*** Shyama regarda tour à tour les deux danseuses à l'apparence si dissemblables.
Et pourtant, la moins expérimentée des deux n'était certes pas sans lui rappeler la seconde à ses débuts.
Elle secoua la tête à l'adresse du Tableau, certainement bien plus Sang-Âme dans ses décisions et ses circonvolutions que l'Artisane.
Elle salua à sa manière fantasque la nouvelle venue et sauta du coq à l'âne, espérant peut-être désamorcer ainsi la situation plus explosive que le laboratoire de recherches et développement d'un artilleur tchaë.
Ainsi donc, elle s'empara d'un long paquet de tissu bleu chiffonné et le déroula sur un comptoir devant les deux Danseuses.
Elle dégaina du fourreau l'épée ainsi présentée et fit les présentations : ***
Vent Impétueux, Blonde Trancheuse, voici Akalirma, la Larme des Cieux.
*** Il s'agissait d'une épée à une main et demie à la longue lame délicatement ornementée de fines gravures.
Souple et résistante, son tranchant effilé fait facilement perler une larme de sang à l'innocente qui, se laissant abuser par la douce élégance de ses arabesques, en tâte le fil avec trop peu de précautions.
Sa garde dorée s'étire sur la poignée couleur d'un ciel d'été, comme un serpent chimérique, l'enveloppant de ses damasquinures destinées à assurer une bonne prise.
Une bande de tissu bleue, semblant nouée négligemment près du pommeau atténue un peu cette apparence précieuse d'épée de pur apparat. Son utilité avouée (parce que rien n'est jamais gratuit, avec les créations de Shyama), est d'éponger comme un mouchoir le sang coulant le long de la lame, et que la garde, trop fine, ne pourrait efficacement contenir au cours d'une de ces boucheries qu'affectionnent les danse-lame.
L'épée est accompagnée d'un fourreau assorti, prolongation esthétique de la poignée. ***
Shyama,
Sombre comme un Nuage