*** Des vertiges, un étourdissement passager, sa main qui serre un peu plus fort le pommeau étincelant de sa canne.
Mais tout ceci n'était que le signe avant-coureur, un coup de semonce porté directement à son esprit. Une légère accalmie plus tard le trouble l'assaille à nouveau, un gouffre s'ouvre alors et elle y chute, en proie à la terreur du vide.
Son corps se cramponne à la canne alors que son esprit dévale une pente raide et obscure. Un effort de volonté lui permet de bouger ses lèvres pour murmurer à l'attention de l'autre occupant de la cellule. ***
Hannibal... Il suffit...
*** Et le mou de répondre. ***
Hannibal dit :Je n'y suis absolument pour rien.
Je... je sombre par delà...
Hannibal dit :Tu ne sombre pas, ton esprit s'évade et ton corps résiste, c'est pour ça que cela te semble si désagréable.
Tu panique, et plus tu résistera, plus tu aura l'impression de t'enliser dans la fange de ton mental. Lâche prise....
*** La félonie du Mou était un fait assumé, de tous les symbiotes adipeux il était certainement le moins doux et son caractère de scélérat l'amenait à traiter sa partenaire avec plus de cruauté que celle-ci pouvait admettre. Pendant de longs instant elle résista, corps et âme. Il lui sembla que c'était cette dernière qui fut l'objet du malaise, une force l'attirait hors d'elle. Quelque chose souhaitait cette séparation.
Tout à coup il fut là.
Elle ne l'avait rencontré qu'a une seule occasion, mais ne l'avait jamais vu. Elle su pourtant qui il était, d'un simple regard. Ils restent un moment face à face, sans bouger. Elle s'étonne de cette vision de rêve, cette perception qu'elle avait presque finit par oublier. Les détails semblent si précis. Elle peut voir les vêtements rapiécés, la lame fidèle qui pend à sa ceinture. Elle est même éblouie par un reflet fugace sur l'étrange masque de métal.
Elle fait un pas en avant, tend lentement sa main vers l'homme pour confirmer la réalité de l'instant.
***
Hannibal dit :Il ne te vois pas.
Mais comment... Qu'est ce que...
Hannibal dit :En vérité ce n'est même pas lui. Ça n'est qu'une image, un rêve si tu préfère.
*** Elle lève doucement le visage, savourant la caresse du vent sur un visage qui pour une fois ne porte aucun bandage. ***
Hannibal dit :Ahem... ça aussi c'est une illusion dit il comme s'il partageait les sensation de la jeune Tchaë
Mais si tout ceci n'est que chimère. Quel en est le but ? demande t'elle en espérant que le Tydale lui en fasse l'explication. Celui-ci ne fait aucun mouvement, pas plus qu'il ne répond.
Hannibal dit :Oh ? Et bien faut-il vraiment que toute chose ait un but autre que de simplement exister ? Il y a des évènements qui n'ont pas vocation a avoir un sens, ni une quelconque utilité... Cela dit...
Cela dit ?
Hannibal dit :Cela dit tes congénères de poussière, dans leur volonté désespérément pragmatique de trouver une utilité à tout, utilise parfois ses songes un peu particuliers dans un but de connaissance.
Qu'est-ce qu'un rêve peut bien apporter comme connaissance que l'esprit n'aurait-il pas ?
Hannibal dit :Oh c'est que ce n'est pas vraiment un rêve... pas un rêve comme les autres.
Disons qu'ici chaque individu possède une image. Pas forcément une copie conforme, juste une reproduction dans laquelle on peut le reconnaitre.
Et bien disons que cette reproduction, si elle peut varier et n'est pas rattachée aux circonstances de la réalité est pourtant liée d'un point de vue... cosmique.... spatial si tu préfère.
J'avoue ne pas saisir. Où tout cela peut bien nous mener.
Hannibal dit :Et bien, l'image là est liée à l'original dans l'espace, sur un plan autre et souvent vague mais qui regorge d'indices du plan d'origine et donc du lieux où se situe celui que tu contemple actuellement.
Regarde !
***
Comme il finit de parler, un édifice jaillit du sol derrière le Tydale dans un fracas de terre expulsée. Cet évènement ne semble pas avoir d'influence sur le calme de l'homme, il fait alors volte face et emprunte une ouverture tout juste formée dans ce qui semble être une tour érigée vers les cieux.
L'esprit de la jeune femme s'éclaire d'une lueur de discernement. Elle murmure à elle-même
***
La tour du concile...
*** Alors qu'elle avance pour le rejoindre dans le bâtiment, tout se brouille, d'un mouvement qui fend l'air elle tente de se raccrocher au mur de la tour, mais ce dernier file entre ses doigts tel de la vapeur. La force revient, elle l'aspire à nouveau malgré ses tentatives de défense. Les jambes ne pouvant plus la soutenir elle tombe au sol quelle tente d'agripper en vain.
Elle se relève avec une sensation de lourdeur. L'obscurité la de nouveau totalement envahie mais autour d'elle tout est calme. D'un geste peu assuré, elle cherche autour d'elle, paume ouverte. Elle reconnait à tâtons le bois de son bureau, le sol froid de sa cellule, au Centre.
Elle porte une main à son visage, effleure de bandeau de soie qui dissimule ses yeux.
Le beau Tydale n'est plus là, elle est seule.
Quoique pas complètement.... ***
Hannibal dit :Alors ça t'a plu ?
Thème musical de Lëen