« Je vais sur mes quinze ans.
J’ai ce truc dans mon sang, c’est une sorte de maladie.

Nos dirigeantes sont toutes au courant c’est pour cela que mon Karna est pour bientôt. »

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Lyhndael frisonne à ces paroles, pourtant elle ne relâche pas son étreinte. Elle veut faire comprendre à Kyra qu’elle ne la rejette pas dans son épreuve, quelle qu’elle soit.
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« Si j’arrivais à… voyager un peu pendant le temps qu’il me reste, ce ne serait pas plus mal. »

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Kyra s’est ouverte à elle. Elle ne lui a pas tout dit, Lyhndael s’en rend bien compte, mais le pas a été franchi.

Elle relache doucement les mains de l'anja.
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*** Lyhndael poursuit d'une voix douce souligné d'un sourire rayonnant. ***

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La tydale récupère ses mains, les frictionne en baissant la tête. Kyra n’a jamais semblé aussi vulnérable. Certains mots employés par la maitresse d’arme lui font peur. Elle ne sait pas de quoi demain sera fait mais si elle suit le plan de sa mère, elle perdra obligatoirement celles qui ne comprendront pas.
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L’ouverture complète n’était pas une bonne idée. Elle le savait, elle y avait déjà réfléchit. Pourquoi fallait-il toujours tout confier ? Kyra n’aimait pas vraiment mentir, seulement certaine fois la situation l’imposait. Peut-être y avait-il ne autre solution.
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De la peur, c’était tout bonnement de la peur qu’elle ressentait.
Rencontrer la Carias, une grande instance qui va, si elle en croit les paroles de sa Liadha, la sonder pour connaître ce qu’elle cache.
Elle chercherait surement ensuite à avancer son Karna afin d’être sure.
Non, non, il ne fallait pas la rencontrer.
Kyra se relève en reculant, beaucoup de choses tournent dans sa tête.
Tout allait un peu trop vite.
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Inconsciemment elle continue à reculer vers la sortie même si celle-ci est encore loin.
Elle se frictionne toujours les poignets.
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*** La liadha pose ses mains à plat sur ses cuisses, paumes tournées vers le ciel en signe de paix. ***

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L’anja s’arrête dans son élan, dans son esprit la peur a chassée tout raisonnement.
Son visage se voile d’incertitudes tant le discours de la maitresse d’arme lui donne à réfléchir.
Et si sa sœur avait raison ? Peut-être que l’appréhension que la jeune tydale ressentait n’était pas fondée.
Après tout…
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Kyra dit ce qu’elle pense et elle le pense car c’est ce qu’elle ferait à sa place. Elle pourrait très bien devenir stérile dans les jours qui suivraient, en réalité tout était possible.
Mais d’un autre coté peut être la Carias ne se posait pas ce genre de questions.
La Valen n’en savait pas assez c’était une certitude mais dans tous les cas, Lyhndael réussissait à l’adoucir.
Elle marque donc une petite pause, arrête de se masser les poignets.
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*** Lyhndael se lève lentement et s'approche de Kyra. Elle avance doucement, presque sur la pointe des pieds, pour ne pas effrayer l'anja qui apparaît en cet instant dans toute sa fragilité.

Arrivée face à elle, la maîtresse d'armes saisit son épaule fermement mais sans violence.
Pour que ce contact qui ne tremble pas constitue un point d'ancrage dans le monde vacillant de Kyra.

Et Lyhndael sourit tendrement. ***

*** La tonalité de la maitresse d'armes change radicalement. Il devient presque léger comme si l'orage était passé. ***

*** Lyhndael laisse échapper un rire guilleret. ***

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Il est certain que la Kyra qui a apparu durant les derniers échanges et très loin de la véritable jeune tydale pleine de fougue. La symbiose avait tout chamboulé. Elle était une bonne chose mais malheureusement tout le monde sait que les bonnes choses n’arrivent jamais seules.
Les choix, les choix étaient difficiles et déchirants.
Les réactions de Lyhndaël sont particulières. A la fois douce et rassurante. L’Anja se questionne sur la réaction qu’aurait pu avoir une mère ou un proche parent. Elle est la deuxième personne à lui apporter un peu de paix dans son océan d’incertitude et sur le moment, la Valen à presque envie d’enfouir son visage au creux de son épaule pour se couper de tout quelques secondes.
Une réaction d’adolescente.
Au lieu de cela la raison reprend le dessus et elle livre simplement un sourire de gratitude.
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Elle note le changement de sujet, décidément la liadha en face d’elle est bien plus gentille et compréhensive qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
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L’association lui parait saugrenue.
La curiosité la pousse à toujours vouloir gouter.
Elle sourit sincèrement.
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Elle retourne donc au centre de la salle où elle s’assoit à nouveau sur le sol comme le lui avait suggéré Lyhndaël. En tailleur elle marque une petite pause puis regarde la maitresse d’arme.
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Lyhndael se fige à la question, le souffle coupée comme si elle venait de recevoir un coup de poignard. Elle se relève de manière gauche, comme un pantin desarticulé.
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Lyhndael fait quelques pas maladroits puis s'arrête. Au bout de quelques secondes, elle laisse échapper un long soupir, chassant du même coup cette tension qui l'avait envahie.

Le dos toujours tourné vers Kyra, elle se met à parler. Son ton a retrouvé sa solidité, mais le débit reste lent.
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Lyhndael se retourne lentement et adresse un léger sourire à l'anja.
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Comprenant son erreur, la tydale baisse les yeux une nouvelle fois.
Cette blessure semble bien différente de ce qu’elle connait.
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D’un autre côté, les yeux toujours rivés sur le sol l’Anja réfléchit.
Cette perte est presque identique à celle qu’elle risque de subir en enfantant. Curieusement Lyhndaël peut peut-être la comprendre, ou en tout cas la soulager.
La voyante lui avait bien sur répondu, mais elle avait peur de faire une mauvaise interprétation.
Elle ne répond pas à la question sur l’accompagnement liquide de la sucrerie et au risque de faire surgir davantage de mauvais souvenirs, tente quand même de connaître l’avis de sa sœur.
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La tournure de sa phrase n’est pas des meilleures, la tydale s’en rend juste compte.
Son visage se crispe.
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Lyhndael entre dans la petite pièce qui lui sert de cuisine et de réfectoire. Tout est propre et parfaitement en ordre.

Les mouvements sont précis et minimalistes : plateau, tasses, assiettes, deux petites cuillères en bois tendre... L'automatisme des gestes permet à la maîtresse d'armes d'appréhender la question de l'anja. La question est difficile et adaptée cela ne fait aucun doute et Lyhndael arrive rapidement à une conclusion.
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Lyhndael baisse le regard pour réaliser que tout est prêt. Une dernière pensée s'envole et elle retourne dans la pièce principale.
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La question de l’anja ne trouve pas de réponse dans l’immédiat.
La tydale se rend compte qu’elle s’aventure en terrain dangereux et que les souvenirs engendrés par ses propos sont des plus désagréables.
Elle qui commence à apprécier Lyhndaël ne recommencera pas, elle trouvera un autre moyen de tout lui avouer.
Elle accepte le morceau de gâteau avec plaisir.
L’admire tout en silence.
Kyra relève les yeux sur la maitresse d’arme.
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*** Elle lève la petite assiette, tente de deviner comment peut être fabriqué un tel objet. ***

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La Valen tapote le dessus de sa part avec la cuillère de bois.
Lentement elle découpe un morceau et l’amène jusque dans sa bouche.
C’est vraiment différent de ce qu’elle avait l’habitude de manger.
Elle semble étonnée.
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*** Lyhndael sourit à la remarque. ***

*** La maitresse d’armes saisit délicatement un gâteau et croque dedans avec un plaisir évident. ***

*** Lyhndael finit sa bouchée et change de sujet sans que la tonalité de sa voix n'en montre le moindre signe. ***

*** Lyhndael tourne la tête sur le côté, son regard plonge dans le reflet offert par le miroir. ***

*** Lyhndael secoue la tête comme pour chasser une pensée vagabonde et regarde à nouveau Kyra. ***

*** Lyhndael patiente alors, lorgnant en même temps un gâteau. ***

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Elle note le nom dans un coin de son esprit en se promettant de passer la voir dans les jours prochains et reprend une cuillère. Si le sel appartient aux Confrères et que ceux-ci opposent quelques résistances à le partager, alors ce genre de sucrerie doit valoir son prix. Raison de plus pour l’apprécier.
La Valen continue à mastiquer lentement tout en écoutant attentivement. Plus la maitresse d’armes parle, plus il est évident que le choix ne se pose pas. Dans l’optique ou sa Liadha serait sûre de voir son enfant mourir, celle-ci ne serait quand même pas insensible au point de donner la vie pour la voir fatalement tomber quelques années après ? Kyra et d’autant plus indécise qu’elle ne peut être la seule à penser de la sorte.
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Elle se mordille la lèvre en marquant une pause. C’était peut-être le moment de lui confier une partie de son hésitation. ***

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Elle reprend une bouchée et se rend compte qu’elle a déjà terminée la totalité de son morceau. Si la question qu’elle venait de poser n’était pas aussi sérieuse elle aurait sans doute souri.
La version que Kyra vient de donner à Lyhndaël est très arrangée mais elle reflète bien le problème actuel de la jeune tydale. ***

*** Lyhndael prête un attention totale aux paroles de Kyra. Elle en oublie presque le petit bijou qu'elle savoure. A la fin de la tirade de l'anja, elle acquiesce accompagnant ses mots d'un hochement de tête appuyé. ***

*** La liadha tapote alors ses lèvres de son index, dans un geste de réflexion intense. ***

*** Un sourcil se dresse en signe d'interrogation. ***

*** Lyhndael n'achève pas sa phrase, laissant à Kyra le soin d'achever le raisonnement. ***

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Son interlocutrice a fait le rapprochement, Kyra reste impassible.
Ce ne devait pas être bien difficile.
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*** L’Anja semble avoir repris de son assurance même si ce qu’elle dit porte à croire le contraire. ***

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La confrontation avec la Carias apparait une nouvelle fois dans sa tête.
Elle peut voir le déroulement, le raisonnement et la décision en toute logique. Kyra expire en baissant les yeux puis revient sur la maitresse d’arme.
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*** Tout ceci est très vague, la tydale s’en rend compte mais comment faire autrement alors qu’elle ne veut pas donner toute les informations. ***

*** Lyhndael hoche la tête en guise d'assentiment. Elle sait qu'elle a avancé autant qu'il était possible et que cet obstacle ne pourrait pas être franchi ici. ***

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La symbiosée est soulagée de voir que la Liadha comprend et n’insiste pas.
Tout devrait normalement bien se passer.
La prise de parole de Lyhndaël lui fait néanmoins hausser un sourcil.
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Elle arrête sa phrase en son milieu se rappelant les concepts de la confiance. Si elle avait celle de la maitresse d’arme alors elle se devait d’en faire de même.
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*** Lyhndael adresse un sourire fugace à Kyra tout en enserrant brièvement son avant-bras. ***

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Elle se redresse alors dans un mouvement fluide et disparaît en quelques foulées rapides.

La pièce dans laquelle elle rentre est exigue. L'équipement spartiate se résume à un lit, une chaise, une commode et un bac d'eau. La pièce lui sert à la fois de chambre et de salle d'eau, le confort ayant été chassé au profit d'une efficacité à toute épreuve.

Elle ôte ses vêtements sans la moindre trace de pudeur et les envoie d'un mouvement du pied sur sa chaise. Les laisser ainsi en désordre va à l'encontre de ses réflexes premiers mais elle sait que le temps presse.
Elle fond vers sa commode. Sa garde robe est minimale et de toute façon elle a déjà choisi au regard des circonstances.

Pendant ce temps, le mou de Lyhndael reste placide à l'endroit où se trouvait il y a quelques instants la maîtresse d'armes. Il observe le couple qui lui fait face ou peut être il ne fait rien du tout.
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*** Deux minutes à peine se sont écoulées. La liadha qui fait face à Kyra est tout autre : un pantalon noir de jais sur lequel remontent de hautes bottes de cuir de la même couleur, un pourpoint de cuir travaillé enlasse sa poitrine et sur les épaules une fourrure épaisse qui semble être de loup. Elle a attaché dans son dos une longue épée. La seule trace de couleur est son insigne de maîtresse d'armes impeccablement briquée sur lequel le regard est irrésistiblement attiré. ***

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Les grands yeux de Kyra observent Lyhndaël comme si elle espérait mal avoir comprise. Ses mains se crispent sur ses genoux, la peur refait surface.
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L’anja se relève d’un geste rapide, elle pose un regard rempli d’incompréhensions sur Lyhndaël.
La Carias est prévenue, le rendez-vous est fixé. Il n’est plus possible de fuir, plus à ce stade.
Kyra se sent comme attachée, elle continue de regarder la tydale en face d’elle comme si elle ne comprenait pas le sens de cette manigance.
Dans sa tête tout va très vite, elle pense que Lyhndaël ne sait pas dans quelle situation elle vient de la mettre.
Elle avait parlé de confiance pourtant.
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***
Il est malheureusement trop tard désormais.
Il va être dur de mentir à la Caria maintenant que Lyhndaël sait.
L’Anja sert le poing, baisse la tête. Elle pivote pour se mettre de profil à la porte d’entrée, en signe de résignation.
Comment a-t-elle pu lui faire ça après tout ce qu'elle lui a confié.
Cette étape semble inévitable.
***

« Cela ne rend en rien la chose agréable.
J'espère juste qu'elle comprendra, un jour... »

« Certes... Assez de sentimentalisme déplacé. »

*** Lyhndael, n'arrivant à rester insensible face au désarroi de Kyra, ne peut s'empêcher de lui adresser des conseils. ***

***
La maîtresse d'armes s'approche de la porte de sa demeure et l'ouvre en grand. Le bruit du dehors surgit et les rappelle à la vie qui semblait s'être évanouie durant cette parenthèse intime.
D'un geste de la main, la liadha invite Kyra à la suivre.

L'heure de la discussion s'achève, une nouvelle force va entrer dans la danse.
***