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Le Dhiwara 8 Agur 1510 à 18h34
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 | *** Jamais au grand jamais Kasaar n'aurait pensé que revoir la Scintillante lui procurerait une telle sensation de bonheur et paix. Mais c'est qu'il n'aurait jamais cru non plus qu'il passerait tant de temps dans un petit village perdu dans les montagnes, entouré par nombre de créatures perverties et par un peuple paranoïaque au possible. Heureusement, tout cela était du passé. Après avoir à moitié écouté un conte de son mou que celui-ci n'avait même pas eu la décence de terminer, il avait tenté une ultime fois le détour du côté sud de Farnya. Cette fois-ci, ce fut la bonne. Nulle autre créature qu'une liane décérébrée inapte au combat n'avait croisé sa route.
Et quel ne fut pas son soulagement lorsqu'il acheta son billet pour la station de Lerth. Relâchant complètement la pression des derniers temps, il s'est même d'abord trompé de station de départ, sûrement parce qu'il commençait à en avoir assez de Farnya. Mais le soulagement fut de courte durée. C'est avec grand peine et difficulté qu'il gravit la passerelle qui menait au navire. Tout son être lui disait de ne pas monter une nouvelle fois dans cette création de malheur, probablement un instrument de torture subtile habilement déguisé. Car si le chemin de l'aller était teinté de la découverte, celui du retour ne fut empli que des râles d'agonie provenant de son propre corps mortifié. Toutes ses anciennes blessures, toutes les attaques psychologiques et physiques qu'il avait pu subir durant son existence étaient comme ranimées par la simple mise en route du navire géant. Et dire que le voyage dura près d'une journée et demi, quasiment sans accalmie pour le pauvre Serviteur de L'esprit.
Une loque. Voilà le terme parfait pour décrire Kasaar à la sortie du transport Némen. Une loque vivante agitée de quelques soubresauts. Il fallut un jour et une nuit pour qu'il se remette d'aplomb et parvienne à prendre le chemin vers sa ville d'origine. Et maintenant, il était transcendé par la joie intense de retrouver Lerth.
Jamais la ville ne lui avait paru si belle, si vivante, si merveilleuse. Il avait envie de courir au hasard des rues et d'embrasser les passants. Seulement, il était encore sous le coup du voyage, et il n'était pas plus beau ni plus attirant qu'avant. ***
S'tik dit : Mon petit Kasaar, tu es absolument ridicule. C'est pas parce que tu as failli mourir mangé par un lézard transparent et par un chien des montagnes que tu peux de comporter en imbécile fini. Je te rappelle que tu es l'être le plus ignoble que la plupart des gens ont rencontré dans leur vie, que tu n'es rien d'autre qu'un péquenot de plus dans une faction remplie de gens malsains et bêtes comme leurs pieds, et que tu n'as d'exceptionnel que ta laideur et ton incapacité monstre à faire quoi que ce soit d'utile. Ah si, tu as aussi d'exceptionnel d'être un symbiosé, mais ce n'est en aucun cas ton fait. Alors tu la fermes, tu fais profil bas, et tu m'écoutes un peu, non d'un perverti. Jusqu'à maintenant, toutes tes actions ne furent que désastre et abominations, et ce principalement parce que tu n'as pas suivi mes conseils. Alors, tout d'abord tu vas t'acheter un équipement digne de ce nom, puis tu vas t'entraîner à la magie, ensuite tu vas t'entraîner encore à la magie, et peut-être qu'un jour tu pourras faire deux ou trois pas en dehors de cette foutue ville.
Ah, et j'oubliais : Surtout, ne prend pas la moindre décision sans m'en avoir parler avant, et sans que je l'ai permise. Alors dès à présent tu vas... Eh, qu'est-ce que t'es en train de faire encore ?!*** Kasaar n'avait rien suivi de la diatribe du mou, et à présent, il tenait en laisse un cheval à l'allure déroutante. Impossible de définir la couleur de son crin, mais par endroit il paraissait presque aussi roux que la chevelure de Kasaar. Les yeux de l'animal étaient perpétuellement clos et sa tête penchait en permanence sur sa droite. Ces détails mis à part, la bête semblait solide, mais pas bien maline. ***
« Je viens juste de l'acheter ! Je me suis dit que j'avais bien envie d'un compagnon utile, pour une fois, alors je suis allé à l'écurie. Seulement, j'ai fait peur à toutes les bêtes présentes, sauf à celle-ci, sûrement parce qu'il est aveugle. C'est un mâle. Il s'appelle Pulsar. »
*** Le mou fulminait. ***
S'tik dit :Nom d'un témoin malin ! Mais tu as entendu ce que je viens de dire ?? C'est l'exemple typique de ton incroyable stupidité. Que comptes-tu faire d'un animal indéfinissable, aveugle et incapable de maintenir sa tête droite ? Cela dit... il est probablement plus intelligent que toi, mais, entre nous, c'est loin d'être difficile.
Oh et puis zut ! J'en ai marre. Je vais faire à l'ancienne, je vais me taire, et te laisser t'empêtrer dans tes imbécilités sans nom en me délectant du spectacle.
*** Sur ce, le mou se tut. *** | |
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