 |
Pentar avait réfléchi.
La discussion avec Sadr avait ouvert des perspectives.
Elle y pensait depuis longtemps.
Mais l'astrologue avait ouvert des horizons.
Clefs de sa propre pensée.
La guerrière n'était pas une créatrice.
Créer était l'inverse de détruire.
Elle ne créait pas. Elle détruisait.
Cela lui semblait simple.
Presque évident.
Pourtant, elle s'était faite la réflexion.
Cette réflexion avait aboutie.
Créer n'était pas l'inverse de détruire.
C'était les deux faces d'une même pièce.
Créer réclamait son lot de destructions.
On ne construisait pas une maison sans tuer d'arbres.
Sans arracher la pierre. Sans briser du minerai.
Sans meurtrir la nature, la terre.
Les forces telluriques.
Créer c'était aussi détruire. Contribuer au Déclin.
Plus encore dans le cadre de la forge.
Dans celle des armes en particulier.
On créait des lames pour mieux tuer.
Cette idée était plaisante.
Paradoxale.
Créer pour mieux détruire...
Or, elle avait fait le tour des magasins.
Pour trouver une meilleure arme.
Rien. Insatisfaction.
Au pied du mur, elle avait songé :
"Et si je fabriquais ce qu'il me fallait..."
Elle avait réalisé que dans les secrets de la forge.
Il y avait aussi les secrets de la mort.
Les secrets du sang.
Créer pour mieux détruire.
Korba était une vieille femme. Mais puissante.
Les muscles noueux. Un mauvais caractère. Un savoir-faire incontestable.
Pentar lui avait parlé. Elle voulait apprendre.
Apprendre comment fabriquer des outils de mort.
Korba avait accepté.
Pentar apprenait.
Dans la chaleur de sa forge.
Elle avait commencé à courtiser le métal.
Le métal, le fer, le feu.
A le malmener, à la modifier, à le forcer.
Le plier à sa volonté.
Elle aimait cela.
Bientôt, elle tuerait mieux.
Ferme ton clapet, béjaune, de toute façon tu vas bientôt pourrir. Et en silence.
| |
