*** Akhavë entra dans l'auberge. Elle paraissait tendue, énervée, mais tentait de paraître aimable.
Elle s'avança vers le tavernier, et commanda la plus forte de ses boissons. ***

*** Puis, voyant qu'il peinait à la comprendre, répéta, un peu plus irritée, en langue tydale. Quoi, son ssarkhnesh n'était pas encore suffisant pour commander? Pfff....
Les messages de Caillou continuaient à arriver, à intervalles régulier. Topia guidait Nivyan vers elles, tandis que la neldame noyait son chagrin dans une chopine emplie d'un liquide vert phosphorescent. Sans prendre le temps de se demander ce qu'elle contenait, elle en but la moitié; elle fut secouée de tremblements, la boisson était vraiment violente! Mais c'était exactement ce qu'il lui fallait en cet instant. Elle continua donc à siroter, plus lentement, l'infâme tord-boyaux.
En attendant Kaelianne, elle prit place sur une table un peu au fond, sans se soucier des regards curieux qui se tournaient vers elle. ***

***
Courir, oui, Nivyan la guidait.
Une auberge.
Elle tremble, devant la porte.
Tant de gens.
Si vulnérable.

Elle inspire et entre.
Elle met un instant à la trouver, seule au fond.
Elle court, renverse une chaise, manque de percuter le serveur et se jette contre Akha.
Son joli petit visage maculé de larmes.
Elle caresse le visage, l’embrasse, une myriade de baisers humides.
Le front, une joue, une pommette, des lèvres, ses cheveux.

A moitié assise sur elle, elle la sert contre elle en sanglotant doucement.
Elle n’a pas de mots à offrir.
Ils sont vides pour décrire le soulagement de l’avoir retrouvée.

Ne m’abandonne pas.
La fragile tydale se réfugie contre la fourrure blanche qu’elle humidifie encore un peu.
Je suis là.
Près de toi.

Elle passe ses doigts dans la fourrure, de sa main droite toujours.
Une caresse douce et pleine.
Ne me laisse plus comme ça.

Akha.

***

*** Le temps que Kaelianne arrvie, Akhavë avait déjà éclusé sa chopine et s'apprêtait à tenter de lever son bras - devenu étrangement lourd - pour en commander un autre. Son geste avorté permit à la tydale de se jeter dans ses bras, se collant tout contre la neldame. Mmmh.... c'était quoi, ce truc mouillé....
Elle cligna des yeux avec difficulté. ***

*** Sa langue elle aussi était plus lourde. Marrant, cet alccol. C'était quoi, au fait? Bah... Peu importait.
Elle enferma la grande blonde dans ses bras, et l'embrassa elle aussi, dans ses cheveux qui sentaient bon le savon. Ma poupée.

Meya en profite. ***

*** Comment une bouche aussi pâteuse parvenait-elle à être mesquine?
Tavernier, à boire.
Le bras se leva malgré tout, fit un vague signe.
Câlin. Elle était malgré tout chaude, cette grande poupée frémissante et larmoyante. Son odeur était différente de celle qu'elle connaissait, avant, plus mature, avec quelque chose de.... de sale. De féminin, atrocement sexué.
Akhavë ferma les yeux. Elle ne voulait plus penser, elle se contentait de caresser distraitement le dos de Kaelianne assise sur ses genoux.
Boire, encore.... ***

***
Un peu étonnée elle la regarde.
L’alcool, elle ignore tout bonnement ce que c’est.
Et encore plus ses effets.

Elle sèche ses larmes, renifle.
Bon, elle ne pleure plus, voilà.
La poupée se laisse faire.
***

***
La demande est innocente.
La poupée sourit.
***

***
Elle frotte son visage contre son cou.
Un jeu lui revient en mémoire.
Et c’est d’adorables rangées de dents qui viennent mordiller son oreille.
Attrapée. Gnac.
Spectacle étrange, inconvenant ?

Akha sent si bon.
Elle est bien contre elle.
***

***
Demande finalement la poupée câline qui a entreprit de lui remonter le morale à coup de baisers et caresses innocentes.
***

*** Hum... Le mordillement de son oreille lui arracha un sourire. Souvenir double de jeux d'enfants et... jeux d'adultes...
Les chatteries de Kaelianne la tirèrent de ses pensées, et la question, aussi. Jalouse? Serait-elle jalouse? ***

*** Sourire tendre, le museau se frotta sur le nez de Kaelianne. ***

*** Elle soupira, et son regard troublé tomba sur la nouvelle chope pleine qui lui faisait face. D'un geste mécanique, elle attrapa le verre, le vida d'un trait. Toussa un peu, s'essuya les babines d'un revers de patte - cognant au passage la joue de la poupée sur ses genoux - , et referma ses paupières. Où était le Rêve, quand on en avait besoin... ***

*** Une chaleur connue commenaçit à se répandre dans son corps, dans son ventre. Un désir étrange, attisé par l'alcool et par sa tristesse, par ce corps aussi voluptueux que le sien qui se frottait à elle aussi. Elle voulait dormir avec la poupée... se faire cajoler, caresser dans le sens du poil, et s'endormir dans se bras en rêvant qu'elles étaient encore toutes petites et qu'elles se cachaient des astrologues et des griffes de Korsyne dans un fourré épais...
C'était le désir qui la maintenait en vie, elle le comprenait soudain avec une lucidité tranchante. Le désir... la seule chose qui lui permettait de se sentir pleinement vivante.
Elle songea à tous ceux qui lui avaient inspiré ce désir... Amon, Kagrenac, Frekk, Vyk... Kaelianne et Tomasin...
Peut-être était-elle destinée à cela uniquement. Peut-être que le seul bien qu'elle faisait tenait dans ces gestes caressants, ces baisers langoureux et ses contacts brûlants. Elle n'avait jamais cédé, elle n'avait jamais trahi celui que son coeur avait élu... Mais en cet instant, elle se demandait pourquoi. Après tout... toujours souffrir après le bonheur, pourquoi? Pourquoi ne pas simplement jouir de l'instant présent, sans penser au reste? ***

*** Sa main se promenait sur le dos de la tydale, remonta dans la nuque, s'égara dans la chevelure. La douceur de ce contact la réveilla de son semi-sommeil, elle souleva ses paupières lourdes et posa son regard vert très clair sur le visage de la jeune fille. ***

*** La voix était celle d'Akha la moush'tin, la petite Akha qui suivait docilement sa grande soeur rebelle, qui admirait tous ceux qui faisaient montre de force de caractère alors qu'elle était si vulnérable, si faible. Petite voix aiguë, tremblante par en-dessous d'une nouvelle déception, mais malgré tout pleine d'espoir.
L'alcool fait régresser... ***

***
Elle glousse quand le museau bien chatouiller son nez.
***

***
Elle la regarde avaler le verre.
Waow, quelle décente.
Elle se demandait si elle-même arriverait à boire aussi vite.
***

***
Elle rit, elle babille comme la petite fille du passé.
Douce, elle veut réconforter.

Elle caresse doucement ses cheveux en la voyant fermer les yeux.
Pauvre Akha, elle souffre.
Répondant spontanément à sa détresse, elle se blottit un peu plus contre elle.
Tu vois je suis là, moi.

Elle soutient le regard vert.
***

***
Un baiser claque à sa joue. Elle sourit, un sourire doux et absolu.
Elle est quand même inquiète, Akha a pas l’air très bien.
***

*** Le babillage de Kaelianne la fit rire. ***

*** Chargée peut-être, m'enfin. ***

*** Elle délirait un peu, les yeux clos, ses doigts s'enroulant sur des mèches blondes, les emmêlant petit à petit.
Tu m'aimes...
Elle se redressa, regarda Kaelianne.
Décision. ***

*** Etrangement, elle se sentait très claire, pas du tout embrumée par l'alcool. Quelle arnaque...
La question était réelle, décisive. Dans les yeux verts, une acuité faisait danser la pupille. Elles avaient toutes les deux besoin de se sentir aimées, d'être indispensables à quelqu'un à qui tout donner sans crainte d'être trahi...
Aurait-elle confiance, cette jolie poupée perdue et retrouvée?
La patte douce se posa sur la joue de la jeune fille. Elle contemplait les yeux bleus, tentant de lui dire tout par ce simple regard. La convaincre. ***

***
Consenti du bout des lèvres, elle est curieuse, Mirwen… elle l’attire on ne sait trop pourquoi.
Elle se sent quand même responsable, quoiqu’on en dise.
Mais si elle fait partie de son passé ? Peut-elle vraiment laisser une femme malade ?
C’est un soupçon de remords inattendu qui vient la hanter alors qu’elle pense de quelle manière elle l’a laissée avec le mâle. Mais cette femme, elle avait l’impression que si elle se noyait dans la tristesse de son regard elle allait sombrer. Je n’ai pas oublié pour rien, c’est trop tôt pour se souvenir avait dit Akha.
Akha prendra soins d’elle.
Elle ne la laissera plus.
***

***
Une hésitation.
***

***
Elle lui adresse un regard, ce regard un peu larmoyant, une lueur éclairant les iris bleus.
Irrésistibles.
Comme quand elles étaient petites et qu’elle mendiait une faveur.
S’il-te plait ! S’il-te plait ! S’il-te plait !
La tête légèrement incliné contre la main.

C’est une bien jolie poupée, n’est-ce pas ?
***

*** Encore!
Finalement, tu es peut-être jalouse....
Akhavë renversa sa tête en arrière et soupira. ***

*** Elle hésita à poursuivre, puis se retint. Elle avait fui la maison pour ne pas avoir cegenre de conversation, justement...
Sa main porta à ses lèvres une nouvelle chopine miraculeusement pleine à nouveau. Même descente. Cette fois, elle était vraiment ivre morte, elle ne se relèverait pas. Parler lui était devenu impossible, pas de façon cohérente en tous cas. Elle demeura inerte, son autre patte retomba sur la table avec un bruit sourd. Elle ne cajolait plus Kaelianne, elle n'était plus que... plus rien. Une carcasse lourde abandonnée.
Abandonnée....

Une larme coula silencieusement sur sa joue. ***

***
Elle chasse la larme, caresse sa joue.
***

***
Après une rapide étude de l’état de la neldame elle conclu qu’elle allait devoir la porter jusqu’à la maison.
Elle descend de ses genoux et tente de la soulever.
Uuuumph.
Pour retomber sur une chaise à côté.
Nom de nom ce qu’elle était lourde !!

Et en plus elle aidait pas.
Elle alla voir si ça allait mieux.
Non vraiment pas.

Elle se résigna donc à appeler Tom à l’aide.
Elle n’avait pas envie de passer la nuit dans ce lieu bruyant.
Maintenant qu’Akha délirait à moitié elle se sentait mal.

Regardant autour avec nervosité, elle fini par s’agenouiller par terre aux pieds d’Akha.
Il va arriver n’est-ce pas, il va arriver.
Elle agrippe la main d’Akha.
Réveille-toi ! Réveille-toi…
Ne meurs pas…
S’il-te-plait.

Les larmes coulent à présent sur son visage.
Un flot bruyant.

Ne meurs pas.
***

*** Bordel de m**** ! C'était sa faute, encore une fois ! Bon... On ne panique pas, au moins il sait où elle est. Il entre dans la taverne, et voit la jeune neldame, endormie sur le comptoir. Pourvu qu'elle ne fasse pas un coma éthylique.

Il avise la grande tydale, puis l'aubergiste. Il sort une petite bourse, et la pose sur le comptoir. ***

*** L'aubergiste acquiesce, et encaisse. Bon, il faut la transporter, maintenant, et une neldame, c'est autrement plus lourd qu'une tydale. Il regarde d'ailleurs celle-ci. Pourvu qu'elle ne fuit pas. ***

***
Très aimable la moue répond à la place de Kaelianne dont les lèvres tremblent et dont le regard larmoyant ricoche d'un endroit à l'autre comme une proie apeurée qui n'a pas d'issue de secours.
La petite boule jaune ne semble pas très affecté sur l'état proche de la crise de sa symbiosée.
Elle a vu tellement pire que ça ne lui fait pas peur.

Pour le nelda ça doit être plus angoissant.
Elle refuse visiblement de lâcher la main d'Akhavë.

Elle se lève toutefois, son corps agité de spasme de temps à autre lorsqu'elle retient un sanglot. ***

***
La petite moue continue de vociférer encouragements et reproches.
Les manières de sa symbiosée...
***

*** Il regarde la neldame... Puis la petite main -tout est relatif- accrochée à la patte de la neldame. Il sourit à la tydale. ***

*** Son sourire reste, bienveillant. Il commence à lui coller à la peau celui-là. ***

*** Blocage. Il regarde la moue. Ses dents se contractent. ***

*** Le second lève le nez. ***

***
La moue regarde un instant Akhavë, ivre morte, l'ironie est grinçante.
Une belle irresponsable, oui.

Concluant visiblement que cette histoire de sort n'a pas d'importance, la petite moue secoue au sens propre comme figuré sa symbiosée pour la faire rejoindre la masure.
Les arguments de Tom ayant trouvé écho cela se fit sans trop de difficulté.
Marchant d'un pas absente, la grande Tydale sort de l'auberge.
Enfin... elle ne supportait pas ce lieu trop agité.

Grâce aux indications de Nivyan, elle retrouve la maison facilement.
Oui car la moue ne cessera jamais de s'en plaindre, sa symbiosée a un sens de l'orientation pathétique.

Une fois arrivée elle entre doucement.
Elle est calmée. L'atmosphère de l'habitation achève de la rassurer.
Elle sèche ses larmes d'un revers de main.
***

*** Akhavë entendit distinctement la conversation, mais la lassitude et l'alcool l'empêchèrent de réagir. Il était si facile de passer pour ivre morte.... et du coup, elle en apprit beaucoup.... Bien plus que si elle avait été éveillée...
Bref, elle se laissa faire. Qu'ils décident à sa place, un peu! Après tout, ils n'étaient pas d'accord avec ses choix, alors qu'ils fassent les leurs.
Elle comprit au passage que la moue de Kaelianne avait une tendance à la schizophrénie et au mensonge.... elle s'était laissée abuser, il faudrait réparer cela.
Bah...
Tiens, ça tournait.... ***

*** Bordel... Il passe un bras sous les épaules de la neldame et l'aide à se relever. ***

*** Il pose une petite bourse sur le comptoir. Il ne pourra pas la transporter jusque la maison. Elle arrive à faire quelques pas. Elle n'est pas comateuse, juste complètement saoul. En tout cas, il en a l'impression. Il l'aide à se diriger vers les escaliers, et les lui fait monter tant bien que mal, avant de se diriger vers la chambre qu'il a occupé pendant plusieurs semaines. Une chance qu'elle soit vide. Il la pose sur le lit, comme une enfant. Il reprend son souffle, et pose une chaise. Décidémment, il aime bien ça, les chaises... Il s'assied lourdement dessus, ferme les yeux, et réfléchit à la situation... ***

*** Qu'est-ce que...?
Ah, ils restaient à l'auberge. Bon, soit.
Et Kae ?
Akhavë tendit l'oreille, mais n'entendit pas la voix de la jeune tydale. Si son corps pouvait réagir, elle aurait frémi à l'idée de Caillou perdue seule dans les rues, s'apprêtant à rejoindre Mirwden, toutes les deux seules dans la maison... Mais elle ne pouvait pas, le cocktail avait fait son effet. Elle était anesthésiée, du corps et de l'esprit. Grâce soit rendue à l'Alcool, ce dieu qui libérait de toutes les douleurs. S"sarkh n'était qu'une bouteille pleine, au fond....!

Elle ouvrit péniblement un oeil, dont l'éclat était terni par les vapeurs éthanoliques, et l'orienta de façon à le poser sur le gros nelda blanc assis à ses côtés. ***

*** Ce fut tout ce qu'elle parvint à articuler. Son regard bien que trouble parlait pour elle, du moins elle l'espérait. Pourquoi il restait là? Pourquoi il n'était pas allé avec Kaelianne à la maison? Et surtout, pourquoi l'avait-il encore trahie?...
Silencieusement, presque discrètement, une larme roula, paresseuse, de ses yeux à son cou. Tiens, elle pleurait... ***

*** Un son sort de sa gorge. Un vague sourire. Ce n'est pas un coma éthylique, c'est sûr. Il aurait du faire expulser le maximum de liquide. Il se lève et s'accroupit près de la couchette, passant une main dans les cheveux d'Akh. ***

*** Il pose sa truffe sur celle de la neldame, dès que la larme apparait. ***

*** Il continue de caresser doucement sa joue. ***

*** Contacts.
Répulsion.
Akhavë frissonna d'un coup, quand Tom posa ses pattes sur elle.
Non, elle ne voulait pas qu'il la touche.
Il l'avait encore trahie!
La colère l'envahit soudainement, chassant la léthargie alcoolique. Elle se dressa sur la couche, les yeux brillants de colère. ***

*** Voilà, c'est dit. La voix est montée dans les aigus au fur et à mesure, et Akhavë laissa retomber ses poings avec rage sur le lit. ***

*** La rage la débordait, elle devait se contrôler. Elle déglutit difficilement et fixa les couvertures. ***

*** Rester calme. Le tout c'est de rester calme. Enterrer bien profondément le Second. Et répondre à sa compagne. Calmement. ***

***
Temps d'attente. ***

*** Il recule et vas se rassoir. ***