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Quartier marchand

Témoin des Astres

Où l'on vient chercher un regard
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Sujet lancé par Diaspar
Le 27-03-1512 à 14h10
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Posté par Sadr,
Le 27-04-1512 à 20h54
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Diaspar

Le Matal 17 Astawir 1512 à 17h18

 
Diaspar est littéralement accroché aux lèvres de son hôte. Il ne perd rien de ce qu'elle délivre, note mentalement chaque détail et suit la réflexion autant qu'il peut. Ce n'est pas toujours évident, étant étranger aux concepts astrologiques qu'elle soulève au détour de chaque phrase. Mais nul besoin d'être expert. Sadr, dans le fond, est relativement claire. Et Diaspar suffisamment intelligent.

Dans la foulée, le Contemplateur réfléchit intensément à ce qui vient d'être dit. D'une certaine manière, cela confirme ses propres intuitions et cela devance sa pensée. La portée de cette odyssée est grande, elle est terrible aussi. L'excitation dont font preuve les matriarcales ne trompe pas. Le décalage est amusant mais lui, aussi sage soit-il, ne sait pas trop comment prendre la nouvelle. Si Sadr ne s'est pas égarée dans ses visions il n'y a qu'une manière d'accueillir cela. Avec philosophie. Après tout, l'oracle le dit bien : le voile sera levé.

"Le voile sera levé"...

La phrase est simple. Pourtant réside en elle deux choses : puissance et intelligence.
Parfait, pense-t-il. Elles sont là, rassemblées : la Voie du S'sarkh et la Vérité. Les deux piliers de la religion ssarknesh.
Ce qu'il faut faire de cette information ? L'exploiter et s'en réjouir, si l'illumination est au bout du chemin. Et, bien sûr, être patient.
Diaspar, après cette rapide méditation intérieure, lève de nouveau la tête. L'équilibre est retrouvé.
Il est de nouveau serein, après le trouble qu'a provoqué en lui cette importante révélation.

Le Témoin en a conscience maintenant, les mots de Sadr lui étaient adressés.
Ariane blanche et fragile du labyrinthe de pensées qu'il est en train d'arpenter, dans les ténèbres.
Il a des questions, mais qui ne lui semblent ni essentielles, ni très utiles. Aussi, préfère-t-il se taire.
D'ailleurs, a-t-il vraiment le choix ? Si il veut assister à la suite de cette étrange nuit, il doit garder le silence.
Mais déjà, il se sent fort. Les muscles tendus, le corps vibrant et l'esprit dégagé, lumineux, clair.
La connaissance s'est imprimée en lui, comme un élixir magique ou un bain purificateur.

Vigilant, droit, il guette et observe. Un coup d'oeil aux étoiles.
Il se demande ce qui se passe, là-bas, à ce moment précis, à des milliers de kilomètres de là.


 
Sadr

Le Merakih 18 Astawir 1512 à 09h41

 
*** Foin d'étoiles, malheureusement...

En cette deuxième partie de nuit, le ciel couvert s'est chargé de nuages bas et, dans un staccato gracile, une pluie délicate tambourine désormais sur l'abri toilé installé par les mâles. Quelques braseros, plein de braises sans flammes, ont été amenés : ils réchauffent l'atmosphère sans mutiler les yeux hypersensibles des sibylles, toujours sous l'emprise de leurs drogues ophtalmiques.

Son exposé conclu, Sadr est au centre du maelström : une foule de questions, de remarques, de précisions, de critiques et de commentaires l'assaillent. Très vite, le récit gagne en qualité, en intensité, en richesse. Toutes les pythies présentes ont observé, dans leurs propres expériences, les échos et les scories de ce dont parle l'enfant-nuit. Par chance, en quelque sorte, cette dernière a choisi le thème central, le sujet-phare de l'actualité céleste : sans conteste, son récit est le plus saillant, pour ne pas dire le seul qui vaille. Ce n'est point une question de talent, mais d’occurrence.

Ogma, la plus savante et la doyenne des astrologues de l'aréopage, résume l'affaire en quelques mots ***


Ce qui se passe aujourd'hui en extrême-occident écrase de son aura tout ce que le ciel donne à voir et à penser. Nos visions et nos prévisions sont broyées par une série d'évènements initiés il y a quatre ans et qui s'approchent, maintenant, de leur résolution. C'est pourquoi ton travail, Sadr, est plus consistant, plus précis, plus saillant qu'il n'est d'usage.

Tu te polarises un peu trop à mon goût, parfois. Ton fatalisme radical oriente souvent ton regard. Mais tu possèdes une grande sensibilité, qualité idéale en la circonstance : c'est ce dont nous avions besoin, cette nuit, pour percevoir ce qui devait l'être. Louons le Tableau, qui se laisse désormais admirer, après s'être tant fait désirer !


*** Levant les yeux vers les nuées, lourdes d'une bruine agaçante ***


Le ciel est pudique. Point trop n'en devons exiger.
Liadha's, je vous laisse méditer sur ce qui nous fut révélé.
Je dois faire mon rapport à la Mère des Cieux.
La séance est levée.


*** Diaspar le sent : la communauté, à la seconde, se brise. Le témoin mesure, parce que cela prend fin, à quel point les pythies formaient un cercle, un corps, une entité profonde. Chacune reprend son identité, un temps dissoute dans quelque chose de plus vaste et d'émergent.

L'enfant-nuit prend soudain conscience de sa présence et, dans ce qui s'apparente plus à un tic nerveux qu'autre chose, lui offre une étrange et brève grimace.
Lui comprend qu'elle essaie vainement de sourire...

Tandis qu'ils reprennent le chemin du parc, elle dit : ***


Tout ceci doit te sembler terriblement abscons...
Tu n'es pas trop déçu ?


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Merakih 18 Astawir 1512 à 13h16

 
Diaspar retourne son sourire à Sadr, quoique probablement avec plus de succès.

Non, loin de là. L'art de nos Transcients est tout aussi noyé dans les concepts que le votre. Et pour avoir été l'un d'entre eux, je sais tirer d'un discours si complexe les vérités fondamentales. Il est certain que bien des termes et des idées me sont étrangers, mais vous avez dit l'essentiel de façon compréhensible pour un auditeur extérieur. Je ne suis pas déçu, bien au contraire. Tout cela est même très excitant...et nous ne sommes pas les seuls, semble-t-il, à y trouver un intérêt.

Le Témoin, après une rapide analyse des choses à faire, se met à ranger les affaires de l'astrologue et la suit avec de quoi la protéger de la pluie.

Quelle est la suite du programme, si je puis me permettre ?

Les nuages sont bien accrochés, la nuit d'études semble compromise. Et de toute évidence, on fait remonter les découvertes de la jeune femme jusqu'au plus hautes sphères du Matriarcat. Cela n'étonne pas Diaspar, étant donné la nature des révélations faites. Après tout, chez les Témoins, c'est leur guide lui-même qui s'est engagé sur le navire pour renouveler un voyage effectué il y a plusieurs siècles. Il s'agit de l'avenir des peuples de Poussière et, dans une certaine mesure, du monde tout entier. Comment priver les Premiers-Nés d'une telle information ? Quoique, à y réfléchir, ils sont très certainement déjà au courant, d'une façon ou d'une autre. Leur connexion avec la réalité est intime, profonde.
Ils ont sans doute eu l'intuition de ce qui est en train d'advenir. La Mère des Cieux à plus forte raison. Il serait intéressant de savoir ce qu'ils en pensent...


 
Sadr

Le Merakih 18 Astawir 1512 à 19h04

 
*** Ils marchent dans les rues, désertes à cette heure, si ce n'est la présence d'une patrouille que deux piétons n'inquiètent guère.
La question du témoin prend Sadr au dépourvu. La suite du programme ? Elle tente une réponse, sans vraiment savoir ce que Diaspar entend par là : ***


Je vais retourner dans ma... dans ma maison, me sustenter et me préparer pour une longue journée de repos. J'ignore ce que mes sœurs feront de mon récit, j'ignore ce qu'en pensera notre Mère. Dans la mesure où j'ai réalisé un travail précis, à ton seul bénéfice, je ne puis en tirer profit de quelque façon que ce soit qui ne t'agrée.

Normalement, je devrais te mander un dédommagement. Tout labeur mérite salaire, une astrologue ne vit point que d'étoiles. Cependant, je ne le peux, car je suis en noviciat. Mais peu importe, car... je m'estime heureuse, et bien payée de retour ; ce que j'ai appris, cette nuit, n'a pas de prix.


*** L'enfant-nuit se réfugie quelques temps dans le silence.
Alors que sa roulotte est en vue, elle dit ***


Je t'invite jusqu'au lever de Maelia. Avant de dormir, j'aimerais affiner ma vision à ta source. Tu sais des choses, à propos des tenants de l'expédition, que j'ignore.
Et moi de même, sans doute.

Acceptes-tu de les partager ?


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Merakih 18 Astawir 1512 à 20h09

 
Le Témoin acquiesce.

Bien évidemment, je suis là pour cela.
Et si cela te permet d'affiner ta vision, je te dirais tout ce que je sais.
Bien que je ne sois pas le plus renseigné sur l'affaire.


Arrivé au pied de la caravane chamarrée, Diaspar devance l'astrologue et lui ouvre la porte.
Et lui offre la main pour l'aider à gravir le marche-pieds.


Tu as beau être novice, te rémunérer pour ton précieux service est la moindre des choses.
D'ailleurs, tu mériterais bien le titre d'astrologue, à mes yeux en tout cas.


Il sourit, sincère et toujours étonné face à cette frêle créature à l'âme si profonde.

Je ne te ferais pas l'offense de te payer en lépidolites. Mais j'ai mieux à te proposer.
Si un jour tu as besoin de quelque chose, je paierai volontiers ma dette. Je suis ton obligé.


 
Sadr

Le Julung 19 Astawir 1512 à 12h08

 
*** L'enfant-nuit s'incline en silence, signifiant qu'elle comprend et accepte l'offre du témoin.

Ils s'installent dans la roulotte, s'assoient autour du guéridon. Sadr n'allume qu'une bougie, sa vue toujours sous l'emprise de la drogue. Elle propose une boisson chaude à son hôte et pour sa part, sort de sa malle un flacon de verre trouble, manifestement rempli de vin.

A Diaspar, que le breuvage intrigue, elle dit en se servant un grand verre : ***


Le sang, maintenu clair avec du jus de citron, peut se garder quelques jours au sec et au frais avant de rancir. C'est l'un des rares aliments dont je puis me nourrir. La plupart des mets qui ravissent le palais, même les plus délicats, me restent en travers de la gorge ou pire, se laissent avaler pour mieux me tourmenter. Je ne digère pas grand-chose, un rien me rend malade, me fait vomir et me cause d'atroces nausées. Je sais que le spectacle que j'offre présentement n'est guère agréable, mais je dois reprendre des forces sans quoi je vais tourner de l’œil...

*** Elle boit, lentement, deux gorgées tout au plus. Puis elle s'occupe de son manüsh, usant du poêle à bois et de son service à thé. Se rasseyant, elle dit ***


Dis-moi... es-tu en contact avec tes pairs embarqués dans l'expédition ?
Te font-ils un rapport régulier sur ce qu'ils vivent, ce qu'ils voient, ce qu'ils perçoivent et devinent ?
Pour ma part, je ne bénéficie d'aucun retour, d'aucune sorte.
J'ai appris, me laissant dériver dans les pensées du Gynécée, que deux des nôtres participent au voyage : Ylimildian, un Garde des morts, et Shyama, une artiste-artisane, forte de grands savoirs et de puissants savoirs-faire. Mais ni l'un, ni l'autre ne communiquent et ne rendent compte à la communauté.
J'en suis surprise.
Je suis surprise, en sus, que personne n'en soit surprise.


*** Une pause ***


Je me demande s'ils sont encore de ce monde.
Je me demande s'ils sont coupés de nous, s'ils sont perdus, trop loin des terres pour pouvoir encore nous joindre.

Qu'en est-il des tiens ?


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Julung 19 Astawir 1512 à 22h26

 
Diaspar prend place sur le fauteuil qu'il a quitté quelques heures auparavant. Il savoure cet instant de repos. Et réalise maintenant l'état second dans lequel il se trouve. D'un côté, une certaine fatigue l'étreint, prenant le contre-coup des heures de travail accomplies et de la vigilance permanente nécessaire à la tâche. De l'autre, une excitation naturelle le maintient fébrile et alerte. Comment ne pas l'être avec la découverte de l'astrologue ?

Il ne se formalise guère de la décoction peu ragoutante qu'est en train d'ingurgiter Sadr. Tout simplement parce qu'il lui est arrivé d'être confronté à spectacle plus répugnant (et à breuvage moins plaisants), mais surtout parce que les explications de la blanche sibylle renforcent encore davantage son aura étrange et fascinante. Il y aurait un portrait à faire de cet individu pour le moins intriguant, peuplé de mystères et de délicates bizarreries. Décidément, en sus d'être "bien tombé", il est tombé sur une originale.

A sa question, il secoue la tête, navré.


Malheureusement non, nous n'avons aucune nouvelle récente.
C'est pourtant les Témoins qui sont en majorité sur le navire, et je ne parle pas de l'équipage non-symbiosé.
Entre le Karn'em S'sarkh, notre guide, le père Dymer, la petite Lyne, les Propages Erling et Nelle, l'initiatrice de cette expédition, les Témoins télépathes sont nombreux. Pour autant, nous n'avons pas eu d'informations fraîches. Le dernier message est pour le moins laconique et Erling y fait mention d'une situation tendue.
C'est tout ce que nous avons sur notre consensus, mais je viens à l'instant d'y relancer une pensée.
Peut-être qu'une bonne âme, si ils ne sont pas trop occupés ou pis, me répondra bientôt.

Donc, de ce point de vue là, je ne peux pas t'en dire plus.

Ce que je sais n'est malheureusement pas de l'ordre de l'actualité chaude et immédiate.
Et même dans ce cas là, mes informations sont très sommaires.

Sais-tu un peu ce qui s'est passé, ces dernières années ? Tu n'es pas née hier, certes, mais ta symbiose est récente, non ?
La communauté très restreinte des télépathes de Syfaria est très au fait, mais j'ignore dans quelles mesures tes soeurs et le Matriarcat en général a informé sa population sur les évènements qui ont bouleversé le Tableau ces derniers temps. Que sais-tu des troubles que nous avons traversé et de l'époque que nous vivons ?



 
Sadr

Le Sukra 21 Astawir 1512 à 13h56

 
*** Sadr boit de nouveau, toujours avec lenteur, et répond ***


Mes pairs ont une vision très partielle et très partiale des évènements qui affectent le monde connu. Le Matriarcat est agité de sourdes affaires qui prennent le pas, dans notre actualité, sur le reste. Notre capacité à évaluer la situation générale de la poussière est faible, car nous n'envisageons guère de globalité que sous l'angle dominant, pour ne pas dire exclusif, du Déclin.

Que ce Déclin soit de nature physiologique, comme le Dhapu, ou de nature métaphysique, comme le laisse entendre le murmure qui bruisse dans les nuées, mes sœurs et moi-même n'y voyons que trop l'inscription de notre singularité, plutôt que d'y rechercher notre part d'universel... notre part poussiéreuse, en somme. Nous aimons nous distinguer plus que nous rassembler. Nous recherchons la discordance, lorsque l'époque nous invite clairement à l'ouverture.

Aussi, les informations nécessaires à une bonne appréhension - sans même parler de compréhension - de ce qui se passe aujourd'hui en Syfaria, comme résultante de ce qui s'est passé et comme promesse à venir - sont complétement dispersées dans notre Gynécée. J'en ai, de ce fait, une maigre connaissance. Et j'ai de grandes difficultés à bien entendre le peu qu'il m'est donné de lire.

Il me semble, finalement, que chaque peuple progresse dans la voie qu'il s'est historiquement assignée : les frères améliorent leurs machines, les témoins parcourent le monde comme ils ne l'ont jamais fait auparavant, les miennes tuent plus que de raison, les hauts-rêvants dorment davantage, les confrères acquièrent leurs artefacts...

Mais tous, nous fuyons en avant, inconscients ou pire, indifférents, au mur qui se profile devant nous.


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Sukra 21 Astawir 1512 à 21h35

 
Diaspar sourit. L'intelligence et la clairvoyance de Sadr l'étonne toujours un peu plus.
Il acquiesce doucement et entame le thé qui lui a été préparé avec soin.

A dire vrai, tu m'épargnes de longues et laborieuses explications. Consciemment ou non, tu es directement arrivée à la conclusion de l'exposé que je m'apprêtais à te faire. Tant mieux.

Depuis longtemps, je partage les mêmes hypothèses. Un simple constat, à dire vrai, pour n'importe quelle âme un peu curieuse et éveillée aux aléas de l'histoire et du monde. Moins pour beaucoup d'entre nous, pour qui ont leur nombril comme centre du monde. Ces hypothèses, vois-tu, ont trouvé confirmation dans les évènements successifs qui ont troublé notre histoire récente et dont l'odyssée semble être aujourd'hui la finalité.

Je ne vais pas revenir en détail sur les épisodes des Obsessions, de la Tour du Concile, du prodigieux Flymeur et des Piliers, du Tark'nal et de la corruption puis destruction de certaines de nos villes. Ni même sur les problèmes des Nemens, visiblement affectés par les derniers plans de l'Usurpateur. Ce serait beaucoup trop...dur. A développé et à entendre. Et, pour tout te dire, ma mémoire flanche. Même pour ceux de ces évènements auxquels j'ai participé, je n'ai guère plus tous les tenants et aboutissants en tête. Les détails et les conclusions. Cela me semble si...loin...


Un instant, des ombres passent sur le visage du Témoin. Il paraît plus vieux et usé.
Une vague nostalgie, ou est-ce de la mélancolie, s'échappe d'un soupir et d'un sourire lointain.


Le plus important, c'est ce qu'il faut retenir de tout ça. Car ces évènements, plus ou moins liés, nous ont amené à une seule et même conclusion. Que, semble-t-il, les Premiers-Nés ont confirmé à Nelle et à Umbre lors de leurs visites à ces derniers. Nos origines ntre avenir et notre compréhension de Syfaria, de ses secrets, de ses mystères, de la Trame de la réalité...dépendent de nos efforts communs.

Plus encore que de l'association de nos forces, mais de la conjugaison de nos savoirs, de philosophies, de nos idées.
C'est comme si l'Enigme que constituait ce monde avait été divisé en six et que ces six éléments composaient les différents aspects, faces, parties de la réalité. Assemblés, ils nous révéleraient la Vérité dans toute sa terrible splendeur.

Le Songe pour les Hauts-Rêvants, la Dame Grise pour l'Equilibrium, la Science des Frères, le Temps pour les Confrères, le S'sarkh pour les Témoins, les Astres pour le Matriarcat... C'est là, dans ces fragments que réside la solution. Des choses ont été faites et sont faites en ce sens, mais j'ignore si elles seront suffisantes ou si nous n'avons pas assez, les uns et les autres, exploité nos forces, nos ressources, nos intérêts, nos pensées. Ce qui semble certain en tout cas, c'est que nous n'avons pas suffisamment mis en commun nos découvertes....

Ce qui est une faiblesse et une erreur.
Et je crois que c'est pour cette raison que Nelle et le Confrère Umbre ont tant insisté pour que des délégations de toutes les factions soient présentes sur le navire, afin de représenter notre totalité, notre complémentarité.
Par nos seules idéologies, nous avons, chacune des factions, une clef.
Maintenant, comme je te le dis, est-ce que cela suffira ?
Je le souhaite. Mais je l'ignore.


Songeur, Diaspar prend une autre gorgée du bon thé épicé de l'astrologue.

Ce que nous avons fait ce soir est trop rare chez les Poussiéreux.
Membres de toutes factions ne se rencontrent et réunissent généralement que pour des situations de crises.
Quelquefois pour des festivités, tout au plus. Sans avoir, derrière, l'initiative d'entreprises communes plus longues et profondes.
C'est au jour le jour que ce genre de combats se gagnent, que ce genre de quêtes s'accomplissent.

Avons-nous péché par manque de curiosité ?


La mine sombre, le Contemplateur semble poser la question dans le vide, autant pour eux que pour l'éternité.

 
Sadr

Le Dhiwara 22 Astawir 1512 à 02h49

 
*** L'enfant-nuit, d'un regard appuyé, reconsidère l'anachorète. D'une voix basse et respectueuse, elle dit ***


Tu es fort instruit, très au fait des affaires de ce monde. Je ne sais le quart du portrait que tu esquisses...
Je suis jeune. Quelques informations, peut-être anodines, peut-être essentielles, me sont cachées. D'aucunes n'auront point relayé, volontairement ou non, ce que tout poussiéreux devrait aujourd'hui partager...

Sont-ce là de bonnes excuses, ou de tristes fautes ?

Je ne saurais te répondre. La notion de « pêché » ne m'est pas inconnue, mais je suis des plus mal placée pour l'aborder. En vérité, elle m'apparait des plus exotique :

Le Matriarcat du Déclin, pour des raisons foncièrement historiques dont tu connais les tenants, cultive une philosophie profondément fataliste qui conteste, pour le moins, l'existence même du libre arbitre. Dans nos écoles de pensée les plus radicales, cette contestation devient déni. Le Fatum, par exemple, réfute jusqu'au concept de choix, considérant que le monde est l'arène de phénomènes stochastiques que notre entendement s'échine, tout au long de notre vie, à comprendre. Et s'il nait du sens dans l'absurdité vulgaire de la nature, c'est parce que nos efforts polarisent notre vision.

Pour te le dire plus trivialement :

Imagine que le réel soit le sabir d'un dieu aveugle et sot. Il éructe, de son divin organe, des sons hasardeux et dénués de toute signification. Et nous, roseaux pensants, complètement perdus dans sa logorrhée insane, nous n'avons qu'une échappatoire à la folie : nous piochons, de-ci, de-là, une insigne fraction de ces sons. Nous en tressons des mots, des phrases, et nous croyons dès lors dire l'indicible, voir l'invisible, penser l'impensable...

Imagine un nuage de points, indéfini, indénombrable. Tels des enfants, nous en relions certains. Et nous nous étonnons, ensuite, de reconnaitre les figures que nous avons nous-même tracées...

Ces deux exemples illustrent, non sans grossièreté, le credo du Fatum : le monde est absurde.
Lui donner du sens procède d'une démarche vaine et circulaire qui confine, in fine, à la tautologie. Le Tableau, autrement dit l'avènement de nos destins croisés, est par nature inévitable puisque nos trajectoires n'obéissent à aucune logique. Dès lors, le choix n'existe pas...



*** Sadr marque une pause, ressert une tasse à son hôte.
Elle prend son temps, semble empruntée, gênée et même... honteuse. ***


Je suis, apprentie astrologue, une enfant de ma faction. En cela, je crains de n'être l'interlocutrice que ton désir d'universalité mérite.
Fleur du Déclin, j'appartiens de surcroît à l'école susdite.
L'école du Fatum...

J'imagine à quel point, à tes yeux d'humaniste, j'aggrave mon pauvre cas.



*** Triste tentative de sourire avorté ***


Je suis tenaillée par deux sentiments contradictoires.

Je suis fière de mon école. J'adhère au fatalisme le plus rigoureux, le plus engagé qui soit. Il propose une grille de lecture du monde que j'honore chaque jour - chaque nuit - qu'il m'est donné de vivre. Le Fatum emplit mon cœur et forge mon âme.
Je perçois, pourtant, la beauté de ta démarche. Je suis contrite de ne pouvoir l'alimenter, l'encourager. J'entrevois, dans ta visite, dans ton discours, l'existence d'un univers d'idées qui m'échappent encore. Êtes-vous nombreux à penser ainsi, en extrême-occident ?

D'une manière étrange, cela nous réunit. Je me suis toujours vue en témoin.
Mon ambition, si tant est que ce mot convienne, est de témoigner du Tableau. De la fin.

Il se pourrait que les tiens m'en offrent l'opportunité, au terme de leur voyage extraordinaire.


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Dhiwara 22 Astawir 1512 à 17h48

 
Tu n'as ni à t'excuser, ni à te justifier. Tu fais honneur à ta faction, à ta philosophie.
C'est précisément ta force. Avec l'expérience, j'ai appris que, bien souvent, la solution venait de ceux qui étaient le plus en accord avec les principes de leur idéologie. Des sortes de...parangon...des idées, des pensées, des comportements véhiculées par leur société. Car qui mieux que ces personnes comprennent les ressorts qui animent leur faction et peuvent, en définitive, en dévoiler les secrets ? Tu vois où je veux en venir, très certainement.

Je ne partage pas ta philosophie ni ton mode de vie, mais je les comprends et les respecte.
C'est dans cette tolérance, cet espace, ce respect mutuel que réside la puissance de la communion des esprits.
Ce soir en est la preuve. Les Témoins entreprennent une mission, une Astrologue lit les astres pour eux.
Et demain, peut-être irais-je voir une Grise qui, en interprétant les Signes de la Dame, complétera cette vision.
Puis, un Transcient de ma faction, qui apportera une autre pierre à l'édifice.
Avec un Sage des Hauts-Rêvants...

Tu te dis contrite de ne pouvoir alimenter et encourager ma démarche. C'est pourtant ce que tu as fait, très précisément.
Et je t'en remercie. Comme le feront sans doute les aventuriers de cette arche fantastique.
Tu le soulignes toi-même, grâce à cette expédition, tu auras l'opportunité d'accomplir ton...Destin.
Nous en ressortons tous gagnants... Si l'on peut dire.


Diaspar continue, les mains autour de sa tasse, de boire lentement son thé épicé.
Avec une certaine délectation, le plaisir de la conversation et le regard brillant de convictions.


Vois-tu, je ne crois pas qu'il y ait de contradictions fondamentales entre ma démarche et ta pensée.
Et si il y en a, ce sont des paradoxes que surviennent les choses les plus étonnantes et révélatrices.
Tu dis que le monde est absurde par essence.
Et devant cette terrible absurdité, nous avons entrepris de lui donner un sens.
Avec un sens différent pour chacun. Lié à notre environnement, notre contexte, notre histoire, nos expériences, etc.

Sur ce point, je crois pouvoir dire que nous sommes d'accord.


L'air pensif, le Contemplateur répète :

"Nous en tressons des mots, des phrases, et nous croyons dès lors dire l'indicible, voir l'invisible, penser l'impensable..."

Un sourire vague et lointain illumine son visage.

En effet. Nous tressons tout cela et nous croyons ensuite les révéler. Mais parce que c'est vrai.
Nous croyons dire l'indicible, voir l'invisible et penser l'impensable, oui.
C'est exactement ce que nous faisons : dire l'indicible, voir l'invisible et penser l'impensable.
Le croire, c'est le faire.

D'une façon ou d'une autre, ce monde existe (quoiqu'un Haut-Rêvant pourrait en débattre avec nous)...
Et par le simple fait de lui donner un sens, nous modifions la réalité et donnons à ce sens une existence réelle.
La force de la volonté, de la pensée, de la conviction forge et détermine les choses.
Nous évoluons en permanence dans un univers d'idées et de paradigmes...
Croire en quelque chose le fait exister.

Le monde est ce que nous voulons bien en faire.
Ce n'est que mon point de vue, bien entendu.
Mais j'ai vu des choses...

La réalité pliée sous la puissance d'un mot, d'une note ou d'une pensée.
Qui n'étaient portés que par une seule chose : la volonté.


Diaspar souffle, subissant petit à petit le contre-coup de leurs activités nocturnes.

Mmm...Je ne suis pas sûr d'être clair et j'en suis désolé.
La fatigue sans doute. Disons simplement que, pour ma part, je crois que...
Le monde est tout à la fois absurde et infiniment riche de sens et de possibilités.


 
Sadr

Le Luang 23 Astawir 1512 à 21h34

 
Le croire, c'est le faire.
Croire en quelque chose, c'est le faire exister.


*** L'enfant-nuit répète ces quelques mots, prenant soin de bien les prononcer, les articuler. Elle lève un doigt, non pour singer quelque professeur professant, mais pour souligner d'un geste l'importance de l'instant ***


Je te comprends. Tu es très clair. Je connais cette drôle d'idée, cette thèse insolite, excentrique et ambitieuse. Tu la défends très bien. La pensée créatrice qu'elle véhicule a parfois germé parmi les plus enthousiastes de nos Fileuses de Vie, je pense notamment à Gaëlle, une sage très âgée, décédée l'an dernier. Melancholia enseigne que cette façon de voir est l'idéalisme, l'autre face du monde, sa face première étant le fatalisme. Elle dit qu'y réside la réconciliation, impossible, de la terre et du ciel.

Je suis surprise de retrouver cela... en toi. Tu me surprends, manüsh. Et je t'en remercie.
Cela enjolive ma nuit et tempère ma solitude.


*** Sadr finit son verre. ***


Quel dommage que nous ne puissions voguer de concert sur les flots d'outre-terre comme nous voguons dans le monde de l'esprit, Diaspar. Je suis sûre que mes calculs et tes saillies participeraient au grand théâtre du destin, en ces heures où, loin de nous, se joue le sort du monde. Non que je m'estime d'importance, bien sûr ; mais nous serions témoins, complices et complémentaires, aimablement contraires, en ces temps où tous se veulent acteurs.

Que vaut une pièce, si belle soit-elle, sans son public ?


*** Toujours, les yeux de la sibylle buttent et rebondissent sur son hôte, sans pouvoir s'y fixer. Pourtant, elle insiste. Sans aucun succès. ***


J'aimerais te regarder.
Donne-moi une goutte de ton sang, je te prie.


Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Matal 24 Astawir 1512 à 20h58

 
Le Témoin du S'sarkh acquiesce et sourit avec douceur. Ravis par les mots de la blanche astrologue, il partage aussi sa déception, en quelque sorte. Lui qui, par le passé, a déjà entrepris une funeste expédition pour rejoindre sa divinité, n'aurait pas refusé une place sur ce bateau. Mais Diaspar ne s'en formalise pas plus que cela. C'est ainsi, rien ne sert de se lamenter. Il faut être heureux pour ceux qui vont avoir cette chance. Qu'ils en profitent au maximum. En revanche, cela n'excuse en rien l'inactivité et n'exclus aucunement d'agir, à son échelle. Il y a toujours à faire, ailleurs.

Nous ne pouvons pas rejoindre le navire c'est certain. Mais rien ne nous empêche d'arpenter Syfaria pour témoigner, comme nous l'avons fait ce soir. Je reprends la route demain, si tu veux m'accompagner ou me rejoindre là où la Voie me mène, tu es la bienvenue. Car si le monde a une fin, pas les horizons. Les promesses qu'ils me chuchotent, jusqu'aux cimes neigeuses de ta Citadelle, ne m'ont jamais trahi. Ce soir confirme une fois de plus la beauté de leurs indicibles présents.

Intrigué, le Contemplateur tend la main à son hôte. Il se demande si elle lit la vérité et l'avenir dans le sang comme dans les étoiles. Il n'a jamais entendu parler de telles pratiques, à part - peut-être - chez certains des siens qui portent aux fluides une certaine importance dans la somptueuse mécanique d'un corps qui n'est, pour sa faction, que le réceptacle et l'outil de l'âme. Soirée riche en enseignements, donc, qui va de surprise en surprise.

Je t'en prie, il est à toi.
Tant que tu ne procèdes pas comme tes soeurs combattantes !


Le visage de Diaspar s'illumine d'un sourire joyeux, quoiqu'un brin méfiant. Il ne compte plus les souvenirs des guerrières du Matriarcat, de Kalimash à Nemès, qu'il a vu hacher menu de pauvres et moins pauvres créatures de l'île. Mais de toute évidence, Sadr n'a ni la carrure ni la violence des amazones. Quoiqu'elle partage avec elles, à sa façon, une certaine forme de contentieux avec la vie...

 
Sadr

Le Merakih 25 Astawir 1512 à 10h58

 
*** Sadr ne perçoit pas le questionnement intérieur du témoin à propos de son geste, mais elle dit cependant ***


Tu sais notre rapport pour le moins... particulier au sang, n'est-ce pas ? Nous, filles du Déclin, aimons le répandre plus que de raison. Bien souvent, nos exsanguinations n'ont d'autre but que de tuer. Cela rappelle pourtant, à qui en douterait, que le sang est vital et qu'il transporte bien plus que ce qu'il montre.

*** Piquant le doigt de Diaspar, elle poursuit ***


Envisage le corps comme une vaste contrée. Des fleuves la parcourent en tous sens et dans leurs eaux troubles, ils portent en suspens tout ce qu'ils ont traversé : les roches s'y dissolvent, les forêts le parfument, les animaux s'y soulagent et s'y baignent, les villes y déversent leurs humeurs, saines ou malsaines.
Lorsqu'ils parviennent à la mer, puissants, majestueux, riches de leur incroyable voyage, ils témoignent de milliers d'histoires et narrent leur contrée comme personne.


*** Portant la goutte prélevée sur son propre doigt, l'exposant à la lumière de la flamme ***


Cette petite perle contient une image de toi.

Elle n'est pas ton âme, mais sa représentation. Son aspect, en quelque sorte. Elle est ce qu'est ton visage par rapport à ta personnalité : une projection. Ce que tu montres à voir. Et je vois cela.
On m'a montré comment faire, bien sûr. Et je l'ai tant fait qu'aujourd'hui, je ne peux guère m'en passer. Cela compense ma vue réelle qui, tu l'auras compris, est fort basse...


*** La sibylle dépose le sang sur sa langue et ferme les yeux. Aussitôt, ses sourcils se froncent ***


Hou...

*** Vertige ***


Ton Aura est Alliée et Souveraine. Tu portes un Manteau de Nuage, très simple, très pur, en structure rayonnante. Ton chemin t'oriente naturellement vers la Quinte, l'accord des cinq principes. Sais-tu ce que cela signifie ?

Si ta vie s'étendait sur plusieurs siècles, ta sagesse pourrait taquiner celle de nos guides.

L'Ether domine l'Eau, les autres éléments sont équidistants. Un bel équilibre, qui voit les forces telluriques alimenter le domaine spirituel. Sous des dehors stricts, sans doute es-tu capable d'une grande souplesse, d'une grande adaptabilité. Mais l'Ether dominant te protège efficacement : pour toi, s'adapter n'est point se dissoudre.


Ombre dit :
Un Manteau de Nuage rayonnant...
Wah. Trop bien...
J'en veux un !


*** Une pause.
Le regard de l'enfant-nuit enveloppe son hôte et ne cille plus. ***


Tu vas partir ?
J'aimerais t'accompagner. Mais je dois encore économiser pour acheter un Yokataluk, sans quoi je ne pourrai tracter ma roulotte.
Si tu peux m'attendre un mois encore, j'aurai la somme nécessaire.






Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Merakih 25 Astawir 1512 à 14h18

 
Diaspar observe avec curiosité le manège de Sadr. Bien différent du précédent et quoique moins intéressant, visiblement tout aussi efficace. Il sourit et lève un sourcil, interpellé par un ou deux éléments précis du bref exposé de l'astrologue.

Je ne pense pas pouvoir, même avec plusieurs siècles d'existence, approcher la sagesse de nos dirigeants...
Mais sinon, je me reconnais assez volontiers dans ce tableau que tu dresses. L'équilibre, la simplicité, l'adaptabilité...
Dis-moi cependant, cette Quinte, qu'elles en sont les cinq principes ? Et que signifie une aura alliée et souveraine ?


Le Témoin hoche la tête, compréhensif, aux soucis financiers de la jeune femme.

Inutile d'attendre un mois. J'ai tellement de lépidolites que je ne sais plus quoi en faire...
Une bête de somme pour ta roulotte est un excellent investissement !
J'ai certainement de quoi acheter quelques Yokataluks et plusieurs maisons ici.
Un mot et je t'en fais cadeau.

Mmm....Par contre....

Le seul problème, c'est que votre banque refuse la conversion.
Du moins, elle me l'a refusé à moi. Ils ne voulaient pas changer mes lépidolites en morions.
Mes courses en ville ont vite avorté. Mais je suis étranger, toi pas....
Tu n'auras peut-être pas ce problème !

Quoiqu'il en soit...


Il détache deux bourses bien remplies de sa ceinture et les pose sur un tabouret.

Ces cristaux sont à toi. Puise autant que nécessaire dans mes ressources.
Si la banque ne fait pas l'imbécile, partir n'est désormais plus qu'un détail...


 
Sadr

Le Merakih 25 Astawir 1512 à 20h01

 
*** Sadr répond sans ambage aux premières questions du témoin ***


Le sang donne une vision grossière des gens. Grossière, mais pertinente.
Comme le visage, finalement, qui donne à voir quelque chose de trop simple... mais de correct.

Les principes fixés dans le sang tiennent des éléments dont nous sommes faits : la terre, l'eau, le feu et l'air. L'identité donne le ton, elle définit un ordre, une hiérarchie entre ces éléments. S'y ajoute l'inscription de l'âme, représentée par l'élément Ether. Voici ce que chaque élément symbolise, en bien / en mal :

Terre : Force, persévérance / Inertie, stagnation
Eau : Adresse, intrépidité, adaptabilité / Vanité, cynisme, opportunisme
Air : Sagesse, spiritualité, sensibilité artistique / Versatilité, futilité, procrastination
Feu : Vivacité, Changement / Violence, chaos
Ether : Contrôle / Tyrannie

L'Aura globale est nommée Manteau, puisqu'elle montre plus une apparence qu'une essence.
Un Manteau formé de deux principes est dit Allié. Trois principes, il est Tierce. Quatre, il est Carré. S'il en compte cinq, il forme une Quinte.
Si l'Ether domine, la personnalité est maîtresse d'elle-même, quel que soit le principe à l’œuvre dans ce qu'elle pense ou fait : Son Aura est Souveraine.

Tous les Manteaux ont un nom, qui dépend de leur composition.
Voici ces noms :

Alliages

Terre + eau : Mer
Terre + Air : Poussière
Terre + Feu : Lave
Terre + Ether : Or
Eau + Air : Pluie
Eau + Feu : Phlogistique
Eau + Ether : Nuage
Air + Feu : Foudre
Air + Ether : Voix
Feu + Ether : Incandescence

Tierces

Terre + Eau + Air : Nature
Terre + Eau + Feu : Salamandre
Terre + Eau + Ether : Ténèbres
Terre + Air + Feu : Cendres
Terre + Air + Ether : Enclin
Terre + Feu + Ether : Ardeur
Eau + Air + Feu : Vapeur
Eau + Air + Ether : Ondes
Eau + Feu + Ether : Passion
Air + Feu + Ether : Lumière

Carrés

Terre + Eau + Air + Feu : Hasard
Terre + Eau + Air + Ether : Lune
Terre + Eau + Feu + Ether : Instinct
Terre + Air + Feu + Ether : Soleil
Eau + Air + Feu + Ether : Philosophie

Quinte

Terre + Eau + Air + Feu + Ether

Tout ceci est affiné par l'ordre des éléments et la façon dont chaque principe s'impose aux autres : un Manteau de Hasard peut être dominé par n'importe lequel des quatre éléments qui le composent, par n'importe lequel de ses six alliages, sachant que ces derniers ont deux orientations possibles, etc., et ce de façon écrasante ou subtile. De la sorte, nulle âme n'apparaît exactement semblable aux autres...

Si l'Ether est le Principe premier d'une aura Quinte, le Manteau est le Fatum. Il s'applique à une personnalité mythique, supposée parfaite. Je soupçonne nos guides temporels et spirituels de posséder un tel Manteau. Chez toi, l'Air, la Terre et le Feu sont présents à l'état de potentialités, écrasés qu'ils sont par la dominante du Nuage. Leur équidistance rend ton Manteau rayonnant. Certes, la Quinte n'est point réalisée ; mais elle fait partie de tes possibles.


*** Une pause plus tard, la sibylle écarquille les yeux ***


Fichtre.
D'où tiens-tu une telle somme de pierres ??

Si j'acquiers un Yokataluk, je prendrai le temps de te rembourser.
Nous irons à la banque ce soir, juste avant la fermeture : j'aurai bien dormi et mes petits soucis ophtalmiques seront passés.


*** Réfléchissant ***


Je puis t'offrir l'hospitalité, la roulotte est bien trop vaste pour moi.
Tu peux rester te reposer, si tu le souhaites, comme tu peux vaquer à tes occupations.






Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Julung 26 Astawir 1512 à 19h59

 
Diaspar écoute avec une énergie renouvelée les explications passionnantes et détaillées de la jeune femme. D'autres mystères de l'astrologie se révèlent à lui ce soir et il en profite pleinement. Sa curiosité n'est pas rassasié mais son goût pour le savoir est satisfait.

Merci pour ces explications, Sadr, c'est proprement....fascinant !
Autant de combinaisons qui semblent couvrir l'ensemble des possibles...


Intérieurement, il se demande ce qu'il advient quand précisément, le sujet ne rentre pas dans ce cadre. Car, cela arrive toujours. Flymeur en est un exemple parfait. Et d'autres peut-être, comme la monstruosité qu'est devenu le nemen Loïa aujourd'hui ? Ou l'Usurpateur ? Peut-on seulement lui "construire" un thème astral...

Cela arrive toujours; l'imprévu, l'inconnu, l'indicible, l'impensable. Même avec les exigences philosophiques qu'implique un concept comme celui du Tableau ou du Destin. La question est taquine et il la garde pour lui, peu désireux de repartir dans un débat philosophique, certes passionnant, mais pas à cette heure-ci. Il apprécie tout particulièrement la finesse et les subtilités à la fois presque mathématiques et artistiques de cette science. Comment pourrait-il en être autrement ?

Diaspar se lève doucement du fauteuil où il s'est encastré quelques longues mais appréciables minutes avant.


Les gens ont tendance à l'oublier mais ma faction est l'une des plus riches de cette île. Peut-être même LA plus riche, devant les Confrères.
Nous sommes assis sur des ressources naturelles incroyables, au coeur d'une presqu'île grande et saine, dépourvue de toute abomination ou chimère.
Nous sommes donc très bien rémunérés pour notre travail, quel qu'il soit. Tout en étant forts peu matérialistes. Un Contemplateur de mon expérience gagne très bien sa vie et je n'achète que le strict nécessaire. Résultat, mes pierres s'accumulent et je ne sais plus quoi en faire !

Considère cela comme un second service que tu me rends ce soir, je t'en prie.
Tu ne me rembourseras rien du tout, d'autant plus que c'est moi qui suis ton obligé, pas l'inverse.


Il sourit, profondément sincère et humble.

Je te remercie pour ta généreuse invitation, mais j'aimerais profiter de la fin de la nuit, peut-être même de l'aube.
Si nous partons bientôt, je préfère savourer mes dernières heures à Kryg. Je ne sais pas quand je reviendrais, si je reviens un jour...
Et la Citadelle a du charme. Un charme bien particulier, mais du charme tout de même.


Le Témoin se dirige vers la porte, qu'il ouvre doucement. Il regarde un instant dehors et respire profondément.

L'air de la montagne...
Repose-toi bien, Sadr, nous nous verrons tout à l'heure.


Et l'homme de disparaître dans la nuit.

 
Sadr

Le Vayang 27 Astawir 1512 à 20h54

 
*** Sadr regarde Diaspar tandis qu'il s'éloigne et disparait rapidement, avalé par la ville.

Puis elle ferme la porte de sa roulotte, agressée par la lumière du jour naissant. Elle range ses affaires et s'installe un coucher : il lui faut dormir, elle est épuisée et ne tient que sur la tension, intellectuelle et nerveuse, résultante à son travail.

Mais avant de dormir, elle se fend d'une pensée pour Pentar.

Elle va partir.
Elle doit savoir. ***


Horoscope de Jayar

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