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Le Luang 2 Marigar 1509 à 22h23
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A peine a-t-il passé la porte de Zarlif, Askook prend la direction des terriers en évitant les marchands qui souhaitent lui parler affaire, les maîtresses qui vont essayer de lui extorquer de l'argent pour élever leurs enfants et surtout les créanciers qui, plus nombreux que les deux premières catégories réunies, pourraient le mettre sur la paille avant même qu'il n'ai goûté ce que la ville a à lui offrir de réconfort.
Bifurquant dans une ruelle sombre, le borgne se retrouve nez à nez avec Renald Gath, un tchaë au cheveux gris malgré son apparent jeune âge.
Un mystère de plus à ajouter au compte de zarlif, à moins qu'il ne se teigne simplement les cheveux avec de la cendre ou que sais-je, ces tchaës des villes sont si compliqués.
Lorsqu'il reconnait l'entropiste de renom, Askook sent le vent tourner, il ne peut s'agir que d'une mauvaise journée, aussi, tourne-t-il les talons pour reprendre une ruelle transversale.
S'engoufrant très vite sous un porche, le borgne sent soudain un arôme familier, celui des onguents d'un lupanar réputé, se trouvant juste derrière les bains publics.
Frappant à la porte, le gobsek entrevois une alternative au mauvais sort qui semble s'abattre sur cette journée.
- Qui va là ? Ces mots sont crachés par une voix rauque de l'autre coté de la porte lorsqu'un panneau coulisse, laissant entrevoir deux petits yeux plissés et dépourvus d'intelligence derrière une fente garnie de barreaux.
Euh, cracra ... chin qui s'en ... dédédit ! Répond le tchaë en bégayant, surpris et cherchant la réplique exacte.
- Dégage, bourricot ou j'envoie Grön pour te nettoyer le groin, beuglent les petits yeux derrière la porte, tu me fais perdre mon temps.
Hum ... Heu ... Cochon ! C'est cochon !
Cochon qui s'en dédit !
Allez, ouvre la porte ou ton patron va te faire une tête de mégalithe pour avoir laissé son meilleur client prendre froid !
- Mouais, mais t'as plutôt intérêt à filer droit, gueule d'amour, les clients sont censés se souvenir du mot de passe exact, grogne le portier tandis qu'un bruit métallique indique que plusieurs verrous s'ouvrent simultanément.
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Le Matal 3 Marigar 1509 à 20h32
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Habitué des lieux, Askook ignore royalement le portier ainsi que l'eunuque qui appuyé sur une colonne semble tenir à lui seul la structure du bâtiment.
Aussi massif qu'un gambol, aussi chauve qu'une kroniade, ce dernier, un guerrier tydale déchu est aussi muet qu'une carpe et se contente de couler un regard de prédateur en direction de tout ce qui passe la porte.
Tant mieux, se dit le tchaë, sa conversation n'est sans doute pas plus fascinante que celle du portier.
Se dirigeant vers les vestiaires, le borgne affiche pendant une demi-seconde son sourire le plus commercial à la grande blonde qui lui tend un peignoir avant de se diriger vers une alcove pour se changer.
Quelques minutes plus tard, le gobsek se délasse dans un bassin à bulles alimenté par une source chaude.
Les bains mixtes de ce lupanar sont réputés jusqu'à Arameth, enfin, dans certains milieux ...
Alors qu'il s'apprête à décapiter un cigare en profitant de sa veine, songeant à la nationalité de la danseuse qu'il va réclamer, une communication télépathique le tire de sa rêverie.
Encore Renald Gath !
Et le voici qui parle boulot !
Bah, ça attendra, se dit-il jusqu'à ce que son interlocuteur annonce un certain chiffre ...
*** Splourf ! ***
Manquant de s'étouffer en avalant son cigare éteint, le tchaë se met à réfléchir à toute vitesse.
Bah, une petite négociation ne fait de mal à personne, songe-t-il tout haut.
Et si ...
Contactant aussitôt Rose, la plus populaire des marchandes de zarlif, non pour ses prix mais pour ses charmes qu'elle distille avec parcimonie, Askook se demande s'il a fait le bon choix mais les vapeurs d'eau de source ont tôt fait d'éteindre ses dernières véléïtés.
Allant à la pêche, il récupère son cigare miraculeusement préservé et fait signe à un eunuque qui vient aussitôt le lui échanger et allumer le suivant.
La négociation qui s'annonce sera sans doute difficile mais après tout, il ne craînt personne sur ce terrain.
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Le Dhiwara 8 Marigar 1509 à 17h42
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Complètement détendu, le borgne se laisse aller dans son bain, prenant des forces avant la bataille qui s'annonce.
Il pense avoir agi avec habileté quoique dans l'urgence et laisse son visage se rider d'un fugace sourire en s'enfonçant sous les flots bouillonnants de son bain.
Lorsqu'il en émerge, ses certitudes fondent comme neige au soleil.
Rose se tient devant lui.
Elle a grandi, le gobsek se souvient d'une adolescente boulote et c'est une femme ravissante qui se dresse devant lui, ne masquant rien de sa généreuse anatomie si ce n'est par un minuscule cache sexe.
Tentant malgré tout de masquer sa gêne, le borgne, pris à son propre jeu fait tout de même bonne figure et invite la marchande à s'asseoir.
Tout sourire, celle-ci préfère s'installer dans son bassin.
Se gardant le lui interdire, Askook commence à douter de la suite des évènements.
Non pas qu'il n'ai l'habitude des lupanars et des maisons closes, loin de là mais traiter une affaire avec une nymphe aguichante n'est jamais bon, la moindre faille peut lui coûter de nombreux hyalins.
Bienvenue, bredouille-t-il, ça fait longtemps, Rose, je t'aurai à peine reconnue si je t'avais croisé dans la rue ...
Souriant, l'interpellée laisse dépasser une jambe du bain et la caresse avec une lascivité exagérée.
- Je vais prendre ça comme un compliment.
Toi par contre, tu n'as pas changé, enfin, mis à part ce bandeau sur ton oeil, que t'est-il arrivé ?
Malgré lui, Askook se laisse distraire une demi-seconde par le jeu de la jeune femme, encore pris à défaut, il se mord les lèvres et tente de se concentrer sur la tache qui s'avère encore plus difficile que prévu.
Oh, ça, un furyan, lâche-t-il d'un ton détaché.
Laissant se badinage continuer quelques instants, Askook tente de se concentrer sur la situation tout en commandant des rafraîchissements.
Lorsqu'il se lancent enfin dans la négociation, le tchaë tente de faire bonne figure tandis que rose fait tout pour le distraire, laissant négligemment poindre l'une ou l'autre des parties les plus charnues de son anatomie hors du bain à des moments stratégiques.
Hélas, il n'a plus le coeur à la négociation et peine à réprimer ses pulsions.
Se maudissant intérieurement, le borgne se jure qu'on ne l'y reprendra plus, il tente de brusquer son interlocutrice, elle prend un air outré et fait mine de partir, ce qui n'arrange pas plus ses affaires.
Il la retient en la complimentant et en s'excusant de sa rudesse et relance les hostilités en parlant de la chute du marché des articles magiques mais sans conviction, rose démonte ses arguments facilement, ses affaires se portent on ne peut mieux et elle ne lâchera pas la baguette et le chapeau contre des clopinettes.
De nouveau, elle menace de partir et l'envoie faire ses courses ailleurs.
N'ayant nulle envie de partir pour faire ses achats à Zarlif, le gobsek tempère, la flatte de nouveau et paie un peu de sa personne en flirtant avec la belle.
Il sait à présent que tout est perdu et attend l'estocade qui vient rapidement.
Le tarif négocié est ridiculement haut, une insulte qu'il n'aurait jamais pu laisser passer en temps normal ...
C'est décidément une mauvaise journée mais son client n'est pas marchand et puis, quelle idée de le déranger un jour comme celui-ci.
Afin de sceller leur contrat, la jeune femme attire le tchaë dans une alcove privée, il n'aura pas tout perdu...
Quelques heures plus tard, la mine terreuse, Askook émerge dans la rue en toute discrétion à la recherche de son client.
Personne ne comprend à quel point le métier de marchand est difficile.
Ah ! Quelle ingratitude ! Laisse-t-il s'échapper tout haut en jurant.
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Le Luang 9 Marigar 1509 à 19h38
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| Marchant à petits bonds de par Zarlif, Renald n'ayant rien à faire de cette belle journée s'amusait à compter les passants. A compter, répertorier selon l'âge probable, la race, la taille, la couleur des cheveux ou du pelage, les signes distinctifs et enfin mémoriser chacun des poussiéreux croisés dans la Glorieuse.
Un travail idiot et titanesque mais il n'avait rien à faire de sa journée.
Il avait bien un cours de compréhension de l'Anarkhan pour les pratiquants de l'Arkan à donner mais les étudiants de l'essencialis sont tellement étrangers à sa langue que le cours n'avait strictement aucun intérêt. Il allait d'ailleurs devoir en parler un de ces jours au mestre.
Puis comme certains ont des envies de pisser, Renald se dit qu'une baguette arcanique serait du plus grand effet avec sa panoplie jaune criarde...
Ou une Sitar ?
Ou un bouclier thaumaturgique... tiens ! Pourquoi pas !
Non... une Sitar.
Oui.
Revenant de chez le luthier, oubliant sa résolution initiale, compter les gens, le jeune maître des arcanes sifflotant en tirant quelques notes de son nouveau joujou déambulait de nouveau dans Zarlif.
L'envie revint et se fit plus pressante encore.
Mmmmh...
Il repartit donc faire les magasins.
Et craqua enfin sur ce qui le titillait alors, une superbe baguette arcanique...
Mais pourquoi pas le bouclier qui irait bien avec...
Le suspens ne dura qu'un temps et entrant dans la boutique Renald laissa son regard voguer sur ses nouvelles toquades.
Mmmmh...
La tentation de les acheter maintenant... profiter dans l'instant était forte...
Très forte...
Heureusement Renald peut parfois compter sur des trésors de volonté illimités. Et c'est donc les dents et poings serrées qu'il contacta Askook et passa sa commande.
Puis il partit s'attabler à une auberge, profiter un peu du redoux qui s'annonçait après si dur hivers.
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Le Luang 9 Marigar 1509 à 21h16
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Arborant l'expression distraite de ceux qui communiquent par télépathie, le borgne s'arrête en pleine rue, bloquant un convoi de bouviers qui se mettent à rouspéter, mais pas assez fort pour que le gêneur les entende, après tout, il a une mine douteuse et les bouviers ne sont pas connus pour leur témérité.
Hé hé hé.
Laissant s'échapper un petit rire amusé, le tchaë reprend le chemin de la place du marché avec un peu plus d'entrain.
Lorsqu'il arrive enfin, apercevant son client qui émerge de l'échoppe de Rose, son sang commence à bouillir, se serait-il fait doubler ?
Hé, l'ami !
J'espère que tu faisais juste le tour du propriétaire, je n'aimerais pas avoir gâché une journée de débauche pour des tiges de vieta !
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Le Matal 10 Marigar 1509 à 18h39
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Plissant les yeux, le gobsek accueillit avec scepticisme, pour ne pas dire avec codolchure la réplique de Renald Gath.
Dingue aussi, siffla-t-il à mi-voix.
Puis, comme si de rien n'était, il afficha son air le plus commercial.
Sans le rendre vraiment sympathique, ce tour de force lui permettait de quitter son air de tueur d'enfants pour le faire ressembler à un simple voisin antipathique.
Affichant maintenant un rictus crispé, il précéda son client.
Bien, j'ai déjà négocié ta commande au meilleur prix et les articles nous attendent.
La patronne ne ... je crois qu'elle s'est absentée.
En effet, un apprenti impressionné lâcha un b'jour rapide avant de s'éclipser en toute hâte en direction de l'arrière boutique.
Lorsqu'il revint, il se débarrassa promptement des articles tant convoités et Askook les tendit à Renald.
Et voici.
La baguette arcanique de zarlif est réputée dans tout Syfaria.
Quant au bouclier thaumaturgique, ceux d'Urtynia ou de Farnya sont en général plus prisés en raison de leurs finitions un peu plus léchées.
Enfin, celui-ci est d'excellente facture.
S'il ne termine pas dans la gueule d'un Gambol, il te survivra certainement !
Hé hé hé.
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Le Julung 12 Marigar 1509 à 19h24
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Un bouclier de Farnya, hein ?
Askook réfléchit à toute vitesse, par le passé, il a déjà égorgé des clients pour moins que ça.
Et cet olibrius lui tombe dessus alors qu'il s'était octroyé une journée de repos ...
Imaginant toutes sortes de supplices à faire subir à Renald Gath qui pourraient convenir à la situation, il élabore machinalement une autre stratégie.
Bien entendu !
Chez moi, le client est roi !
Même si c'est le roi des kropocles, songe-t-il en tentant un sourire sans conviction.
Ce n'est sans doute pas un problème pour toi mais je préfère t'en parler, les boucliers thaumaturgiques tchaë sont un peu plus cher car la fraternité du désordre répugne à faire profiter les autres factions de ses connaissances.
Enfin, rien de bien important, seulement 60 hyalins de plus.
Une pécadille.
Et puis d'ailleurs, ça les vaut sans doute.
Je n'ai presque jamais entendu parler de défaillance de leur boucliers.
Enfin, sauf peut-être la fois ou un entropiste de renom a tenté d'utiliser un sortilège très puissant.
Le bouclier lui a explosé à la face, le brûlant grièvement mais il s'en est plutôt bien sorti, enfin, je n'ai pas pu en juger par moi même puisqu'il porte un masque en toute occasion, à présent.
Bah, je suis certain que les rumeurs qui circulent parlant d'une incompatibilité entre l'anarkan et la méthode de fabrication des boucliers thaumaturgiques tchaës est infondée !
S'arrêtant comme pour réfléchir, le tchaë fouille dans son sac et en extirpe un parchemin vierge sur lequel il griffonne quelques mots.
Par chance, notre marchande a l'un de ces boucliers en stock.
Tu vas voir que sa fabrication est plutôt brute mais il est d'excellente facture.
Hum ... Ce n'est qu'une formalité mais si tu choisis le bouclier de Farnya, il te faudra me signer cette décharge.
Bah, ne te formalise pas sur les termes employés, c'est une formule standard qui stipule que tu achète ce bien en toute connaissance de cause et que si par malchance il survenait un accident pendant son maniement, je ne pourrais pas être tenu pour responsable.
Tendant le parchemin ainsi que sa plume à Renald, le borgne prend un air concerné.
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Le Sukra 14 Marigar 1509 à 19h22
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Le bouclier en question est un véritable bouclier thaumaturgique.
Il a sans doute appartenu à l'arrière arrière arrière grand père de la propriétaire actuelle et il ne ressemble plus à grand chose mais l'enchantement n'est pas rompu.
Le tendant à Renald, Askook en profite pour cogner sur le bouclier comme il l'aurait fait sur une porte d'entrée.
Ca, c'est du solide et puis, tu es tranquille, aucune bosse ne viendra plus l'abîmer.
Le contraire serait bien étonnant, à moins de le percer, peut-être ...
Enfin, si tu préfères un bouclier de Zarlif, ils sont d'une autre trempe.
Après tout, c'est toi le client, n'est-ce pas ?
Ah ah ah !
Ah, j'oubliais, il te reste à régler les soixante hyalins supplémentaires.
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