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L'Observatoire

Il y a longtemps que j'attends

Mais j'aurais pu attendre encore
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Sujet lancé par Jaelil
Le 23-03-1511 à 18h57
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Posté par Orol'Nar,
Le 08-04-1511 à 04h47
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Jaelil

Le Merakih 23 Marigar 1511 à 18h57

 
***

Il y avait deux sentiments contradictoires qui s'agitaient en elle alors que ses petits pieds avalaient les pavés. L'impatience la piquait, faisait battre son coeur et brûler ses jambes, qui d'ordinaire, ne se pressaient jamais. L'appréhension lui glaçait le dos, retenait ses bras en arrière et son souffle contre ses lèvres mordues en dedans. On l'avait conviée à l'Observatoire.

Ce n'était pas qu'elle ne connaissait pas l'endroit, pas qu'elle ne s'était jamais approchée, mais elle n'en avait jamais franchi les portes. Elle ne s'en sentait pas digne, elle ne se sentait pas prête. Elle attendait quelque chose, non pas un signe, mais un déclic. Quelque chose qui la concernerait elle, presque égoïstement, bien qu'elle s'en veuille de considérer les choses de façon si personnelles. Peut être était-ce une façon de s'y refuser, quelque part. Elle supportait tout juste ce que lui venait du sol ou de sa fenêtre, elle parvenait seulement à maitriser la douleur qu'elle ressentait à voir trop loin, à capter tout, trop, d'un coup. Elle avait simplement peur, aussi. Peur de décevoir, peur de manquer. De mal faire.

Mais la page avait été tournée et l'avait laissée pantelante devant un pilier. Comment, pourquoi, elle qui ne s'était jamais, jamais éloignée de la Scintillante depuis le jour où elle y avait posé les pieds s'était-elle retrouvée à l'extérieur, elle ne s'en souvenait plus. Cette absence la frustrait, mais aucune réponse ne venait, personne ne l'avait vue partir. Ce n'était guère étonnant, étant donné le nombre ténu de personnes qui l'avaient vue exister.

Elle releva le nez une fois arrivée au pied de la tour. Extérieurement, Jaelil semblait aussi calme que la petite sphère jaune qui s'était installée sur son épaule depuis une poignée de jours. Intérieurement, elle était bouleversée autant qu'on puisse l'être. Elle cilla une petite fois, rajusta son voile un peu sèchement -Seule marque de sa nervosité- et poussa la porte.

Elle était si nerveuse à l'idée de porter les yeux sur l'océan qu'elle s'était presque recroquevillée, s'attendant à une chose formidable et terrible, comme l'éclat d'une lumière trop forte, les milliers de voix des vagues, l'ombre du contour du S'Sarkh lui-même. Aussi, la pénombre de la salle la surprit, elle battit des cils plusieurs fois, se postant à côté de la porte avec une raideur comique de petit soldat. On la salua, elle répondit du menton, puis en s'inclinant, osant à peine lever les yeux de ses pieds maculés de poussière. Elle s'avança presque au hasard, selon ce qui lui sembla bien, et fit dos à un mur.

On l'avait conviée par pensée. Mais elle ne savait même pas à quoi devait ressembler son interlocuteur. D'après la description de chuinte, un Nelda, sans doute, elle l'avait même croisé plus tôt en ville. Un Nelda, bien. Elle se mordit l'intérieur de la joue sensiblement plus fort, se forçant à relever la tête et à grimacer un sourire, lequel elle espérait être plus convainquant et amène que sa mine soucieuse, presque hostile, qu'elle affichait d'ordinaire.

***


 
Orol'Nar

Le Julung 24 Marigar 1511 à 16h09

 
Orol avait quitté sa modeste cellule de l'Observatoire. Il y avait fort longtemps qu'il n'était pas resté si longtemps sur place.
Pour une fois, il ne bouillait pas de repartir de sitôt. Il avait beaucoup à digérer.
Il avait des invités en ville,
Il avait des mois d'errance à ressasser,
Des contemplations à soumettre aux transcients,
Des blessures à soigner,
Une carrière à remettre en question,
Alouette...

En ce début de soirée, un vent marin balayait les fenêtres de l'Observatoire. Orol'Nar en était à ses prières lorsqu'un esprit toucha le sien.
Une tydale, nouvellement symbiosée, demandait un entretien.
Le contemplateur poussa un long soupir et prit rendez-vous.
Pourquoi toujours des tydales ? Et pourquoi toujours de femelles ?
Le Destin s'acharnait à lui rappeler ses échecs passés.
Peut-être y avait-il là un Signe. Cela serait au Socle de la Transcience de décider.
Le nelda termina ses prières et descendit vers la hall.

C'est donc un nelda au sombre pelage vêtu d'une simple tunique couleur olive que Jaelil vit descendre l'escalier. Court et voûté pour un représentant de sa race, le contemplateur possédait cependant une carrure qui compensait aisément son manque à gagner en hauteur. De nombreuses irrégularités marquaient son pelage de jais, dissimulant sans doute de nombreuses cicatrices. Le regard perçant de l'individu se posa sur la tydale.

Une tchaë. Il avait devant lui une tchaë, et non une tydale. Il pesta intérieurement d'avoir conclu le pire.
Soupire de soulagement.
Peut-être le cercle pouvait-il après tout être brisé.

Vous êtes Jaelil.

Non pas une question, mais une affirmation lancée sur le ton le plus neutre qui soit.


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Julung 24 Marigar 1511 à 18h57

 
***
Clac, fit l'ongle de son pouce entre ses dents, ponctuant l'affirmation du Nelda venu prononcer son nom. Elle mordillait la pulpe de son doigt ensuite, suçota à demi, une seconde, avant de relâcher sa main et de la porter en son dos, entrainant le voile qui couvrait ses traits. Elle détestait se découvrir, mais être impolie l'insupportait encore davantage.
***


C'est mon nom, au moins. Monsieur.

***
Elle se décolla du mur pour saluer, légèrement, les mains dans la cambrure du dos, un pied en pointe derrière l'autre. Cérémonieux, pour le moins. Les impressions qui se dégageaient de son interlocuteur étaient confuses, et elle se sentait proche de la suffocation. L'Observatoire y était pour la moitié de sa crainte, elle ne cessait de se morigéner, d'appeler au contrôle. Il fallait qu'elle se ferme, comme à chaque fois face à quelque chose de trop concentré et trop neuf, avant de commencer à se rouvrir, de force, petit à petit, en aspirant goutte à goutte ce qui viendrait pour s'y accoutumer.

Extérieurement, elle ne montra qu'un visage neutre et une immobilité un peu trop longue, suite à son salut. Raide, à la fois droite et le menton dans les épaules. Elle se souvint de sourire, elle le fit, brièvement. Ce Nelda lui semblait, à la voix, mais surtout à ce qu'il dégageait, aux impressions qui émanaient de lui, à ce qu'elle s'était figurée de la voix qui avait répondu dans son esprit au travers de Chuinte. Elle jeta un regard à la petite boule jaune, qui lui souffla un agrément télépathique. Se grattant la tempe pour chasser l'impression de contact trop intime que ça lui laissait encore, elle souffla, d'un ton un peu léger et artificiel.
***


Vous seriez Orol'Nar, Monsieur. Vous le seriez, si je ne me trompe pas. Je suis honorée. Honorée et attentive. Je.

***
Cicatrices, batailles; noirceur, nuit; force, opposition. Elle s'interrompit alors qu'elle le décrivait du regard, très vite, plusieurs fois, bas, haut, haut, bas, épaule, détail de la main, pieds, maintien, yeux, retour à l'épaule, mâchoire, pli nerveux du cou. Il y avait encore un peu trop de choses à la fois pour son esprit avide, aussi ferma-t-elle les yeux, gardant presque comiquement sa main à sa tempe, le doigt semblant la pointer.
***


Vous salue. Donc. Et je vous. Écoute, oui, je vous écoute. Ainsi que je vous présente mes excuses. Je parle trop. Je suis anxieuse, probablement. Du moins, j'imagine que ce serait normal d'être anxieuse. J'ai des milliers de questions. Vous en avez sans doute encore cent à m'apporter. Je, je, ah, je me tais.

***
Elle se mordit la langue, sèchement, une fois. Elle lui sourit avec plus de chaleur ensuite, sans parvenir à le regarder de nouveau.
***


 
Orol'Nar

Le Dhiwara 27 Marigar 1511 à 19h57

 
Je suis en effet Orol'Nar. Vous ne vous trompez point.

Le ton est détaché. Ni froid, ni chaud. Simplement détaché.

Bienvenue à l'Observatoire. Si vous voulez bien me suivre, vous pourrez me confier ce que vous attendez de moi.

Sans plus de cérémonie, le contemplateur se tourne vers le grand escalier qui fait face à la porte d'entrée du hall, laissant le temps à la tchaë de se placer à ses côtés pour discuter tout en marchant. Vers quelle destination ? Il n'en pipe mot.

Ainsi la Voie de la Contemplation vous intéresse ? Prenez vos aises. Il n'y a pas de test. Pas d'échec.
Juste des semblables qui ont déjà marché dans vos pas et qui vous offriront conseils.
Trouver sa propre voie est un procédé... complexe.


Une pause. Le nelda laisse le temps à ses mots d'imprégner Jaelil.
Il se veut rassurant mais est conscient que sa présence n'a que très peu souvent cet effet.

Dîtes-moi honnêtement. Votre regard porte-t-il autant vers l'intérieur qu'au-delà ?


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Luang 28 Marigar 1511 à 09h15

 
*** Ce fut avec un temps de retard qu'elle lui emboita le pas, les mains serrées l'une contre l'autre, la tranche contre son ventre. Elle ne regardait rien, les yeux fixés sur le vide entre ses pieds et ceux du Nelda. Le ton qu'il avait employé était le bon. Ni trop teinté, ni pas assez, c'était reposant. Presque. Disons, ça ne la perturbait pas davantage. Elle reprit, de cette façon un peu brusque, comme un barrage se lâche, même s'il ne laissait passer qu'un filet de voix. ***


Ce que j'attends, ce que j'attends, c'est d'être guidée... Enseignée. D'apprendre. D'avoir une barrière aussi. C'est une histoire de vent, vous comprenez ? Si je suis lâchée sans barrière, je vais être poussée là où il ne faut pas.

*** Le sujet sembla la gêner, soudain. Elle se mordit la lèvre et força sa voix à être plus lente, plus mesurée. ***


Ce n'est pas exact de dire qu'elle m'intéresse... C'est, ah, plutôt que... Je ne sais pas dire. C'est comme un besoin, un besoin d'âme, que je réalise même lorsque je voudrais contenir... C'est, c'est quelque chose que je fais depuis toujours. Même si je ne savais pas. Même si je ne comprenais rien. Je... Je ne fais pas que regarder, je... Je ressens. C'est pour ça que... C'est pour ça que je répugne à quitter la ville. Vous comprenez ? Avant que je la rencontre, je... C'était douloureux. Lerth a pansé mes plaies et m'a permise de... Me trouver au milieu du monde.

*** Elle s'enferma dans un silence brusque, perdant toute expressivité à son visage alors que ses mains se crispaient sur le tissu. Il lui fallut une minute, presque, pour souffler de nouveau, sur un ton qui soulignait à qui savait le lire que la phrase lui était pénible. ***


Honnêtement, je ne saurais donner de mesure. Je... Je ne sais pas répondre. A cette... Question.

 
Orol'Nar

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 03h13

 
Être sensible est une chose. Savoir déceler l'essentiel en est une autre.
Il n'est pas de notre office de trier les signes.
Mais si un regard peut se poser sur tout un horizon, l'esprit ne peut contempler que l'ensemble ou un détail.
Jamais les deux à la fois.

...

N'est-ce pas ?


La question reste en suspens alors que l'escalier débouche sur un couloir et que le nelda pousse une porte derrière laquelle se trouve... un autre escalier. Celui-ci en collimaçon. Les marches elles-même semblent usées et en levant le regard, rien n'est moins sûr que l'éventuelle fin de cette diabolique spirale de pierre grise.

Savez-vous trier ?
Savez-vous choisir où faire porter vos sens ?


Orol'Nar empoigne une des lanternes accrochées au bas de l'escalier et enjoint la tchaë à le suivre.

Vous avez exprimé votre vision de ce que pouvait être la contemplation pour vous. Êtes-vous venue ici pour entendre la mienne ? Ou cherchez-vous simplement quelqu'un qui vous intégrera au Socle ?


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Merakih 30 Marigar 1511 à 08h38

 
***
« N'est-ce pas ? »

La question ne reçut aucune réponse. Elle pinça les lèvres, baissa les yeux. Elle ne savait pas, et peut être pouvait-on deviner qu'elle se sentait, vaguement, accusée par la remarque.

Elle gardait encore les yeux bas, refusant de les relever, se doutant de là où il l'amenait -Une torture sensorielle devant laquelle elle s'avançait avec abnégation, tout autant que crainte.

Après une marche, puis deux, elle bredouilla quelque chose, toussa, se força à lancer à intelligible voix. ***


Oui, j'ai exprimé, et, non, comme je l'ai... Dit. Je crois. Je ne sais pas. Je... J'ai l'habitude, enfin, la coutume, de me laisser engloutir et... Et d'attendre le ressac pour... Voir ce qu'il reste... aux berges de mon esprit. Je ne sais pas si je suis claire, Monsieur. Pardonnez-moi, Monsieur.

*** Elle souffla, entre deux marches, avant de reprendre, sa petite main l'entrainant à avancer encore en s'appuyant au mur. ***


Je ne viens pas me servir, je... Viens apprendre, pour espérer servir. Je veux... Simplement être utile et... C'est la voie qui m'a semblé... Correspondre le mieux. C'était peut être de l'orgueil, je... C'était sans doute de l'orgueil. Je, je demande à ce qu'un être qui sait, qui a appris, me permette de m'aider à savoir faire... A pouvoir faire. Le S'sarkh nous guide, tous, sans distinction, mais... Je ne sais encore vraiment entendre, je ne sais rien trier. Je... Vois beaucoup, je crois, mais je suis certaine d'être aveuglée.

*** Un soupir encore, l'effort, sans doute. ***


 
Orol'Nar

Le Julung 31 Marigar 1511 à 16h00

 
Le nelda acqiuesce d'un dodelinement de la tête suite aux dernières paroles de Jaelil. Il la sentait fébrile, vulnétable. Elle appréhendait la destination qu'il avait choisit pour leur entretien. Il avait visé juste.

Il la sent toute aussi humble et résignée. Une idée inhabituelle fait son chemin du sein du sombre nelda. Elle a besoin d'encouragement pour traverser l'épreuve à venir. Une idée saugrenue pour un contemplateur qui s'est jusqu'alors définit dans l'adversité, la sueur et le sang. Mais la tchaë n'est pas la seule à se trouver à une croisée des Destins.

Votre attitude est la bonne. Admettre nos failles c'est débuter à y remédier. Le reste n'est qu'apprentissages. Le reste n'est que temps.

L'assension était longue. Leurs pas faisait crisser la poussière sur la pierre à une cadence rythmée, voire militaire.

Il faut parfois se noyer pour apprendre à respirer à nouveau. Se perdre pour se retrouver. Frôler la mort pour vivre. Souffrir pour aimer.

Vous ressentez. Fort bien.
Vous serez alors confrontée à un choix pour Servir.


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Julung 31 Marigar 1511 à 16h22

 
*** Des marches, des marches, d'autres à la suite. Elle n'en finissaient pas, et le souffle de la Tchaë, lui se faisait de plus en plus court alors que le chemin se dévoilait long. Elle s'arrêta avec une excuse murmurée, une ombre à peine articulée, juste de quoi contrôler un peu mieux sa respiration, masser un côté douloureux. Puis elle reprit. Elle était rompue aux tâches ingrates, non pas difficiles, mais plutôt celles, ennuyeuses, qu'on confiait volontiers à une demoiselle comme elle: Ces personnes qui ne savaient pas démontrer d'un talent particulier.

Elle continuait avec la force de la volonté et des jambes qui ne voulaient que cesser. Pauvre petit corps frêle. Elle reprit, d'un ton encore plus hoqueté et fluet. ***


Je me... Confronterai à ce qu'il... Vous semblera bon de... Me montrer ou... Ce en quoi... il est nécessaire de... M'éprouver. Vous êtes... Reconnu des Témoins, vous... Avez toute ma confiance et... Je sais être... Patiente. Je sais au moins... Faire ça...

*** Elle déglutit, releva les yeux pour oser guetter un rai de lumière, une fin à l'ascension interminable. Pauvre, pauvre corps, il lui faisait honte. Il faudrait qu'elle s'entraine. Elle avait dû être bien paresseuse pour être aussi flasque, du moins, à ses yeux. ***


 
Orol'Nar

Le Julung 31 Marigar 1511 à 16h58

 
La dernière minute de l'assenssion se passa dans le silence relatif re la respiration sifflante de Jaelil. Le contemplateur, lui, ne semblait éprouver aucune difficulté à avaler les marches. Ils débouchèrent donc au sommet de la tour dans une petite pèce ronde où de multiples capes lourdes et cirées étaient accrochées aux murs. Deux portes menaient vers la terrasse extérieur. Un simple coup d'oeil suffisait pour remarquer que les différentes capes pouvaient autant accomoder le plus costaid des neldas que la plus frêle des tchaës.

Orol s'arrêta au millieu de la pièce et déposa la lanterne sur une petite table de bois. Les petites fenêtres de la pièce étaient suffisantes pour éclairer sobrement l'endroit. Le nleda se plaça ensuite devant une fenêtre puis porta son regard vers le lointain.

Lorsque vous serz prête, je vous suivrai.


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Julung 31 Marigar 1511 à 18h17

 
*** Juste un instant pour ne plus voir les petits points noirs papillonner devant ses yeux. Juste un instant...

Elle battit des cils pour bien réaliser où elle se trouvait, quand bien même c'était une évidence. Elle embrassa le lieu d'un regard qui aurait pu paraître vif, voire superficiel, il était en réalité prudent. Elle hocha la tête aux dires du Nelda, vaguement, sans trop d'appui. Et ferma les yeux.

Elle écoutait, d'abord, le vent sifflant au dehors, qui répondait à son souffle brûlant et encore indocile. Le murmure ténu du ressac.

Elle respirait les embruns plus vifs, plus froids, portés par ce courant imposant. Celui plus discret du cuir et de l'huile.

Elle joignit les mains sous son menton, laissant passer la première vague d'appréhension et de sensations,s ans rien en retenir, en laissant tout filer à travers elle. Elle se dit que si elle ne faisait pas ce pas maintenant, elle ne le ferait jamais, aussi, quand elle rouvrit les yeux, elle se dirigea vers la porte face à elle avec une certaine brusquerie. Elle la poussa en même temps qu'elle ouvrit les yeux, prenant une inspiration brève mais forte.

Elle tressaillit la seconde d'après, sous le choc de la vue, qui confina très vite à une douleur aussi étincelante que la cité. Un petit glapissement misérable lui échappa, avant de rester coincé dans sa gorge. Elle sembla chercher de la main quelque chose à quoi se retenir, oscilla. Elle bredouilla quelque chose d'inaudible, serrant les mains l'une contre l'autre, devant ses lèvres et ses yeux écarquillés, légèrement plus humides. ***


 
Orol'Nar

Le Matal 5 Astawir 1511 à 04h56

 
Derrière elle la silhouette du sombre nelda se glissa sans un bruit.
Ses imposantes mains posèrent une cape cirée sur les épaules de Jaelil.

Les grandes paluches du contemplateur restèrent posées sur les épaules de la tchae, présence étrangement appaisante malgré le peu de familiarité qui existait entre eux. Il semblait simplement sûr de sa présente démarche. Il était un roc solide auquel on pouvait s'accrocher. Elle était balotée dans un maëlstrom de sensations.

Elle devait se jeter à l'eau pour apprendre à nager. De loin, la démarche peut sembler cruel. Mais le plus cruel serait de lui reffuser l'apprentissage dont elle est elle-même la clé.

Imprégnez-vous. Ne filtrez pas. Laissez votre nature vous guider vers l'Essence.
Vous êtes ici pour une raison.
Vous avez souhaité l'être pour une raison.
Ce qui doit être sera.
La douleur n'est rien.
Qu'une épreuve à surmonter.




Seule la Foi donne un sens à l'acte.

 
Jaelil

Le Julung 7 Astawir 1511 à 18h18

 
*** Elle se recroquevilla, aussitôt l'avait-il touchée. Elle n'aimait pas les contacts -Pour ne pas dire qu'elle les réprouvait- mais il était un élément étranger à la vision trop forte, trop prenante et trop neuve. Il était sensiblement plus neutre. Elle accrocha sa main droite à celle du Nelda, quand bien même elle ne se souvenait plus s'il était Nelda, Tydale ou seulement existant. Ses mains, grandes, douces et atones étaient là et l'empêchaient de sombrer. ***


Le vent est piquant et humide... Les vagues se suivent en morceaux de cercle brisés. On dirait des drapés de dentelle... Ca murmure. Le vent et l'eau. Ensemble. Ils ont plusieurs voix... Oh des milliers à la fois qui... Qui... Je n'arrive pas à tout entendre, je n'y arrive pas, je n'y...

*** Ses mains, l'une toujours à celle de l'être derrière elle, et l'autre à son ventre, se crispèrent sous l'effort et la frustration. Un sanglot la secoua, elle serra d'autant plus. Elle semblait refuser de quitter la tourmente -Cette mer pourtant paisible à l'instant- pour la facilité des yeux clos, de la tête qui se tourne. ***


On dirait des choeurs forcés à hurler pour être entendus de nous...

 
Orol'Nar

Le Vayang 8 Astawir 1511 à 04h47

 
Un choeur n'est rien d'autre qu'une multitude de voix s'exprimant d'une seule.
Que disent les choeurs ?


La voix du contemplateur tonnait pour surmonter le sifflement du vent, le fracas des vagues se brisant au pied des murs de la ville, les cris des goélans. Que disaient les éléments ? Orol'Nar en ce moment n'aurait pu le dire lui-même. Mais il presssentait que la fragile créatire qui vascillait devant lui pourrait fournir une réponse.

Une piste.
Peut-être même un signe.

Un commencement, il en était certain.
L'ébauche d'une démarche qui s'affinerait avec le temps.
Avec la douleur et le travail.

Sang et sueur, monnaies de toute dévotion.


Seule la Foi donne un sens à l'acte.

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