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Le Sukra 29 Agur 1509 à 13h19
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 | Saerass Telmar posa doucement sa main sur la pierre du Temple, un geste empreint d'un tendre nostalgie et d'une peur sereine. Car s'il caressait aujourd'hui le coeur de la Scintillante avec une profonde affection, c'était peut-être pour la dernière fois... Dans quelques instant, lorsque le vent des montagnes giflera son visage, s'immisciera entre ses vêtements pour fouetter sa peau et gonfler subitement ses habits en entravant son chemin, il perdra alors définitivement le contrôle de sa vie, et sera balayé par son destin. Emporté dans la tornade de son existence, seul face au déchaînement de sa tempête, traversant les montagnes, les forêts les collines, cherchant sa voie au milieu des déserts de sables et des plaines verdoyantes, perdu dans le redoutable de l'ignorance, il avancera toujours, il ne pourra qu'avancer, mais sur un chemin tortueux et parsemé de crevasses sournoises dans lesquels le moindre manque de vigilance le fera sombrer. Et toujours allant de l'avant, toujours cherchant l'océan de la vérité, il lui faudra se battre et survivre, aussi bien à lui-même qu'aux autres...
Les autres... cette vaste tâche répandue aux quatre coins de l'île. Le poids de la responsabilité laissait entrevoir son visage. Comment y parviendrait-il...? Son père l'avait autrefois prévenu des vices gangrenant les autres factions. Il lui avait dit que les gens qui les habitaient refusaient souvent de les voir parce qu'accepter ces erreurs c'était accepter que toutes ces générations qui avaient enracinés ces principes ou les bases de ces fautes aient eu tort. C'était accepter que leur éducation, les fondations de leur vie étaient pourries et qu'il fallait détruire, modifier, ou rajouter de nouveau piliés qui soutiendront une fondation de vérité ; une fondation pour la voie du S'sarkh. Mais la plupart avaient étés engloutis par leur ignorance, et l'espoir de tous les sauvés était maigre... Mais le temps, disait Lekhrian Telmar, le temps adoucit le souvenir, les sentiments, et permet de prendre du recul pour reconnaitre ses erreurs. Il suffit d'être patient, et assez fort pour continuer d'être soit-même tout en ne cessant jamais d'offrir la connaissance aux faibles...
Etait-il prêt ? Etait-il apte ? Etait-il celui qui saura ? Avait-il réellement entendu sa voie ? Vivrait-il...?
La peur l'étreignait. Mais son coeur se gonflait. Il était heureux d'avoir peur, heureux de partir accomplir quelque chose d'aussi grand. Pour le S'sarkh.
Sa vie, échec un réussite, serait belle...
dit : Il est temps Sae, il ne faut pas prendre de retard. | |
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Le Dhiwara 10 Jangur 1510 à 16h23
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| Saerass posa doucement sa main sur la pierre du Temple, un geste empreint d'une étrange mélancolie. Finalement, et contre toute attente, il était revenu. Cinq mois, cinq mois à parcourir Syfaria. Vivre et survivre. Le S'sarkh l'avait guidé, et parfois, préservé de la mort. Il était confiant. Il y arriverait. Du moins Lekhrian l'espérait-il. Oui, il devait y croire. Les barriières que Sae avait dressées entre leurs esprits n'était qu'une épreuve de plus, ou une difficulté passagère... Il avait été tellement marqué par leurs aventures solitaires... La voie du S'sarkh était dure, et cruelle, même avec les plus jeunes ; il ne faisait pas de distinctions.
Au moins avait-il réussit à saisir l'occasion espéré : ils voyageraient à Ulmendya, accompagnés de deux autres Témoins. Avec un peu de chances ils se montreraient assez bavards et permettraient, si ce n'est de débattre des préceptes du S'sarkh, de montrer un exemple à Saerass qui comprendrait peut-être que son chemin se trouve aussi dans l'invisible et l'écoute de tout autre, pas uniquement dans ce qui semble indispensable à sa réussite. D'ailleurs Lekhrian était plutôt content... en effet, il y avait de l'espoir. Sae laissait transparaître une certaine sympathie vis-à-vis de dame Lëen. Bien que pour l'instant sans importance pour sa vaste tâche, il s'était montré à peu prêt aimable avec elle. En fait il était difficile de prouver cette marque d'affection, mais Lekhrian le sentait, c'est tout. Pourtant ils n'avaient jamais eu de réelles conversations, et ils ne savaient presque rien d'elle. Peut-être est-ce ce souvenri du jour où elle avait tenté de le réconforter alors qu'il était blotti et malade dans un coin de la bibliothèque... Quoi qu'il en soit, Saerass redeviendrai bien plus sauvage une fois de retour sur les routes... Ulmendya... Le chemin n'était pas des plus long, mais relativement dangereux. A nouveau ils traverseraient les bois, les plaines désertiques, et surtout, la neige. Qui sait ce qui se passera dans la tête du jeune symbiosé une fois là-bas...? Lekhrian sentait déjà, vaguement mais de manière persistante, son absolu désir de détruire une abomination. Heureusement qu'ils auraient des compagnons pour leur venir en aide en cas de besoin. Mais n'étais-ce pas plutôt à lui de veiller sur eux ? Le mou pressentait la tension qu'aurait à subir leurs nerfs...
dit :"Par le S'sarkh, faites que ce voyage se passe sans... non ; non, qu'il est égoïste et stupide de prier ainsi... Prier pour les autres, pour répandre sa voix, pas pour fuir ses épreuves..."
Et Saerass ? Ne priait-il donc pas ?
dit :"Sae, entrons prier une dernière fois, au temple..."
Silence.
Sa main glissa le long de la pierre. La nuit tombait. Les Témoins l'attendaient. Profond soupir.
C'était amusant ; depuis exactement trois jours il avait quatorze ans. Inutile. Il fit volte-face. Nulle prière. Tel une ombre sauvage, sa voix s'évanouit dans la nuit. | |
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