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L'Agora

Le dernier fredon du cheval des airs ?

De la lente décrépitude d'un ami que l'on se refuse de perdre.
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Sujet lancé par Crooot
Le 14-11-1511 à 15h58
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Posté par Crooot,
Le 18-04-1512 à 13h29
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Crooot

Le Luang 14 Nohanur 1511 à 15h58

 
Le nelda placarde sa cinquième affiche de la journée. Il a parcouru la ville dans l'espoir d'offrir le plus de visibilité à son message. Il est las. Il a dû, à défaut de matériel d'imprimerie, peindre ses affiches une à une. Il installe celle-ci sur le flanc d'une maison et la parcourt rapidement. Il fonde tous ses espoirs dans les compétences des habitants de Lerth pour sauver son ami.

Il n'est de frustration plus grande que celle de faire le deuil de quelqu'un que l'on apprend à apprécier à l'aube de son grand voyage. Il est arrivé dans ma vie alors j’étais déraciné, loin de mes repères, de ma routine et côtoyant parfois le danger de ces voyages, qui tiennent plus de l’aventure épique que de la découverte bucolique de nouvelles contrées. Je n’étais alors pas prêt à faire la connaissance de qui que ce soit, me cherchant moi même, j’accueillis le nouveau venu avec toute la mauvaise volonté dont je suis capable. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir s’accrocher à chacun de mes pas, fredonnant de sempiternelles ritournelles dont il a le secret.

Il m’exaspérait.
Mon humeur se dégrada jusqu’au point ultime où il me fit tomber dans la cité puits des Nemen.
Il se rattrapa par la suite en me sauvant la vie dans l’enclos des khoulis khoulis. Ses petites ariettes avaient finalement leur utilité.


Pour tout dire cette petite chose vibrante arriva aussi à apprivoiser mon mou et je ne suis pas accompagné du mou le plus chaleureux de Syfaria.

Dubulb' dit :
Hé ho ! On a le mou qu’on mérite.


Oui, et bien je dois pas être un nelda très fréquentable car je t’ai déjà vu reproduire la marque de ton postérieur à l’encre sur les parchemins d’Edouar…
Bref tu as tout de même succombé à son charme.


Dubulb' dit :
Oui il est bien ce petit. Un peu limité en parlote mais il a du charme, à la manière d’un gros bourdon vert.


Je m’inquiète aujourd’hui de le voir dépérir. De jour en jour il perd de sa vigueur. Vole de moins en moins et de fredonne plus guère.
J’ai peur qu’il ne me reste de lui que des croquis dans un carnet et des souvenirs trop peu nombreux pour combler sa disparition.
Je me sens responsable de ce vibrant ami.

Je me refuse à le voir mourir ici.
En l'absence de Pétrorius je dois me tourner vers quelqu'un d'autre.
Il me faut chercher de l’aide.


Symbiosés, j'ai besoin de votre expertise.






 
Nelle

Le Julung 24 Nohanur 1511 à 12h20

 
Knüt dit :
Hey, regarde Nellou, c'est un mot d'ton grand pote Crooot !


Nelle, qui marchait vivement en direction du port, s'arrête et se rapproche de l'affiche devant laquelle flotte son mou, curieuse.
Crooot, oui, elle s'en rappelle en effet, bien que justement, elle n'a pas franchement eu l'occasion de véritablement faire sa connaissance.
Un nelda bizarre.
Et pas franchement très
Pour autant, malgré le sarcasme de son mou, Nelle ne nourrit pas de sentiment spécifique vis-à-vis de l'individu.


Knüt dit :
Ouais, t'es quand même la seule poussiéreuse à proposer de partir en croisière à une matriarcale malgré qu'elle t'ait balancé des coups de lance dans l'dos, hu hu hu... On peut difficilement faire moins rancunier !
Dommage que Kaliss ait pas répondu, j'suis sûre qu'elle aurait mis d'l'animation pendant cette expédition, héhéhé...
C'est clair qu'à côté, il fait petit joueur, le crooot, à simplement se contenter de sortir d'une discussion sans prêter garde à ta question.


Ignorant le monologue de Knüt, Nelle lit l'affiche, intriguée.
Justement, il est question du fameux hypobulle : à défaut de l'avoir fait à voix haute, le nelda fournit ici quelques réponses aux questions de Nelle.
Et évidemment, la détresse sincère qui transparait dans le récit illustré de cette affiche ne manque pas de toucher la jeune propage.

Elle n'y connait rien en zoologie, cela dit, et encore moins en hypobulle, elle qui n'a encore jamais mis les pieds à Ulmendya... mais bon, ça ne coute rien de proposer son aide, aussi minime soit-elle ?


 
Crooot

Le Merakih 7 Dasawar 1511 à 10h59

 
Guidé par Nelle le nelda se met sur le chemin de la bibliothèque de Lerth.
Il trouvera, sans nulle doute, de multiples traités utiles aux transcients pour se rapprocher de leur dieu.
Il découvrira, très certainement, de nombreuses planches anatomiques expliquant l'inutilité ou la nécessité de faire subir à tel ou tel organe une transformation.
Il espère surtout trouver un codex de la faune syfarienne, spécialisé sur la cité puits peut être, contenant des informations sur les Hipobulles en particulier. Il a peu d'espoir mais toute étincelle d'espérance est bonne à prendre.

La propage lui ouvre le chemin jusque dans les rayonnements de la bibliothèque.
Il faut accorder ça aux témoins, aux yeux du nelda, leur bibliothèque est immense et magnifiquement labyrinthique.

Après un ou deux détours, un demi tour et trois hésitations les deux chercheurs en herbe se retrouvent devant le rayon:

°Vie animale°

Devant le mur titanesque constitué de milliers de livres, feuillets, codex, manuels, rouleaux, précis, recueils, illustrés, journaux, tablettes, le problème n'est plus de savoir s'il existe un livre sur le sujet des chevaux volant d'Ulmendya mais de l'y retrouver...


Dubulb' dit :


Tu cois qu'on va trouver un calendrier des Moues vestales ?



 
Nelle

Le Julung 8 Dasawar 1511 à 11h06

 
Nelle aime bien cette bibliothèque. Elle y a passé beaucoup de temps dans son enfance et adolescence, jusqu'à même y travailler bénévolement durant un certain nombre d'années, sous l'impulsion de sa préceptrice afin d'enrichir sa connaissance et sa culture.
Pour autant, voilà plus de quatre ans que Nelle a commencé à arpenter les routes loin de Lerth, et alors qu'elle tente de guider Crooot jusqu'au rayon approprié, elle se rend compte que l'organisation et l'agencement de la bibliothèque se sont quelque peu estompés dans sa mémoire au fil du temps.

Les deux symbiosés finissent néanmoins par atterrir devant la section appropriée.

Là encore, Nelle songe qu'il y a cinq ou six ans, à force de ranger, classer, voire recopier les ouvrages, elle aurait pu assez rapidement piocher les plus appropriés à leur recherche spécifique... ce qui, hélas, n'est plus vraiment d'actualité désormais. A vrai dire c'est même plutôt la bibliothèque de Farnya qu'elle a le plus souvent et le plus longtemps visitée ces dernières années...


Knüt dit :


Ah ben tiens, justement, mémé Thany et grand-tatie Kena, elles sauraient p't'être des trucs ?
Thany disait qu'elle a pas tant bourlingué, malgré son grand âge, cloitrée qu'elle était par Pépé Elchior, mais bon au moins la biblio c'est leur domaine...
*


Nelle regarde Knüt d'un air étonné.
C'est suffisamment rare qu'il sorte une remarque sensée pour être noté.
Est-ce que lui aussi se mettrait à couver un truc ??

Mettant de coté son inquiétude, la propage envoie donc effectivement une pensée à son aïeule du Désordre, puis se met à chercher, un peu au hasard -à l'instinct- parmi les nombreux ouvrages qui leur font face, ceux traitant des insectes, des créatures aquatiques -l'hypobulle est un peu à mi-chemin entre les deux, pour ne rien arranger- ainsi qu'éventuellement -le graal !- ceux qui traiteraient spécifiquement de la faune d'Ulmendya...



* remarque privée formulée mentalement et audible uniquement par Nelle ;)

 
Crooot

Le Luang 12 Dasawar 1511 à 02h17

 


Il devint vite évident que l'entreprise ne serait pas aisée. Lorsque Nelle piochait intelligemment un "manifeste de la faune aerienne ".
Crooot, lui, s'emparait d'un ouvrage intitulé "Hypocampes et Hypopaurochs, de lointains cousins ?", d'un "traité sur le fonctionnement de l'aile d'insecte" et, dans le doute, du "Manuel de la bulle de savon".
A l'approche académique de la propage, forgée par de longues heures d'étude en bibliothèque, le nelda proposait une boulimie bordélique de la consommation de livres, née de la peur panique de passer à coté de l'ouvrage qui sauverait son hypobulle.
En trop peu de temps qu'il n'en faut pour faire deux fois le tour d'un rayonnage, le duo amassait une pile impressionnante de documentations traitant peu ou prou de leur sujet. Les trois quarts rapatriées du fait de l'artiste.

Dites moi Nelle ? On peut en emprunter combien des livres ?
Parce que là, je nous vois mal compulser tout ça ici. Cela va nous prendre des jours...
Regardez ce bestiaire syfarien, je sais pas s'il parle d'hypobulle mais les lettrines d'incipit sont fichtrement belles.
Celui là est un livre de contes pour enfant mais le héros de la deuxième histoire semble parler à une libellule à tête de cheval alors...et puis là c'est une planche anatomique d'un hypocampe...


Dubulb' dit :

Knüt mon pote, quand mon nelda cause c'est un signe. Bon ou mauvais... mauvais en général et là, il est à deux griffes de tutoyer ta maitresse sans le vouloir, de s'en apercevoir et faire une bourde en tentant de s'en excuser.
Alors ça va donner naissance, comme par magie à un gros malaise, tellement gros le malaise que même un ange s'aventurera pas à passer ici...
J'aime pas le voir comme ça.
Il va falloir lui trouver un peu de calme, de patience et des tonnes de bienveillance.

Crois moi, il est limite.
Je le connais.

Il est triste.


Crooot, les yeux brillants, lève la truffe du "parchemin d'apprentissage du dessin de coupe morphologique" pour regarder Nelle, soulève une babine en guise de sourire.
Résultat mitigé: entre effrayant et ridicule.



 
Crooot

Le Merakih 8 Fambir 1512 à 12h24

 
Le duo, chargé de documentations, plus ou moins pertinentes, ne pouvait guère aller plus loin que le bout de la rue sans tituber de fatigue. Heureusement au bout de cette rue la petite Lyne leur proposa de faire une étape à son atelier pour se dégourdir les bras et poser un instant les pesantes piles de documentations.
CroOot avait du faire un choix dans ce qu'il voulait compulser. Deux providentielles règles, régissant le fonctionnement de la bibliothèque de Lerth, furent salvatrices aux muscles des chercheurs en herbes :
Les ouvrages vieux d'un siècle ne quittaient pas l'enceinte bibliothécaire.
Le nombre de livres consultables à domicile se limitait à trois par personne.
Nelle arriva cependant, avec force persuasion auprès de l’employé, à tordre un peu cette dernière règle sous le regard implorant du nelda. Les bras gourds elle le regrettait déjà.

L'atelier de Lyne :
Un immense hangar où le chaos s’organisait selon les règles plus ou moins valides de la logique Lynienne. Ici se côtoyaient une ébauche de chariote à propulsion, un alambique de parfum sucré et potable, des tentatives d’armures pour mou, des rubans lumineux pour les cheveux, le tout engoncé dans une montagne d’écrous, de boulons, de clous, d’engrenages, de tenons en cuivre, bois ou fer, de mortaises des mêmes matières, de centaines de morceaux de papiers gribouillés de notes, schémas et idées, dont la fulgurance allait de paire avec le mécanisme qu’elle ébauchaient, ainsi que d’autres objets non identifiés. Les nouveaux venus jureraient avoir entendu de la musique au passage d’une grenouille mécanique et un carillon braillait comme un fifrelin enroué à chaque déplacement d’air de la porte.


« Posez votre fourbi où vous voulez, je vous ramène à boire. »


Ils voulurent… mais au final posèrent où ils purent.
Nelle choisit un coin d’établi, poussa l’automate qui jonglait avec deux balles et un mou et déposa sa charge en équilibre précaire.
CroOot étala les précieux codex tout autour de lui, se mis à plat ventre, sortit son carnet et commença à feuilleter les livres à même le sol.

Lyne revint avec un plateau dans les mains. Son regard croisa celui de Nelle puis d’un seul mouvement elles regardèrent le nelda.

Cette étape allait s’éterniser…





 
Crooot

Le Julung 23 Fambir 1512 à 12h29

 
Crooot boit une gorgée de son breuvage en grimaçant et repose, sans un regard, son godet d’eau de rinçage de ses pinceaux.

Lyne c’est incroyable ! Tu savais que Chloropidoptère est un papillon qui se nourrit de soleil et d’eau à la manière des plantes ! Tu crois que mon hypobulle vert pratique la photosynthèse ?
Remarque il n’y a pas beaucoup de plante chez lui.


Il se tourne pour attraper un ouvrage, renverse son infusion sans le voir et s’assoit, la queue trempant dans le rata de poussière et de liquide sucré.

Il procède peut être comme les aberrations et draine, de son environnement, l’énergie vitale dont il a besoin ?
On est peut être loin d’Ulmendya pour ça…


Les lèvres tachées de noir, il se tapote, pensif, la lippe du bout de son fusain en parcourant un autre ouvrage.

Tu te souviens de l’autopsie de l’harmonyste que le docteur Pétrorius a pratiquée à Arameth ?
J’ai du te raconter, non ? Il m’a laissé y assister. Je dois en avoir encore quelques croquis par là.
Bref, l’animal possédait des organes très similaires à ceux décrits dans ce « Codex des nuisibles de la cité puits ».
L’auteur de ce truc, persuadé que les hypobulles, ou hipolulles selon certains textes, nuisaient à l’atmosphère enchanteresse d’Ulmendya, tenta de s’en débarrasser. Il les considérait au même titre que les rats et les petites fleurs de fiel comme des animaux néfastes, c’est fou. Toujours est-il qu’il en découpa un ou deux et y découvrit des organes dont la description me fait penser à ceux retrouvés dans l’ Harmonyste. Le S’sarkh seul sait ce que ça peut vouloir dire…


Plongé dans l’étude de son livre il griffonne distraitement des mous tantôt rieurs tantôt boudeurs sur ce qui semble être un vieux morceau de peau à graver et qui s’avère être sa tunique.

Je penche plutôt pour un fonctionnement similaire aux fillanfors de la cité éternelle.
Ce petit malin doit avoir un lien très fort avec les gaz environnants. Tu es capable avec ton fourbi de générer des gaz qui pourraient lui plaire ?


Excité par la découverte d’un passage intéressant sur les habitudes des animaux de meute, il jubile en secouant la queue, aspergeant ainsi les environs proche de cette infusion poussière dont il est l’inventeur.


Ici, il est écrit que certains animaux se laissent dépérir lorsqu’ils sont séparés de leur groupe. Il faudrait peut être lui fabriquer des automates hipollules pour qu’il se sente moins seul ?


S’appuyant sur un coude et manquant d’écraser le petit être qu’il s’évertue à sauver, il appuie de tout son poids sur une pile de précieux ouvrages craquant d’une souffrance toute papetière. L’hypobulle volète en vibrant une ariette courroucée autour du nelda.

Nelle, tu crois que c’est un animal intrinsèquement magique ?
Il serait tributaire des flux ? Dans ce cas un sort bien placé lui rendrait de la vigueur ?


Il entreprit alors de compulser les informations relatives à son compagnon et ceux de son espèce, les dizaines de croquis de ce dernier et se lança dans son propre manuel de l’hipollule pour y voir plus clair.



 
Crooot

Le Vayang 2 Marigar 1512 à 16h08

 
Deux jours entiers sans dormir.
Crooot commence à sentir ses yeux le bruler et ses mains percluses de crampes craquer comme de vieilles branches.
Deux jours entiers à dessiner son hypobulle sous toutes les coutures.
D’ordinaire d’une nature insaisissable et fragile, ce dernier se laisse manipuler par le nelda attentionné.
Pour dire la vérité le petit être n’a plus vraiment la force d’aller à l’encontre de quelques manipulations que ce soit.

En croisant les informations théoriques, des différents livres ramenés de la grande bibliothèque de Lerth, avec l’étude d’après nature de son petit sujet, le naturaliste en herbe est en mesure de faire un croquis en coupe de l’hypobulle.
Jamais il n’a autant pris le temps de préciser à ce point un dessin.
Son dessin est chirurgical, informatif, pragmatique, précis et détaillé.



Crooot n’en est pas moins perdu.
Il n’avance pas.
Il n’apprend rien.
Il est trop tard pour ramener le petit malade parmi la nuée des siens à la cité puits.
Il ne supporterait pas le voyage.

Déjà il ne vole presque plus. C’est à peine si il trouve la force de relever la tête lorsque Lyne sifflote en limant les lamelles de métal composant la famille d’automates hypobulles.

Crooot se remémore une millième fois les informations dont il dispose :

L’hypobulle ne possède pas de bouche.
Pas plus qu’il ne possède d’orifice cloacal et ne semble subir d’amaigrissement en parallèle de son dépérissement.
Il ne semble pas dépendant de conditions climatiques pour se nourrir comme le sont les organismes sédentaires ou endémique.
La présence des siens semble importante mais pas primordiale, car il n’aurait pas quitté son essaim de lui même pour suivre le nelda, si sa survie en dépend.

Lyne et Nelle lèvent la tête de leurs propres recherches en arborant le même masque d’agacement. Tout au long des deux derniers jours, le nelda n’a cessé de faire craquer ses doigts, de taper le rythme avec un pinceau, glouglouter son thé en soufflant dedans ou de faire des bruits de bouche ineptes lorsqu’il est plongé dans une intense réflexion.
L’artiste doit vraiment se creuser la tête car il s’est emparé d’une règle métallique et la fait vibrer sur le bord d’une table en provocant de curieux trilles très énervants.
Même l’hypobulle a retrouvé un peu de force pour voleter autour du nelda.



 
Nelle

Le Vayang 2 Marigar 1512 à 20h15

 
L'étude studieuse des trésors de connaissance -ou de perte de temps- rapportés de la bibliothèque se déroulait globalement dans un silence concentré, interrompu de temps en temps par les exclamations de Crooot, que l'absence de réaction de ses collègues ne semblait pas déranger.
Et réciproquement.

A la question du peintre concernant les flux, Nelle avait répondu, relevant pour la première fois le nez des ouvrages qu'elle compulsait :


Je n'en ai pas l'impression. J'ai cherché, mais je n'ai remarqué aucun comportement anormal des flux autour de l'hypobulle : soit il n'a, de base, aucune interaction spécifique avec les flux ou la Trame, soit s'il y en a une, elle est à la fois trop subtile pour que je la perçoive, et à mon avis, du coup, trop insignifiante pour avoir un impact sur son organisme -et donc son actuel déclin.

Devant le regard un peu bovin du nelda, elle avait simplement conclu :

Bref, non, j'ai bien peur que mes sorts ne résoudront pas le problème...

Puis elle s'était replongée dans ses propres livres, sans guère plus de résultats probants.

Finalement, au bout d'interminables lectures, elle était finalement parvenue à la fin de sa propre pile.
Regardant ses notes, elle dit à voix haute :


Bon... Je n'ai rien trouvé de très explicite, sur le mal qui pourrait le ronger...
Les hypobulles n'ont jamais été vu vivre ailleurs qu'à Ulmendya, ce qu'on avait déjà établi, mais je n'ai pas trouvé de cause explicite à cela...
Le fait est également que ces animaux ne semblent jamais mener une vie solitaire. J'ai même lu une théorie selon laquelle ils vivraient selon une structure clanique, voire même familiale.


Nelle hausse les épaules d'un air dépité, consciente qu'elle n'apporte pas grand chose de très utile à la problématique.

Knüt, en train de somnoler sur une pile de trucs rouillés, marmonne d'un air agacé :

Knüt dit :

Dit, l'poilu, tu veux pas arrêter ton bazar, là, avec la règle ?
Ça nous casse les bonbons, et surtout ça m'empêche de pioncer tranquille...


 
Crooot

Le Julung 8 Marigar 1512 à 18h24

 


Crooot releve la tête vers Knüt.

Désolé Knüt.

Il arrête de faire vibrer la règle métallique.
L'hypobulle retombe comme une pierre dans la capuche du nelda.
Les trois symbiosés se regardent en ouvrant de grands yeux.


Dubulb' dit :
Recommence puant !
Recommence !
T'as vu ça !!
Il a voleté.
Il reprend du poil de la bête.
On tient un truc j'en mettrais ma main... enfin la tienne... à couper.


Crooot reprend de plus belle



L'hypobulle s'élève à nouveau.



 
Crooot

Le Vayang 16 Marigar 1512 à 15h10

 
L'hypobulle est sensible aux sons, aux vibrations pour être précis.
Les trois acolytes ont fait tinter, sonner, résonner, frotter à peu près tous les objets susceptibles de produire un son.
Il s'avère que les vibrations produites par la règle en métal, cognée contre un coin d'établi métallique, soit ce qui se rapproche le plus de ce dont l'hypobulle se "nourrit".

C'est évidemment aussi ce qui tape le plus sur les nerfs de tout le monde.

L'animal n'est pas sorti d'affaire pour autant.
Ses jours sont toujours comptés mais il semble que le trio ait réussi à créditer son espérance de vie d'un peu plus de temps.

Pendant que Lyne travaille sur une cloche à sons insonorisée, où le petit patient peut se ressourcer en écoutant une lamelle qui vibre en continue, Crooot affine ses recherches : Le son, Ulmendya, l'hypobulle tout cela est lié.

Nelle de son coté soigne une terrible migraine. Les goûts musicaux du cheval des airs ne sont pas les siens.
Elle parcours les dizaines de schémas, dessins et croquis qui trainent partout.
Elle n'y prête pas vraiment une attention particulière, juste de quoi lui faire penser à autre chose qu'à l'enclume qui résonne dans sa caboche. Ainsi passent, devant son regard absent, les portraits rapides de différents habitants d'Arameth, des croquis de chariote à propulsion, d'équations du 3éme degré, d'un étrange tonneau, et évidemment de peintures de l'hypobulle en pagaille. Elle oublie tout ce fatras presque aussitôt l'avoir lu et reporte son attention le nelda.
Crooot fait un sourire contrit et ramasse les restes d'une vieille lampe à huile qu'il a fait tomber. Rien de grave, il l'a ramasse, se retourne pour la poser sur une table et d'un coup de queue renverse un automate avant de se remettre au travail.

Il y a encore du chemin à faire mais les naturalistes en herbe ont bon espoir.



 
Crooot

Le Merakih 18 Astawir 1512 à 13h29

 
Les trois compagnons se regardent d'un œil terne mais brillant de satisfaction.
Il a fallut en compulser des pages et des pages de manuels naturalistes, reproduire des gravures, étudier des théories et mettre en pratique chaque hypothèse.
Mais tout cela a été payant.
Le secret de l'hypobulle est enfin percé:

A la manière des oiseaux inséparables, de certains petits poissons du récif et leur "plante" tentaculaire ou de l'Akrotykar pestiféré et de ses mouches, les hypobulles vivent en étroite harmonie avec leurs pairs.

L'animal se nourrit de vibrations, de bourdonnement et de sons.
Il en a fallut des expériences pour que Lyne découvre quelle fréquence est la bonne.
C'est tout le paradoxe de l'hypobulle, il ne peut se nourrir que de vibrations très proches de celles qu'il émet, lors de ses petites ariettes improvisées, mais des siennes. La nature est bien faite et les hypobulles ne sont capables que d'absorber les émissions vibratiles de des compagnons de vol, les autres hypobulles de son essaim. Il serait, le cas contraire, immortel et, des dires de Nelle, certainement l'unique animal auto-suffisant de Syfaria.

Voilà pourquoi on ne trouve d'hypobulle en dehors de la cité puits.
Ces trilles et bourdonnements ne sont produit nulle part ailleurs car il n'y a d'hypobulle qu'à Ulmendya.
La boucle est bouclée.

Il a fallut alors trouver le moyen de reproduire le plus fidèlement les trilles de l'animal.
Les trois compères ont pour eux d'être incapables d'imiter à la perfection la musique du patient.

Le résultat est donc, malgré le talent créateur de Lyne, l'oreille musicale de Nelle et l'enthousiasme de Crooot, imparfait. Il reste suffisamment différent pour paraitre venir d'un autre hypobulle.

Un autre hypobulle fait de lamelles de métal, de ressorts, de rouages et de fils tordus mais l'automate de cheval volant réussit à sortir de sa léthargie son homologue de chitine et de vent.

Evidemment cela n'a pas été simple lorsque Crooot a demandé une forme esthétique à l'invention salvatrice.
Lyne a pesté en argumentant sur le fait que seul le résultat compte et que si l'artiste change la forme de l'instrument il e changera le son.
Crooot s'est entêté, Nelle a senti sa migraine revenir avec ses grands sabots et Lyne a cédé.



L'hypobulle vole maintenant autour du nelda qui gratte, agite et souffle dans ce sifflet repoussant la mort du petit cheval. Un voyage à Ulmendya ne fera pas de mal à l'hypobulle mais Crooot et Lyne ont d'autres projets...

Il remercie alors chaleureusement Nelle en la raccompagnant chez elle.
Il sent, lorsqu'il la laisse sur le pas de sa porte, la culpabilité le piquer en pensant à son futur voyage clandestin dont la propage n'a aucune idée.

En attendant d'embarquer, il joue.



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