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Quartier marchand

Sanguine

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Sujet lancé par Sadr
Le 03-03-1512 à 05h23
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Posté par Sadr,
Le 17-03-1512 à 10h00
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Sadr

Le Sukra 3 Marigar 1512 à 05h23

 
*** Sadr marche vivement, sans bruit. Pieds nus, orteils bleuies sur les pavés blancs de givre.
Elle se presse un peu, et donc, tombe un peu. A chaque fois, elle se relève sans gêne apparente.
A son Ombre qui s'en inquiète... un peu, elle déclare ***


Chuter est une façon d'avancer.

*** Au 12, rue de la Tortue, la jeune femme joue du heurtoir, semant la panique chez les chats qui fouillent dans les poubelles à viande. La porte de l'abattoir s'ouvre aussitôt sur une silhouette familière ; une voix d'homme, basse et discrète, l'invite à entrer ***


Maudits greffiers... ils me foutent le bordel jusque dans la salière ! Suis-moi, je te prie. Je t'ai préparé ton brouet.

*** Sadr emboite le pas du gaillard. Barbu, le faciès blafard et la nuque rouge, il a tout du bourreau idéal. Son lourd tablier, moucheté de sang et d'esquilles, s'orne d'un grand couteau et d'une feuille de boucher. Tous deux parcourent un long couloir, laissent passer quelques portes, montent un escalier branlant et s'installent finalement dans une cour intérieure. Là, le manüsh a installé une table - un simple tonneau, en fait - et deux chaises.
Un broc d'argile trône sur le fût.

Chacun s'assied. Sans un mot, la sibylle tend la main vers le récipient. L'homme l'interrompt ***


- Attends. Rien ne presse.
Je voudrais savoir... mon commis, le Grim, il vient de rentrer chez lui. Encore malade. Je me demande si je dois le garder. Tu pourrais m'aider à y voir clair. Tu pourrais... là, vite fait ?

- Tu veux un Présage ? Il t'en coûtera cinq pierres.


*** Le boucher se renfrogne ***


Oublie ça. L'apprenti me coûte moins cher à la journée.
Allez, tu peux boire... c'est du sang de veau. Je vais pas tarder à ouvrir, il est cinq heures passées.


*** La tydale prend le broc et le porte à ses lèvres. Elle en ingurgite prudemment le contenu, les yeux clos, semblant apprécier l'instant. L'homme se recule, vaguement inquiet. Vaguement gêné.
D'ordinaire, Sadr est avare de paroles et repart sans faire d'histoire. Pourtant, cette fois, lorsqu'elle repose son pot... elle dit ***


Ton commis n'est pas malade : il est de tempérament lymphatique, il est maladroit et n'aime pas le métier. Sous ses airs de brute, c'est un garçon délicat qui n'a rien à faire ici. Tu lui rendras service en le renvoyant.

*** Surpris, l'artisan répond ***


Ah, bien, bien. Je te remercie. Et comment est-ce que tu..?

*** La Pythie, sourcils froncés, montre le broc ***


Jamais je n'ai croisé de veau doté d'une Aura. Une Aura dont l'existence s'insère dans le Tableau...
Donc, Grim est maladroit.


Horoscope de Jayar

 
Sadr

Le Merakih 7 Marigar 1512 à 09h30

 
*** Elle rentre ***


*** L'aube point, le premier soleil ne saurait tarder. Sadr, l'enfant-nuit, fuit la lumière crue qui s'annonce.
Étonnamment, elle ne choit qu'une fois.

Dans le lavoir, au milieu du linge étendu, elle procède à sa toilette. L'eau est glacée, le savon noir. La fatigue anesthésie la médium, elle ne frissonne même pas. Ses ablutions terminées, elle rejoint sa cellule et s'endort sur sa couche, sans délais. ***


*** Elle rêve ***


*** Un château... perdu au beau milieu d'un grand désert.
Les dunes l'environnent. Elles tourbillonnent, furieusement, et menacent de l'engloutir.

Les images s'enchainent, sans queue ni tête. Dans les couloirs de pierre, des gens courent, crient, se battent. La tempête de sable fait rage. Des fenêtres sont brisées, des portes fracassées. Le bâtiment tient bon, pourtant. Sadr peine à distinguer ce qu'elle voit, ce qu'elle croit voir, ce qu'elle doit voir.
Il y a un décalage : est-ce le passé ? Oui. Un peu. Est-ce l'avenir ? Non. Pas vraiment.
Qui sont ces gens ? Où est ce château ? Ca n'a pas de sens...
Il y a quelque chose qui cloche.

Calcul...

L'évènement est hors du temps « classique » : il est allégorique mais surtout, il est uchronique. Ce que voit Sadr est virtuel. La trame vibre, pourtant. Elle est agitée, secouée par quelque chose qui n'a point lieu... comment est-ce possible ?

Eureka !

Ce château. Cette tempête. Cette bataille. Ils singent quelque chose qui aurait se produire. Quelque chose qui se conjugue au conditionnel passé. Mais par extraordinaire, ce quelque chose a été retardé, décalé : la condition qui devait le réaliser a été inexplicablement gommée.

C'est impossible, mais c'est arrivé. La trame en est dangereusement gauchie.
Et cela se voit :

L'image est floue, comme... irisée. Tous les contours sont bordés de franges, minces et colorées, qui évoquent les nuances de l'arc-en-ciel. Une tension terrible s'accumule, une tension dont l'énergie croît de façon exponentielle. Plus le temps passe, plus la correction qui s'annonce sera violente. Car la trame ne peut être malmenée ainsi trop longtemps. Elle menace de se déchirer. Elle va réagir.

Le contrecoup sera terrible.

On ne peut corriger l'histoire, on ne peut l'altérer. Tout au plus peut-on retarder, un instant, tel ou tel point de détail...
Le Tableau se défend.
Fatum. ***


*** Sadr se réveille, le front perlé de sueur.
Elle écoute battre son coeur. Elle a peur, mais ne ressent nulle tension.
Elle allume une chandelle, laisse ses yeux s'habituer à la lumière jaune, regarde autour d'elle. Pas d'irisations.

Elle respire.
***


Horoscope de Jayar

 
Sadr

Le Sukra 17 Marigar 1512 à 10h00

 
*** Brièvement. Puis sa respiration se bloque.

Sa cellule a changé. L'enfant-nuit n'est point chez elle. Elle n'est pas davantage dans sa roulotte. Les murs sont de torchis, le sol est paillé. Sa couche est faite de jute posée sur une grande planche, imprudemment surélevée : un non-sens, pour la sibylle qui choit toujours, dans son sommeil, à même le sol. Le rêve se poursuit donc ? Pourtant, il est d'une acuité, d'une matérialité tenaces. Sadr est perdue, complètement...

Une porte de bois d'équerre la sépare d'un extérieur ensoleillé. La Pythie s'approche, ferme les yeux et la pousse. Sous l'avalanche trop claire, elle tressaille, courbe l'échine. Ses paupières, deux pellicules diaphanes, ne la protègent pas vraiment : elle pleure, gémit, pose les mains sur son visage.

Une voix masculine la distrait ***


Oh, pardon... voilà. Ca ira mieux.

*** Fraicheur. Pénombre. Plaisir...
Sadr ouvre les yeux. Il fait nuit. Quel est ce prodige ?
Un nain, un paysan, est présent. Il est vêtu comme tel. L'air très sérieux, debout au milieu d'un beau jardin, il s'appuie sur un râteau. En arrière-plan, découpé sur le ciel étoilé : le château.
Pour surligner l'impensable fresque, un loup, au loin, hurle sa solitude. ***


Sois sans crainte.

*** Dit le tchaë. ***

*** Sadr va parler. Elle n'a pas peur des monstres car pour elle, n'importe quelle créature est potentiellement mortelle. Bien énervé, même un chaton pourrait la terrasser.
Ses lèvres s'entrouvrent... sur un cri. Un cri d'oiseau. La Pythie recule, penche la tête en arrière : le semi-homme ne parlait point du loup, mais du ciel...

Les étoiles ne dansent pas.

Étonnamment, l'absurdité de la scène n'épouvante personne : ni le jardinier, ni l'astrologue ne défaillent. Pour Sadr, les deux phénomènes - le jour qui devient nuit, le ciel qui ne bouge plus - sont liés.
Elle dit ***


Tu altères le temps.
Il bondit, il s'arrête : pourquoi ?


*** Haussement d'épaule ***


Je ne suis pas qu'un jardinier. Je pratique bien des artisanats. Parfois, je suis un horloger. D'autres fois, un serrurier.
Cela dépend.
Le temps me permet d'ouvrir et de fermer des portes. Pour faire passer des corps, pour moissonner des âmes. Tu vois toutes ces plantes ? C'est ma récolte du jour. En effet...


*** Les yeux du nain se plissent de plaisir et lorsqu'il parle, son identité... se dédouble ! ***


J'ai un pote âgé.

*** L'enfant tressaille. Le mot d'esprit est soigneusement amené. Il n'a rien de gratuit. Mais la sybille ne peut l'apprécier. ***


Je ne te comprends pas, manüsh.
Qui es-tu ?


*** Mal dit.
Sous l'apparence d'un seul, ils sont deux ***


Qui êtes-vous ?

*** Le bonhomme lève une main prudente ***


Non, ne le demande pas. Si tu lis mon sang, tu seras broyée. Je carbure au millésime hors d'âge, fillette : une seule goutte t'anéantirait sur pied. Maintenant, je ne sais pas tout. Et donc, j'ai des questions. Par exemple : pourquoi es-tu venue ? Tu t'intéresses à ce château ?

*** Sadr observe l'édifice. On dirait qu'il tangue.
Elle s'entend répondre ***


Oui. Mais ce n'est pas un château.
Pas vraiment.



Horoscope de Jayar

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