Ox Madox qui travaillait au Centre depuis une bonne dizaine d'années parmis ses collègues et des Témoins de toutes origines avaient pourtant peu eu le loisir de longer les larges corridors et salles qui formaient l'Orphelinat en lui-même, Endroit plus réservé à la méditation, au repos et à l'aide des âmes égarées. Il traversa le cloître qui était inhabituellement peu fréquenté compte tenu de la pluie fine et désagréable qui s'était décidé à tomber depuis le début de la matinée et une fois traversée se retrouva de nouveau à l'abri des haut-plafonds de l'aile ouest. Il se dirigea ensuite vers l'escalier qui s'engouffrait vers les tréfonds du bâtiment et le Centre en lui-même. Il croisa en montant quelques collègues avec qui il échangea les formules rituelles mais sans s'attarder plus. Il avait un rendez-vous important avec un de leur père à tous et même si l'égo d'Ox Madox était loin d'être minime il savait être loin d'égaler celui qui restait un modèle de compréhension de la machinerie vivante. Quelques successions d'escalier plus tard et après avoir passé une quantité innombrables de couloirs autour desquels s'ouvrait moult salles d'opération, bureau, lieu d'études ou de conférences, salle d'appareillage, d'apprentissage et autre, Ox Madox se trouva enfin devant la porte du Façonneur. Sa requête été simple, il voulait mettre au point une méthode susceptible d'améliorer tel ou tel caractéristiques vitale pour améliorer l'énergie spirituelle du patient. C'était son axe d'étude. Mais voilà il continuait de bloquer sur les moyens de la mettre en œuvre de façon concrète et à disposition de tous les Témoins qui en ferait la demande. Il était parvenu à l'état de fait que si quelqu'un pouvait bien l'aiguiller c'était sans nul doute le Façonneur lui-même. Il imaginait déjà un grand bâtiment ou pourquoi pas le Centre même, ou qui le souhaiterait pourrait venir modifier tel ou tel attribut de son être, au détriment, malheureusement vu l'état des recherches d'une partie de son potentiel, pour s'approcher au plus près de la vision du S'sarkh. Un peu excité par tant de potentialité Ox Madox s'obligea à une approche plus professionnelle. Reprenant en partie son calme mais ne pouvant s'empêcher de bouillir intérieurement le chirurgien frappa à la porte dans l'attente d'une réponse

 
Le Façonneur ouvrit la porte de son bureau, vêtu d'une blouse grisâtre et maculée de tâches brunes. Il regarda son collègue un sourire indéfinissable sur le visage.

Docteur Madox, Entrez donc !

Herman ouvrit grand la porte et s'effaça pour laisser entrer le Tchae. Il retourna s'installer derrière son grand bureau, poussant quelques livres d'anatomie et d'études diverses pour faire une place à ses mains croisées. Puis s'éclaircissant la voix d'une toux métallique, il demanda :

Que me vaut le plaisir de votre visite ?

 
Yrtal’Ka S’sarkh, Herman Kalencka le plaisir est de mon côté. Merci de me recevoir.

répondit le tchaë avec ce qu'il convenait de réserve devant une telle sommité.

Le chirurgien pris place en face de son éminent collègue sans pouvoir s'empêcher de jeter un coup d'oeil intéressé au divers livres d'anatomies qui jonchaient son bureau. Il en reconnu d'ailleurs quelques uns dont il se servait lui-même fréquemment.

Et bien, Et bien...pour ne pas y aller par quatre chemin, j'ai longuement pensé au travail que nous faisions ici

Ox Madox fit un geste de la main embrassant le contenu du bureau.

J'en suis venu à la conclusion, et interrompez moi si je me trompe que nos travaux ont bien avancé... Oh pas encore suffisamment et n'est pas tchaë qui s'oubliera de la perfection, mais disons que nos recherches sur la machinerie vivante n'en est plus à ses balbutiement.

et donc... enfin...aussi je me demandais s'il n'était pas temps avec votre honorable concours de mettre des structures en place permettant au plus grand nombre de bénéficier de nos... disons améliorations... Je sais que les traitements de pointe que nous pratiquons ne sont pas encore tout a fait au point, aussi dans un premier temps pourrait-on les proposer aux symbiosés uniquement sous certaine condition éthique et spirituelle il va sans dire. Le risque de rejet n'étant pas nul malgré tous les efforts entrepris...

Le tchaë se passa une main sur le front qui ruisselait

Pardonnez-moi si je n'ai peut-être pas été aussi clair que je l'aurais voulu. Le langage des mots et bien moins mon fort que celui du scalpel je dois dire.

 
Le Façonneur regarda étonnamment le chirurgien et l'écouta attentivement. Lorsque celui ci termina, il lui répondit de sa voix rocailleuse :

Mon ami, j'ai l'impression forte que vous avez passé les dernières années enfermées dans votre salle d'opération. Nos services sont déjà disponible pour qui le souhaite et des poussiéreux, symbiosés ou non ont déjà eu recours à nos services. Il n'est pas rare de pratiquer des opérations hétéroclites. Ce matin encore, un contemplateur non symbiosé est venu se faire retirer les paupières. Hier, j'ai pratiqué une ablation de langue sur un de nos frères écorchés. Et les symbiosés touché par la corruption des effluves dans des proportions élevées viennent consulter assez régulièrement.

Le Façonneur fit une pause puis posa une question :

A moins que je n'ai mal compris le sens de votre déclaration?

 
Le tchaë se renfrogna. Le Façonneur n'avait rien compris de ce qu'il venait de dire.

Je sais bien tout cela... j'en pratique moi-même. Arrachage de langue, occlusion, étirement, déboitement, déplacement et j'en passe..

Mais peut-être suis-je un cas isolé mais combien de symbiosés ont eu recours à vos services ces dernières années Yrtal’Ka S’sarkh ?

Je pense qu'à talent extraordinaire doit s'associer opération extraordinaire et que nous devons aller plus loin dans notre pratique... pourquoi pas quelquechose de.... systématique. Si je puis me permettre, tout du moins pour mon activité, tout cela reste "épidermique" alors qu'il conviendrait d'aller bien plus loin... Les possibilités sont infinis et les corps des symbiosés ne souffrent pas des risques des Témoins qui ne le sont pas..

Il est vrai que je sors assez peu et que peut-être je n'ai que les opérations de routine mais quand même !

comment accepter de perdre ainsi son talent et son temps, et avec lui celui que nous offre le Ss'arkh pour répondre à ses énigmes, alors que nous pouvons aller au coeur des choses.

comment accepter de perdre tout cela ? Je vous le demande...

 
Le Façonneur regardait étrangement son collègue.

Je dois avouer ne pas savoir quoi vous répondre. Chacun est libre de ses actes et je ne vois pas comment nous pourrions forcer les symbiosés à avoir recours à nos services. Le pourcentage me semble correct pourtant. Quelques uns sont déjà venus me voir ou me consulte régulièrement dans les mêmes proportions que la population poussiéreuse de la Scintillante. Notre faction ne compte pas tant que ça de fanatiques et de fervents croyants dans notre oeuvre. Un jour peut être, et nous devons nous tenir prêt pour son avènement.

Vous pouvez ne pas l'accepter mais cela est un fait.

Le Façonneur posa un regard inquisiteur et légèrement agacé vers le chirurgien.

Je suppose que si vous m'avez dérangé c'est que vous avez quelque chose de concret à me proposer ?