*** Il y avait bien longtemps qu'il n'avait mis les pieds à l'Observatoir si ce n'était lors des festivités récentes qui avaient animé la Scintillante. Et alors, l'endroit lui était apparu comme factice. Déguisé. Amoindri. Il avait demandé une chambre malgré le fait qu'il possédait une bicoque en ville. Il désirait être ici. Plus que tout. Renouer avec sa fonction. Son but. Sa vie.

On l'avait mené jusqu'à son désir. Un lit, une fenêtre, un pupitre avec le nécessaire d'écriture. Mais surtout, une impression d'appartenir.

En ce jour Orol était sans joie. En ce jour le contemplateur était sans fierté. Et le pourquoi de cet état lui échappait. Serphone parti rejoindre le S'sarkh, il ne pouvait plus que compter sur lui-même pour établir une voie à suivre. Cette perspective le terrifiait. Il ne s'était jamais considéré comme sage. Certes non. Il se considérait comme simple et efficace dans ses entreprises, prenant le chemin le plus direct ou semblant laisser présager les meilleures chances de succès.

Soupirant, il s'installa au pupitre et tailla la plume. Écrire était une activité qu'il n'avait entretenu depuis sa sortie du Temple. Il apréhendait ce moment. Trempant sa plume dans l'encrier, il fit le vide en lui et tenta d'ordonner ses idées, le but principal de sa démarche.

"De la Contemplation"

Il aurait pu trouver mieux... Mais les mots et lui n'avaient qu'un rapport tendu et... factuel...

La douleur n'est rien, le corps n'est qu'outil.

Agir sans peine et sans douleur car la vérité est au-delà du sens.

L'expérience transforme et se vit selon la voie, Sa Voie.

Agir dans l'harmonie des Enseignements en tout temps au détriment de sa vie. Sans la Voie, la vie est sans sens.

La poussière est multiple. La poussière est aveugle.

La poussière a plusieurs visages mais une seule existence. La poussière viendra vers Lui avec le temps.

Compassion est mère d'Union, avenir des enfants de Sa Voie.

Juger n'est notre lot. Le Jugement est Sien. Nous sommes les protecteurs de Syfaria contre les épreuves et l'Usurpateur. Un jour, ils le comprendront.

Les épreuves sont infinies. La chair, elle, se doit de mourir.

La vie sans fin est sans sens, la vie sans Voie est sans importance. La Voie s'acquiert et se transmet de génération en génération et ce, jusqu'au Jugement.

L'Âme est éternelle de par Lui. Sans Lui, elle n'est rien.

À la toute fin les âmes seront jugées et seules les dignes accèderont à l'Éternel. Agir en harmonie avec Sa Voie, c'est se rendre éternel.

Le Jugement se fera en Son sein.

Car c'est par Lui que la vie prend son sens et donc en Lui que nous nous retrouvons.

Observer sans préjugé, sans haine et sans préconception.

Car l'Observation est notre lot, celui de l'interprétation celui de la Transcience. Mêler les deux est un mal, car c'est ouvrir la porte aux émotions néfastes.

Le contemplateur posa sa plume. Il y avait là quelque chose... mais c'était incomplet. Il y avait là un nelda qui régurgitait les leçons apprises. Non ce que l'expérience lui avait transmit...

Observer sans préjugé est impossible, mais nous devons tendre vers l'idéal inatteignable.

Car nous sommes de chair et la chair ressent, tendre vers le marbre est notre fardeau.

L'expérience transforme et nous pousse vers d'autres voies.

Et ce changement doit s'effectuer de façon à bénificier à Syfaria... mais comment ? Et si la Voie vient à s'effacer ?

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