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L'Orphelinat

Une nuit loin de tout ...

... Pour des rêves sans avenir et le cauchemard d'une vie passée.
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Sujet lancé par Jemori Colcook
Le 02-07-1508 à 02h38
8 messages postés
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Posté par Serphone,
Le 13-08-1508 à 03h56
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Jemori Colcook

Le Merakih 2 Julantir 1508 à 02h38

 
***
Le bruit de ses bottes claquant sur les pavés de la bâtisse s'éloignait en résonant dans les vastes et vides couloirs.

Pour sa dernière nuit, l'éphèbe n'avait pas choisit le lieu au hasard.
Au centre de l'idéologie des Témoins, l'Orphelinat était le vecteur parfait au Concept animant la Foi de tant de Poussiéreux.
Lieu idéal -s'il en était- pour l'immersion désirée.

En quête de la réponse que l'existence qu'il menait soulevait, le Tydale ne voulait pas quitter Lerth sans avoir eu un aperçu de ce qu'il était venu chercher. Et si jusqu'à présent tout l'avait déçu, ce qu'il découvrait ici ne dérogeait pas à la règle.

La démarche nonchalante, un sourire désabusé aux lèvres et avec un regard où se lisait la démence, Jémori Colcook errait dans la pénombre.
Le lit qu'on lui avait proposé n'arrivait pas à le retenir, et les caresses de Morphée n'avaient aucun effet sur son esprit mutilé.
***

Ironisme ironique de celui qui ne sait plus rire, soupira-t-il au détour d'un couloir.

Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Serphone

Le Vayang 4 Julantir 1508 à 13h50

 
***

Les pierres plates et froides des couloirs de l'Orphelinat différaient des caillasses et des terrains douteux sur lesquels s'aventuraient habituellement les pieds nus du Transcient.

Là, Serphone glissait tranquillement sur le sol, âme errante dans un labyrinthe nocturne. La lumière grise et cramoisie des lunes passaient par les grandes vitres et venait déposer des halos inquiétants dans les longs corridors.

Comme toujours de nuit, l'Orphelinat paraissait totalement abandonné et triste, alors même que c'était un des lieux les plus habité de la Scintillante. Il y avait là un paradoxe que le sorcier n'avait jamais pu saisir.

Mais de fait, cela en faisait pour lui un des endroits les plus agréables du monde. Cela lui permettait de voir autre chose que la Bibliothèque sans pour autant s'infliger la présence étouffante de la foule.

La démarche tranquille, un visage parfaitement neutre et un regard perdu où se lisait la démence, Serphone errait dans la pénombre.
Son esprit mutilé, malmené par les vents houleux de la folie et de la souffrance, ne déniait lui accorder aucun but précis. Et surtout pas le repos.

***

Levez les mouchoirs pour la saison des espoirs, soupira-t-il au détour d'un couloir.


Il demeure dans notre esprit et erre dans l'océan, car les ombres du premier sont infiniment plus profondes que les eaux du second

 
Jemori Colcook

Le Luang 14 Julantir 1508 à 02h02

 
***
De plus en plus hagard, le dit dandy s'engouffra dans ce nouveau couloir, suivit de milles et une autres pensées.

La pâle lumière filtrant au travers des fenêtres usées zébrait le vaste et austère couloir, tandis qu'une foule d'ombres s'amassaient pour échapper aux regards curieux des Jumelles.

Traversant les ténèbres pour émerger sous l'éclat des Lunes, et finalement disparaitre de nouveau, la silhouette fiévreuse évoluait au travers de ce clair-obscur tel une âme en peine.

... En parlant de créature fantomatique ...
Sans s'arrêter, l'éphèbe leva un sourcil sur son visage devenu sibyllin.
Il venait d'apercevoir quelque chose, au bout du couloir, apparaitre sous une fenêtre pour disparaitre un peu plus loin.

Était-ce un spectre ?
Le fruit de son imagination toquée ?
Son reflet ?
Était-ce la Limite, celle dont Jémori cherchait le bout ?

C'est alors que la silhouette réapparu sous une fenêtre.
Ce n'était ni un reflet, ni son imagination.
Mais un spectre ... cela reste à voir.

Les morceaux de psyché déchirée prirent -à défaut d'une forme- une appellation : Serphone.
Si la télesthésie est pour certain seulement une fin, elle n'en reste pas moins -pour ceux qui savent- un extraordinaire moyen de transcendance.
Et si les yeux de Jémori ne s'attardèrent pas sur la silhouette qui disparut de nouveau, son esprit ne perdit pas une goute de l'essence du Transcient.
Certes, une essence déchiquetée, mutilée, amoindrie, atrophiée, souffrante et traumatisée, mais une essence pour le moins sublime.
Plus la perception se faisait fine, et plus la déliquescence de cet être paraissait douloureuse, terrible, magnifique et envoutante.

Le Tydale ne put refréner un frisson qui lui parcouru l'échine, lorsque assez 'imprégné', il perçut les hurlements muets s'échappant de cette prison de chairs où se trouvait l'autiste.


D'ombre en lumière, les deux silhouettes se rapprochaient.
***


Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Serphone

Le Dhiwara 20 Julantir 1508 à 17h45

 
***

Le couloir dans lequel Serphone venait de s'engager évoquait un tunnel d'ombre sans fin, rendu encore plus inquiétant par les faisceaux luminescents qui rayaient sa robe sombre.

Mais le sorcier ne s'en souciait pas, pas dans l'était où se trouvait son âme et pas dans l'espace où allait son esprit. C'était à peine si il voyait de ses yeux et percevait de ses sens le terrestre monde.

Il fut cependant tiré de la volupté acide où ses réflexions abstruses le menait depuis déjà de longues minutes, lorsque son sixième sens - celui que lui avait fourni la symbiose avec les largesses qui étaient les siennes - le rappela aux considération spirituelles de la sociabilité.

Un individu, intrus dans les équations énigmatiques de sa psyché et dans ses vagabondages nocturnes, allait face à lui, loin là-bas, au bout du couloir.

Du grand échalas dont il ne distinguait que la silhouette sophistiquée, tantôt dans les ténèbres, tantôt dans la lumière, il entreprit d'effleurer l'esprit tant le corps et le visage lui étaient étrangers, indistincts, lointains.

Il n'était pourtant nul besoin de l'effleurer. L'homme irradiait.
De façon assez folle, d'une aura effrayante et charmante tout à la fois. D'une énergie contradictoire.
Paradoxes ennemis s'évertuaient, dans ce qui lui parut une vaste zone de vacuité improbable, à copuler dans une orgie absurde. Existant et non-existant bercés par une la simple inspiration de vivre, celle du moment et de l'instantané qui ne promet rien au futur.
Être plein et vide, délire de la poussière.

Serphone se voyait confronté à sa propre incompréhension - savoureuse par ailleurs - d'un phénomène inconnu. Progressait, des zones blanches aux zones noires, une illusion avec un esprit.

Une illusion ?
Une illusion indépendante et chamarrée, quelque création que la Chimère avait laissé au monde par un jour de tempête et affranchie des entraves de la sorcellerie.
Une illusion, là, errante.
Symbiosée.

D'ombre en lumière, les deux silhouettes se rapprochaient.

***


Il demeure dans notre esprit et erre dans l'océan, car les ombres du premier sont infiniment plus profondes que les eaux du second

 
Jemori Colcook

Le Sukra 2 Agur 1508 à 13h55

 
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Les raies d'ombres qui découpaient la lumière des lieux se faisaient de moins en moins nombreuses entre les deux silhouettes.
Le bruit du pas régulier de l'éphèbe rythmait le temps qui les séparait, et qui inlassablement, s'écoulait.

Déjà, les sens usuels du Tydale lui aurait permis d'apprécier d'une autre manière l'individu lui faisant face, mais l'Arlequin n'en fit rien.
Le regard perdu dans les ombres droit devant lui, il ne prêta pas un seul regard à Serphone, mis à part celui de son esprit.
Perdu dans les volutes d'une symphonie intérieure, son ouïe ne s'évertua pas à percevoir le Témoin, seul son esprit frémissait des cris que ce dernier émettait.

De plus en plus proche, Jémori pouvait commencer à percevoir la rencontre des premières sphères de leurs psychés. S'altérant l'une l'autre de leur seule proximité, sans pour autant que cela n'ait de conséquence -visible- sur l'une comme sur l'autre.
C'est alors que Jémori perçu que les barrières, le corps contenant, du Transcient, n'étaient plus.
S'épanchant tout autour de lui, en s'évadant d'un corps meurtri, la pensée de Serphone était en proie à toutes les autres, dont chaque présence devait lui paraître comme une véritable agression, une intrusion dans ses pensées et son être.
Être sans limite et sans contenance, avec pour seul point d'amer un tas de chairs en permanente souffrance.
Il était quelque part certain que Serphone entendait des voix, peut être même de réelles pensées, ou sans doute les conséquences sur son esprit dûs à la présence de véritable pensées, voir même de ce qu'émettait Syfaria ou ses peuples.

Tout en tentant de rendre son contact bien plus délicat et évasif, le chamarré continua sa marche, se trouvant désormais à quelques pas du Transcient.

L'un dans les ténèbres, l'autre sous la lumière.
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Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Serphone

Le Dhiwara 3 Agur 1508 à 15h42

 
***

Elles approchaient l'une de l'autre, les deux âmes errantes et orphelines. Les deux âmes emprisonnées, dont les pans d'ombre et les raies de lumière se faisaient les barreaux improvisés.

Le regard vague et terne du Transcient poursuivait sa plongée dans l'abîme environnant, sans vraiment s'attarder sur l'improbable mannequin. Il n'y avait que son esprit qui frôlait, timidement, les lueurs psychédéliques de l'âme avoisinante. Comme un papillon attiré par de funestes ambitions.

Au fur et à mesure qu'ils approchaient l'un de l'autre, une sourde crainte aiguillait de plus en plus fermement les sens spirituels du sorcier, percevant le danger et ses forces.

C'est là que Serphone le vit.
Au milieu des tâches de couleurs mouvantes, au milieu du prisme indécent et indécis, au milieu du costume d'arlequin. Il dansait, doucement, et déformait, lentement, tout ce qui l'entourait. Impression faible tout d'abord mais de plus en plus précise. Odieuse contemplation, presque intrigante. Terrifiante eut été plus exact. Là, au centre de la symphonie illusoire, un trou noir. Tournant sur lui-même, agitateur agissant caché derrière une toile chamarrée.
Le rien, le non-sens, le néant dépradateur en costume trois pièces.

Oeil abyssal sur lequel le Transcient ne s'attarda pas. Pas plus que nécessaire. Il se trouvait maintenant à quelques pas du Diplomate.

L'un dans les ténèbres, l'autre sous la lumière.

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Il demeure dans notre esprit et erre dans l'océan, car les ombres du premier sont infiniment plus profondes que les eaux du second

 
Jemori Colcook

Le Dhiwara 10 Agur 1508 à 11h15

 
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Perdus entre ombre et lumière, les deux Poussiéreux étaient -à peu de chose près- face à face.

C'est alors que le monde se réduisit considérablement.
L'espace et le temps ne se résumant plus qu'à l'ampleur et au nombre de pas les séparant l'un de l'autre. Comme si le reste n'avait plus d'importance, plus de consistance et non plus d'existence.
Seule l'âme déchiquetée violemment battue par les flux, tel les restes d'une voile d'un navire errant s'agitant sous le vent, existait.
Pendant quelques secondes.
À peine quelques battements de cœurs.

À la vérité, une navire errant été une image assez frappante.
Abandonné, fantôme et esquinté.
À la dérive, semant petit à petit sa cargaison tandis que l'eau sombre s'infiltrait de plus en plus et par toujours plus de failles de la coque.
Bâtiment mourant où luttait seul un capitaine.
Se débattant tant bien que mal pour s'atteler à la tache impossible qu'était gouverner sans équipage. Ballotté par les vents, submergé par les vagues, perdu dans un ciel sans étoiles et combattant l'appel de l'océan -et de ce qui y réside-.

De toute évidence il était seulement question de temps avant l'inéluctable naufrage.
... Et de peu ...

Devant la fierté et le panache de ce somptueux nautonier, se dirigeant -sans peur- vers là où il pensait sa place, Jémori ferma les yeux laissant apparaître un sourire nostalgique.
Un instant, on eu pu croire que son pas ralentissait, étirant du même fait la parcelle d'univers éphémère stagnant entre Serphone et lui, mais il n'en fit rien.

Il le croisa au moment précis où le visage de l'un sombrait dans les ombres, et où celui de l'autre émergeait à la lumière cramoisie.
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Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Serphone

Le Merakih 13 Agur 1508 à 03h56

 
***

Face à face obscur et éphémère, incertain et insolite.

Ce ne sont plus les centimètres qui les séparent, mais quelques pans d'éternité.
Le temps, comme arrêté dans sa course par le chemin des âmes, ne sait plus où donné de la tête.
L'espace se tord et se distord, perdant toute notion de lui-même et des autres.
Il n'y a bientôt plus que l'illusion solitaire et le spectre décharné dans une parenthèse de réalité.
Le troisième oeil ne distingue qu'une silhouette dans le noir.
Pendant quelques secondes.
À peine quelques battements de cœurs.

L'ombre se dessine sans se préciser, au travers des brumes qui bercent l'onde.
On la devine, comme une esquif sans équipage ni destination.
Embarcation de Charon sur le fleuve Achéron, inquiétante et trompeuse.
Son allure fière et sa voilure colorée prétendent qu'elle est marchande.
Elle est pourtant pirate et meurtrière, s'adapte à la houle en dansant et perce les vagues comme un couteau dans les chairs, dissimulée par le tumulte de l'océan.
Son seul transport est la richesse des morts.

Élégante nef surgissant de nulle part pour fendre et tuer, dont le prochain forfait n'est peut-être pas très loin.
...Peut-être....

Devant l'augure mauvaise de cette nacelle pourtant sublime, qui progresse sans appréhension dans l'inconnu et le néant, sans trajectoire ni but; avec comme seule idée celle de naviguer, Serphone clot un instant ses yeux, par peur ou par tristesse. Même si il est déjà cadavre, l'étranger n'en demeure pas moins messager de la mort. Il ne songe pas à enlacer son regard, crainte d'y voir perler son sang ou d'y contempler son destin.

Il le croise au moment précis où le visage de l'un sombre dans les ombres, et où celui de l'autre émergeait à la lumière cramoisie.

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Il demeure dans notre esprit et erre dans l'océan, car les ombres du premier sont infiniment plus profondes que les eaux du second

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