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Le Luang 23 Marigar 1509 à 23h52
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| Harhkmehthis avait été effrayé par les cris. Il avait serré la main de Lasha si fort qu'il l'avait entendu poussé un petit cri. Puis il s'était peletonné contre elle, en mettant ses mains sur ses oreilles pour ne plus entendre ces horribles cris.
Quand l'homme était entré dans la pièce, il ne l'avait d'abord pas regardé, mais n'avait pas du tout aimé sa voix.
Le sorcier n'avait pu que murmurer "ai peur" à Lasha.
Puis il s'était retourné et, en voyant le visage difforme de l'homme, une épouvantable peur et une énorme envie de pleurer l'avait saisi.
...
La trame observe l'homme à travers les yeux embués de son hôte. L'instant est crucial. Doit-elle rester en réserve, rester tapie, attendre l'instant propice, ou l'homme représente-t-il un danger réel ? Pourrait-il la découvrir et la tuer ?
La trame a la certitude qu'elle contrôle désormais totalement le corps et l'esprit du sorcier et de son symbiote. Mais elle ne connaît pas les capacités de l'homme qui vient d'entrer.
...
Harhkmehthis lache la main de Lasha et se précipite par la porte, traverse les couloirs en courant, sort du centre.
....
La trame explore la mémoire géographique de son hôte. Elle reconnait la ville. Territoire dangereux. Trop de monde. Fuir. On reviendra plus tard. La trame veut accéder à la bibliothèque. Elle a tant de sorts et de secrets à découvrir.
Elle pousse le sorcier à courir à travers la ville. Mais celui-ci est véritablement épuisé, et la trame ne sait pas déclencher les hormones nécessaires pour lui redonner le dernier élan qui leur permettrait de franchir les portes de la ville et se perdre dans les campagnes alentours.
La situation est préoccupante pour la trame. Mais elle n'a pas peur. Elle étudie, elle analyse, elle calcule. Elle espère que son hôte aura le temps de se reposer. Mais déjà elle prépare sa riposte si l'on venait à le rattraper.
Chercher un moyen de se défendre sans évoquer les soupçons
Sauver ou Périr
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Le Julung 26 Marigar 1509 à 07h54
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| La trame écoute Lasha. Celle-ci n'a aucune idée de ce qui arrive à son hôte. La trame trouverait cela rassurant si seulement elle avait la notion des sentiments. Elle pourrait trouver ça drôle également, mais la trame n'a évidemment pas la moindre parcelle d'humour.
Pour l'instant elle ne peut rien faire, car son hôte est en train de rêver. La trame a découvert qu'elle n'a aucune influence sur la partie du cerveau qui commande les rêves. Pire que ça, le rêve est assez puissant pour repousser la trame et envahir une grande partie de l'esprit du sorcier. Dans ces moments là, la trame est impuissante à agir sur son hôte.
La trame écoute Lasha. Celle-ci donne des informations précieuses. Ainsi la trame sait maintenant qu'elle a choisi un hote précieux. Elle n'avait aucun moyen de comparaison auparavant, si ce n'est la propre pensée du protecteur lui-même. Mais elle se méfiait de l'évaluation qu'un être peut faire de lui-même.
Si le protecteur se réveille en entendant Lasha, la trame pourra agir.
...
Le protecteur rêve. Il n'est plus l'homme-enfant, il est de nouveau le protecteur, le mage combattant, le rempart, le soutien. Le protecteur est heureux. Il rêve qu'il accompagne Lasha et Trempe. Ils se sont engagés dans un défilé entre deux flancs montagneux. Le paysage et rocheux, gris, stérile. Des rejetons les assaillent. Les témoins s'écartent les uns des autres pour ne pas offrir une cible unique aus sorts que les créatures leur envoient. Le sorcier s'est réfugié dans une faille. A vingt mètres de là, Lasha se cache derrière un rocher. Elle s'adresse à lui. "Rappelles toi qui tu es". Le sorcier est étonné. Que veut-elle dire ? Bien sûr qu'il sait qui il est. Ou bien serait-il un autre que celui qu'il pense être ?
"Reviens parmi nous".. Mais qu'arrive-t-il à Lasha ? Et pourquoi la voix de la guerrière est-elle si étrange ?
Progressivement, Harhkmehthis parvient à cette phase étrange où le rêveur prend conscience qu'il rêve. Période du sommeil durant laquelle le rêveur est capable de pénétrer en toute liberté au plus profond de son inconscient.
Les créatures s'acharnent sur les trois témoins. Combat sauvage. Furie meurtrière. Le rêve évoque au sorcier un autre rêve...
Je suis le chasseur et ma proie court devant moi. Elle court trop vite et passe facilement entre les branches des arbres qui accrochent le pelage de mon corps trop large pour ces sous-bois.
Je vais la perdre.
Quelque chose brouille mon champs de vision. L'image de ma proie dans la forêt est remplacée par une série de lignes entrecroisées portant d'étranges couleurs inconnues.
FEU.
Je sens l'odeur de la BRULURE.
le FEU a surgi dans mon champs de vision, comme s'il venait de me dépasser, et s'est abattu sur ma proie. La proie s'est effondrée.
J'ai stoppé ma course, car le FEU est mon ennemi.
J'attends.
Pourquoi ce FEU ne m'a-t-il pas fait fuir ?
Ce FEU m'a aidé. Il a chassé pour moi.
Je me jette sur ma proie immobile et la dévore.
EAU. Je sens l'EAU. Mais il n'y a pas d'EAU qui tombe du ciel.
L'odeur de l'EAU disparait.
La proie a un gout inhabituel mais fort agréable.
Le rêve remémoré ramène le sorcier à un souvenir plsu étrange...
Je suis tout entier tourné sur mon esprit. Il est d'habitude si bien organisé. Une structure vivante mais rigoureuse. J'en ai tissé la toile tout au long de mon apprentissage. Chaque exercice de magie, chaque formule prononcée, chaque parchemin déchiffré fut comme la navette d'un métier à tisser qui aurait ajouté un fil de plus à l'ouvrage et enrichi le motif du tapis. Ce qui a été fait reste en mémoire, avec ses formes, ses couleurs, ses symboles. La navette reste en suspens, attendant le prochain mouvement.
Mon esprit se divise en deux parties. La partie tissée, et la partie vierge. Cette dernière est infinie. Infinie mais déjà prête. Le fil de chaîne y est tiré. Il attend la navette.
Mon esprit est un outil efficace, organisé.
Un point de lumière émerge tout au fond de ma conscience. Il pulse lentement, comme un phare pour me guider.
Mon esprit s'éveille très lentement, accroché à cette balise ténue. Je pressens vaguement, tout autour de ce point salvateur, des écueils et des récifs sournois.
La brume grise est toujours là, qui résiste à cette nouvelle clarté.
La lumière prend maintenant une teinte orangée. Toujours froide malgré tout. Je ne sais même pas qui je suis, mais un instinct me commande de m'accrocher à ce feu.
Du point émerge un trait de lumière. La brume s'efface sur son chemin, et je perçois une nouvelle organisation derrière les souffles noirâtres qui traversent le brouillard.
Quelque chose de nouveau. Je n'ai jamais vu ces chemins. Des logiques nouvelles, imprégnées de puissance, implantées dans la terre de Syfaria, et tendant des passerelles mouvantes vers le ciel, comme des tentacules vibrantes captant les effluves du monde.
Je vibre d'un rythme nouveau, un battement céleste, qui martèle la beauté de la vie et la soudaineté de la mort.
Quelque chose de primitif.
La conscience du sorcier perçoit dans les brumes des souvenirs une logique, une forme de réponse aux propos étranges de Lasha. Le sentiment profond que le danger n'est pas dans le défilé, que les créatures sont sans intérêt. La sensation que tout celà n'était qu'un rêve, mais que le rêve était un signe.
Pfiou dit : Lasha ! Fuis !
...
La trame serait en colère si elle en connaissait le sens. Le symbiote ! Elle a oublié le symbiote ! Cette entité chétive, ridicule.
Vite, elle doit tisser des fils vers cette créature, emprisonner son esprit dans les couleurs de la navette. Un nouveau défi.
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Le Merakih 1 Astawir 1509 à 20h52
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| La trame fait front à plusieurs difficultés.
D'une part elle doit prendre soin de son hôte. La créature qu'elle parasite soufre physiquement. Ses équilibres intérieurs sont perturbés. Manque de protéines et de glucides, baisse effrayante du taux d'électrolytes qui commence à gêner les échanges intra-cérébraux, perturbations hormonales en tout genre, abaissement de la température générale, chute des défenses immunitaires. La trame découvre la chimie subtile et sauvage et de la vie. Elle doit gérer seconde après seconde les conséquences des défaillances qui apparaissent successivement.
D'autre part elle doit continuer à se développer l'environnement cérébral qu'elle arrive à préserver en y déplaçant les maigres réserves de son hôte. La trame est devenu un motif flamboyant, coloré, aux dessins toujours plus complexes. Les runes sombres de la destruction se mêlent aux doux symboles de l'harmonie. La trame a maintenant réussi à récupérer au plus profond de l'inconscient de son hôte la somme absolue des informations qu'il a acquises dans son existence. Elle a tout trié, et maintenant elle met en oeuvre une analyse logique qui lui permet de déduire et découvrir, par pure abstraction mathématique, des connaissances nouvelles sur le monde.
Elle sait ainsi précisément quelle est à chaque instant sa situation spatiale et temporelle, car elle a développé chez son hôte des capteurs gravitationnels. Ceux ci sont peu efficaces, mais les rares informations récupérées sont suffisantes pour être passées au crible d'une série d'équations ultrapuissantes qui aboutissent toujours à un résultat précis.
Le moindre rayon de lumière qui tombe sur la peau de son hôte, et la trame accélère le processus de synthèse lumino-vitaminique à cet endroit.
La moindre particule flottant dans l'atmosphère, et la trame profite d'une inspiration de l'hôte pour la capter, puis la décortiquer et si possible en faire un carburant. La nourriture délivrée par les êtres qui emprisonnent l'hôte devient un somptueux festin.
Si la trame continue à faire l'effort de contrôler le corps de son hôte et de lui laisser l'apparence d'une vie autonome pour mieux passer inaperçue, en revanche elle a décidé de totalement immobiliser le symbiote, cette créature étrange qui possède des pouvoirs si proches du sien, même si elle ne les exploite pas. Il devenait difficile de la maitriser, car elle avait depuis longtemps tissé dans le cerveau de l'hôte ses propres fils de chaîne, étroitement imbriqués dans le motif général. La trame n'a pas pu détissé ce métier, aussi a-t-elle tout simplement coupé les connexions principales entre la créature et ses fibrilles, ne laissant que la branche maitresse par laquelle la trame retient maintenant, prisonnier et impuissant, le symbiote.
La trame attend son heure. A la prochaine occasion, elle déchainera toute sa puissance. Il est temps de s'échapper et d'aller conquérir ce monde.
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Le Merakih 1 Astawir 1509 à 22h31
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| Le Façonneur entra dans la salle d'opération peu aprés, il installa tranquillement ses instruments, vérifia la complétude de son set de potions et d'ustensiles. Puis il s'approcha de son patient et lui prit le pouls, il examina ensuite les pupilles de ce dernier.
Ensuite, il prit un rasoir sur sa desserte et entreprit de lui raser méthodiquement le crâne. Sous les touffes noires de cheveux, la peau pâle apparaissait progressivement. Lorsque le crâne du protecteur fut complètement nu, Herman prit un petit marteau et se mit à tapoter légèrement par ci par la sur la tête d'Harkmethis, écoutant attentivement les sons provoqués. Ce manège dura plusieurs minutes, de temps en temps, il notait un emplacement avec un bâtonnet de graphite. Enfin visiblement satisfait, il sélectionna quelques instruments pour commencer la trépanation.
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Le Julung 2 Astawir 1509 à 20h54
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| On a beau croire qu'on est invincible, il arrive que l'on soit vaincu par un détail. La trame ne connaissait pas les anesthésiques. Aussi, occupée qu'elle était à décomposer la nourriture pour en faire remonter la partie les plus riches vers elle, laissa-t-elle passer ces molécules inconnues, lesquelles furent lentement absorbées dans la circulation sanguine et finirent par produire leur effet.
Ainsi endormie, la trame ne pouvait plus exercer sa domination sur son hôte et son symbiote.
Pour autant cela ne constituait pas une porte de sortie pour Harhkmehthis, qui avait subi bien évidemment les effets du soporifique, et ne pouvait donc pas profiter de la situation pour reprendre le contrôle de son cerveau
En revanche, le mou n'avait pas été sensible au produit. Aussi, à peine la trame endormie, il avait immédiatement recupéré toutes ses capacités. Il décida en priorité de retisser les connexions neuronales qui le liaient à son hôte. Et c'est avec effroi qu'il constata les dégâts. Rien ne semblait avoir changé. Il reconnaissait les symboles, les dessins, le tableau général. Mais là où auparavant régnait une forme de douce harmonie, là où il avait l'habitude de venir puiser réconfort, sérénité, là où partageait avec délices les pensés du sorcier, maintenant il ressentait l'expression de la violence, de la haine, de la destruction. Une pulsation sourde et grise sous-tendait le motif général. Ce qui rassura le mou, en un sens, fut qu'il eut la certitude que cette aura maléfique était extérieure, en quelque sorte, au tydale qu'il aimait.
Lorsque le chirurgien entra dans la pièce, le mou mis quelques temps avant de réaliser ce qui se passait. Et lorsqu'il comprit enfin qu'on se préparait à ouvrir le crâne du sorcier, il lanca à l'adresse du médecin un cri de détresse.
Pfiou dit :Monsieur ! Etes vous certain de ce que vous faites ? Je peux peut-être vous aider. J'ai l'impression que vous allez commettre une énorme bêtise si vous opérez mon sorcier sans avoir une idée de ce qui se passe dans sa tête
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