant évidente...
Il faudrait juste qu'elle rencontre la matriarche, à un moment ou à un autre... mais rien ne pressait.

La coupeuse pressait maintenant le pas vers les Miettes, certaine d'y trouver les personnes qui seraient à même de lui enseigner leur science de l'éducation. En sondant ses connaissances, elle réalisa que seulement trois noms lui venaient : la Voix Inanna, la furieuse Matroshka et la douce Lyzan...
Or elle connaissait... hum peut-on réellement connaitre Inanna... le mot était mal choisi... elle avait établi un lien, un contact avec le mïsh... Mais le moment ne se prêtait pas à lui demander une faveur, cela serait malvenu... peut être plus tard si les étoiles et la Justice du Matriarcat le voulaient bien.
Il ne restait donc que la sorcière devenue depuis peu astrologue et la parcheminière. Or elle avait déjà assisté à un cours de Matroshka et savait à quel point elle était doué en enseignante malgré ses nombreux... hum... défauts ou au moins particularités. Reste que Lyhndael doutait de la patience de la sorcière, surtout qu'avec une élève aussi peu douée qu'elle, cette patience devrait virer à une quasi dévotion... vu son hermétisme intellectuel.
***


Mais l'heure n'était plus au doute
Avancer toujours et encore...


***
A sa grande surprise, la sorcière accepta de sacrifier une partie de son temps... Lyhndael avait un mauvais pressentiment car Matroshka avait même affiché de l'enthousiasme...
Après avoir accédé à sa demande, elle la contacta directement en pensées, d'esprit à esprit :
***

Pourquoi veux tu donc perdre son temps à apprendre quelque chose d'intellectuel ? On n'apprend rien de bon à un Yloataku, alors à une coupeuse !
***
Elle lui présenta alors son projet, sa vision pour le Matriarcat.
La sorcière lui répondit par un rire... elle s'y attendait, pour qui se prenait-elle... mais le rire fut plus court que redouté, et il fut suivi de paroles surprenantes :
***

Original... dépêche toi de ramener ta carcasse ici si tu ne veux pas finir en grillade.


Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Dhiwara 2 Jangur 1511 à 14h42

 
Lyhndael était assise sur un rocher accroché à la montagne, les jambes pendant dans le vide.

Pendant plus d'un mois, elle avait apprise sans relâche auprès de Matroshka Voroshk. Les choses n'avaient pas toujours été faciles pour la coupeuse, mais après l'avoir testée et s'être assurée qu'il ne s'agissait pas d'une passade, la magicienne avait su faire preuve d'une patience au delà de toute espérance.
Cependant, elle finit par lui donner congé :
« Mouais, pas trop mal pour une coupeuse. Tu as acquis les bases, reste maintenant à te dérouiller car je n'arriverai plus à faire rentrer la moindre connaissance dans ta caboche... pour l'instant. Et puis qu'est ce que tu crois ? J'ai d'autres élèves qui patientent pendant ce temps ! »

Elle avait donc quittée les Miettes, et quel sentiment étrange de ne plus avoir un plafond au dessus de la tête, comme une sortie de geôles ! La coupeuse s'était alors sentie irrésistiblement attirée par les montagnes environnantes. Elle avait pris son sac à dos, son épée, quelques affaires et était partie pour une randonnée solitaire.

Les heures avaient filées, joyeuses, s'enivrant de l'air pur. Une idée folle et joyeuse l'avait traversée : partir à la recherche du mythique Père Nëol, l'immonde Yéti à la hotte remplie d'enfants. Elle était maintenant assez grande pour savoir que les mères utilisaient ce monstre imaginaire pour faire peur aux enfants afin qu'ils ne sortent pas de la ville en douce... assez grande aussi pour savoir que les monstres existaient bien réellement et que nul Merveilleuse Faucheuse ne pourrait pourfendre le ventre du monstre terrible pour en extraire les enfants perdues.

Assise, elle admirait Kryg la forteresse, resplendissante comme un joyau sertie dans sa muraille, au milieu de son écrin de roches... sa citée, son foyer.

La balade l'avait comblée, apaisée et avait renforcé sa volonté. Elle avait alors envoyé une requête en pensée à la Voix Erishkai, lui qui avait la réputation d'être le meilleur enseignant du Matriarcat.
Inanna, sur un ton surpris et à la fois las, avait accepté de lui enseigner son art :

« Quelques heures par ci, par là, je suis occupé, comprenez-vous, et il ne faudrait pas gâcher trop de mon talent pour une simple coupeuse. »

Ses pas la ramenaient à Kryg, le plus dur restait à faire.


Et la Ville s'éclabousserait de bleu
Parce qu'une malheureuse


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Julung 6 Jangur 1511 à 21h53

 
***
Lyhndael agenouillée attend dans l'alcôve...
les minutes s'enchainent lentement...
toujours seule...
***


Puis une coupeuse arrive et se place devant elle, à genoux, puis deux, puis trois... Finalement c'est une foule d'une dizaine de danseuses qui se sont mises en arc de cercle autour d'elle. Elles sont jeunes et inexpérimentées pour la plupart, et Lyhndael reconnait ses jeunes sœurs symbiosées, les jumelles Abeymwen et Militsa, aussi différentes que l'ombre et la lumière. Mais elle aperçoit tout de même un ou deux coupeuses de vie plus aguerries et même une semeuse de mort, sa supérieure de fait, sous les ordres de qui elle a déjà servi.

Ses sœurs attendent silencieusement, elle sait qu'elle ne doit pas rater son introduction et en même temps ce silence ne durera pas éternellement, aussi grande soit la discipline des filles du déclin.

Belkor dit :
Pose le cadre, demi-âme


En effet, il est temps.

***
Lyhndael se relève d'un bond et balaye l'assistance du regard. Elle se racle la gorge brièvement et lance d'une voix forte
***

Certaines d'entre vous me connaissent, certaines ont servi avec moi et j'ai combattu aux côtés d'autres... Mais cela s'arrête en ce lieux, en ce temps, dès que vous franchirez le seuil de cette alcôve vous toutes m'appellerez Maitresse ! Est ce que je me suis bien faite comprendre ?

Le silence s'est fait assourdissant... Toujours cette discipline implacable qui fait des danseuses du Matriarcat, les plus grandes guerrières de Syfaria.

Bien, qui d'entre vous peut me dire avec quoi je frappe ? Avec quoi je tranche ?

Lyhndael aperçoit un sourire fugace sur les lèvres de la Semeuse, sourire qui ne dure qu'un éclair, rapidement effacé par un masque d'indifférence. Mais ce sourire, Lyhndael l'a clairement vu, et l'approbation de la méthode qu'il sous-entend, renforce la confiance de l'apprenti-enseignante.

Alors, personne, pas de volontaire ? Il n'y a donc que du vent entre vos oreilles ?

Ses paroles font mouche et une des coupeuses se lève. Pas la plus jeune, mais loin d'être la plus expérimentée, elle est plutôt grande de taille, trapue, mais néanmoins sans donner une impression de masse, et porte une longue épée au côté. Elle répond d'une voix cristalline qui fait un contrepoint amusant avec son physique :

Je frappe avec mon poing et je tranche avec ma lame.

Exactement le genre de réponse qu'elle aurait fait il y a si peu de temps de cela. Lyhndael fait semblant de ne pas noter qu'elle a oublié de l'appeler "Maitresse" car sa réponse correspond parfaitement à là où elle veut les amener.

Très bien alors sort ton arme et essaye de me frapper...

*** La coupeuse la regarde méfiante ***

Vas-y qu'attends tu ? Tu as besoin d'un coup de main ou ce n'est juste qu'une épée de bois ?

Des rires fusent mais s'arrêtent net lorsque la coupeuse foudroie la foule du regard et sort son épée du fourreau, rageuse.

Bien, maintenant, frappe moi

*** Son adversaire ne se fait pas prier et tente de la frapper. Lyhndael s'esquive aussi bien qu'elle peut mais la lame tranche tout de même dans le gras de sa jambe, faisant couler le sang. Elle réprime autant que possible la grimace de douleur et reprend aussi sec. ***

« Me voici rassurer, tu sais manier ta lame ! Alors maintenant recommence mais ferme les yeux...

Quoi ? Mais qu'est ce que c'est que...

Silence ! Je t'ai dit de fermer les yeux et de me frapper à nouveau !
»

Toutes entendent clairement le ton d'autorité que Lyhndael vient d'utiliser, son adversaire comme les autres et finalement l'entrainement prend le dessus.

*** Elle se met en position, ferme les yeux et tente de frapper, les sens aux aguets pour essayer de palier l'absence de vue. Mais cela ne suffit pas. La jeune Maitresse passe facilement sous la garde de son adversaire et lui assène de toutes ses forces un coup de poing sur la tempe. Son adversaire titube, tente de conserver son équilibre mais s'écroule sous la violence du coup. ***


Tu avais ton poing, mais tu ne m'as pas frappé...
Tu avais ta lame, mais tu ne m'as pas tranché...

Militsa, Abeymwen, venez ici !



Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Abeymwen

Le Julung 6 Jangur 1511 à 23h06

 
En catimini, Tam glisse quelques pensées à Abeymwen, éberluée par la poussée autoritaire d'un condisciple, certes plus expérimenté, mais simple Coupeuse de Vie tout comme elle.


Tam dit :
Ma pauvre amie, tiendras-tu la cadence ? Être bousculée de la sorte ne peut que titiller ton caractère irascible.


Cela ne va pas être de la tarte, d'autant que la faim la tiraille. La Tydale s'échappe du cloaque où croupit sa liberté entravée, elle s'imagine ferraillant dans les faubourgs malfamés de Kryg, ou peut-être même plus loin ; l'expédition échafaudée par Nemès ne manquera pas de piquant, Abeymwen ne sera pas ménagée, c’est acquis.

Un regard échangé avec Militsa suffit pour comprendre que sa sœur bouillonne ; toutefois, se faire piétiner intègre ce cursus ardu, susceptible de sceller des objectifs qui ne sont encore que des chimères. L'abnégation et le pragmatisme doivent les guider pour que soit tracé le sillon profond de leur destinée.

A l'appel de Lyhndael, un soupir fleurit, aussitôt étouffé, car il s'agit de ne pas froisser la maîtresse de cérémonie. Elle attend que Militsa donne l'impulsion, d'ailleurs c'est son nom qui est glissé en premier par la matrone.



 
Militsa

Le Vayang 7 Jangur 1511 à 15h42

 
Nul Mou n'est requis pour comprendre le regard dur que lui adresse sa soeur.
Le regard céruléen de la jumelle blonde s'assombrit lui-même d'un cumulo-nimbus prêt à délivrer foudres et éclairs, alors que Lyhndael, pédante, exécute sa démonstration aux dépens de la pauvre élève.
Un sens de la pédagogie tout particulier, digne du savant incompétent, la sagesse n'a nullement effleuré celle qui se croit doyenne.

La prononciation de son nom et de celui de sa soeur, crispe la mâchoire dune Militsa déjà prête à mordre. Qu'elle ou Abeymwen saigne, Lyhndael n'en ressortirait pas indemne...Psychologiquement. Le sang des jumelles ne viendrait pas tapisser la présomption de la jeune infatuée.
L'entraînement est une chose, le respect une autre.

Elle se lève nonchalamment, entraînant Abeymwen.




Lyhndael, nous voilà ! Devant toi les jumelles de la Souffrance.


 
Lyhndael

Le Vayang 7 Jangur 1511 à 19h19

 
***
Lyhndael s'était agenouillée pour aider sa sœur coupeuse à se relever. Cette dernière avait au départ repoussé sa main, mais l'avait finalement acceptée lorsqu'elle avait vu son sourire humble. Lyhndael l'avait alors remerciée d'un hochement de tête puis renvoyée à sa place.

L'apprentie Maîtresse faisait maintenant fasse aux deux jumelles. Militsa l'avait volontairement provoquée en l'appelant par son prénom et elle arborait une mine que Lyhndael interprete comme fureur et arrogance.
***


Belkor dit :
Pourquoi tu as toujours droit aux pires cinglés... tu es un vrai aiment à embrouilles, demie-âme !


Les jumelles de la souffrance, vraiment ? Voila qui est intéressant... et bien nous allons voir cela

***
Lyhndael hausse un sourcil et lance un sourire ironique à Militsa. Elle plonge ensuite sa main à sa taille et sort son couteau. D'une pichenette, elle inverse la position sur l'arme, la tenant par la lame et la tend à la coupeuse qui lui fait fasse.
***

Prend ma lame et frappe...
Abeymwem ou moi...
Peu m'importe, le choix est tien
Mais
Frappe !


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Militsa

Le Sukra 8 Jangur 1511 à 16h07

 
Elle jauge le coutelas, fin et équilibré, léger et affûté. Le faisant passer d'une main à l'autre, elle évalue le danger. Qui attaquer ?

La préméditation induit une longue réflexion qui aboutit avec la chute inopinée d'Abeymwen.
Un croc-en-jambe, une pichenette sur le plexus mêlés à un effet de surprise attendu et entendu, suffisent à faire basculer le corps sororel.

La nymphe noir ébène ploie et choit sur le sol dans un bruit sourd, la tête heurtant le sol dans une onomatopée indicible. Abeymwen gît évanouie.

La moitié originelle de Militsa est délaissée sans attente, la mèche blonde et rebelle virevolte dans le sillage de sa propriétaire qui n'attend pas pour bondir sur la professeure déconcentrée.
La lame aiguisée atterrit d'elle-même sous la jugulaire fébrile de Lyhndael.

Les deux visages se frôlent. L'audacieuse glisse quelques mots dans l'oreille de sa maîtresse menacée.


Trop aimable à toi que de m'offrir le choix.

 
Lyhndael

Le Sukra 8 Jangur 1511 à 22h45

 
Lyhndael avait été surprise par le déroulé des évènements et ne le cachait pas, mais à aucun moment le sourire n'avait quitté ses lèvres, encore moins maintenant qu'elle sentait le fil de son couteau sur sa veine frémissante.

Seul le choix compte, le reste n'est que détail...
Et de choix, tu n'en as eu aucun...


Ses mots à peine achevés, la coupeuse appuie tendrement son cou sur la lame offerte.
Une goutte de sang perle et dessine une arabesque sur sa peau immaculée.
Ses yeux ne quittent pas ceux de la blonde lorsqu'elle reprend d'une voix forte et claire pour l'ensemble de l'assistance.


S'il m'était facile de vous exposer les deux premiers éléments de ce cours, il me faut remercier les sœurs du chagrin pour avoir parfaitement illustrer le dernier point.

Regardez bien, filles du Déclin, qui survit à ce jour et qui pourrait voir son sa courbe brutalement tranchée.
La première des ombres git endormie, un équilibrien dirait même surement qu'elle attend son prince charmant...
Alors qu'une lame menace mes jours.

Ecoutez et méditez bien mes mots, danseuses et fières filles du car pour atteindre cet état de grâce qui nous est offert en de rares occasions, il vous faudra vous connaître, œil, esprit et cœur, pour que rien ne vous fasse dériver !


***
Lyhndael ferme les yeux. Elle avait cherché à illustrer ses paroles, mais elle doit maintenant trouver cet équilibre en elle qui fera que ses mots toucheront ses soeurs, les attendront chacune.
***


Je ne frappe pas avec ma main;
Celle qui frappe avec sa main a oublié le visage de sa Mère,
Je frappe avec mon Œil.

Je ne tranche pas avec mon arme;
Celle qui tranche avec son arme a oublié le visage de sa Mère,
Je tranche avec mon Esprit.

Je ne tue pas avec mon arme;
Celle qui tue avec son arme a oublié le visage de sa Mère,
Je tue avec mon Cœur.




Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Abeymwen

Le Luang 10 Jangur 1511 à 17h41

 
Il est si bon de se laisser glisser pour percuter le sol et fuir la réalité, pesant boulet qui entrave son émancipation.


Tam dit :
Heureusement que ton crane est mou, cela amortit les chocs.


Le discours de Lyhndael s'effiloche, les mots rebondissent mais ne s'incrustent pas ; Militsa s'occupe de tout tandis qu'Abeymwen chérit la bosse qui la dédouane d’une leçon.

L’Œil, l’Esprit et le Cœur ; à choisir plutôt sa sœur qui incarne tout à la fois, dernière amarre à laquelle elle se raccroche quand la réalité abrasive s’étiole.

La Tydale aurait préféré être un Mou, délestée du poids des obligations, glissée dans la poche de Militsa, se blottissant contre son cœur.



 
Lyhndael

Le Merakih 12 Jangur 1511 à 21h55

 
Le cours venait de s'achever. Le premier de l'apprentie et seul l'avenir pouvait dire si ce serait le dernier...

La majeure partie des coupeuses étaient partie sans demander leur reste, seules quelques unes étaient restées et discutaient... entre elles.

Lyhndael se retrouvait donc seule, adossée au mur du fond de l'alcôve. Elle bénissait cette solitude qui lui offrait un moment de répi car l'expérience avait été éprouvante, tant physiquement que psychiquement. Elle avait l'impression d'avoir couru un marathon avec la tête pressée dans un étau.


Belkor dit :
Tu ne t'en ais pas si mal sortie... pour une première.

*** La coupeuse secoue la tête signe de dénégation manifeste. ***

Vraiment ?

Le silence tombe. La coupeuse se rend bien compte de l'injustice de son propos et fait l'effort de revenir vers son mou.

C'est... gentil de ta part Belkor, mais j'ai vu leur regard. C'est au mieux une demi-réussite... et encore il faudrait que certaines m'aient écoutée... et je suis très loin d'en être sure...

quant au pire...


Belkor dit :
Et ? Penses-tu que rien aurait été préférable ? Car c'est le néant que j'ai découvert au début de notre symbiose... On te fournit un exemple à suivre, mais aucune méthode, aucune aide pour l'attendre !

Alors moi, simple mou, je te dis à toi, demie-âme que j'ai choisie, que l'effort est là... Il faut poursuivre et persévérer car autrement, tu ne seras rien !

*** Lyhndael hausse les épaules, trop fatiguée pour se battre. ***

Grâce, je me rends...

Belkor dit :
Mouais, tu le dis trop vite...

Dans tous les cas, je n'ai beau avoir pas de nez, je peux t'assurer que tu pues !

La jeune tydale laisse échapper un rire puis se rend compte de la véracité des propos du mou s'en va à grandes enjambées vers la Forteresse, cette masure qui lui sert de foyer.

Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Militsa

Le Julung 13 Jangur 1511 à 10h47

 
dit :
Bien jouée ma belle ! As-tu remarqué que le seul moyen qu'elle ait trouvé de se sortir de l'impasse était d'user de poésie…?
Pathétique, non ?


Calme-toi petit bout de Mou. Inutile d'entretenir mon aversion, je le fais très bien seule.
Ma sœur est dans un monde cotonneux, coma artificiel dont il me faut l'extraire.


dit :
Je salue ta sapience. Quel sens de la famille ! J'espère que tu en ferais autant pour moi…



Une main ferme est tendue. La sœur numide la saisit et se dresse face à elle. Les deux femmes quittent la salle, un œil dédaigneux jeté à la professeure.

 
Lyhndael

Le Sukra 26 Marigar 1511 à 15h50

 
Les derniers rayons de soleil s'accrochent sur les murailles de Kryg, véritable nid d'aigle au milieu de la montagne.

La coupeuse admire la cité forteresse, dernier bastion du Matriarcat, alors que ses pas la rapprochent de ses portes et son cœur de son foyer.

De nombreux cycles ont passé depuis cette après-midi qui la vit partir au pas de course au secours d'une sœur symbiosée faussement en péril.
Un sourire tranche fugitivement les traits tirés de la liadha. Sur ce point au moins, le Tableau avait tiré un trait : Militsa ne quittera jamais plus Kryg et sa garde, sa symbiose s'etait achevée. Nulle ne savait pourquoi les mous s'en venaient et nulle ne pouvait prévoir le temps qu'ils resteraient, mais pour ce cas précis, Lyhndael avait sa petite idée : vu la taille de l'égo de la tydale, le mou avait du fuir de peur de mourir écraser.

Mais le sourire disparut rapidement lorsque ses pensées revinrent à sa propre chasse. Elle l'avait imaginée mouvementée, la savait potentiellement hostile et dangereuse, mais la réalité avait été autrement amer, cynique et méprisable...
Les dernières semaines avaient redonné un brin de couleur à la scène, mais comme un doux parfum sur un cadavre... elle pouvait toujours sentir l'odeur de charogne derrière.

Les derniers échanges sur le fil de pensées du Fatalisme lui avaient fait comprendre que l'expédition de Nemès avait fini comme elle avait commencé.

Arrivée dans Kryg, Lyhndael ne repousse qu'à grandes peines la tentation de s'enfoncer dans un bon bain bouillonnant. Elle a à faire, à trancher plus précisément, les derniers fils qui la relient à la bientôt ex-faucheuse. Alors seulement elle pourra se nettoyer de toute la crasse accumulée au long de cette triste farce.

Elle s'avance alors fatiguée mais déterminée vers la Citadelle. La coupeuse pense y trouver la liadha et si ce n'est pas le cas elle cherchera à la forteresse.... Il serait aisé de contacter Nemès par la pensée mais Lyhndael répugne à établir un lien un tant soit peu intime. Alors en attendant, elle marche.


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Dhiwara 27 Marigar 1511 à 14h06

 
Les pavés de la cité resonnent sous les bottes de Lyhndael. Elle les fait claquer sans même s'en rendre compte plongée dans ses pensées.

Elle vient de sortir de la forteresse des lames et de nouveau choux blanc : pas de trace de Nemès. Elle a bien interrogée la garde mais si on l'a aperçue, nulle ne sait où elle se trouve présentement.

Lyhndael hésite, sur le point de se convaincre de la contacter mentalement, quand elle decouvre enfin la silhouette de la danseuse sur sa monture.

Aussitôt les dernières paroles de Nemès lui reviennent, tellement mediocres et sinistres :


Nemès a dit :
Évite à l'avenir de t'approcher et de me parler, sauf si nécessaire...

Faux conseil mais vraie menace...

Lyhndael se redresse et s'avance d'un pas décidé.

Signons l'épilogue.


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Nemès

Le Luang 28 Marigar 1511 à 00h23

 
***
Après son entretien avec la Carias, Nemès était prise entre deux sentiments : d'un côté le coeur léger de sa nouvelle liberté, loin de tout ce qui lui tapait sur le système précédemment, d'un autre côté le noeud aux tripes de devoir quitter cette institution à laquelle elle avait tout donné et plus encore...

Dans des circonstances plus normales, la Danseuse serait allée zigouiller une petite dizaine de rejetons pour se détendre, mais dans le cas présent des activités calmes s'imposaient et elle suivit donc la philosophie voroshko-khamaatienne, à savoir : faire du shopping.

La séance n'aurait pu être plus parfaite car au milieu de son lèche-vitrine, Nemès vit Lyhndael débouler et s'avancer vers elle pour lui tendre une bourse pleine de morions sans un mot.
L'ex-Faucheuse s'empara de la bourse, la soupesa et sourit (oui oui, elle sourit) à Lyhndael...

Enfin, elle avait récolté ce que lui devait la liadha, elle pouvait totalement couper les ponts avec la seule recrue qui - à ce jour - avait réussi à l'énerver autant en accumulant les provocations à l'égard de ses consoeurs, une quasi-permanente attitude hautaine de celle qui se croit meilleure que tout le monde, un mensonge éhonté pour couvrir le fait qu'elle avait voulu donner un cours qui avait salement foiré, et pour couronner le tout participé presque activement à sa démission de la Cariatide!
Ô joie, ô bonheur suprême d'être enfin débarrassée de toute nécessité de devoir interagir avec la novice!
Alors oui, la Danseuse, grande-maîtresse de l'Exécution quand même, vétérane de moult batailles sourit à la petite novice qui avait réussi à lui faire perdre son calme légendaire.
***


- Profitons de notre séparation bien méritée pour réfléchir toutes les deux Lyhndael.
Si pendant ce temps tu n'arrives pas à comprendre pourquoi j'ai agi comme je l'ai fait et que ton mépris pour moi persiste, si l'humilité te semble être une notion toujours aussi incompréhensible, alors profite en pour t'entrainer et je serai heureuse de t'affronter en duel quand tu t'en sentiras capable.
De mon côté, sache que j'ai déjà oublié toute l'aversion que j'ai pour toi, enfin presque... puisque je suis débarrassée de toutes mes responsabilités de Faucheuse, et désormais tu ne fais plus partie des choses dont j'ai à me soucier!
Kenara liadha!


***
Avec un petit salut de la main désinvolte, Nemès fit volte-face et s'éloigna en chantonnant.
***




 
Lyhndael

Le Luang 28 Marigar 1511 à 10h51

 
" Alors bonne route, libertaire "répondit machinalement Lyhndael, ses paroles répondant au vent, Nemès avait déjà fait demi-tour.

La coupeuse s’était faite la promesse de ne pas laisser échapper de paroles, de ses lèvres ou de son esprit, lorsqu’elle ferait face à l’ex-faucheuse. Elle souhaitait lui restituer dans son intégralité la seule chose positive qu’elle lui avait apportée.

Faire table rase de ce noir épisode pour pouvoir aller de l’avant.

Se dirigeant à nouveau vers la Forteresse, elle réfléchissait aux paroles qui lui avaient été adressées. L’épilogue, comme attendu, n’avait pas tiré une conclusion définitive sur cette affaire...
Mais le fuseau sera passé et revenu sur le Tableau avant qu'elle ne resurgisse, avec une couleur et une lumière différente, qui sait ?
Seul le temps permettra de voir ce qu'il en ressortira.


***
Lyhndael secoua la tête, tant pour chasser ces pensées que pour se réveiller. Elle avait cru apercevoir Miraë à la forteresse, en train de faire son au revoir avec ses sœurs du Fatalisme ; la coupeuse n'arrivait pas à imaginer, ne voulait pas imaginer, qu'il s'agissait d'adieux.

Elle pressa le pas, souhaitant trinquer avec son ancienne chef de meute et la remercier une dernière fois pour tout ce qu'elle lui avait appris.
***


Brule encore,
Bien qu'ayant trop brulé



Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lyhndael

Le Merakih 22 Fambir 1512 à 22h30

 
*** Tempus fugit ***

Lyhndael souriait. Rares étaient ses sœurs qui auraient pu le deviner car son visage arborait un air farouche et sévère mais le sourire intérieur de la coupeuse était radieux.

Appuyée sur l'espadon de Zéna, ses deux mains serraient fermement sa poignée de cuir, la lame plantée en terre. Lyhndael observait de jeunes liadha à peine sortie de la Ruche. En les regardant si naïves, si fragiles et pourtant si bouffies d'une assurance illusoire, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à elle-même il y a si peu de temps.

Son regard dériva sur la Faucheuse, Hyréla, qui l'avait sollicitée, son esprit la ramenant en arrière, à leur premier échange : direct mais instructif.


Ton rôle sera simple : les effrayer et les ramener le plus rapidement et efficacement sur terre, si besoin le nez dans la poussière. Car il n'est rien de pire que ces liadhas venant juste de sortir de l'enfance et ayant survécu à leur karna. Les sentiments de devoir accompli et de liberté toute fraiche sont des euphorisants dangereux. Trop de jeunes coupeuses ont été gravement voire irrémédiablement blessées lors de leur première mission. Alors quitte à couper les ailes de leurs rêves de grandeur...

Lyhndael n'avait pu qu'acquiescer. Hyrela n'avait pas poursuivi, attendant que la coupeuse s'exprime ; un court silence s'était alors installé.

Pourquoi moi ?

La question était sincère, Lyhndael n'ayant eu que peu d'interactions avec la faucheuse par le passée. Hyréla l’avait dévisagée longuement sans montrer signe de répondre ni même d’avoir entendu la question.

Retrouve moi demain à la Citadelle. Tu as intérêt à ne pas être en retard.

La coupeuse n’avait pas eu besoin de cet avertissement et elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit, réfléchissant à ce qu’elle devrait faire, comment amener ses sœurs à la regarder et à voir plus loin.

Elle s’était présentée une bonne heure à l’avance à la Citadelle et s’était assise au fond de la salle, discrètement emmitouflée dans sa cape pour observer. Elle vit la salle se remplir progressivement. Les jeunes liadhas se dévisageaient, certaines retrouvant des amies d'enfance se regroupaient et commençaient à discuter à voix basse, les autres s'emmuraient dans un silence farouche. Les premières alliances se nouaient, les bourreaux et les victimes se dessinaient.

Le silence ce fit instantanément quand Hyreldra rentra dans la salle. Les apprenties coupeuses se redressèrent instinctivement dans un simulacre de salut militaire. La Faucheuse leur sourit d'un air bienveillant et lanca d'une voix cristalline et gonflée d’autorité.


Liadhas,
Vous venez de réaliser votre plus grand devoir vis à vis de notre faction.
Votre Karna est fait.

Vous avez décidé de profiter de votre liberté et de l'utiliser au mieux pour notre survie :
Rejoindre la Fatalisme.

Devenir l'une des guerrières les plus redoutées de Syfaria : une danseuse du Matriarcat !
La tache s'annonce ardue, je ne vous mentirai pas.
Toutes n'y arriveront pas

Coupeuse Lyhndael ?


Elle s'était alors relevée lentement, laissant glisser à terre son manteau et le silence s'installer alors que les jeunes femmes se retournaient après avoir réussi à la localiser.

A sa requête, Zéna lui avait confié sans hésitation son espadon. Qu’il était bon d’avoir une sœur d’arme sur qui compter sans le moindre doute. L’arme était grande, massive et menaçante en un mot impressionnante et c’était bien un argument qu’elle comptait utiliser. Elle avait ôté les brassières de son cuir de sorte à mettre au maximum en évidence ses bras couturés.


***

***

Elle avait balayée la scène du regard, s'attardant sur chaque visage.
Elle avait ensuite pris un air dégoûté avant de lancer d'un voix forte et rauque.


Pouah, ça pue le foutre et le parfum.
Bande de fillettes, vous êtes si bleues que je suis sûre que vous pisseriez du lait si on vous pinçait le nez.

Sauf votre respect Faucheuse Hyreldra, y a rien à attendre de cette bande d'incapables. Jamais vu un tel ramassis de dégénérées.


Les paroles avaient porté. Le cadre était en place.
La bienveillante Faucheuse et la garce de vétéran qui allait leur en faire baver.

Ainsi elles allaient apprendre à souffrir,
Ainsi elles allaient directement intégrer les conseils d'Hyrelda.
Ainsi elles allaient survivre,

peut-être...

Les choses étaient venues avec une facilité déconcertante.
Elle était faite pour cela et ainsi son fil s'entrelaçait avec harmonie dans le tableau.

***
Vienne la nuit, sonne l’heure,
Les jours s’en vont, je demeure.
***


Cette premiere rencontre avec la Faucheuse avait connue de nombreuses suites et l'épreuve passée, la toute fraîche semeuse Lyhndael avait appris avec plaisir sa nouvelle affectation auprès d'Hyrelda.


Brûle encore,
Même trop, même mal.


Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

 
Lot'hi

Le Matal 13 Marigar 1512 à 14h20

 
Un jour, à l'issue de l'un des entrainements des Coupeuses, c'est la Carias Lot'hi que Lynhdael trouva adossée contre un mur de la pièce, suivant machinalement du regard les liadha se disperser.
Depuis combien de temps était-elle là ? Investie dans son rôle, concentrée par sa tâche, la Semeuse ne l'avait pas remarquée.

Lot'hi se redressa finalement et rejoignit la symbiosée.


Aka's hajar, liadha.

Son ton était sobre et mesuré, comme toujours.
Froid, disaient certaines.
Mais pas la majorité.
Sous ses airs distants, la Carias savait, quand il le fallait, faire preuve de patience, d'écoute, et même de prévenance. Cette subtilité suffisait à en faire une dirigeante crainte, mais aussi respectée.


Je vois que vous n'avez pas renoncé à suivre la voie que les Astres vous ont indiquée... malgré le temps, et les épreuves.

Une pause.

D'autres n'ont pas ce mérite.

La Carias ne précisa pas à qui cette dernière remarque faisait référence, bien que Lynhdael put certainement deviner quelques candidates potentielles parmi ses consoeurs symbiosées.
Mais ce n'était sans doute pas le sujet que la Carias voulait traiter, car elle reprit :


Cela fait effectivement presque une année et demi désormais que vous avait affirmé votre volonté de devenir Maitresse d'arme.
Ces dernières semaines, j'ai été tenue au courant de vos activités par la Faucheuse Hyrelda.
Elle pense que vous êtes prête désormais à endosser ce rôle.

Et vous ?


La question, abrupte, pouvait sembler étrange. Pourtant, en tant que Maitresse d'Arme, Lynhdael serait amenée à former et évaluer ses soeurs : quoi de plus logique que de commencer dès à présent par elle-même ?


 
Lyhndael

Le Dhiwara 18 Marigar 1512 à 13h49

 
Lyhndael s'était redressée instinctivement à la vue de la Carias. Elle n'avait pourtant pas brusqué les choses :
les dernières sueurs avait été essuyées, son cuir remis en place avec précision, les lanières serrées, les boucles bouclées...

Et finalement Lo'thi l'avait rejointe.

Lyhndael connaissait très peu la Carias, du moins personnellement, mais pourtant elle lui était liée d'une fidélité indéfectible. La semeuse savait pertinemment à quel point elle lui devait sa place dans la Cariatide. Sans elle, elle ne serait plus qu'une coquille vide sans but et sans horizon à défendre.
Lo'thi avait pris son parti contre plus fort, plus violent, plus puissant qu'elle. C'était la première fois que quelqu'un prenait réellement soin d'elle... et elle n'aurait jamais cru que cela arrive.

Elle lui avait ainsi montré à quel point sa faction était grande et œuvrait pour un bien plus grand que la somme de ses individualités, aussi prestigieuses soient-elles.
Ce geste avait profondément ancré les choix de Lyhndael : former ses soeurs, non pas les forger mais être un tuteur qui les soutienne, redresse les plus fragiles et les fasse grandir,
toutes.

Aka's hajar, Carias Lo'thi.

Je ne vous avais pas remarquée. J'espère que le spectacle était à la hauteur de vos exigences.

courte interruption.
La question n'est pas purement de forme mais pourtant la semeuse ne laisse pas le temps à la Carias de répondre, et reprend.

La Faucheuse Hyrelda me conseille efficacement et m'a permis de m'améliorer.
Alors Je chemine sans repos,
Un pas après l'autre

Lyhndael esquive pour l'instant toute réponse, elle pause...
et pose son constant, son avis, son jugement.

Car la question, si légère et pourtant si décisive, la Semeuse ne l'avait clairement pas vu venir.

Alors
Comme l'instant est atteint,
Comme elle se trouve au cœur du Cyclone

Elle doit se vaincre.
Vaincre cette question qui a accompagné toute sa vie :

Pourquoi moi ?
En quoi suis-je différente ?
N'y a-t-il pas une autre liadha plus expérimentée, plus douée, plus à même de réussir ce qu'elle pourrait entreprendre ?


C'était la question qu'elle s'était imposée comme une muraille inexpugnable,
Question à laquelle elle avait commencé à chercher une réponse seulement depuis quelques mois,
depuis cet évènement si précis qui était arrivé un jour que rien ne distinguait d'un autre, sa symbiose.

Lot'hi venait finalement de lever le dernier voile sur la réponse,
si évidente et pourtant si pleine de conséquences :

Parce qu'elle était.
Elle et aucune autre.
Elle avait senti à quel point le Matriarcat avait besoin d'une Maitresse d'arme,
Elle s'était accrochée depuis sans faille, même face à des montagnes cruelles,

Alors il lui fallait maintenant l'exprimer,
Accoucher de cette grossesse si douloureuse,
Sang, sueur et foutre.

Pourtant Lyhndael ne tremblait pas, car une béquille supplémentaire, inattendue, venait appuyer son mouvement : elle savait que les astres lui étaient favorables : l'apprentie astrologue Sadr, appuyée par l"astrologue Alhia Garance l'avait clairement exprimé dans son horoscope :
Sadr a dit :
Sœur du Conflit, ravale ta rage ... Ce mois est le tien : défie tes ennemies ! Mais surtout : enrichis ta noirceur d'intelligence, domestique ta soif de sang, et tu seras victorieuse.


Alors la Semeuse se tourne face à sa supérieure, son regard doré se plante dans celui de la Carias et d'une voix cristalline elle tranche :


Carias Lot'hi, je suis prête.

Comprenez-moi, je pourrai toujours être plus prête, plus aguerrie, plus pédagogue, plus sage même...
Mais alors tout ce temps, je ne pourrai le mettre au service directement de nos liadhas du Fatalisme.
Et alors je ferai défaut à celles qui ont le plus besoin de comprendre et d'être guidées.

Cette faute, je ne veux la commettre, elle m'apparait inexcusable.

Carias Lot'hi, je vous exprime, sans orgueil et sans modestie trompeuses, ma demande d'être promue au rang de Maîtresse d'armes




Lyhndael, Maîtresse d'armes du Matriarcat, Louve Rouge
Je leur apporte la mort, et ils m'aimeront pour cela !

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