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Les Sillons du S'sarkh

La contemplation d'une nouvelle cité

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Sujet lancé par Midjalë
Le 08-02-1510 à 18h47
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Posté par Calixtën,
Le 23-04-1510 à 15h59
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Midjalë

Le Luang 8 Fambir 1510 à 18h47

 
(Bien sûr, tout le monde est le bienvenu dans ce petit rp improvisé).

Après un voyage tumultueux dans la forêt et un passage tranquille dans les montagnes,la cité de Lerth se dressait devant les yeux de la jeune aventurière. L'air était frais. Une bise saline s'élevait parfois, venant jouer avec une mèche, un pan de cape. Ses joues étaient rougies par les fraîcheur de cette fin de journée. Silith déclinait sur l'horizon nordique, laissant des couleurs similaires à ses joues au ciel glacé de flammes.

Plutôt que de se précipiter au chaud, l'adolescente préféra errer au hasard des rues et ruelles pour découvrir cette nouvelle cité. L'heure tardive et le froid, très certainement, avait fait fuir les passants dans cette ville au calme serein. L'architecture lui était inconnue et mystérieuse. Découvrant avec ses yeux un monde si vaste qu'elle n'avait eu l'occasion encore de parcourir, elle promenait son attention à gauche et à droite. Elle n'avait plus le regard émerveillé de l'enfant, mais le regard errant du rêveur. Pourtant, sa tête enregistrait cette information avec attention, comme si cela pu lui être vital.

Secrètement, elle nourrissait certains espoirs, mais ne savait pas quels mystères seraient dévoilés, quels enseignements elle retirerait de cette escale.

Mais pour l'instant, rien de tout ça n'importait vraiment. Que de se laisser porter au gré du temps. Qui sait ce qui pouvait bien se cacher au détour de la prochaine ruelle?


 
Calixtën

Le Luang 8 Fambir 1510 à 21h20

 
dit :
J'ai froid...


Maugrais-je alors que nous parcourions les rues de l'Etincellante. Mais encore une fois, Calixtën semblait prendre un malin plaisir à m'ignorer. Elle se déplacait de sa démarche caractéristique, simple et légère. Silith tardait comme si l'astre se refusait à passer l'horizon, s'amusant sans doute de mon supplice. Mais, je supposê que je devais m'y attendre. Après tout, me lier à une future contemplatrice comportait le risque de se voir trainer à des heures tardives dans des rues désertes dans un froid glacial pour observer je ne sais quel signe du S'sarkh.

dit :
Il commence à faire sombre...


Tentais-je à nouveau en lévitant à sa suite alors qu'elle venait de s'arrêter sur une petite place d'un quartier résidentiel. Des ouvertures des logis, on pouvait deviner le parfum du diner qui se préparait. On entendait aussi les voix étouffés des occupants partageant surement le récit de leurs journées respectives. L'Etincellante était paisible.

dit :
Calixtën... Laisse moi me rechauffer contre toi!


Suppliais-je. Elle détourna alors son visage juvénile vers moi. A la lumière déclinante, si je ne l'avais pas su, il m'aurait été très certainement dur de deviner si la jeune fille en était vraiment une. Sa silhouette était sans forme et seul un examen attentif de son visage et de ses yeux pouvaient lever légèrement le doute sans pour autant le balayer complétement.

De plus, le regard féroce et méfiant qu'elle me lancait alors n'était pas vraiment un exemple de féminité. Bon, il était vrai que la dernière fois qu'elle m'avait fait cette faveur, j'avais tenté d'en profiter mais était-ce bien la peine d'être si rancunière ?!

La plupart des gens se faisait avoir. Avec sa jolie frimousse à la peau blanche ou seuls ses pomettes sont légèrement roses et ses longs cheveux doux et argentés, lâchement tressées descendants jusqu'à ses chevilles, elle parvenait à se faire aimer des adultes. Mais moi, je savais la verité! Elle avait un sale caractère!

Après un lourd silence empli de reproche, elle expira de son petit nez fin et légèrement retroussé rougi par le froid et se détourna. Je poussais un long soupir de dépit mais remarquait soudain qu'elle ne reprenait pas sa marche. Je flottais à sa hauteur et suivais son regard ambre vers une petite ruelle. Je vis alors disparaître la silhouette d'un passant. Je revins à Calixtën sans comprendre l'étrange expression de son visage.

Mais avant que je ne puis lui demander la raison de cet état, elle s'élancait jusqu'au coin puis penchait sa tête dans le passage utilisé par l'inconnu. Avait-elle décidé de jouer à un nouveau jeu? Je n'en savais rien mais cette personne avait du saisir son intérêt. A savoir si cela était une bonne chose pour cette dernière, c'était une autre histoire.

Quoi qu'il en soit, Calixtën s'évertua à suivre la silhouette. Nous pûmes alors, dans un instant fugitif, voir son visage. Pour ma part, je n'y vis rien d'exceptionnel. C'était un tydale, sûrement un jeune garçon au vue de la coupe de ses vêtements et il devait avoir l'âge de...

Un sourire empli de malice se déssina malgré moi sur mon visage de mou avant que je ne lance un regard amusé à mon amie. Venais-je donc de rencontrer celui qu'elle suivait en cachette de ses élans et dont elle m'avait dissumulée l'existence. Cela expliquait pourquoi nous avions du parcourir les rues de l'Etincelante par ce froid !

Bien... Il était temps pour Siegfried de mettre un peu d'épices dans cette histoire d'adolescente. Je me mettais alors derrière Calixtën et je finis par me jeter de toutes mes forces dans son dos. Sous le choc et la surprise, elle poussa un cri de surprise avant de basculer en avant dans la ruelle descendante pour rouler jusqu'au pied de cette dernière, emportant avec elle un tonneau vide et quelques débris de bois laissés là.

Elle finit par arriver à destination sur ses fesses, ses deux jambes disposés en "M", le haut du corps droit, sa longue chevelure sur son épaule, dissimulant l'un de ses profils. La pauvre jeune tchaë avait encore le souffle coupé et le regard perdu. N'ayant pas encore eu le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer.


 
Midjalë

Le Matal 9 Fambir 1510 à 00h11

 
Dans sa rêverie, Midjalë était perdue, et bien que détaillant l'environnement, elle n'en portait pas pour autant attention à qui aurait pu l'épier, la suivre ou simplement exister derrière elle.

Cependant, dans le calme omniprésent, un fracas vint, d'un coup, en briser la pureté. Par réflexe, l'adolescente se retourna... pour tomber presque nez-à-nez avec une tchaë... qui ne devait pas être bien plus vieille qu'elle même. Elle avait de jolis cheveux. Surtout très longs. Même plus jeune, Midjalë ne les avait jamais gardés aussi longs. Ça ne devait pas être bien pratique... risquer de trébucher dès que l'on grimpe une colline.

Mais elle se garda bien de partager ses réflexions. Somme toute, sa vis-à-vis avait un physique agréable. Après, le reste est question de goût. Plutôt, après une légère hésitation, elle tendit la main pour l'aider à se relever.

Elle s'était demandé un instant quelle attitude adopter. Si en présence de ses semblables, elle jouait au dur, insensible et direct, en présence d'une étrangère, elle n'était obligé de tenir ce rôle. Qui plus est, en visite ailleurs... non qu'elle eût à coeur les conventions sociales, à vrai dire. Mais pour le commerce, la courtoisie est généralement recommandée.

Une main tendue donc.


Om'shir. Je...

Elle se tût rapidement. Bien sûr, cette jeune fille n'était pas Équilibrienne. Le shai n'était pas le meilleur vecteur de communication. Mieux valait ressortir ce qu'elle avait appris de ses cours auprès de... elle ne se souvenait plus trop. Qui lui avait enseigné le Ssarknesh déjà? Ça faisait déjà un petit moment. Elle chercha ses mots un moment avant de dire, sur un ton un peu hésitant.

Bonjour. Je suis Midjalë. Tu es la première personne que je croise depuis que je suis arrivée. On dirait qu'il est un peu trop tard pour rencontrer des gens dans les rues.

Une petite moue silencieuse venait flotter non loin d'elle, un sourire pendu aux lèvres, l'air mutin.

 
Calixtën

Le Matal 9 Fambir 1510 à 00h32

 
Le regard ambre de Calixtën se posa d'abord sur la main qu'on lui tendait puis sur la personne à qui elle appartenait. Mais ses yeux s'empressèrent de fuir son visage. La timidité face à l'inconnu l'étreignait à nouveau et l'événement qui avait provoqué cette rencontre ne devait rien arranger à cela. Elle finit par poser sa main souillée par la poussière dans celle qui lui était offerte avec un frisson que la contemplatrice ne put vraissemblablement contrôler.

Alors, la grande tchaë se leva face à la petite tydale et ils se retrouvèrent quasiment à la même hauteur. Quand elle fut revenue sur ses pieds, la jeune fille s'empressa de retirer sa main, comme si cette dernière brulait puis elle la fit disparaître derrière son dos pour rejoindre l'autre et retirer les saletés qui les recouvraient toutes deux. Elle accompagna ce mouvement d'un pas en arrière, jugeant sans doute être trop proche de l'étranger.

Elle gardait sa tête baissée, lancant de temps à autre, un regard tremblant à l'inconnu qui lui faisait face. Je connaissais bien ce comportement, elle ne pouvait s'empêcher d'être ainsi avec les gens qu'elle ne connaissait pas. Mais là, sa timidité semblait exacerbée à l'extrême. A tel point qu'elle eue du mal à repondre convenablement d'une voix trop chevrottante et erratique pour en déterminer le genre.


Bon... Bonsoir... Et... Et merci... Je... Je me nomme Calixtën... Enchanté de faire ta... Euh! Votre connaissance... Midjalë...

 
Lasha

Le Matal 9 Fambir 1510 à 01h07

 
Lasha patrouillait tranquillement les rues de la Scintillante. Non que cela soit vraiment nécessaire, les rues de la cité étant sûr
mais mieux ne valait ne jamais baisser sa garde et relâcher ses efforts. De plus cela rassurait surement quelques villageois craintifs. Depuis l'épisode avec le Dessosseur, Lasha avait compris que nul part était totalement à l'abri des agissements du Maudit.

Soudain un cris retentit et un bruit de chute amorti se fit entendre pas très loin. Ni une ni deux la Contemplatrice se dirigea vers la source des commotions aussi rapidement que possible. D'un pas léger, elle volait presque au travers de ces ruelles qu'elle connaissait si bien. Un instant plus tard elle se retrouve en train de regarder deux adolescents une demi douzaine de mètres plus loin. Fausse alerte.

Elle allait pour faire demi tour quand elle reconnu l'une d'entre eux. La jeune Calixtën. L'autre, elle s'en aperçoit maintenant n'est pas Témoin. Un symbiosé. "Midjalë" lui souffla son mou. Une symbiosée donc. Une Equilibrienne au vu de ses habits. Situation intéressante.


Lasha décida de rester à l'écart et de voir comment la Servante de la Vision allait réagir. Elle se pencha sur son arme et contempla la scène son mou sur l'épaule droite. Elle avait été mise au courant d'une délégation venant de leur voisin à l'Est donc la présence de cette demoiselle ne l'étonnait pas outre mesure. Ce qui l'étonnait plus, était de trouver Calixtën en compagnie de l'Equilibrienne.

 
Midjalë

Le Matal 9 Fambir 1510 à 02h45

 
Midjalë sembla quelque peu décontenancée par la timidité de la jeune tchaë. Ce qui eût pour effet de la mettre elle-même mal à l'aise.

Heu... Tu n'as pas à me vouvoyer. On a le même âge. Enfin, à peu près.

Elle regarda un peu autour d'elle, l'air de chercher quelque chose à dire, le regard jamais véritablement posé quelque part.

Je... je ne veux pas te déranger. J'imagine que... tu dois rentrer chez toi. Ta ville est très jolie en tout cas.


Elle ne savait vraiment pas quoi lui dire. Elle hésitait à lui demander de marcher un peu avec elle, de lui faire visiter l'endroit. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais cette tchaë lui attirait une certaine sympathie. Peut-être était-ce parce qu'elle se reconnaissait un petit peu dans cette façon d'être. Certes, dans son passé, ce n'avait pas été de la timidité, mais plutôt un refoulement imposé par sa condition sociale. Mais le résultat avait été à peu près le même. Ou bien était-ce seulement le fait d'avoir trouvé une interlocutrice de son âge, ce qui ne lui arrivait pas souvent? Une seule chose était certaine : la tydale ne s'était pas posé ces questions et n'en avait cure.

Je. Nous... enfin, le groupe avec lequel je suis venu allons rester ici quelques jours, peut-être plus. Nous aurons certainement l'occasion de se recroiser. Enfin, j'imagine... À moins que...

Elle ne savait pas trop si elle devait terminer sa phrase. À défaut de savoir, elle la laissa en suspens. Mais ajouta :

Enfin. Je visitais un peu les environs. C'est joli.

Oups, elle l'avait déjà dit ça.

Surtout la vue sur l'océan. Je n'avais encore jamais vu l'océan.

Et son regard se porta sur l'horizon, d'où on entendait le bruit des vagues, étouffé par la distance et où on pouvait deviner les eaux infinies derrière quelques monts enneigés.

Je devrais peut-être continuer.

Mais malgré ces mots, elle ne bougea pas. Était-ce l'espoir d'entendre une objection?

 
Calixtën

Le Matal 9 Fambir 1510 à 10h06

 
Difficile de dire tous ce qui se passaient dans l'esprit de la jeune tchaë mais elle demeura silencieuse alors que son interlocuteur parlait. Ce dernier était donc l'un de ses voyageurs équilibriens venu à Lerth, cela s'entendait dans l'accent musicale qu'avait le tydale quand il parlait le S'ssarknesh et le rendait ainsi attirant et exotique.

D'une petite voix hésitante et craintive, Calixtën, sans regarder Midjalë, suggéra.


Je... Je peux te montrer l'Océan...

Elle finit par repousser sa longue chevelure derrière son dos d'un geste de la main. Elle paraissait reprendre un peu d'aplomb et de fierté. La jeune tchaë découvrit un visage encore nerveux mais non plus paniqué, rougi par la gêne et le froid. Son regard ambre, quand à lui, tenait toujours à échapper à celui de son interlocuteur.

Mais...

Ces yeux venaient de croiser ceux du tydale et pendant un instant, elle avait perdu le fil de ses pensées.

Il...

Elle finit par cligner des paupières et à échapper à l'emprise.

Il va falloir te montrer sage, respectueux et silencieux dans le lieu ou je vais te mener...

Puis, elle hésita à nouveau à terminer complétement sa phrase, ainsi bouguonna t-elle timidement.

Et de faire tous ce que je te dirais de faire...

Elle leva cette fois son regard de manière volontaire pour croiser les deux yeux verts de Midjalë. Elle ne le regardait plus avec timidité mais avec un étrange mélange de sévérité et de crainte.

D'accord ?

 
Midjalë

Le Merakih 10 Fambir 1510 à 06h41

 
L'océan? Cela semblait intéressant. Aux dernières lueurs de Silith, cela promettait d'être un beau spectacle.

Elle allait acquiescer à la proposition quand vint une interjection.

«Mais»

Elle écouta donc la suite, respectueusement, malgré la difficulté apparente qu'avait la tchaë à constituer ses phrases et à ordonner sa pensée.

La proposition prenait une dimension différente. Mais d'autant plus intrigante. Midjalë était encore une enfant à certains égards, et celui-ci en était un. Piquée dans sa curiosité, il lui était bien difficile de refuser. Pourquoi faire tant de mystères? Cependant, une juste méfiance adulte lui recommandait quelques précautions.


Si... si tu me promets que rien de ce que tu me demanderas... visera à te moquer de moi... ou à me nuire.
Si tu me promets, alors c'est d'accord.


Elle eût un léger sourire. Elle avait vraiment envie de découvrir ce que Calixtën avait à lui montrer.

 
Calixtën

Le Merakih 10 Fambir 1510 à 12h49

 
Calixtën répondit au sourire de Midjalë par le sien et resta silencieuse, un air un peu rêveuse, perdue dans la contemplation. Puis elle cligna des yeux comme au sortir d'une rêverie et s'empressa de rassurer son interlocuteur.

Non... Non, je ne veux pas me moquer de toi...

Finit-elle par répondre d'une voix chaude et douce qui sembla l'étonner elle-même. Jamais elle ne s'était entendue utiliser pareille conviction quand elle parlait aux gens. Reprennant alors pied sur Syfaria, elle se détourna vers la ruelle montante et invita le tydale à la suivre. Son visage changea d'expression, elle aussi prenait soudainement l'allure d'une adulte, ne serais-ce que par la fierté qui se lisait en elle alors qu'elle guidait Midjalë. La jeune tchaë demanda alors à ce dernier, avec l'étrange ton qu'utilise une maitresse quand elle veut tester les connaissances d'un élève.

Que sais-tu exactement sur les Témoins du Martyr ?

 
Midjalë

Le Julung 11 Fambir 1510 à 03h44

 
Midjalë suivi Calixtën. Elles marchaient à pas lents, se rapprochant du bruit des vagues. La question qui émana de la tchaë surprit quelque peu l'adolescente. Instinctivement, elle répondit.

Pratiquement, rien. C'est un peu le but de ma présence ici.

Mais elle ajouta, car ce n'était pas totalement vrai.

Mais votre peuple est réputé très calme et tolérant. Et je sais que vous vénérez le S'skarh, ce que les Grises trouvent très étrange. Pour l'Équilibrium, le S'skarkh est une entité qui nuit à l'équilibre et contre laquelle il faut lutter. Évidemment, ce sont là des principes théoriques auxquels je n'ai jamais vraiment adhéré. Enfin...

Elle s'arrêta quelques secondes.

C'est un peu compliqué. Mais nous ne sommes pas là pour ça, non?

Midjalë prenait conscience, au fil de la discussion, qu'elle n'avait jamais vraiment tenu des propos de ce genre ou même n'avait eu un échange similaire avec quelqu'un dans sa vie. Enfant, ce genre de considérations ne l'intéressait pas. Plus tard, elle était devenue très méfiante et refermée. Et, de toutes façons, plus tard, elle était devenue femme. Ce qui ne permettait pas grand chose. Même après sa symbiose, ça n'avait pas tellement changé.

Était-ce le fait de parler à quelqu'un d'externe à sa faction? À quelqu'un de son âge? Était-ce sa vraie nature qui reprenait le dessus? Nul n'aurait pu dire, pas même elle-même, mais elle appréciait bien cet échange, malgré son caractère inhabituel.

Elle reprit le fil de ses pensées et ajouta.


Enfin, si ça t'intéresse, je pourrai t'en parler. Mais j'aimerais en savoir plus sur toi, sur vous.

Elle avait joint un geste de la main à sa dernière phrase, englobant la ville et le paysage.

 
Calixtën

Le Julung 11 Fambir 1510 à 08h19

 
*** ***


Calixtën se calla sur la démarche de son compagnon. Ce n'était pas vraiment naturel de marcher aussi lentement pour elle mais cela ne sembla pas la gêner.

Au contraire, ses traits, qui étaient toujours un peu nerveux, se détendirent alors que la conversation s'installa entre les deux personnes. Peu à peu, elle prenait de l'assurance et s'épanouissait, accompagnant les propos de Midjalë d'acquiescements et de soupirs d'assentiments. Elle devait vraiment apprécier ce moment et cela se ressentait.

A la dernière phrase de Midjalë, elle eut une expression étrange, un sourire un peu triste et un peu forcé mais qui s'évanoui bien vite alors qu'elle éleva la voix, son ton était un peu nerveux, fébrile et sentimental. Un sourire naquit sur ses lèvres diaphanes alors que ses iris ambres tremblaient.


Nous sommes ceux que les étrangers nomment les Témoins du S'sarkh mais nous nous appelons par de multiples noms différents et je nomme personnellement rarement le Martyr par le nom usité dans le reste de Syfaria.

Puis elle parait reprendre le contrôle de ses émotions, son ton se fait plus didactique, son sourire reste et elle parait lutter contre l'alégresse qui s'exprime dans sa voix alors qu'elle présente sans complexe la faction auquelle elle appartient.

Nous faisons partie d'une toute petite partie de la population de Lerth, à peine cent-cinquante personnes dévoués au culte. Les différences de sexes, d'âges et d'origines n'ont pas court chez nous. A partir de l'instant ou l'on devient Témoin, on est rien d'autres aux yeux de nos compagnons de Foi. D'ailleurs, la plupart des témoins sont d'anciens étrangers qui ont recus l'Illumination. Plus rares sont les habitants de Lerth, comme moi, à faire ce choix.

Nous sommes organisés en trois socles distincts qui ont chacun une mission bien particulière à accomplir dans l'harmonie des autres.

Il y a la Transcience qui s'occupe de décrypter les Signes, des sortes de témoignages divins. Ils vivent en sédentaire à Lerth, la plupart du temps. Ce sont ceux qui sont les plus proches de la compréhension du Martyr car ils méditent longuement et apprennent beaucoup. Ils sont donc guidés par un mélange de sagesse et de connaissance transmi de Transcient à Transcient. Ce sont nos guides spirituels que nous allons souvent voir quand nous avons besoin d'un conseil.

Ensuite, il y a les Propages, surement les plus connus dans Syfaria car ce sont eux qui ont la lourde tache d'apporter l'Illumination à ceux prêt à l'entendre. Ils sont peu nombreux et souvent sur les routes. C'est une oeuvre difficile car ils doivent faire souvent face à de nombreux préjugés comme ceux que tu viens d'énoncés et que nous nommons la corruption d'Igana la Belle.

Et enfin, il y a les Contemplateurs, le socle dont je fais partie. Notre but, à nous, est d'observer Syfaria et d'y trouver les Signes, les témoignages et les messages laissées par le S'sarkh pour améliorer notre compréhension de Sa Volonté. Nous sommes donc des voyageurs qui ont tendances à se fixer dans des lieux précis pendant de longs moments avant de repartir. Néanmoins, tout le monde commence par une première contemplation dans un lieu particulier, propre à notre socle.


A cet instant, ils arrivèrent aux détours d'une rue et l'ombre qui surplombait déjà les deux personnes depuis un moment apparue clairement à la lumière rasante de Silinth. Une haute tour, si haute qu'elle dépassait les murs et était visible depuis l'extérieur de ces derniers, cerclées d'un escalier en colimaçon et donnant sur l'Océan.

Calixtën retourna sa fine silhouette complétement face à Midjalë d'un pas de danse vif et harmonieux. Sa robe de magicienne bleuté s'éleva légèrement avant de retomber. Sa longue natte argentée battie le vent et les rayons de l'astre se perdirent dans le reflet de sa chevelure.

Son visage, éclairé de la sorte, encore rougit par le froid, resplandissait d'une grande fierté. Dans son regard pétillant et vivant, on pouvait y voir le reflet d'une foi douce et pure, presque comme une aura. Le silence s'installa, à peine perturbé par le vent marin s'engouffrant dans les rues. Elle regardait le tydale, sans mot dire.


 
Midjalë

Le Julung 11 Fambir 1510 à 15h18

 
Midjalë écouta la jeune fille attentivement et attendit qu'elle se soit tut pour prendre à son tour la parole. Tout au long de leur marche, elle avait hoché la tête et avait alternativement regardé la route et son interlocutrice. Tout ceci était bien intéressant.

Le Martyr, c'est une appellation que vous donnez au S'skarkh?
Igana... d'où vient ce nom? Igana la Belle. C'est un joli nom pour quelque chose qui doit être très embêtant pour vous.
Et trouver les signes, ça ne doit pas être facile, non? Quels genres de signes vous trouvez? Comment êtes-vous capable de les interpréter?


Il apparaissait que la tydale avait rarement fait attention à ce genre de considération plus spirituelle. C'est probablement pourquoi elle avait de nombreuses questions et appréhendait difficilement ce genre de démarche. Mais elle était intéressée.

Elle leva les yeux sur l'imposante structure qui se dressait devant eux. Son regard était curieux.


Est-ce ici que tu as fait ta première contemplation? Du haut de cette tour? Je sens que le choix de cet endroit n'est pas aléatoire et même, est mesuré. C'est du haut de cette tour que l'on verra l'océan? Ça semble être important, pour toi, l'océan, non? Pour moi, c'est quelque chose d'inconnu et de très beau. Mais pour toi, ça semble être plus que ça.

Lorsque Calixtën lui avait dit qu'elle pouvait lui montrer l'océan, Midjalë avait eu l'impression de voir une étoile briller dans ses yeux. Un simple reflet? Certainement pas. Sa compagne l'intriguait. Et comme elle semblait disposer à l'éclairer, elle l'écoutait.

La grande question n'avait pas été répondue. Elle n'avait pas non plus été posée. Mais Midjalë attendait pour la poser. La réponse saurait venir en son temps. Certainement que la suite des choses le permettrait.

Elle regarda Calixtën. Elles étaient face à la tour, s'étant tues un instant. Dans une attente patiente, elle la regardait, sans la presser, pour savoir ce qu'elles faisaient en ce lieu. La tydale avait la nuit devant elle et ne désirait rien bousculer de cette douce ambiance.


 
Calixtën

Le Julung 11 Fambir 1510 à 20h22

 
La jeune tchaë ouvrit de grands yeux pétillants, de plus en plus gros à mesure que Midjalë la bombardait de question. Dans le même temps, elle amena ses mains à ses joues alors qu'un sourire emerveillé se dessinait sur son visage. Enfin, la jeune contemplatrice pouffa d'un petit rire doux. Ce n'était pas de la moquerie. Du moins, c'est ce qu'on ressentait dans son regard. Elle finit par répondre avec un sourire amusé et une voix guillerette.

Tu sembles vraiment très curieux et...

Elle tapota son index sur le bout de son menton alors que sa tête se penchait sur sa main et que ses yeux allaient vers le ciel d'un air pensif.

J'avoue que je ne sais pas trop par ou commencer...

Gloussa-t-elle avant de se taire un instant. Son regard finit par retomber sur Midjalë, elle lui offrit un énième sourire mutin puis lui proposa d'un ton enjoué.

Que dirais-tu de nous hâter vers le sommet de l'observatoire pour que tu puisses admirer l'Océan à la lumière des derniers rayons de Silith puis nous irons discuter dans un coin tranquille des dortoirs. J'essayerais alors de répondre à toutes tes questions, ok ?

 
Midjalë

Le Vayang 12 Fambir 1510 à 06h26

 
Midjalë fût d'abord déconcertée puis amusée par le rire de Calixtën. Bien qu'elle n'en comprit probablement pas tous les tenants, le fait de la voir rire la fit sourire. Puis, elle haussa les épaules, l'air légèrement embarassé.

Je ne suis pas toujours comme ça. Mais puisque tu sembles te faire un plaisir de m'expliquer votre mode de pensée, la moindre des choses est d'y prêter intérêt.

Elle sourit.

C'est d'accord, montons.

Elle attendit que la tchaë ouvre la marche pour la suivre. Après tout, c'est elle qui l'invitait, c'est elle qui connaissait les lieux, cela n'était que de la simple logique.

 
Calixtën

Le Vayang 12 Fambir 1510 à 08h04

 
Calixtën acquiesça mais avant de l'inviter à la suivre, ses traits changèrent. Elle devint plus grave et plus sérieuse.

La comtemplation est une choses difficile. Elle demande un grand calme et une grande sérénnité. C'est pour cela que nous allons devoir rester silencieux à partir de maintenant et en particulier quand nous serons au sommet auprès des autres comtemplateurs. Nous ne devons pas perturber leurs travaux. Alors, chuuut.

Termine t-elle par dire en mettant son index devant ses lèvres fines et diaphanes. La jeune tchaë s'approche alors de la grande porte cochère de l'Observatoire, elle ouvre une partie de cette dernière et y fait rentrer le tydale. Elle referme precautieuneusement derrière lui puis l'invite à parcourir la cour intérieur et circulaire, tournant autour du corps de la tour.

Autour d'eux, ils peuvent voir un péristyle circulaire dissimulant des petits logis silencieux. De certain, on voit chanceler et danser les ombres magnifiées par les flammes des bougies. Dans le silence ambiant, on peut presque entendre les nombreuses plumes grater sur le pachemin.

Une silhouette passe et croise les deux adolescents en les saluant brièvement d'un signe de main avant de disparaître dans une alcôve du péristyle. A l'instant ou ils atteignent l'escalier extérieure de la tour, un homme et une femme en descendent, emmitouflés dans de lourds manteaux et couverts par des fourrures, ils ont l'air exténué. Mais, paradoxalement, leurs regards brillent d'une lueur fièvreuse. Ils saluent tous deux Calixtën et Midjalë. La jeune tchaë leurs demandent leurs fourrures que ces derniers donnent sans un instant d'hésitation les accompagnant de voeux pieux. La comtemplatrice partagea avec le tydale puis ils reprirent leurs ascenscions.

Les deux jeunes gens gravissent alors les marches de l'édifice et à mesure qu'ils tournent autour du centre, ils s'élèvent au dessus des toits des maisons, puis encore plus haut... Le silence se fait de plus en plus pressant. Le vent déjà important au sol, continue à forcir. Il se fait omniprésent, comme un monstre mugissant sans discontinuer. Enfin, après avoir gravit une nouvelle volée de marches, ils parviennent tous deux au sommet de l'Observatoire.

Le spectacle alors s'expose à la vue de tous. Partout autour d'eux on peut voir à des kilomètres. Une partie de l'horizon est encore bouchée par les hautes montagnes couvertes de neiges, toujours aussi impressionnantes. Le paysage urbain qu'offre l'Etincellante est aussi de toute beauté. Mais ce qui choque le plus, c'est la vision vertigineuse de l'infinie grandeur de l'Océan mouvant et vivant qui s'etend devant eux. Le vent vient de là et fouette avec vigueur le visage des personnes présentes. Dans ce spectacle grandiose, rendu à la lumière déclinante de Silith, deux contemplateurs observent l'horizon lointaine, sans un bruit, sans un mouvement, comme des statues.


 
Midjalë

Le Luang 8 Marigar 1510 à 23h41

 
Midjalë semble apprécier la compagnie de la jeune tchaë. Lorsqu'elle lui mentionne le mutisme à observer à l'intérieur du bâtiment, elle hoche la tête.

D'accord, je comprends.

Elle coince ses lèvres entre son pouce et son index avant de faire un petit sourire.

Elle suit Calixtën à l'intérieur. Son regard détaille tout ce qui l'entoure. C'est tellement différent de chez elle!

Au fur et à mesure qu'ils montent les étages, l'air se fait plus frais. Elle comprend donc bien que les contemplateurs soient parés de grosses fourrures pour monter à l'extérieur de la tour et s'emmitoufle avec empressement lorsqu'on lui en remet. Le vent siffle à travers la pièce où elles se trouvent. Mais ce n'est rien à côté de la bourrasque qui les assaille dès qu'ils sortent à l'extérieur.

Mais Midjalë en oublie vite le vent, le froid, Calixtën, la tour, la raison de sa présence. D'un coup, elle s'immobilise en haut de l'escalier qui les ont menées à ce lieu. Le spectacle est saisissant, incroyable.


Ouaaah

L'exclamation lui échappe des lèvres sans qu'elle n'ait pu songer à la contrôler, mais néanmoins étouffée tant elle est bouche-bée. Lorsqu'elle semble prendre conscience à nouveau de son corps, elle avance de quelques pas. Elle avise tous les gens qui demeurent immobiles. Elle se fait la réflexion que cela ne doit pas être très confortable. Avec le froid et le mal de pieds. Elle est impressionnée. Mais elle détourne rapidement son attention de ces gens. C'est la vue, plus que tout autre, qui offre le meilleur spectacle, le plus grand intérêt.
Elle s'avance jusqu'à la périphérie, appuie ses mains gantées sur un muret de pierres et semble ne pas se lasser de boire de ses yeux la magnificence de la nature qui s'offre à elle.


 
Calixtën

Le Matal 9 Marigar 1510 à 02h06

 
*** ***


Calixtën laissait son regard vagabonder d’un contemplateur à l’autre avant de revenir à Midjalë. Elle eut un sourire délicieux mais fugitif quand elle lue la stupéfaction du jeune étranger devant le spectacle auquel il assistait.

Les yeux ambre de la jeune tchaë allèrent enfin à l’horizon et elle parut répondre à un appel. Elle s’approcha alors du rebord de pierre, a coté de l’inconnu puis fixa l’Océan avec un regard pétillant d’une vie soudaine. Ses pommettes, ses joues et son nez rougissaient à la caresse du vent froid alors que ses cheveux argentés flottaient et battaient le vent comme un étendard au sommet d’une tour.

Après un cours instant, elle acquiesça comme après la réception d’un message puis s’approcha tout proche de Midjalë. La jeune contemplatrice tendit alors son cou et amena ses lèvres blanches et fine tout près de l’oreille de l’Equilibrien pour lui souffler quelques mots d’une voix étrangement mélodieuse, douce et caressante telle l’extension du vent qui soufflait alentour.


Ecoute la complainte du Martyr qui s’élève depuis l’étendue marine.

Perçois au loin, à la limite de ta vue, la silhouette grandiose et magnifique de l’Etre qui s’élève avec puissance au dessus des flots déchainés par le vent pour faire entendre ce cri et faire écho aux cœurs perdus, meurtris ou illuminés qui errent sur la terre.

Entends-le avant que dans un fracas terrible, il ne soulève l’écume et retombe dans les profondeurs silencieuses ou sa souffrance ne peut plus être perçue et ou la solitude l’accable.

Ainsi tu comprendras pourquoi tu es ici, dans ce froid et sous ce vent, faisant face à la tempête sans jamais détourner ton attention.


Enfin, elle écarta son visage de celui de Midjalë et la regarda avec un sourire doux et des yeux pétillants tout en repoussant une méche de cheveux rebelles derrière l'une de ses oreilles.

 
Midjalë

Le Luang 15 Marigar 1510 à 22h31

 
Les mots de la jeune fille à son oreille faisait rêver. Elle se laissait planer dans un état semi-conscient, à la limite de son imaginaire et de la réalité, flottant dans une espèce de bulle utopique. Mais tout à la fois, elle savait qu'elle ne comprenait pas le discours que lui tenait la tchaë. Mais elle n'en avait cure. Elle préférait se surprendre à rêver plutôt qu'à se casser la tête à comprendre les implications philosophiques qui pouvaient découler de telles pensées.

Plutôt, la tydale regarda la tchaë et un sourire vint soulever la commissure de ses lèvres. Aucun mot ne semblait approprier à répondre à cet élan passionné. Aussi sourit-elle, sans rien ajouter. Le temps d'un regard. Ou peut-être un peu plus longtemps. Un sourire qui se voulait complice, à moitié caché par ses cheveux qui venaient balayer son visage au gré du souffle du vent.

Puis, elle se retourna vers l'horizon. Face à cette immensité, elle ressentait ce qu'elle était en ce monde. Une si petite chose. Une si insignifiante chose. Rien, pour ainsi dire. Jamais un seul individu ne saurait dompter cette nature sauvage. Et tel n'était pas le but des races de poussières.

Elle se retrouvait tout à la fois à questionner cette nouvelle perception avec sa propre culture. On lui avait toujours enseigné que chacun a une place importante à tenir dans l'Équilibre de ce monde. Et maintenant, elle percevait que cela n'était rien face à ce tout immense et infini. Comment se situer dans cette brume idéologique?

Aucune réponse ne devait venir. Un brin de sagesse infiltrait les pensées de l'adolescente. Certainement que cette réflexion serait celle de toute une vie à laquelle aucune réponse claire ne viendrait teinter sa perception de façon indélébile et permanente. À n'en pas douter.

Voilà ce que l'horizon infini avait instiguer en son esprit. Une graine, une nouvelle pousse, une nouvelle direction, un nouveau sentier... Quelque chose qui ne saurait qu'évoluer, grandir, divaguer, revenir, maturer, croître.

Elle dût rester un moment, là, à fixer cet horizon. Peut-être commença-t-elle à comprendre ce que voulait lui exprimer la contemplatrice?

Lorsque son regard quitta enfin l'horizon, ce dernier s'était teint du bleu profond d'une nuit éclairée de la seule lueur vacillante de milliers d'étoiles. Son corps se rappela à elle en un instant, surtout ses pieds gelés qui lui intimait de retrouver un peu de chaleur. Elle sourit à nouveau à son guide. Sans empressement ni invite, elle attendit seulement que cette dernière l'invite à nouveau vers l'intérieur, où elle pourrait retrouver un peu la sensibilité de ses orteils qui devaient être bien blancs.


 
Calixtën

Le Dhiwara 21 Marigar 1510 à 11h00

 
Quand Midjalë se tourna pour lui offrir ce sourire, la jeune tchaë porta sa main serrée sur son cœur et son regard ambre ne put s’arracher de celui de l’inconnu. Le contact rompu, la poitrine de Calixtën se souleva rapidement pour s’apaiser, comme si elle retrouvait son souffle. Ses yeux se perdirent sur le pavé.

Ces derniers ne devaient se relever que pour croiser à nouveau ceux du tydale. Son corps fut alors parcouru d’un frémissement invisible. Heureusement, son visage était déjà rougit par le froid et pouvait dissimuler l’émotion qui menaçait de l’emporter.

D’un geste hésitant, dissimulant son visage dans ses cheveux, elle tendit ses petits mains vers celle de Midjalë, elle les saisit pour les réunir et les entouré des siennes pour ensuite les porter au niveau de leurs visages.

Calixtën remarqua alors que ses doigts étaient à peine assez longs pour faire le tour des mains du tydale. Elle eut un sourire légèrement peiné puis ses yeux ambre croisèrent ceux de Midjalë. Ses lèvres diaphanes s’animèrent et sa voix s’éleva, légèrement tremblante.


Allons-nous réchauffer.

Elle délia ses mains mais garda une de Midjalë pour l’entrainer vers l’escalier et la mener jusqu’au pied de l’édifice. Dans la descente, le monde semblait s’éteindre, le vent se calmer, l’environnement s’apaiser. La nuit allait tomber.

Quand ils furent dans la cour intérieure, Calixtën conduisit l’inconnu vers un des bâtiments pour y entrer. A l’intérieur se trouvait des Contemplateurs, certains étaient devant l’âtre, s’occupant du feu et de la marmite tout en discutant à voix basses. Contre les murs se trouvaient des pupitres. Certains étaient d’ailleurs occupés. Des lits superposés siégeaient dans l’espace restant de la pièce, des personnes y sommeillaient paisiblement.

La jeune tchaë souffla alors à Midjalë.


Mon lit est celui tout au fond à gauche de la pièce, celui du bas. Emmitoufle-toi des couvertures qui s’y trouvent, je vais chercher de quoi nous restaurer.

Puis, sa main glissa de celle du tydale et elle se dirigea vers l’âtre pour parler à l’homme qui s’occupait de la marmite.

 
Midjalë

Le Julung 25 Marigar 1510 à 18h41

 
Le contact de leurs mains auraient pu les réchauffer, mais toutes deux étaient glacées, aussi n'était-ce le contact que de deux paires de menottes gelées. Midjalë ne comprit pas le geste. Elle mit cela sur le compte des coutumes locales. Peut-être était-elle trop naïve? Peut-être oubliait-elle que pour les yeux extérieurs, elle se faisait passer pour un homme? Peut-être ne connaissait-elle pas assez les élans du coeur pour comprendre l'émoi de la jeune tchaë? Quoiqu'il en soit, elle ne fit rien pour encourager ni freiner les gestes de Calixtën.

À son invitation en entre, elle acquiessa. Oui, un peu de chaleur leur ferait le plus grand bien. Elle se laissa entraîner sans trop réfléchir, voire, sans réfléchir du tout. L'adolescente l'ammena vers une pièce qui semblait être une aire de repos pour les contemplateurs. Elle lui désigna un espace qui correspondait à son lit. Elle fit donc tel qu'il lui avait été indiqué. À l'intérieur des chaudes couvertures, elle s'emmitouffla, laissant s'échapper un frisson qui parcourut l'ensemble de son corps frigorifié par le vent hivernal. Elle appréciait l'hospitalité de la jeune fille, qu'elle trouvait très humaine et compatissante. Elle lui faisait bonne impression sur cette faction. Peut-être serait-ce le début d'une bonne entente? Elle l'espérait bien.

Un moment, elle détailla la pièce, les gens, mais sans être désobligeante. Elle supposait que les gens assis aux bureaux prenaient des notes sur leurs contemplations. Certainement qu'ils ressentaient certaines choses qui méritaient d'être archivées, compilées, conservées soigneusement et étudiées. Puis, l'ensemble de l'endroit minitieusement analysé du regard, son regard se perdit dans les flammes du feu qui rougeoyait au centre de la pièce. Elle ne pouvait s'empêcher d'errer au sein des éclats qui ondulaient au gré du hasard, de la lumière oscillante qui dansait et embrassait les murs d'une douce lueur réconfortante.

L'Équilibrienne avait toujours était confortable dans ces moments de solitude qu'elle appréciait grandement. Certes, ici, elle n'était pas seule, mais la quiétude de ce lieu était suffisante pour que ce soit similaire. Si elle ne comprenait pas les rouages philosophiques qui animaient la jeune Témoin, elle comprenait ce désir d'intériorisation, de réflexion, bien que le sien ne soit certainement pas motivé par les mêmes éléments.

Le regard perdu, obnubilé par la danse lascive du brasier, elle n'avait plus conscience du temps qui s'écoulait. Et c'est certainement en l'extirpant de sa rêverie que Calixtën reviendrait.


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