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"Au S'sarkh Miséricordieux"

Histoire de l'Hérésie Pawlas

sur les traces de l'Explorateur Radjim
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Sujet lancé par Takamaka
Le 24-03-1511 à 23h04
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Posté par Takamaka,
Le 29-12-1511 à 23h54
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Takamaka

Le Julung 24 Marigar 1511 à 23h04

 
*** L’auberge "Au S'sarkh Miséricordieux" était modeste et sobrement meublée, loin du luxe auquel la riche araméthéenne était habituée mais bien plus confortable que les déplorables cellules de l'Orphelinat.

Vêtue d'un uniforme strict qui lui couvrait entièrement le corps, arborant les insignes de son allégeance au Suaire, l'Exploratrice traversa le hall et se dirigea vers la réception. ***


Aysh’him, J'attends un visiteur, dès son arrivée, demandez lui de me rejoindre dans ma chambre. Et montez ses bagages dans la chambre contiguë à la mienne. Ziray
dit-elle à aubergiste sur un petit ton autoritaire.

*** Puis sans un regard pour les poussiéreux se trouvant dans la salle de l'auberge, la Suariste regagna sa chambre à l’étage. ***


*** Elle jeta dans un coin de la pièce les achats qu'elle venait de faire et tout en déboutonnant le col de sa tunique elle se dirigea vers une petite desserte où une théière remplie de thé attendait dans son panier ouatiné. Après s'être désaltérée, la Gardienne alla s’asseoir sur le rebord de la fenêtre, les jambes repliés sous son menton, sa flamboyante chevelure en bataille. ***


*** La vue sur Son Océan était magnifique, le soleil déclinait sur les toits de la Cité et la brise marine apportait une odeur d'iode. Elle feuilletait un petit calepin en cuir noir d'un air absent et mélancolique, emmurée dans le conflit intérieur qui la troublait. ***


*** Après un long moment, elle détourna les yeux de l'Océan, son regard tomba sur quelques lignes écrites à l'encre rouge... La Gardienne sentie sa gorge se serrer en pesant à la solitude et à la souffrance son prédécesseur et malgré la tiédeur qui régnait dans la pièce, elle ne pu réprimer un léger frisson. ***

***
A Arameth, l'équipe des projets spéciaux du Suaire avait réussit à traduire le Livre de Junot et l'envoyé spécial du Grand Chambellan Dutriam n'allait pas tarder à arriver à Lerth. ***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Matal 29 Marigar 1511 à 22h21

 
***


La nuit commençait à tomber. L'envoyé du Grand Chambellan du Suaire se faisait attendre. Il faudrait bientôt allumer quelques bougies avant que toute la pièce ne soit entièrement plongée dans la pénombre. La chambre de Takamaka n'était pas plus isolée qu'une autre, ni différente, ni plus spacieuse, ni plus froide. Il n'y avait que l'obscurité grandissante qui entraînait les murs dans l'abîme.

Les minutes passant, Takamaka éprouva un indicible malaise.

Elle avait la vague impression que les jointures des lambris auraient dû être grises.

Pourtant,

ce soir,

elles étaient finement dorées.
***


 
Takamaka

Le Sukra 2 Astawir 1511 à 01h35

 
*** Dans la pièce silencieuse, on n'entendait que le faible crépitement d'un bâton de santal qui se consumait dans un délicat brûle parfum en porcelaine sur le bureau. La fumée qui s'élevait en volutes bleutées diffusait dans la chambre son envoûtante fragrance. ***


*** Maintenant, la chambre était ensanglantée par les derniers rayons du soleil couchant. L’exploratrice confortablement installée dans un fauteuil, relisait son rapport de mission. Elle avait un peu de mal à se concentrer tandis que l'attente de l'envoyé perdurait. ***


*** Tout en mordillant son crayon, elle ne pu s'empêcher de se remémorer les mystérieux événements qui s'étaient produits dans la bibliothèque de Jypska lorsqu’elle avait découvert le Livre « De la création à la magie”.

Au moins, le livre sur l'Histoire de l'Hérésie Pawlas qu'elle attendait, n'était qu'une simple copie. Rien de fâcheux ne devrait m'arriver pensa-telle. ***


*** Pourtant, une étrange sensation s'empara d'elle. C'était comme si des choses rodaient à la limite de sa conscience sans qu'elle puisse parvenir à les saisir.

Elle s'efforça de dissiper ce malaise mais son trouble persista aussi décida-t-elle devait être plus fatiguée qu’elle ne le croyait. ***


*** Elle se leva brusquement, demeura immobile, contemplant le plancher, le plafond en tapotant sa lèvre inférieure avec son crayon. ***


*** Du coin de l’œil, elle vit la flamme de la chandelle vaciller, s’amenuiser de plus en plus et s’éteindre, accentuant ainsi son trouble. ***


*** Dans l'obscurité envahissante qui engloutissait toute la pièce, son regard se posa alors sur les murs de la chambre, le revêtement semblait différent. C'était comme si un éclat doré, mystérieux s'infiltrait à travers les jointures des lambris. ***


*** Intriguée, légèrement inquiète, attirée par ces dorures qui venaient d'apparaitre, elle s'approcha lentement d'un pan de murs. Posa ses mains à plat dessus, de part et d'autre d'un lambris et exerça une légère poussée, tandis que son regard scrutait avec attention les jointures couleur d'or. ***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Luang 4 Astawir 1511 à 23h07

 
***



Rien de particulier ne se produisit lorsque l'exploratrice s'appuya contre le mur.

Le malaise qu'elle éprouvait ne faiblissait pas.

A y regarder de plus près les dorures présentaient une certaine usure qui attestaient leur ancienneté. C'était comme si un artisan les avait peintes plusieurs dizaines d'années auparavant.

La chambre d'hôtel ne comptait qu'une pièce vétuste aux teintes dégradées par le temps. La seule fenêtre était à l'opposé de la porte, on y avait laissé un fauteuil confortable où l'on pouvait profiter de la vue. Le lit avait été placé perpendiculairement au mur droit, aux côtés d'une armoire de qualité qui encombrait le coin.

Une table bancale munie de deux tiroirs aux poignées de fer était plaquée contre le mur gauche. Plusieurs bougeoirs y entretenaient leur pâle lueur.

La palette torturée des derniers éclats de Silith jaillissait dans la pièce.

A l'instar des souffrants de l'orphelinat dont on n'entendait plus que très faiblement les plaintes, il serait bientôt l'heure de s'endormir, à moins de lutter contre une bonne nuit de sommeil. Dormir sous les dorures n'était peut-être pas si terrible à bien y songer.

Takamaka ne pouvait pas affirmer avec certitude qu'elles n'étaient pas là lors de son arrivée à l'auberge.

Par contre, le fait que le tableau accroché au dessus de la table, représentant originellement la marche paisible de deux poussiéreux dans de verdoyantes collines,

en représentait trois ce soir,

était beaucoup plus inquiétant...

***


 
Takamaka

Le Sukra 9 Astawir 1511 à 00h16

 
*** Rien ne s'était passé mais son malaise loin de s'estomper ne faisait qu'empirer.

Elle ressentait toujours un frisson derrière la nuque, sans raison précise.. Pourquoi ?
Et, elle paraissait de plus en plus mal à l'aise. Étrange, non ?

Cela avait commencé lorsque ces dorures avaient soudainement attiré son attention, elle les examina de nouveau, nota leur patine ancienne, probablement des vestiges ; d'un faste du passé, plus reluisant de l'auberge.

Étaient-elles là auparavant ? Elle n'en était pas certaine mais elle ne discernait rien de vraiment d'anormal aussi elle estima que c'était sans grande importance. ***


*** L'obscurité me brouille les idées se dit-elle, tout en rallumant les bougies. Elle s'immobilisa sur place, puis pivota et regarda de nouveau toute la pièce. On ne distinguait qu'une mince raie de lumineuse formée sous la porte par la lampe du couloir.

Elle avait besoin de se ressaisir, peut-être en remettant ses connaissances, sur les Pawlas et les Rêvants, en perspective, songea l'exploratrice. Concentrons nous sur eux !!! ***


*** Elle poussa un long soupir en regardant ses notes éparpillées sur la table. ***


*** Elle se cala contre le dossier de son fauteuil, les pieds sur la table branlante.

Le problème était que ….

On verra ça pour plus tard !!! ***


*** Pour l'heure, il y avait son thé, son gâteau à la cannelle et au miel. De quoi vous remonter le moral !!

Elle mordit dans son gâteau, bu une gorgée de thé, reposa sa tasse, s'essuya délicatement les mains, se saisit de ses notes, les feuilleta en basculant son fauteuil en arrière. ***


*** Alors qu'elle s'attaquait aux notes sur « La machine qui joue », deux pages se détachèrent du carnet pour choir sur ses genoux avant d'aller se répandre sur le parquet. Elle se pencha pour les récupérer, manquant dans l'opération de renverser sa tasse et les replaça, avant de s'apercevoir qu'elle les avait remise à l'envers. ***


*** Impec, songea -t-elle, on peut compléter ma liste de défaillances personnelles par une incapacité phénoménale à maîtriser les plis. ***


Letchi dit :
Et à plier les cartes, Tak !!!


Mais...
***
Il lui fallut encore une bonne minute pour se dépêtrer de ses notes. Elle allait se replonger dans son rapport quand son regard accrocha le tableau, elle reposa ses notes, contempla la toile au dessus de la table représentant une scène pastorale, arqua ses sourcils parfaitement dessinés. Étonnant !!! ***


*** La flamme vacillante des bougies mettaient d'étranges reflets au paysage, une transformation semblait s'être opérée dans l'image, elle venait de remarquer la présence d'un troisième personnage. Ce détail semblait lui avoir échappé, elle l'étudia un moment. ***


J'ai du prendre ce troisième personnage pour un arbre, enfin …., elle haussa le épaules, se balança sur son fauteuil et se mit à siroter son thé.

*** Au bout d'un moment, la fatigue commença à la submerger. Mais elle n'était pas sure de vouloir dormir. Elle n'était pas du tout nerveuse à l'idée de passer la nuit dans cette chambre. Non, c'était juste une vague … une vague quoi ? Elle rejeta cette idée sans s'y arrêter d'avantage ***


*** La tydale finit de déboutonner sa veste d'uniforme, s'en dégagea et la jeta sur la chaise. Dessous elle portait un chandail écru.

Elle s’installa confortablement sur le lit et malgré son inquiétude, il ne lui fallut que quelques minutes pour s'assoupir. ***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Sukra 9 Astawir 1511 à 01h28

 
Lerth, début de la nuit.
***
.

...

...

...

...

..

...Le tiroir s'ouvre.

...

...

...

...Le tiroir se ferme.

...

...

.
***

Lerth, matin.

*** La nuit se déroula sans encombres. Takamaka fut réveillée par les premières lueurs de Maelia qui filtrèrent au travers des rideaux. Elle renoua avec le fracas familier du ressac sur les côtes de la presqu'île.

Les inquiétudes de la veille s'était évanouies dans la nuit. L'exploratrice était aujourd'hui sûre et certaine que les dorures étaient là depuis longtemps, tout comme le troisième poussiéreux du tableau.

Il y avait juste cette impression étrange que quelque chose d'imprécis s'était produit au beau milieu de la nuit. La pièce ne semblait pas avoir bougé depuis l'instant où Takamaka s'était endormie.

On frappa deux coups à la porte. Une employée tydale venait apporter une collation à la cliente. Du thé fumant, une miche de pain frais et un fruit étaient posés sur la desserte.

Toujours pas de nouvelles de l'envoyé du Suaire. Dans la journée peut-être... ***


 
Takamaka

Le Matal 12 Astawir 1511 à 00h18

 
*** Takamaka dormait tranquillement, le visage caché dans son bras replié, un sourire aérien aux lèvres.

Un chaud rayon de soleil, léger comme une caresse vint la réveiller tout doucement.

La nuit avait été paisible, agréablement bercée par le ressac de l'Océan et les dernières images d'un doux rêve s’évanouirent quand elle ouvrit les yeux. ***


*** L'exploratrice resta un petit moment à contempler le plafond peint en gris se demandant si elle n'avait pas entendu des couinements pendant la nuit. ***


Doit y avoir une souris présuma-t-elle en se penchant pour regarder sous le lit mais elle ne vit que quelques grains de poussière.
***
Rejetant les chaudes couvertures, elle se leva, frissonnante dans le froid de la chambre, fila en toute hâte aux bains collectifs. Elle fut douchée et habillée à une vitesse hallucinante. ***


Ils pouvaient pas avoir une suite fulmina-t-elle. On pouvait compter sur les Témoins pour vous priver d'une vie agréable. Sans oublier leur don à vous bousiller la matinée avec leurs douches collectives. rajouta l'araméthéenne in petto.

*** De retour dans sa chambre, elle s'assit à sa table de travail et la servante de l'auberge posa devant elle un plateau.

Elle observa d'un petit air chagrin la miche de pain, préférant grignoter un morceau de gâteau à la place.

L'exploratrice se saisit du thé fumant, se contentant de le faire tourner dans sa tasse. Finalement, elle le porta à ses lèvres et but.

Elle avait le sentiment d'avoir le cerveau brouillé et les idées fumeuses. J'ai besoin de m’éclaircir les idées estima-t-elle en se resservant une tasse de thé. ***


*** Elle se remémora les événements de la soirée précédente, tout semblait normal maintenant à lumière du jour mais un autre souvenir se déroula dans son esprit comme un serpent qui s'étire. C'était plutôt vague et déplaisant et avait quelque chose à voir avec cette affreuse chambre. ***


*** Et l'envoyé qui n'était toujours pas arrivé, ne faisait que rajouter à l'inquiétude qui la saisissait de nouveau. ***


*** Tout en réfléchissant, elle jouait machinalement avec les tiroirs de la table, les ouvrant et les fermant sans raison son précise. ***

***
Et puis, il y avait ce … bruit bizarre ... ***


*** Elle hocha la tête, ouvrit les tiroirs en grand et inspecta leurs contenus. ***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Matal 12 Astawir 1511 à 01h00

 
*** L'exploratrice examina le contenu des tiroirs.

Le tiroir de gauche renfermait une bouteille d'encre, une éponge brique qu'il fallait à tout prix porter à ses narines pour en dérober le parfum indescriptible, mélange harmonieux d'encre et de bois séchés. Il y avait aussi deux plumes rouges dont le fuselage n'avait pas résisté à une attente de plusieurs années. Une règle en acier venait compléter l'ensemble.

Un oeil de chat minéral dévala la pente de l'autre tiroir lorsque Takamaka l'ouvrit. Elle y découvrit une demi-douzaine de bougies prêtes à l'emploi. On y avait également laissé du savon, du cirage et un bout de tissu jaune, ainsi qu'un ancien carnet contenant quelques mots gribouillés aux côtés de dessins d'enfants.

Le meuble était tout à fait normal à priori. ***


 
Takamaka

Le Merakih 13 Astawir 1511 à 20h48

 
*** L'exploratrice resta pensive un instant, les yeux fixés sur le intérieur du tiroir. Il ne contenait
que l'habituel nécessaire d'écriture.

Délaissant la petite bouteille d'encre et la règle d'acier, elle en sortit les plumes rouges et l'éponge qu'elle déposa sur la table s'enivrant au passage des délicates fragrances de cette dernière.

Elle passa sa main dans sa flamboyante chevelure tout en observant sa trouvaille et s'en leur accorder plus d'attention, elle inspecta le second tiroir.

Ce qu'elle découvrit lui fit hocher la tête avec étonnement, elle sortit le tiroir et alla en répendre le contenu sur la table branlante. Elle aperçut un petit objet rond et elle s'en saisit avec dextérité. D'un geste négligeant elle repoussa le cirage et le morceau de tissus.

Étrangement les dessins d’enfants attirèrent son attention, Takamaka avait du mal à imaginer la présence d'enfants à Lerth et dans cette chambre, tout en se mettant à les trier, elle les détailla soigneusement.

La suariste réfléchit quelques minutes, tout en faisant rouler dans le creux de sa main l’œil de chat dont l’orient chat-oyant lançait des somptueux reflets d'un bleu irisé. Elle se saisit du carnet et se mit à le feuilleter, essayant de déchiffrer les quelques mots griffonnés sur les pages du calepin,

L'araméthéenne se reversa sur sa chaise, observant de nouveau les dessins d'enfants avec découragement, tentant de les interpréter avec une perplexité grandissante. ***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Julung 14 Astawir 1511 à 01h35

 
*** L'exploratrice feuilleta au calme toutes les pages du carnet. ***


***
Première page,
un enfant tydale joue avec un animal dans l'herbe.

Seconde page,
un soleil souriant, tenant une sorte de lance dans la main, à moins que ce ne soit un éclair.

Troisième et quatrième page,
une vague informe, deux cercles bleus avec un point en leur centre. Il est écrit "Maman" et "Papa".

Cinquième et sixième page,
un enfant tydale tenant une sorte de lance dans la main, identique à celle des pages précédentes, et deux doubles cercles bleus avec un point en leur centre. Il est écrit "Elle".

Septième page,





Huitième page,
un enfant au milieu de dix bougies fumantes, entouré par un cercle noir.

Neuvième page,
la même figure que sur la septième page, encore moins détaillée, comme une tâche d'encre.

Dixième et onzième page,
Une vingtaine de cercles noirs imbriqués les uns dans les autres. Il est écrit "Elle".

Douzième page,
Vide, comme toutes celles qui suivent...

...sauf...

Dernière page,
"Oht"

***


*** Bientôt Minath s'élancerait dans le ciel, marquant l'avancement d'un journée qui raccourcissait à vue d'oeil. Les quatre bougies consumées la veille évoquaient déjà la tristesse de revoir la nuit. Rien de particulier ne se produisit durant la sage lecture de Takamaka. ***


 
Takamaka

Le Luang 18 Astawir 1511 à 23h59

 
*** Dans le silence de la chambre le temps semblait s'être figé, découragée, l'exploratrice allait ranger le carnet dans le tiroir quand elle se ravisa. Le désir de comprendre le message laissé par l'enfant la poussa à persévérer.

Elle se mit à parcourir de nouveau le carnet. Takamaka avait beaucoup de mal à saisir tout ce que l'enfant tentait de dire.

Elle regardait parfois un dessin plusieurs fois, recherchant un détail qu'elle aurait négligé,essayant d'appréhender son sens, revenait en arrière, avec un sentiment de perplexité grandissante. ***


*** Au fur et à mesure qu'elle « lisait » l'histoire de l'enfant, la Tydale prenait des notes : ***


Dans le premier dessin, le petit conteur s'amuse avec un animal, la scène est paisible dans son décor pastoral.

L'astre de lumière, symbole vie, projette des éclairs ou une lance ( à moins que ce ne soit le mot ' « lance »... des rayons ??) sur le couple de Tydales, probablement une allégorie de l'Amour et de la passion.

De cette Union naît une enfant « Elle" ?

L’arrivée de « Elle » semble combler de joie et de bonheur le couple. Elle est protégée par « Papa » et « Maman ».

Des premiers dessins se dégage un sentiment d'harmonie et de bonheur.

Dans les dessins suivants, les couleurs changent, s’assombrissent et la lumière fait place à l’obscurité. Des cercles noirs apparaissent.

Une rupture, un lien c'est brisé. Le deux cercles bleus ont disparus « Elle » est seule  …


*** Elle se redressa et porta son regard sur la chambre avec tristesse, elle avait le pressentiment irraisonné qu'un événement funeste s'était produit et que cela c'était produit dans cette chambre....

Puis se remit à la tâche, maintenant l'interprétation était plus délicate, plus hasardeuse. ***


Un enfant au milieu de dix bougies fumantes, entouré par un cercle noir.  Un cercle magique ? Une cellule ?

*** Un détail la frappa soudain, elle ouvrit le premier tiroir et compta les bougies, avec celles des chandeliers cela faisait dix. ***


Pourquoi dix, qu'est ce que cela signifie ?

Toujours ces cercles noirs, mais en plus flous, comme si ils disparaissaient.

Et ces tous ces cercles ? Des enfants ??

Oht : un acronyme ?


*** Elle revint vers le premier dessin, le détaillant à nouveau. Elle avait passé tellement de temps à décrypter les dessins, que l'enfant qui racontait son histoire lui semblait désormais familier. ***


Qui es tu ???? se demanda-telle en posant la question d'une voix à peine inaudible tout en songeant avec appréhension à ce qu'il avait pu arriver.

Involontairement Tak leva les yeux vers le tableau et le décrocha pour mieux l'examiner, peut-être un détail lui avait échappé ?

*** L'exploratrice essayait de rassembler les pièces du puzzle, mais obtenait qu'une image difforme, une espèce de s'sahrk bancal et mal couturé. Elle secoua la tête avec une expression perplexe.

Et tout en réfléchissant sur ce qu'elle venait de découvrir, elle se demandait où elle pouvait trouver cette ou ces enfants ? A l'Orphelinat au cours de leur visite, ils n'en avaient pas vu. Et la perspective d'y retourner ne la réjouissait guère. Peut-être existait-il un autre Orphelinat ?

Le silence qui régnait dans la chambre lui parut brusquement insupportable et elle se prépara à descendre dans le hall de hôtellerie pour se renseigner auprès l'aubergiste et essayer de glaner des informations.
***



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Matal 19 Astawir 1511 à 14h25

 
*** Plus elle parcourait les dessins et plus elle était certaine que les quatre premières pages avaient été dessinées longtemps auparavant. C'est à partir de la cinquième page que la fraicheur du trait laissait penser que les dessins étaient beaucoup plus récents que le carnet lui-même.

Quant à l'inscription de fin, "Oht", elle ne put dire en quelle langue cela pouvait avoir été écrit, tandis qu'elle reconnut sans problème de l'écriture tydale sur le reste du carnet.

L'exploratrice frissonna en constatant que le nombre de bougies, avec les six restantes, correspondait bien à ce qui avait été dessiné. Elles n'avaient pas la même forme ni la même couleur. Il aurait pu y en avoir douze ou neuf dans la pièce, ce n'était probablement qu'une coïncidence...

Trop de signes, trop de signes, sans aucune signification, n'était-elle pas encore sujette à un indicible malaise qui l'induisait en erreur ?

Quoi qu'il en fût, Takamaka examina plus en détail le tableau qui l'avait troublée la veille, mais ne trouva rien de particulier. Il était accroché par un vulgaire clou fiché net dans le mur depuis probablement plusieurs années. C'était une oeuvre chaleureuse au demeurant, où les marcheurs se laissaient guider par le courant d'un fleuve émeraude, où les brins d'herbe ondulaient librement...

Alors qu'elle s'apprêtait à descendre dans le hall pour y trouver le patron Goddfrey, elle croisa dans le couloir de l'étage une des belles tydales qui travaillait ici. Elle trainait un stock de draps propres qu'elle se chargeait de déposer dans toutes les chambres. ***


Bonjour Madame.

*** Dit-elle par politesse, avant de revenir à ses draps. ***


*** Elle avait des yeux magnifiques. ***


 
Takamaka

Le Merakih 20 Astawir 1511 à 20h55

 
***
Plus elle essayait de découvrir la signification des dessins et plus elle était troublée, elle ne savait plus trop quoi penser.

Tak prit l’œil de chat, le contempla pensivement en le soupesant dans sa paume, ses reflets magnifiques bleutés avaient un effet apaisants, puis la glissa dans poche.

Tout en brossant sa flamboyante chevelure pour discipliner quelques mèches rebelles, elle réfléchit à la façon dont allait aborder le sujet avec le patron de l’auberge, elle ne pouvait pas lui dire tout de go « Il se passe des trucs bizarres dans ma chambre !!! » Et pour une raison indéterminée, elle n’avait pas envie de lui parler du carnet de dessins.

Elle contempla en silence la chambre, il n’y avait aucune raison pour qu’elle se sente abattue. Elle devait se ressaisir avant rencontrer de l’aubergiste et trouver quelque chose de crédible pour le questionner de façon détournée sur ce qui la tracassait

Elle resta encore un moment à méditer, sortit de son sac un petit coffret délicatement ouvragé. Après avoir examiné le contenu, elle prit un admirable collier, en arracha la pierre qui rejoignit dans sa poche l’œil de chat ainsi que le carnet de dessins.

Puis elle se dirigea vers le bureau. D’un geste décidé, Tak choisit un morceau de papier vierge dans la pile amoncelée sur la petite table branlante et y griffonna quelque chose dessus. Après l’avoir froissé puis défroissé elle le glissa dans sa poche.
Elle se saisit de sa tasse de thé et en renversa le contenu sur le parquet, jeta dans la mare de thé le chiffon jaune et reposa sa tasse sur la table.

La mise en scène était parfaite et si ça ne marchait pas, elle devrait improviser pensa-t-elle en quittant sa chambre.
***


*** L’exploratrice descendait les escaliers lorsqu’elle croisa une tydale, elle s’arrêta et se tournant vers la servante elle lui dit de sa voix claire et mélodieuse en esquissant un sourire avenant. ***


Bonjour, vous tombez à point nommé. J’allais justement descendre voir votre employeur, mais puisque vous êtes là, vous allez pouvoir m’aider.

Un petit incident est arrivé dans ma chambre …


*** Elle laissa pendant un bref instant s’instaurer le silence et reprit aussitôt. ***


J’ai renversé par inadvertance du thé dans ma chambre...

En voulant l’éponger, j’ai trouvé ceci coincé derrière le pied la table
lui expliqua-t-elle en lui montrant une pierre turquoise d’un bleu profond.

Elle était enveloppée d’un petit bout de papier reprit-elle en tendant le morceau de papier froissé à la Tydale sur lequel elle y avait écrit « Oht » et entouré d’un cercle noir.

Voyez-vous, j’aimerai bien connaitre son légitime propriétaire afin de le lui restituer. Mais je ne comprends pas ce qu’il y a écrit. Peut être vous a-t-on signalé la disparation de cet objet ? Savez-vous à qui il appartient ? Et que signifient ses trois lettres Oht entourées du cercle noir ?


*** Takamaka ne quitta pas Tydale des yeux, observant avec attention sa réaction. ***


*** Lorsqu'elle la Tydale eu répondue à ses questions, l'exploratrice enchaina en s’empressant d’ajouter. ***


En passant dans le hall hier soir, j’ai saisi quelques brides d’une conversation entre deux clients, je n’ai pas tout compris, je ne parle pas très bien le Ssarknesh mais il m’a semblé qu’ils parlaient d’un événement tragique qui s’est produit dans une des chambres de l’auberge, cela concernait un couple de Tydales et leur enfant, je crois. Simple curiosité de ma part. Étiez-vous présente au moment où cela s’est produit ? Que s’est-il passé ? lui demanda-t-elle d’un ton légèrement désinvolte comme si cela n’avait pas trop d’importance.

*** L’exploratrice s’adossa au mur, croisa les bras et continua de l’observer en attendant sa réponse. ***




L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Julung 21 Astawir 1511 à 00h59

 
*** La belle un peu hébétée prit son courage à deux mains pour répondre à la cliente sur un air embarrassé, le sourire par politesse, la main se caressant fébrilement la nuque.

Ah ? Euh... Ah bon ? Je ne me souviens pas qu'il y ait quoi que ce soit de tragique que se soit passé ici en fait... je suis désolée Madame. Mais mais... en fait... On dit vraiment ça dans les couloirs ? Ah la la... Il faudra que j'en parle à Goddfrey...

Manifestement elle était peinée de voir qu'on pouvait dire ça de l'établissement où elle travaillait.

Je ne sais pas ce que ça veut dire, généralement les clients ne laissent pas traîner d'objets dans nos chambres. Et si on trouve un objet oublié, on le garde au comptoir.

Elle ne cessait de regarder la large tâche de thé qui imbibait le sol, avec une pointe nervosité mais toujours le sourire poli.

Oh euh... et si vous permettez maintenant je vais nettoyer cette vilaine tâche avant que le sol ne s'abîme. Excusez-moi, pardon, s'il vous plaît...

Elle s'engouffra avec le nécessaire pour s'affairer à cette... tâche. Tout en épongeant, elle continua de parler distraitement.

C'est quand même bizarre parce que je me souviens avoir fait votre chambre il n'y a pas longtemps, mais je n'avais rien trouvé de tel. Il y a bien que cette pierre qui me rappelle une des billes de ma soeurette mais après, ce papier avec "Oht" écrit dessus c'est tellement bizarre...

Elle continuait avec un sourire adorable, un peu ailleurs.

Un jour je trouverai peut-être un trésor !

Visiblement la jeune poussiéreuse avait d'autres soucis en tête.

... mmm votre parfum Madame, ça change de d'habitude, ça sent tout le temps la pierre ici. C'est bien la première fois que je sens un parfum aussi doux dans cette pièce.

Réalisant l'insolence dont elle risquait de faire preuve, la jeune femme se mit la main devant la bouche avant d'ajouter quoi que ce soit.

... pardonnez-moi, Madame. Je suis si bavarde...

Elle avait fini de nettoyer. Il faudrait attendre que le sol sèche un peu mais la jeune tydale avait bien travaillé. Elle s'étira un peu et jeta un oeil attentif à la pièce. Elle souriait. Puis elle ne sourit plus lorsqu'elle se figea devant la fenêtre.

Tiens c'est drôle, je croyais qu'il y avait six carreaux...

murmura-t-elle. ***


 
Takamaka

Le Merakih 27 Astawir 1511 à 01h29

 
*** Flûte un os !!! Le sourire de l'exploratrice céda aussitôt à une fugitive expression embarrassée. ***


Je... ne dois pas avoir bien compris, ils parlaient certainement d'une autre auberge, ça n'a pas grande importance. S'empressa-t-elle de dire, devenant délicieusement évasive, faisant mine d'écarter d'un revers de la main cette idée.

*** Takamaka ne quitta pas des yeux la femme de chambre, son expression ne refléta qu'un étonnement innocent, le contraire eu été fort étonnant.

Un sourire aux lèvres, elle se dit que la jeune servante n'avait pas sa langue dans sa poche.

Sa petite mise en scène avait fait l'effet escompté lui épargnant de longues explications et la suspicion que ses questions pouvaient amener.

Elle en avait déjà appris un peu plus, ainsi l’œil de chat appartenait à sa sœur.

Il faillait pousser « l'interrogatoire » plus loin, tout en douceur, sans qu'elle ne s’en doute !!! Aussi, elle reprit aussitôt sur le ton engageant de la conversation. ***


Je l'ignorais, j'irai l'apporter au comptoir. Dit-elle d'un ton détaché en faisant disparaître la turquoise dans sa poche.

Mais, êtes vous vraiment sure que cette « bille » n'appartient pas à votre sœur ?
Travaille-t-elle aussi dans l'auberge  et lui arrive-t-il de venir dans cette dans cette chambre ?


*** Elle attendit quelques instants avant de reprendre. ***


Un trésor... reprit-elle, je doute que ces trois lettres nous conduisent à trésor mais nous pourrions nous renseigner pour savoir ce que cela signifie, avez vous une idée ?

Au fait comment vous appelez vous ?


*** Un sourire bienveillant éclairait son son admirable visage pendant qu'elle se saisissait négligemment de son coffret à bijoux pour le ranger. ***


Ce doit être l'encens que j'ai fait brûler qui masque cette odeur de pierre . Pourtant, je n'ai rien remarqué et cette chambre est bois, constata-t-elle

Oh, vous ne m'importunez pas, lui fit-elle remarquer gentiment en lui lançant un regard indulgent.
***
Bizarrement, l'attitude de l'employée la rassura, rien dans la pièce ne semblait anormal.
Takamaka décida d'attribuer ses inquiétudes à l'attente prolongée de l'envoyé, elle poussa un soupir de soulagement.
Peut-être mon imagination me joue-t-elle des tours. ***


*** Elle allait reprendre la « conversation » mais avant avant que la Suariste n'ai pu dire un mot, cette dernière fit une remarque inquiétante sur les carreaux.

Takamaka sursauta, laissant choir le coffret qu'elle tenait à la main dont les délicats et élégants bijoux se rependirent sur le parquet. Elle dévisagea la servante puis son regard se posa sur la fenêtre dont les vitres laissaient filtrer les blancs reflets de la neige. ***


*** Difficile de dire si elle avait fait tomber le coffret volontairement ou non ... ***
.

Mais …

Six carreaux, que voulez vous dire, expliquez vous plus clairement. Insista-t-elle d'un ton stupéfait


L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Vayang 29 Astawir 1511 à 00h56

 
*** L'employée porta ses deux mains jointes devant ses lèvres, la stupeur l'emportant sur la douceur dans son regard océan. Elle restait interdite devant la fenêtre de la chambre, qui avait précisément quatre carreaux.

La voix hésitante :

...excusez-moi... vous allez me trouver stupide... je ne sais pas... j'avais toujours cru que cette fenêtre avait six carreaux.

Elle effleura le mur d'un geste fébrile.

Je fait cette chambre chaque jour.

Elle commença à vérifier soucieusement la présence de certains objets dans la pièce. Elle ralluma une des bougies dans la foulée afin d'éclairer un peu. Un doux parfum s'insinua lentement dans la chambre, un parfum d'écorce de fruit amer.

Il n'y avait plus beaucoup d'informations à tirer de cette jeune femme candide.

L'exploratrice se souvint brièvement des réponses qu'elles avait obtenues avant que la chambre ne se remette à devenir inquiétante. L'employée s'appelait Lama. Sa petite soeur Lupie n'était pas en âge de travailler mais venait souvent jouer à l'auberge. Lama était presque sûre que l'oeil de chat appartenait à Lupie. Quant aux lettres "Oht", elles ne l'inspiraient pas du tout, impossible qu'elle en sache plus que...

Oups...

Takamaka fut tirée de ses pensées par un individu qu'elle aperçut dans un coin de la fenêtre. Il déambulait dans les rues sans se distinguer particulièrement des autres passants.



Un individu plutôt triste.

Un inconnu de plus qui souffrait dans la masse.

Avant qu'elle y songeât plus en détail, Lama murmura un peu à sa droite :
Ce parfum...

La flamme réchauffait le coeur des deux poussiéreuses. A la fenêtre, l'inconnu de toute à l'heure avait déjà été remplacé par d'autres inconnus.

Pourtant,
Maintenant,
Takamaka n'était plus certaine de n'avoir jamais croisé l'inconnu de tout à l'heure quelque part. Peut-être était-ce hier, peut-être était-ce il y a bien longtemps.
Oui,
Plus les minutes passaient,
plus la cire de la bougie s'écoulait,
et plus Takamaka avait de souvenirs de ce tchaë.
Elle l'avait rencontré dans une guitoune nemen,
ou un bâtiment du genre,
le hall d'un manoir y ressemblerait aussi.
Il prenait un billet jaune,
ou vert.
Il allait quelque part,
assis sur une chaise,
il souriait,
malgré le fait qu'il soit triste,
finalement heureux d'une certaine manière,





probablement heureux, oui...

***


 
Takamaka

Le Vayang 16 Dasawar 1511 à 00h39

 
***
L’exploratrice tressaillit et involontairement tourna les yeux vers la fenêtre dont les vitres laissaient filtrer des blancs reflets de neige.

Dans le chandelier vacillaient les dernières bougies que Lana venait d’allumer, une apaisante odeur fruitée se répandait dans la pièce.

Quatre carreaux ?
murmura-t-elle en regardant avec fascination l’ensemble de la pièce.

La chambre était différente pourtant elle était pareille. Enfin pas vraiment … c’était juste un vague… un vague quoi
?
***


***
Elle se dirigea vers la fenêtre et demeura immobile à observer pensivement la foule qui déambulait dans les rue de la Scintillante sans vraiment la voir. Songeuse, Tak se posait une question aussitôt suivie d’une autre. Pourquoi ?
***


Son regard accrocha celui d’un passant, il semblait affligé, elle arqua ses sourcils parfaitement dessinés et plissa les lèvres. Humm .. je ..

*** Une odeur singulière envahissait, enveloppant la pièce. ***


Ce parfum ? Demanda-t-elle à Lana d’une voix rêveuse Je crois que je le connais.

*** La Suariste avait le vif sentiment que l’inconnu n’était pas un inconnu mais …, des visages, des lieux refaisant surfaces et tourbillonnaient dans sa mémoire sans qu’elle puisse se souvenir vraiment, c’était troublant. Elle n’arrivait pas à mettre un non sur le visage du souriant du Tchaë qui s’éloignait. ***


Il paraissait …Heureux ...Elle était heureuse ...

Je m’ennuie de votre regard posé sur moi, du charme de votre voix, de votre douce chaleur, de toutes ces manifestations de vous devenues synonymes de bonheur. Mais l’espoir de vous revoir rend notre séparation plus douce à mon cœur.
Lui murmura-t-elle en se détournant de la fenêtre tandis qu’un sourire aérien illuminait son doux visage.

Ce parfum disiez-vous ? répéta-t-elle en regardant Lana de ses doux yeux où se lisait un certain trouble.

Êtes vous sure que cette bille n’est pas à votre petite sœur ? S’enquit-elle puis elle enchaina tandis que de nouveaux, elle se sentait envahit par cette étrange sensation, ce malaise indicible, se demandant si son imagination ne lui jouait pas des tours.

Nous pourrions aller lui monter, peut-être la reconnaitra-t-elle ?
D’une voix qui voulait ferme pour se rassurer.

Le temps qui engloutissait tout avait perdu sa signification dans la chambre tandis que les dernières bougies se consumaient.



L'Exploratrice.

 
Narrateur

Le Merakih 21 Dasawar 1511 à 23h21

 
*** Combien de temps,
au juste,
s'écoula dans cette pièce des cauchemars ?

Quels délires mentaux,
finalement,
aggravèrent le cas des deux beautés tydales ?

Takamaka fut prise d'un lourd sommeil.
Elle s'étendit sans résister sur le lit,
terrassée par un songe éveillé dont elle ne mesurait pas l'ampleur catastrophique. ***


*** Une nuit plus tard. ***


*** Au réveil,
c'était une énième tydale qui veillait l'exploratrice.
Elle se contenta de lui parler d'une voix douce...



Aysh',
exploratrice.
Comment vous sentez-vous ?


Mal.

Takamaka avait l'esprit en coton,
les sens pour la plupart inactifs.

Cette désagréable sensation se dissipa lentement,
pendant presque une demi-heure,
sous le sourire narquois de l'intruse.

Elle répondait au nom de Morrigane.
C'était Dutriam Lethra lui-même qui l'avait envoyée à Lerth,
pour une mission... un peu spéciale.

L'envoyée détailla les consignes du Grand Chambellan du Suaire, en gros,
soumettre Takamaka à un véritable,
et très dangereux,
artéfact pawla.

Une rareté inestimable,
juste pour préparer son exploratrice...
à pire !



J'ai fait brûler des bougies-cauchemar dans votre chambre,
d'authentiques reliques conservées par le Suaire depuis plusieurs centaines de cycles.
Elles contiennent de la liqueur d'Oht,
un liquide aux propriétés psychotropes inimaginables.
Oht était un des principes pawlas,
anti-principes des Quatre.
C'est un artéfact récupéré par le Suaire il y a très longtemps,
originellement issu d'une des premières caches pawlas...

... Car il y en a eu plusieurs,
toutes découvertes et détruites depuis,
sauf... la dernière... celle dont Rajdim El Zouarda a retrouvé la trace...
et dont,
manifestement,
il n'est jamais revenu.
La cache de Sil-Argentine,
déesse pawla du Cauchemar.

Mais je vous laisse lire les hérésies de Junod.
Le peu qui a été traduit n'est rien,
je puis vous parler de la traduction nemen originale,
si vous avez des passages à éclaircir.


Alors,
Morrigane tendit un maigre livret à l'exploratrice.
Il contenait une brève traduction en rabaän des Hérésies de Junod.


***


Citation :


Les « hérésies » de Junod.
Desawar 1132, Korsyne.


Tel est, lecteur, le drame des pawlas.

Le séjour dans la ville de Korsyne tourna court. La Congrégation s’en prit violemment à une secte que j’appris bientôt à étudier en détails. Fallait-il s’en aller ou immortaliser la détresse qui étreignait les maudits pawlas, ceux qui ne veulent pas rêver, ceux qui ne veulent pas se plier au rêve, ceux qui défient l’Ordre ?

Les preuves de leur égarement sans nom furent jetées à même le sable. Le siège des expériences délirantes de la secte fut découvert et mis à sac, ses membres furent enfermés dans le même lieu que les fous. Le chroniqueur que je suis donne le droit aux accusés de se défendre face à l’histoire en marche.

[Non traduit …]

Les autorités ne savaient que faire des patients T, U et V. Ils n’avaient ni famille ni connaissances proches, les chefs pawlas feignaient d’ignorer leur existence. Ils avaient été retrouvés enchaînés dans une pièce de la cache pawla découverte quelques jours plus tôt.

[Incompréhensible …]

… sans équivalent. Telles étaient les terrifiantes lésions causées par les épines auxquels les sujets avaient été exposés. Je tenais au creux de ma main une des fameuses épines de Sil-Argentine, qui n’était qu’un vulgaire morceau de ferraille modelé avec grossièreté. Ce n’est que bien plus tard que l’un des acolytes interrogés expliqua sa fonction rituelle et, par-dessus tout, son activation présumée inductrice d’une activité spirituelle.

Lorsque la Congrégation confia le patient T à mes soins, il souffrait d’une totale dé-inhibition de stimuli comportementaux. L’étude menée de son vivant est un défi lancé aux thèses simplement matérialistes, comme aux prés-supposés religieux. Voir ce poussiéreux impassible déblatérer un flot continu de paroles entièrement vides de sens faisait sincèrement froid dans le dos. Il n’en demeurait pas moins vivant, exprimant son désespoir d’une manière que nous ne parvenions pas à comprendre.

Seul son suicide nous a menés à cette conclusion. L’autopsie pratiquée sur le patient T révéla une lésion étendue du lobe préfrontal, causée par la statuette rituelle taillée dans l’onyx. Le cas T pose clairement la question du siège de l’esprit. Telle était d’ailleurs la question que posaient, en somme, tous ces pawlas curieux de toucher les limites de l’âme, brisant tous les codes éthiques.

Sil-Argentine, visage de cauchemar, était-elle une déesse ou un principe tordu à l’extrême ? Avoir dénaturé la remise en question du Rêve a paradoxalement conduit les pawlas à ériger le doute en divinité. A partir de ce point, ils se perdirent dans le néant sordide du fanatisme…

[Non traduit …]

La divinité y est représenté rasée, à la mine affreuse, sans bras, la peau tendue sur les os. Les « audres » sont toujours peintes sur le visage. L’épine du patient T mesurait par exemple 1 pouce et demi pour un quart de pouce de rayon à l’extraction.

…par paires. On parlait de caches pawlas accueillant des expériences sur des sujets vivants, soumis à des visions cauchemardesques persistantes construites par des architectes mécaniques, appelés enlumineurs.
Aucun des interrogés ne savait à quoi ressemblait un enlumineur, ces objets étant constamment maintenus dans l’illusion. Durant les libations sensorielles, un maître de cérémonie dirigeait l’enlumineur en faisant jouer ses gants sur un panneau immatériel.

…puissance. En outre, les séances avaient un rapport avec le développement d’une faculté extra-sensorielle : l’audre. Il…

Les yeux cerclés (ou encore les « audres ») de la divinité symbolisent ces persistances rétiniennes, qui une fois imprimées dans l’œil et l’esprit lui-même, évoquent telle ou telle figure du dictionnaire imaginaire.

Les témoignages relatent les longues séances où les disciples, exposés aux lumières artificielles des dits « enlumineurs », ouvraient les portes de l’audre. Sans une…

… le récit d’un pawla du troisième degré d’audre, qui ne pouvait fermer ses propres paupières sans y voir l’audre originelle de Sil et délirer complètement. Ce patient a échappé à tous mes examens, je ne pus jamais le voir (si je puis dire) et encore moins le confirmer.

Notons au passage que les cycles thériomorphes de l’imaginaire sont totalement inexistants chez les adeptes de la secte. Pour clarifier le…

[Incompréhensible]


*** L'envoyée du Suaire regardait Takamaka d'un oeil inquiétant.
Avait-elle des questions ?


_Sur les pawlas en général
_Sur les autres caches
_Sur Sil-Argentine
_Sur Oht, et les anti-principes
_Sur les bougies cauchemar
_Sur la machine, l'artéfact recherché
_Sur l'expédition, le matériel
_Sur autre chose ? ***



 
Takamaka

Le Julung 29 Dasawar 1511 à 23h54

 
Où sont vos parents Lana ? demanda-elle d’une voix lasse.

*** L’exploratrice sentait qu’elle était sur le point de faire une découverte, sans avoir la moindre idée de ce qu’elle allait découvrir.

L’épuisement l’assomma soudain comme une massue et elle chancela contre le lit, se cognat le mollet contre le cadre, si fort qu’elle vit des étincelles. Elle sombra dans un profond sommeil peuplé de cauchemars avant même de tirer la couverture. ***


***
Froides odeurs de silex
éveillant des réminiscences
qui ne lui apparentaient pas,
flot d’images tournoyant,
bruits d’ailes ..
***


*** ***





*** Elle s’éveilla, ouvrit les yeux, vit au dessus de sa tête de grosses poutres qui lui donnèrent le vertige.
Elle ferma les paupières.

Peu à peu, l’exploratrice émergeait mais les souvenirs avaient du mal à se frayer un chemin dans son cerveau embrumé et meurtri.

Elle avait la tête pleine d’images floues, de sons et d’odeurs, mais qui lui revenaient dans une telle confusion qu’elle avait du mal à s’y retrouver.

Tandis que le tumulte de ses pensées se déchaînait dans son esprit elle discerna vaguement une Tydale inconnue qui l’observait. Elle réprima un frisson et jeta un regard furtif à travers la chambre à la recherche d’une issue.

Elle se ressaisit au son de la voix de son interlocutrice et s’assit en la dévisageant.

Elle écoutait avec attention et les paroles de l’envoyée de Dutriam pénétrèrent dans son cerveau comme une aiguille tandis que de sa main elle saisit les Hérésie de Junod sans un mot.

Elle prit un vase remplit d’eau fraiche et la répandit sur son visage pour s’éclaircir les idées avant d’entamer sa lecture.

Certains mots faisaient encore écho dans sa mémoire : des bougies-cauchemar, liqueur d'Oht, anti-principes des Quatre, cache de Sil-Argentine déesse pawla du Cauchemar, il n'est jamais revenu …

Elle en avait la gorge sèche et serrée. ***


Portez-vous volontaire une fois, juste une et vous verrez ce qui vous arrivera… pensa-t-elle.

*** Elle se mordit les lèvres, sortit un calepin de sa poche et ramena son attention sur livre et se plongea fébrilement dans la lecture de l’ouvrage.

La lecture avait réveillé une armée de fantômes et une multitude questions étranges tourbillonnait dans sa tête. Elle prit des notes et inscrivit au fur et à mesure les interrogations qui lui venaient à l’esprit tandis que le temps s’écoulait lentement. ***


Oth : anti principe, Tho l’ordre donc le chaos ? mruf : l’anti conscience et Ahsha c’est Ahsha !!!

Letchi dit :
ça c’est idiot Tak !!!


Mais …

*** De temps à autre, elle tapotait avec son crayon l’ouvrage puis le mordillait pensivement en revenant en arrière.
***


Dutrian en avait-il appris un peu plus sur les Pawlas ?

La dernière cache Pawlas, celle que Radjim recherchait ? Celle qu’indiquait, la machine qui joue et l’Oiseau dans le Désert du Vide ?

Tout comme Röen, ils se livraient à des expériences sensorielles mais bien plus effroyables.

Les épines de Sil-Argentine, fonction rituelle : inductrice d’une activité spirituelle.

Des écrits sur les divagations du patient T

La statuette rituelle taillée dans l’onyx : la relique pawla ?

Recherches des Pawlas : les limites de l’âme !!

Sil-Argentine, visage de cauchemar, était-elle une déesse ou un principe tordu à l’extrême ?
Et du doute ?.

Les « audres » : ???? Une faculté extra sensorielle provoquée par les enlumineurs, par des machines qui jouent ??

Les audres : des visions, interprétables comme les rêves ?? qui mènent à des portes.
l’audre originelle de Sil ???


*** Au fur et à mesure de sa lecture ; l’exploratrice semblait quelque peu ébranlée et un instant elle eut l’impression qu’un Nelda c’était matérialise devant elle, légèrement transparent. Elle chassa cette image et se concentra sur les Hérésie.

Elle devait en savoir plus que ce qu’elle avait déjà appris sur l’Ordre des Hauts Rêvants si elle voulait mieux appréhender les Dogmes Pawlas. ***


Des thério quoi ???

Letchi dit :
Morphes


Bon, si j’ai bien compris, ce truc s’il n’existe pas chez les Pawlas, il doit par contre exister chez les Rêvants.

*** Tout en lisant et relisant, la Suariste cherchait fiévreusement des réponses. Elle se posait toutes sortes de questions étranges.

Elle avait envie de jeter le livre par terre, de courir dans sa chambre, de fermer sa porte et de hurler à s’enrouer. Elle du faire appel à toute sa volonté pour rester là où elle était et regarder l’envoyée de Dutriam. ***


Letchi dit :
Tu espérais quoi Tak, que ça allait être facile !!! Ne soit pas puérile.


*** Au bout de quelque temps elle se décida à poser les questions qui « la chiffonnaient un peu » bien qu’elle fût prête à admettre que l’expression «l’effrayaient considérablement» fût plus appropriée. ***


Pour commercer, ce qui m’intrigue le plus, c’est l’histoire d’ « audres », j’avoue que j’ai beaucoup de mal à appréhender ce que c’est, pourriez vous m’en dire plus ainsi que sur les Epines et les Enlumineurs. Et aussi sur la Déesse Syl-Argentine ? Et existe-t-il des écrits sur les divagations du patient T ?

*** Pour le reste, elle verrait en fonction des réponses de la Tydale. Car pour l’heure plus elle y réfléchissait et moins elle y comprenait, elle pataugeait de plus en plus. ***




L'Exploratrice.

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