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Sujet lancé par Samael
Le 18-05-1508 à 13h05
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Posté par Samael,
Le 24-05-1508 à 23h59
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Samael

Le Dhiwara 18 Manhur 1508 à 13h05

 
Le jour n’allait plus tarder à se lever sur Lerth. Une ombre colossale avançant rapidement se présenta devant l’Orphelinat. Découvrant sa capuche, le Nelda toqua discrètement à la porte. Quelques instants d’attente et la porte s’ouvre sur un vieux Tchae qui dévisage le Nelda. Il acquiesce d’un signe de tête puis fais entrer le Nelda.

Délaissant le Hall d’entrée et les nombreux couloirs et escaliers de l’orphelinat, le tchae guide le Nelda vers un escalier qui descend en colimaçon. Après une volée de marche, les deux poussiéreux arrivent dans une salle faiblement éclairée par quelques torches, un banc le long d’un mur est le seul meuble présent. Deux portes closes de part et d’autre du banc, le Tchae désigne celui-ci au Nelda puis repart sans un mot par les escaliers. Le Poussiéreux canin s’assied lentement et observe fixement le mur nu en face.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Samael

Le Dhiwara 18 Manhur 1508 à 16h44

 
L’attente se prolonge, le Nelda est toujours dans la même position. Parfois le silence pesant est troublé par des hurlements étouffés. Un gargouillis immonde résonne dans la pièce, déjà deux jours qu’il n’a rien avalé et son estomac se réclame plutôt bruyamment. Continuant de fixer, le mur en face de lui ses yeux suivent instinctivement les joints des pierres.
Il connaît presque par cœur chaque aspérité et chaque défaut de la construction. Absorbé, un petit toussotement le fait sursauter.

Il tourne le regard et aperçoit un petit bonhomme, un vieux Tchae le teint pâle et raviné de rides, une loupe de belle taille est ceinte sur son front par un bandeau crasseux. Il est vêtu d’une blouse grise maculée de tâche brunâtre peu encourageante. D’une voix rocailleuse, il demande :


Propage Samael ? Suivez moi !

N’attendant pas la réponse le Tchae s’engage par la porte de droite. Samael se lève et lui emboîte le pas.

Après la porte, un long couloir sombre et angoissant, de part et d’autre de solides portes gardent enfermés de lourds secrets. Des meurtrières grillagées ne laissent entrevoir que des pièces sans lumière. Parfois, une plainte, un souffle ou une toux rauque parviennent au Nelda. Au bout du couloir, une pièce éclairée vers laquelle le médecin l’emmène.

Samael cligne des yeux le temps d’habituer sa vue à la lumière puis détaille la pièce. Un bureau sur lequel repose de vertigineux empilements de parchemins.
Sur la gauche une desserte où s’étale une panoplie complète de chirurgien-boucher. Des scies et des couteaux de toutes formes destinées à couper, trancher, éviscérer, désosser, racler etc. Des scalpels, des pinces, des écarteurs de chair et des aiguilles de différentes tailles, le tout plus ou moins tachés de sang.
Sur la droite, un banc et une patère permettent au patient de se déshabiller et d’y laisser ses affaires.
Et au centre de la pièce trône une couchette recouverte d’un drap crasseux, des sangles sur les barres latérales permettant d’attacher les bras, les jambes et la tête du patient.
Le dernier occupant a d’ailleurs laissé une traînée de vomis qui part de la position de la tête penchée sur la gauche, macule le drap, le sol et le mur en face. L’odeur dans la pièce est âcre et écoeurante mais un encensoir fumant diffuse une odeur de lavande enivrante masquant difficilement les humeurs dégoûtantes de la pièce.



Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Samael

Le Dhiwara 18 Manhur 1508 à 22h03

 
A l’invitation du chirurgien, Samael retire sa tunique et la suspend à la patère, puis torse nu le Nelda s’allonge sur la couchette qui craque en s’affaissant sous son poids. Le médecin du centre baisse sa loupe devant ses yeux et s’approche de son patient. Du point de vue de celui-ci la loupe agrandit les yeux et les déforme jusqu’à faire plus de la moitié du crâne du docteur.

Samael se détend sur la table d’examen et fixe le plafond tandis que le Façonneur l’examine. Le Tchae s’affaire sur le Nelda, écoutant le pouls en plaquant son oreille sur la poitrine poilue, puis tapotant à différents endroits, il semble écouter attentivement les côtes qui résonnent. La voix rocailleuse brise le silence pesant :


Vos plaies ont beaucoup changé depuis votre dernière visite. Vous avez été exposé à une quantité importante d’effluves. Votre vie n’est pas en danger mais il va falloir nettoyer l’infection et retirer les chairs nécrosées. Cela sera douloureux mais ralentira la corruption.

Le Nelda acquiesça d’un grognement faisant totalement confiance au Façonneur. Le médecin le soignait depuis longtemps et le Propage lui devait sa santé mentale et certainement la vie. Sous l’ordre du Tchäe, Samael positionne ses bras et ses jambes dans les sangles que celui-ci serre fermement mais sans blesser. Puis la tête du canidé est immobilisée contre la couchette, une sangle lui ceignant le front. Le Façonneur prend ensuite une muselière sur une étagère de la desserte et la serre solidement autour du museau du Nelda.

Samael étouffe ainsi harnaché et immobilisé, l’angoisse monte dans l’esprit du Nelda claustrophobe, il tend les lanières faisant trembler la table, mais les liens sont solides.

Le Façonneur passe dans le champ de vision du Nelda, toujours la loupe rabattue tenant dans sa main droite un scalpel brillant et aiguisé, ses lèvres bougent mais l’esprit embrumé du Nelda ne perçoit aucun son, il s’enfonce dans une mer de coton ses cinq sens complètement dérouté.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Samael

Le Matal 20 Manhur 1508 à 22h17

 
La douleur dans ma poitrine est insoutenable, une lame aiguisée taille mes chairs. J’hurle comme un damné, la gueule coincée dans la muselière serrée, me débattant et tendant les sangles qui me lient à la table d’opération. La lame continue son œuvre et me fait atrocement souffrir. Des spasmes font tressaillir ma colonne vertébrale, je serre les crocs et réprime la nausée qui me vient.
Je sens un liquide épais, tiède et malodorant qui s’écoule sur ma poitrine. A nouveau, la lame tranche dans les chairs, des lumières explosent devant mes yeux, je m’étouffe avec le vomi qui vient de s’expulser de mon estomac. La douleur intense me fait perdre connaissance.


Samael ouvre les yeux, le Nelda est dans le noir, allongé sur un lit et des couvertures. Ses membres ne sont plus attachés, le Poussiéreux tente de bouger, son bras gauche refuse et s’indigne d’une vague de douleur qui fait rugir le Propage. Il porte sa main droit sur son épaule gauche et touche le bandage qui est serré autour de sa blessure et maintient son bras en écharpe.

La soif et la faim le tenaille, le Nelda ramène ses jambes contre lui et les fait glisser vers le vide se dressant en position assise sur le bord de la couche. Un léger tourbillon trouble la vue du Propage, ses repères visuels perdus désoriente le Nelda. Il a l’impression de tournoyer infiniment. Le haut ? le bas ? Son esprit se noie dans ce tourbillon, son estomac se rebelle et se vide du peu qu’il contenait encore. Dégoulinant de bile et d’humeurs visqueuses, Samael tente de se lever sur ses jambes.

Boire, la gorge sèche, la langue enflée et un goût atrocement âcre dans la bouche. Le Nelda se dresse, les jambes tremblantes, ses cuisses hurlent de douleurs également bandées avant de le lâcher. Samael s’écroule en avant, un réflexe le faisant tenter d’amortir la chute de son bras valide. Les bandages enserrant ses cuisses s’imbibent d’un liquide tiède et poisseux, les plaies brûlent de douleurs s’étant réouvertes pendant la chute.

Face contre terre, son bras valide endolori par le choc, les jambes inertes, le Nelda grogne pour extérioriser ses souffrances et commence de ramper sur son avant bras droit jusqu’à rencontrer une paroi de pierre lisse. Dans un ultime effort, Samael se roule en boule ramenant avec peine ses jambes devant lui et halète ainsi tentant de reprendre des forces. Après quelques minutes, le Nelda s’est endormi profondément.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Samael

Le Sukra 24 Manhur 1508 à 22h20

 
La douleur s’est atténuée et j’émerge doucement de ma torpeur. Le goût acre de ma bile me fait toussoter. Je suis toujours attaché à la table d’opération, quelqu’un s’affaire sur mes cuisses.
La plaie de mon torse est apaisée et un linge humide tiède est pressé dessus. Dans mes cuisses circulent de petites vagues douloureuses, mais rien de bien grave. Je sens des pinces qui écartent les chairs et fouillent la plaie. Elles se referment sur quelque chose de dur et l’extraient d’un coup sec qui me surprend. J’encaisse la douleur et serre les dents tandis que le Façonneur continue d’extirper des cristaux du S’sarkh de la taille d’un ongle. Deux….Trois….. Quatre…..Cinq, il a retiré cinq de ses pierres de mes cuisses.
Une aiguille s’active délicatement tandis qu’il recoud les plaies. Je ferme les yeux et sombre peu à peu dans un sommeil convalescent.



Allongé dans un lit frais, les couvertures bordées sur lui, Samael se réveille en sursaut et gémit lorsque son corps se rebelle contre ce mouvement brusque. La douleur physique est faible, mais une fatigue intense écrase l’esprit du Nelda. Une migraine lui enserre la tête comme dans un étau, des sueurs froides symptomatiques de sa fièvre viennent ajouter à ce tableau pitoyable. Notre pèlerin a bien piètre allure ainsi alité, une bonne partie du corps entourés de pansements et délirant de fièvre. Il repose la tête sur l’oreiller de plume et ferme les yeux pour atténuer son mal de crâne.



Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Samael

Le Sukra 24 Manhur 1508 à 23h59

 
La porte de ma cellule s’ouvre doucement, la lumière du couloir pénètre la pièce et coupe l’obscurité d’un trait de lumière. Une petite silhouette aux cheveux longs s’inscrit dans l’entrebâillement. Un parfum suave et enivrant de miel et de lys bleuté des jardins d’Utrynia, accompagné d’une cascade de longs cheveux blancs s’approche de mon lit. Je relève difficilement la tête pour la voir et lui grogne la langue enflée une ébauche de salutations :

Je … content … vous revoir … amie ! Vous …. pas du … venir.

Je laisse tomber de ma tête sur l’oreiller épuisé et respire doucement pour profiter du parfum de la Tydale. En silence, elle s’assied sur une chaise prés du lit et me regarde l’air triste et souffrante. Son regard s’attarde sur les bandages qui me ceignent le torse et je peux apercevoir ses yeux bleus emplis d’inquiétude. Je déplace mon bras et pose ma main sur son avant bras d’un geste rassurant. Bercé par le parfum et la présence réconfortante de la Tydale, je ne tarde pas à me rendormir et m’enfoncer des rêves fiévreux.

Euh…AH..AAaaaaaaaAAhh, j’hurle comme un damné en me redressant d’un bond dans ma couche. Dans ma main gauche, je tiens toujours le bras de Nuruhuinë. Il est anormalement froid et inerte, ma vue s’habitue à la pénombre et je m’aperçois que le bras n’est plus rattaché à qui que ce soit et pendouille sanguinolent dans ma main.
Apparemment il a été violemment arraché à sa propriétaire. Je cherche des yeux la tydale et la contemple… Enfin contemple les morceaux éparpillés dans la pièce qui sont pour certain difficilement reconnaissable. Sa tête traîne toute seule au pied du mur opposé, les artères pendouillantes comme les fils d’une marionnette cassée, la cervelle macule le mur d’une grande tâche sombre et gluante. Elle a été projetée avec violence contre celui-ci.

Un bruit de succion et de mâchoires attire mon attention, dans la pénombre prés de la porte, une grande forme est recroquevillée, un nelda. Apparemment il mâchonne un morceau de viande à grands bruits comme une bête sauvage. Son poil est noir et il cesse de manger lorsqu’il s’aperçoit que je le regarde. Il tourne la tête vers moi et deux yeux rougeoyants se plantent dans mon regard. Je détaille son visage et un malaise s’empare de moi. Ce visage, je l’ai déjà vu, je le vois. Chaque fois que j’ai contemplé mon reflet dans l’eau.

Mon double me sourit découvrant des crocs luisants et acérés, du sang dégouline de sa gueule, son museau est rougi par les fluides des chairs. Il se redresse et je contemple avec stupeur qu’à part son visage identique au mien, le reste de son corps est déformé et corrompu par les effluves, des bosses parsèment sa peau desquelles suppure un fluide noirâtre. Une grande faille barre son torse, la peau y est absente et la chair à nue bat au rythme de son cœur. Des veines difformes charrient le fluide noirâtre et forment une toile sur la plaie. Un seul mot me vient à l’esprit… Rejeton…

Mon sang ne fait qu’un tour et je bondis hors de mon lit, ignorant les signaux de douleur que chaque parcelle de mon corps envoie. Je lui saute à la gorge, les griffes en avant et l’attrape à la gorge en hurlant ma rage. Il se débat mais n’échappe pas à ma poigne rageuse. L’adrénaline et la puissance de la Rage du S’sarkh accélère mon rythme cardiaque et me procure une force surhumaine. Il crache et grogne en tentant désespérant de me faire lâcher. Ses mains m’enserrent les bras et ses griffes labourent profondément ceux-ci.

Je libère mon bras droit et accentue ma prise de la main gauche sur son cou. Mon poing vient s’écraser de toutes mes forces sur son visage, faisant exploser les chairs et écrasant les os, le bruit spongieux et sourd que fait le coup fait penser à l’explosion d’une orange trop mure qu’on jetterait contre un mur. Mon poing s’abat à nouveau, puis encore une fois, je frappe comme un automate ; chaque coup lui écrasant un peu plus la face.

Le Rejeton hurle sa douleur et tente désespérément de me griffer le visage. Mes coups redoublent de vigueur gagnant en rapidité et en puissance. Mes phalanges me font un mal atroce, la chair de mes doigts se transformant en bouillie et certains os étant cassés. Ma vue se trouble dans ma rage, hurlant ma colère et repensant à la jeune tydale dont les morceaux tapissent le sol et les murs. Inerte entre mes mains, mon double semble mort et j’arrête de le frapper.

Ma vue revient progressivement et je regarde ma main en morceaux. Dans ma main gauche, je tiens une couverture la serrant de toutes mes forces, elle est maculée de sang, mon sang. Le mur devant moi également, mes phalanges sont ouvertes et à certains endroits on aperçoit les os à nus. Je reprends mes esprits peu à peu et tournant la tête je détaille la pièce jonchée de débris de bois, une chaise est explosée en menus morceaux. Je suis seul dans la cellule et la porte est désespérément close. Je me traîne lamentablement vers le lit et m’y affale, épuisé.

Ma main et tout le reste de mon corps ne sont qu’un puit de souffrance. La fièvre est tombée et avec elle, les délires de mon esprit torturé. Il ne me reste plus qu’une abominable migraine me battant les tempes.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

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