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Le Rêve du marchand

Du Besoin Vital De S'adapter

Thufir le jour...
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Sujet lancé par Thufir Dhuri
Le 28-02-1510 à 10h34
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Posté par Thufir Dhuri,
Le 28-02-1510 à 16h18
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Thufir Dhuri

Le Dhiwara 28 Fambir 1510 à 10h34

 
*** D’un geste vif, Thufir réajusta sa tunique de cérémonie pourpre aux coutures dorées puis passa une main dans ses cheveux grisonnants. S’assurant devant le miroir que sa présentation était impeccable, il se gratifia d’un sourire charmeur, découvrant des dents parfaites. Il mit la dernière touche à sa préparation en appliquant un onguent gélatineux sur son œil, estompant légèrement la cicatrice qui lui barrait la pupille droite.
Il glissa sous son lit une bassine noire dans laquelle reposaient des vêtements sombres tachetés de sang, refit son lit, attacha sa ceinture, le krys pendant dans son fourreau, et couvrit le tout d’une élégante cape de soirée, aux reflets bleuâtres. D’un pas assuré, il quitta finalement la chambre, une bourse épaisse pendant à sa taille.

Maelia était, dehors, à son apogée. Une heure bien trop tardive pour s’éveiller au monde, mais Thufir n’avait pas escompté obtenir de rendez vous avant deux bonnes heures, aussi passa-t-il un peu de temps à flâner dans les ruelles du souk. A son passage, les jeunes filles de basse extraction gloussaient de plaisir, tandis que les symbiosés le considéraient de tout leur haut. Fichue élite… Ils ne devaient pas ignorer qu’il était désormais des leurs… Et il comptait bien s’imposer très vite comme un membre éminent de cette société prétentieuse.
D’ici là, il avait d’autres taches. Il s’arrêta juste à l’étale d’un camelot bavard qui écoulait ses vieilles réserves. Il salua l’individu poliment et fut bientôt assailli par l’habile marchand.
Ha, M’sieur Thufir ! J’allions justement vous faire prév’nir, qu’j’avons trouvé quelques p’tites choses pour vous autres… Gardez c’que j’vous avions mis de côté… De la bonne marchandise…

Thufir observa le marchand avec un sourire amusé puis reporta son attention sur sa camelote. De beaux échantillons en effet, mais qui valaient comme toujours deux fois moins que ce que l’habile commerçant en demandait. ***

Django, Django… Tu me régales, mais non, vraiment, ce n’est pas ce que je cherche… La couleur, là, est d’un… non, vraiment. Mais la prochaine fois, peut-être.

*** A force d’insister, le camelot finit par en demander moitié moins, ce qui était l’effet escompté et Thufir poursuivit sa route la bourse légère, mais la mine heureuse. Il sentait monter les odeurs d’épices et de viande fraîche depuis le marché alimentaire, plus loin, éveillant son appétit. Flânant encore dans les ruelles avec insouciance, il rejoignit le quartier animé et flamboyant des artistes, au terme d’une belle promenade, laquelle ne manqua pas de le réconcilier avec la très Sainte Zarlif. ***


 
Thufir Dhuri

Le Dhiwara 28 Fambir 1510 à 16h18

 
*** Dans une chambre baignée par la lueur faiblarde d'une seule bougie, Thufir, assis sur une chaise, le visage face à sa coiffeuse, pressait son entaille par le biais d'un drap propre et humide, gonflé par de nombreux glaçons.
Sur son lit, une petite boule grise sautillait nerveusement, exaltée plus que de mesure, en chantant "Nouvelle communication ! Nouvelle communication !" mais Thufir l'ignorait royalement.
Le face à face avec Carlos et ses hommes de mains avait tourné en sa faveur, mais une estafilade, une seule, avait suffis à blesser sérieusement l'assassin, qui s'évertuait désormais à panser cette blessure. Il savait que ses talents engendraient parfois ce genre de désagrément et il lui était difficile de ne pas les considérer avec philosophie, comme de nouvelles épreuves visant à améliorer ses techniques sommaires.

A bien y réfléchir, Thufir songea à la réputation grandissante de Œdipe, le personnage mystique qu'il avait construit pas à pas, et qui était désormais suffisamment connu des Terriers pour inspirer respect et méfiance. Mais Oedipe n'avait jamais combattu que des non symbiosés, à la résistance bien moindre, ce qui ne manquait pas de lui faire réaliser les progrès qu'il aurait à faire pour devenir cette arme terrible, au service de l'Equilibrium. Les individus marqués par la Symbiose seraient nettement plus difficile à terrasser... Et il ne ferait pas long feu face à leur résistance et leurs techniques de défense.
Pour autant, les sommes amassées par les nombreux contrats gagnés dans les bas-fonds de Zarlif, faisaient son plaisir car ils constituaient un entraînement indéniable et une source de revenus non négligeable. Oedipe pouvait s'en contenter, oui. Mais Thufir Dhuri le pouvait-il ?

Faisant fi de ces basses considération, Thufir continua d'appliquer l'onguent sur sa plaie, grimaçant de temps en temps, lorsque le produit semblait faire effet. Il était un puissant cicatrisant capable de refermer sa blessure sans risque d'infection particulière, un gage de rétablissement rapide et sans complication, mais qui pouvait laisser des séquelles éternelles. Ca aussi, Thufir le savait, mais encore une fois, sa curieuse profession était à ce prix.
Après une bonne heure passée à presser sa coupure, l'assassin fixa un épais pansement sur ses côtes, couvrant la blessure, avant d'enfiler une chemise de lin blanche. Avec une précision exquise, il acheva de s'habiller, s'arrêtant de temps à autre pour contenir la douleur.

Vint ensuite le moment d'effacer toutes les preuves et ce n'était pas là une mince affaire. Il jeta ses vêtements sales dans une bassine noire et y appliqua un puissant dégraissant, qu'il infusa dans de l'eau bouillante. L'opération durait pas plus de dix petites minutes et lorsqu'il retira ses vêtements de l'eau, ils avaient retrouvé leurs couleurs sombres et sobres, et perdu toute trace des combats de la veille. Il arrivait bien, parfois, que les tâches demeurent si ancrées dans les tissus que les vêtements étaient perdus définitivement. Thufir se contentait alors de les brûler, annihilant tout risque d'être découvert. Plus que son éventuelle maîtrise des armes et des arcanes, ce qui importait dans sa profession était de savoir maintenir sa couverture.
Il était Thufir Dhuri, simple diplomate. Oedipe, la nuit, une seconde identité qui ne devait jamais être révélé à quiconque... ***


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