*** A Kryg, il fait froid. Oui, très froid même, on a toujours l'impression qu'un fouet glacé vient nous claquer la peau du visage.

En revanche, lorsque l'on s'approche de la plus grande forge de la Cité-forteresse, on a parfois l'impression que celle ci est plus forte que le rude climat. ***

*** Devant l'entrée de la forge, une tydale serrant contre elle un objet enroulé d'une épaisse fourrure. Elle regarde la sombre fumée s'échapper de la large cheminée dominant le toit.
Le gel qui s'était accroché à sa peau commence à fondre. Bientôt, il sera remplacé par de grosses goûtes de sueurs.
Froid, chaud, pas bon ça.

La tydale pénètre dans le bâtiment par l'embrasure. ***

***
Le crane rasé de la tydale brille à la lueur du feu de forge tandis que sa main munie d'une épaisse masse, s'abat a plusieurs reprises sur une masse de métal chauffé au rouge. ***

***
Elle plonge le métal dans un baril d'eau d'ou s'échappe soudain une vapeur épaisse, qui transforme la forge en sauna ***

*** Posant ses outils, elle entraina la Mestre de cité vers sa demeure, attenante a la forge, avant de lui proposer un siège. ***

*** Fae'thil suit Maelirane jusque dans sa maison, et s'assied sur le siège proposé par la forgeronne, le coffret posé sur ses cuisses et recouvert de ses mains. ***

*** La jeune Mestre répète le récit qu'elle a fait aux érudites aux Miettes du Tableau, en insistant sur les propriétés explosives des briques, leur influence psychique sur les poussiérieux, et ce qu'elle a compris du modelage de l'une d'entre elle en statuette par la défunte Enealeen.
Durant son exposé, Fae'thil tapote des doigts le coffret. Puis, une fois terminé, elle ouvre celui ci, laissant s'échapper une lumière verte émanant d'une petite brique. ***

*** A l'ouverture du coffret , Maelirane se penche vers son contenu, semblant fascinée par la découverte qu'elle fait. De l'échancrure de sa chemise s'échappe alors un médaillon qui se met a tourner lentement, portant lui aussi un étrange symbole, mais différent et au verso, des caractères si petits qu'il faudrait un instrument pour pouvoir les lire ***

***
Sans brusquerie, mais d'autorité, elle prend le coffret des mains de la mestre, se rassoit et le prend dans sa mains, le triturant , le manipulant, le tournant et le retournant dans tous les sens. ***

*** La lueur de la brique semble l'hypnotiser ***

*** Elle semble perdue dans un reve intérieur et ne parler que pour elle même ***

*** Fae'thil écarquille les yeux à la vue du médaillon de Maelirane. Le symbole qui y est incrusté est presque identique à celui des pierres, comme si ce dernier était complet par rapport à celui de la maîtresse artisane.

Plus inquiétant encore, le comportement de Maelirane lui fait étrangement penser à celui d'Enéaleen.
La tydale n'hésite pas une seconde, il faut ramener la forgeronne à la raison.

Sans brusquerie, elle se lève et pose ses mains sur le couvercle du coffret afin de le refermer doucement. ***

*** Fae'thil lui reprend la briquette des mains, mais Maelirane est déjà loin...
La forge n'est pas pour elle qu'un métier, mais une passion qui se transmet de mère en fille. ***

***
Les paroles de la Mestre de ville la ramènent sur Syfaria ***

*** Elle éclate de rire ***

*** Elle prend en main le cordon de cuir qui retient le médaillon et le fait passer par dessus sa tête ***

*** Semble réfléchir ***

*** Fae'thil sourit, soulagée. Elle avait cru un instant qu'elle aurait à faire à une nouvelle Enéaleen disjonctée. ***

*** Le médaillon de Maelirane pend de ses mains, tournant lentement du cordon le retenant. ***

*** Cela ne pouvait être un hasard : le symbole du médaillon, le symbole des briques vertes, le D'hapu. ***

*** Maelirane suit d'un doigt rêveur, le symbole du médaillon, le symbole de la briquette et secoue la tête, l'air désolé. ***

*** Un soupir...
Un silence...
Elle semble hésiter.
***

*** Sa main passe sur son crane chauve, indiquant son malaise ***

*** SIlence...
Hésitation.... ***

***
Elle fait un sourire en coin a la mestre de ville ***

*** Aucune chance qu'elle décide de passer ses journées dans la forge où elle avait sué à grosses gouttes tout à l'heure.
Et qu'est ce qu'il avait de si gênant ce petit poème? Drôle de tydale cette Maelirane. ***

*** Fae'thil sourit à la forgeronne. ***

*** Maelirane éclata de rire en voyant la tête de Fae'Thil. ***

*** Un instant de réflexion , elle se lance ***

*** Elle se gratte la tête, trou de mémoire ***

*** Elle écarte les mains en signe d'impuissance ***

*** Fae'thil fronce un sourcil. Nébuleux, oui, c'est le mot.
Mais malgré tout, le poème avait un sens pour qui connaissait un peu les briques et en avait vu les effets. ***

*** Faethil était toute excitée, et elle continua sans même attendre une réaction de Maelirane. ***

*** La Mestre regarde Maelirane, un sourire en coin. ***

*** Maélirane ouvre la bouche, la referme, tente de placer un mot , n'y parvient pas et finit par abandonner, attendant que la fièvre retombe. ***

*** Maelirane se met a rire ***

*** Elle a entre les mains le médaillon et semble songeuse ***

*** Fae'thil prend dans sa main droite le médaillon et le pose à plat sur sa paume.
Au début, elle ne voit rien. Elle colle presque son visage sur le médaillon, ouvre grand les yeux puis les étrécit.
Il y'a quelque chose, mais c'est trop petit.

Un grand sourire se dessine sur le visage de la tydale, la réponse à toutes les questions est toute proche. ***

*** Maélirane eut une grimace, et secoua la tête. ***

*** Elle se leva et laissant le médaillon à la mestre de ville, déclara en dénouant son tablier de cuir. ***

*** Le médaillon dans sa main, Fae'til sortit de la maisonnette de Maelirane.
Elle marcha à vive allure, excitée, perdue dans ses pensées.
Grâce aux révélations de la maitresse artisane et aux découvertes faites aux Miettes du Tableau auparavant, quelques points s'étaient éclaircis : le matériau des briques vertes était connu des anciennes du Matriarcat et elle l'avaient probablement appelé le driandel.
Celui ci était dangereux à l'état pur, mais en le fusionnant à l'acier il pourrait révéler des propriétés bénéfiques, notamment contre les effets du D'Hapu.
Par contre, le driandel était il un minéral naturel ou bien lui même un alliage, magique peut être? Pour l'instant, nulle idée là dessus.

Ce qui inquiétait un peu Fae'thil, et calmait son ardeur, c'est le fait que le driandel soit tombé dans l'oubli : si le mélange du driandel et de l'acier permettait de lutter contre le D'Hapu, et que les anciennes l'avaient découvert, comment se faisait il que cela soit tombé dans l'oubli? N'y avait il pas un piège derrière le "secret de Tsorda"?
Il allait falloir en parler à la Mère des Cieux, à une première née, elle savait forcément quelque chose sur le driandel et ses effets. ***