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Le Merakih 23 Nohanur 1511 à 19h43
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| Lyne est contrariée.
Encore.
De là à dire souvent il n’y a qu’un pas.
Faut dire que depuis le départ de Papi, c’est pas facile tous les jours.
Avant c’était simple.
Quand elle avait soif, il y avait du thé chaud.
Quand elle avait faim, il suffisait qu’elle se serve un bol de soupe.
Quand elle était fatiguée, Papi s’occupait d’éteindre les lumières et de fermer l’atelier.
Et quand elle était triste, il était là pour la consoler.
Mais maintenant…
Plus de thé chaud, plus de soupe, plus de câlin, plus de Papi.
À la place une petite bourse à peine remplie et une lettre.
Cachetée.
Encore.
Parce qu’il y a des choses que l’on préfère ne pas savoir.
Chamallow dit :
Et moi j’compte pour de la bouse de braxat, peut-être ?
Ah oui. Et un mou. Chamallow. Les yeux continuellement écarquillés et passablement surexcité. Son mou, quoi. Heureusement qu’il est là, d’ailleurs. Sans lui, elle serait un peu perdue, il faut bien l’avouer.
Chamallow dit :
Tu m’étonnes !
Mais ne nous égarons pas.
Lyne est contrariée, donc.
Pour en comprendre la raison, il faut revenir un peu plus tôt dans la matinée quand elle découvre - à sa grande surprise - qu’elle arrive à manipuler les flux. Ce qui est plutôt rigolo d’ailleurs. Et ce qui déclenche une belle crise d’hystérie chez Chamallow. Le tout à base de : « Yahou ! Trop cool ! Comment c’est trop la classe ! Faut trop qu’on apprenne des sorts ! On va devenir des sorciers méta-balèze ! Trop génial ! ».
Un peu perplexe, mais surtout sacrément curieuse, Lyne décide donc d’aller à la bibliothèque pour se renseigner sur toute cette sombre histoire de sorcellerie. Faut dire que Papi en a rarement fait mention, lui préférant la science, la vraie, celle qui dénature pas la réalité.
Pour ce que ça veut dire…
Pffff.
Les quelques heures passées à la bibliothèque lui permettent de faire le point. C’est donc la sphère de l’Essencialis qu’elle maîtrise ; elle peut s’y entraîner toute seule, mais si elle veut progresser plus rapidement elle a tout intérêt à acheter des parchemins de sort et à les apprendre. Le mieux, bien sûr, étant de trouver un professeur.
Bon, pour le professeur, on verra plus tard, c’est pas tellement la priorité.
En revanche, les sorts…
Ça, ça lui fait bien envie.
Et ne parlons pas de Chamallow.
Chamallow dit :
Han, regarde ! Un sort de déflagration ! Comment ça à l’air trop mortel… Genre Baoum-dans-ta-face-prend-ça-dans-les-dents… Trop cool !
Mais sacrément coûteux. C’est donc un peu dépité qu’ils recomptent leurs économies. Vingt-six Lépidolites. Pas de quoi sauter au plafond. Mais assez pour un sort de premier niveau. Un peu hésitante, elle finit donc par céder devant l’insistance de Chamallow.
Chamallow dit :
Et puis bon, c’est un sort de soin, et ça, ça peut toujours servir, hein… Regarde la chariote à hydropropulsion : t’étais éraflée sur tout le bras après l’expérience. Ben t’aurais eu un ptit sort de soin, pouf, y’aurait pas eu de soucis.
C’est ce dernier argument qui l’emporte.
Et puis zut. Elle a bien le droit de se faire un peu plaisir, quand même. Sitôt le parchemin entre les mains, elle s’applique à le graver dans sa mémoire. Mais l’exercice est plus difficile que prévu...
Minath est à son zénith quand elle sort enfin de l’imposant édifice, le sort appris et Chamallow roulant des mécaniques à ses côtés. L’excitation de cette nouvelle découverte lui a ouvert l’appétit. C’est donc les joues rougies par le froid qu’elle s’arrête à un étal pour commander deux petits pains fourrés à une grosse Tydale emmitouflée dans des châles.
La Tydale, avenante : C’est trois Lépidolites.
Lyne, étonnée : Trois lépidolites ? Mais la semaine dernière, c’était une !
La Tydale, beaucoup moins avenante : Ben maintenant c’est trois.
L’estomac de Lyne : Graouuuuuuuuu
La Tydale, attendrie : Allez, ma gentillesse me perdra, je te les fait à deux lépidolites.
Lyne, résignée : Bon, ben va pour deux, alors…
La Tydale, : Et voilà ! Deux petits pains tout chaud ! Tu m’en diras des nouvelles.
La petite se sépare donc des deux pièces à regret et récupère les petits pains avec une pointe de culpabilité.
Mince !
Elle est sacrément contrariée. (Nous y voilà !)
Il lui reste maintenant en tout et pour tout huit lépidolites. Et elle a pas encore fait les courses de la semaine. Alors son piston tubulaire, elle peut faire une croix dessus.
Mais comment y faisait Papi ? Elle va jamais s’en sortir si ça continue comme ça.
Alors elle réfléchit, réfléchit et réfléchit encore. Jusqu’à ce que…
Chamallow dit :
Mais qu’est-ce que… ? Et mais Lyne, regarde ! Y a un sale type qu’est en en train de te faire les poches ! Hé toi, l’barbu ! Tu vas enlever tes sales pattes de ma symbiote, oui ou zut !
L’indignation l’emporte sur la panique. Alors là, non ! Pas ses sous ! Pas question ! Et puis c’est qui d’abord qui se permet de la détrousser au milieu des sillons. Un Tydale ! Symbiosé en plus ! Ah ben bravo. Non mais il va voir de quel bois elle se chauffe.
Et mais ! T’arrêtes de me piquer mes lépidolites, ou quoi ! Nanmého !
Et vlan, elle lui file un grand coup de pied dans le tibia. Pas que ça ait tellement dû lui faire mal mais c’est surtout histoire de faire bon poids bonne mesure.
Et maintenant t'as intérêt à me les rendre sinon mon Papi y va te donner une bonne correction.
Ça, c’est un truc qu’elle a appris à l’orphelinat.
Les menaces, ça marche toujours.
Enfin… Sur les petits.
Parce que sur les grands…
Rien n’est moins sûr.
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Le Julung 24 Nohanur 1511 à 21h27
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| Je peux vous montrer ce que l'on fait aux vauriens.
Ma voie emplie le vide laissé par la question en suspend de l'étranger. Je me dresse là, à peine à quelques pas. Tout à la traque de sa malheureuse victime il semblait ne pas avoir perçu ma présence jusqu'ici.
Comment m'étais-je retrouvé là ? Un appel, des cris désemparés d'un mou, un brin de raisonnement et certainement beaucoup de chance. Le fait est que je ne me trouvais qu'a quelques ruelles lors de l'alerte et que les enfants malins savent dans quelle direction fuir en cas de problème. Où qu'ils se trouvent ils savent rejoindre le temple, le sanctuaire.
Ainsi je me tiens là, campé sur mes jambes, les mains posées sur le pommeau de ma canne, ravalant une mimique de dégout. Faisant fi de la répulsion que m'inspire le maraudeur.
Il suffit, étranger. La milice est déjà avertie, je ne saurais trop vous conseiller de... prendre congé... Ceux qui arrivent ne sont pas de jeunes demoiselles sans défense.
S'il lit sur les visages, ce dont je doute, il saura que je ne suis pas d'humeur à plaisanter et que sa chance à lui est entrain de fondre comme neige au soleil. Mes yeux ne cillent pas, je fixe son allure, son visage, détaille son accoutrement, sa lame.
Il ne sera pas raisonnable. Ils ne le sont jamais. Et celui-là n'a l'air en rien différent des autres.
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Le Vayang 25 Nohanur 1511 à 00h00
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| Knüt dit :Sans défense, p't'être pas, par contre jeune demoiselle, ça s'pourrait bien...
Knüt vient de surgir derrière Vizjerei, et balance fièrement son trait d'esprit, juste avant de voir l'état sanguinolent et chiffonné de la petite.
Knüt dit :Oh...
Prendre congé ?! Tu rigoles, mec ! Tu envisages vraiment d'laisser un taré pareil s'balader en liberté ?
C'est un cas pour l' Façonneur Kalencka, ça, plutôt !
Nelle arrive à son tour, vaguement essoufflée, et un peu alarmée, derrière son mou et le Témoin.
Knüt et elle aussi, ont été tirés de leur quiétude par les appels affolés de Chamallow sur le consensus, et par chance, c'est à peine à quelques ruelles de là qu'habite la jeune propage.
Ses yeux s’écarquillent d'horreur lorsqu'elle aperçoit à son tour l'état de Lyne.
Avant même de songer à prononcer un mot, sans quitter la fillette des yeux, elle commence silencieusement à incanter... | |
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Le Vayang 25 Nohanur 1511 à 12h56
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| Ça aurait pu marcher.
Les intimidations.
Le sourire carnassier.
Le regard malsain.
Traumatisée à vie, la petite.
Sauf qu’il l’a balancée comme une vulgaire poupée de chiffon contre un mur.
Elle s’y est écrasée avec un bruit mou.
Schmouffff, ça a fait.
Mais c’est la tête qu’a cognée.
Complètement sonnée, elle est, Lyne.
Un petit tas chiffonné et sanguinolent qui plane à des lieus de là.
Bien loin de la douleur et de la peur.
Elle est carrément dans l’coton.
Alors ses menaces ont autant d’effet qu’une soupape sans pression.
Nada. Rien. Que dalle.
Pour tout dire, elle sent même pas le couteau sur sa gorge, toute occupée qu’elle est à compter les petites lumières qui farandolent devant ses yeux.
C’est joli, dis donc.
Ça tourne un peu trop à son goût mais c’est joli.
Elle entend bien une sorte de brouhaha lointain, mais impossible de comprendre ce qui est en train de se raconter.
Ils doivent parler une langue étrangère.
Ils ? Ah parce qu’ils sont plusieurs maintenant ?
Oulàlàlà, voilà qu’elle multiplie les gens maintenant.
C’est louche…
*** ***
De son côté, Chamallow fait preuve d’un sang-froid inattendu.
Dans la mesure de son affolement, bien sûr.
Disons, qu’il n’a pas encore fait de syncope.
Ce qui est assez exceptionnel - au vu de la situation - pour être indiqué.
Apparaissant et disparaissant tour à tour, il reste à une distance raisonnable du tortionnaire tout en continuant à hurler.
Chamallow dit :
Lyne ! Lyyyyyyne ! Réveille-toi ! Lyyyyyyyyyyyyyne !
L’arrivée de Vizjerei, puis de Nelle, est un véritable soulagement.
Ce qui ne réduit en rien son hystérie.
Il se met à tourbillonner frénétiquement autour de la Propage et de son mou au risque de les gêner.
Chamallow dit :
Knüt ! Nelle ! Viiiiiiite ! Lyne est blessée ! Elle SAIGNE ! Il l’a jeté contre un mur ! C’est un fou ! Un malade !
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Le Vayang 25 Nohanur 1511 à 14h22
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| Nelle n'est pas vraiment du genre violente, et encore moins à perdre son sang-froid.
Nelle, c'est celle qui soigna et sauva Kysall alors même qu'elle s'était mise à dos tout Syfaria, simplement pour avoir le temps de parler avec elle avant que Kaliss ne l'achève.
Nelle, elle éprouve même de la compassion pour le P'khenS'sarkh.
Pourtant, à la vision de Lyne ensanglantée et avachie comme une petite poupée de chiffons contre ce mur, sous la menace du poignard de son tortionnaire, le sentiment de la jeune arcaniste vis-à-vis de Mirgahal est tous sauf miséricordieux.
Les premiers Mystères de décrépitude qu'elle incante, sans réfléchir, sont une promesse de mort... Et puis les mots de Chamallow résonnent, tels ceux de Knüt dans le consensus.
Un fou.
Un malade.
Et c'est finalement un sort de Tétanie qui frappe le tydale, en une vague d'énergie sombre.
Un sort d'une telle puissance qu'il n'a aucune chance d'y résister. Sans qu'aucun changement physique ne soit visible, Mirgahal est désormais, et pour de longues heures, presque aussi rigide qu'une statue de marbre, le moindre mouvement lui demandant une énergie considérable.
Aussitôt, sans toutefois le quitter des yeux, Nelle s'approche de la petite tydale, et la tire doucement vers elle, la soustrayant à la menace immédiate du couteau, qu'elle enlève et jette derrière elle.
Ces mous ont raison, dit-elle en se tournant vers Vizjerei : cet individu ne peut être que fou, pour s'en prendre ainsi à une fillette sans défense, en plein milieu de Lerth.
C'est au Centre auprès des services du Façonneur qu'il doit être confié à l'évidence, ne pensez-vous pas ?
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Le Vayang 2 Dasawar 1511 à 21h49
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| Silinde ne s'y attendait pas vraiment. Il n'avait plus eu de nouvelles de Mirgahal depuis son arrivée à Lerth et, c'était le cadet de ses soucis. Sauf qu'un cri d'appel à l'aide venait de lui parvenir.
Bon.
Visiblement quelqu'un venait de lui jeter un sort de tétanie et il avait besoin d'un coup de main. Soit. Discrètement qui plus est. Il avait du se laisser entrainer dans une bagarre de rue, ou quelque chose du même genre. Ou bien avait décidé d'être insolent avec la mauvaise personne. Le tydale soupira... Certains savaient se débrouiller seuls, d'autres non. Mirgahal était de la seconde catégorie.
Et qui devait ensuite aller sauver sa peau pour qu'il ne se fasse pas passer à tabac? C'était Bibi. Enfin, Sili plutôt.
Crétine de Valise va.
Et le frêle artiste n'avait pas envie de se mettre lui en danger face aux hooligans de Lerth même pour tirer son compatriote de leurs mains. Il n'avait rien eu de mieux à faire qu'aller narguer la lie de la presqu'ile hein? Il n'était pas au courant qu'aux dernières nouvelles, les relations entre l'Equilibrium et les Témoins du Poisson étaient un peu tendues? Boulet.
Quand on n'est pas capable d'assumer seul sa vantardise et son roulage de mécaniques, on ne provoque pas des brutes potentielles fanatisées en jouant les matamores.
Débutant.
L'etentiel dans la provoc', c'était de bien choisir ses cibles. Histoire de ne pas s'en mordre les doigts ensuite.
Lui même n'était pas bien placé pour en parler, mais au moins, il n'avait jamais appelé à l'aide -enfin si, mais Heltair ça ne comptait pas.
Néophyte.
Pres du temple... mouep... Bon, on remet la capuche. Quelle bonne idée d'avoir cette pelisse. Le mou sous le manteau. Il ne s'agirait pas de se faire agresser par la racaille qui s'en était pris au roublard. Non, Silinde ne comptait pas se mettre en danger pour lui. Le plus important était de lui faire sauter le sort qui le paralysait... Il savait comment faire. Il avait la magie pour. Ca serait juste un peu son et lumière. Du moins, son et lumière sur Mir. Lui, il ne voulait pas se prendre des beignes. Qu'est ce qu'il était gentil tout de même.
Là. Un attroupement. Comme Mirgahal le lui a décrit. Et un corps au sol. Il ne s'approche pas. Hors de question d'être reconnaissable pas les silhouettes qu'il distingue.
Attention ça va piquer. Mais ensuite plus rien ne t'empechera de fuir. Trois, deux, un...
La main sort du manteau, pointe le roublard qu'il voit allongé. Il incante entre ses dents. Heureusement il le connait bien... Il s'en sert parfois sur lui même quand un sort le gêne. L'explosion d'enchantement est lancée.
Son et lumière donc pour Mirgahal. Douleur également. Après tout, ça lui explose au nez.
L'entropiste lui s'est éclipsé. Ne s'est jamais approché de toute manière.
Il ne veut pas que ceux dont il viens de libérer l'innocente victime se rabatte sur un pauvre et frêle tydale -lui. Syrinth, c'est bien plus sain. Et saint aussi.
Jusqu'au bout... | |
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Le Sukra 3 Dasawar 1511 à 09h14
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| Je n'avais pas porté grande attention au Nelda. Débarqué de nulle part, celui-ci avait semble t-il décidé de sanctionner à sa façon le comportement du maraudeur. Se faire peindre le visage sans pouvoir s'en défendre, une trouvaille assurément. Crooot traitait le tydale tout comme celui-ci avait traité sa victime mais de manière pacifique, profitant d'une situation de faiblesse enrageante. Je dois dire que l'idée me plaisais assez. Quelle était donc cette odeur qui se dégageait du jaune ?
Cependant ma priorité était autre. L'enfant dans les bras de Nelle avait sombré dans une semi-inconscience peu réjouissante. Je laissais donc les deux étrangers à leur atelier peinture et m’agenouillai face à la jeune Propage, réprimant un râle de douleur quant à ma jambe.
J'observe la blessure, soulève délicatement un pan de la tunique de Lyne. Un carreau d’arbalète entre deux cotes c'est déjà plutôt moche, alors sur une enfant.
Prenant sur moi de ne rien laisser paraitre, je lève le regard et cherche celui de Nelle. Les talents de la demoiselle vont à nouveau devoir être mis à contribution.
Je vais devoir retirer la flèche, votre magie nous sera nécessaire alors pour alléger la souffrance et soigner cette enfant.
Après m'être assuré qu'elle avait bien comprit je prend une grande respiration et saisi la tige de bois maculée de sang d'une main, assurant de l'autre que Lyne ne bougerait le moins possible à l'instant fatidique.
Quelque-chose se produit. Des crépitements, des éclats de lueur soudains et incompréhensibles, aucune idée de ce que cela peut être. Pas le temps de chercher. D'un geste sec et précis j'extrais le corps étranger qui emmène avec lui son lot de sang se déversant de la plaie. J'applique un point de compression, espérant de tout cœur que Nelle soit aussi douée que l'on veut bien le dire.
J'entends à peine la courte rixe derrière moi. Trop occupé à l'urgence de ces premiers soins je fais volontairement le choix de délaisser le peintre aux gouaches douteuses pour continuer de m'occuper de la jeune fille.
Horazon dit :Maitre ! Il est partit ! Lorsque je relève enfin les yeux, le tueur d'enfant a effectivement disparut.
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Le Sukra 3 Dasawar 1511 à 12h41
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| Nelle, qui en a pourtant vu des vertes et des pas mûres sur certains champs de bataille, est plutôt reconnaissante envers Vizjerei de prendre les choses en main concernant la petite fille.
D'une part, ce n'est pas parce qu'on a déjà dû soigner des trucs sanguinolents et vraiment pas beaux à voir qu'on s'y habitue. Mais en plus, la vision d'un carreau d'arbalète planté dans le corps d'une petite fille est particulièrement insoutenable pour la jeune propage. D'autant plus qu'elle a eu le plaisir de rencontrer la petite fille en question quelques jours plus tôt.
L'intervention du tydale est donc plus que salutaire pour l'estomac de la jeune tchaë.
Alors qu'elle détourne les yeux le temps de lui laisser le soin d'extraire le carreau, elle voit donc très clairement un tydale s'approcher et incanter en direction du détenu. Si sa capuche l'empêche d'être reconnu par les yeux, la symbiose lui permet aussitôt de reconnaitre en cette silhouette l'équilibrien Silindë.
La première pensée, fugace, de Nelle est de s'étonner de le voir à Lerth, alors qu'elle n'a pas reçu de nouvelle ou de confirmation de sa venue depuis plusieurs semaines.
Puis aussitôt, la pensée suivante et de s'étonner de le voir là, lui aussi. Il devait passer justement là par hasard, pour être déjà sur place en à peine un battement de cil ?! Quelle heureuse coïncidence !
Car sa troisième pensée, en le voyant incanter, est de croire qu'il vient leur prêter main-forte : peut-être pour soigner la fillette ensanglantée, qu'il ne peut manquer de voir puisqu'elle est étendue en évidence entre lui et la véritable cible de son sort. Car c'est en fait sur Mirgahal qu'il incante, et pas du tout pour contribuer à le punir de son infamie.
Non ! Au contraire, Silindë libère le criminel de ses entraves magiques, et tourne aussitôt des talons pour disparaitre dans la foule et quitter la scène de crime.
Il faut alors croire que la stupéfaction face à cette complicité criminelle inattendue (et l'exploit d'incanter de loin un sort de contact) abasourdit Nelle avec force, car en un nouveau battement de cil, Mirgahal est déjà à l'autre bout de la ville !
Puisqu'elle n'a donc pas l'heur de tenter quoi que ce soit pour empêcher cet incroyable retournement de situation, la propage se concentre donc de nouveau sur Lyne.
Vizjerei a extrait le carreau d'arbalète de sa poitrine, et Nelle incante donc sans attendre un sort de soin majeur.
Heureusement, la blessure n'a touché aucun organe vital, et s'avère être relativement légère. Impressionnante à voir, très douloureuse, sans doute, mais facilement réparable.
Le traumatisme psychologique de cette ignoble agression, lui, sera peut-être bien plus long à soigner...
Nelle serre les poing et ses yeux s'embuent légèrement, tandis qu'elle sent monter en elle une rage sourde à la pensée que sur cette presqu'île en paix, épargnée des attaques de rejetons ou de créatures dangereuses, dans cette cité d'accueil et de plénitude jamais troublée... il faut que ce soient des poussiéreux qui viennent semer le chaos et faire couler le sang...
Se relevant, Nelle adresse juste quelques mots à Vizjerei avant de se lancer sans attendre à la poursuite du malfrat :
Sa vie n'est plus en danger, je vous en prie, prenez soin d'elle...
Malgré la colère froide et implacable qui l'envahit, cette légendaire rage du S'sarkh dont elle fait l'expérience pour la toute première fois, la propage envoie une pensée, glacée, à Silindë, et une autre au Gardien Esosh, tout en suivant la piste, évidente, à travers les rues de Lerth, d'un tydale en fuite au visage peinturluré.
Entrainant avec elle quelques Protecteurs du corps au passage, qui commençaient à arriver sur les lieux de tant d'inhabituelle agitation, guidée par les indications de passants intrigués, Nelle et les miliciens qui la suivent ne tardent guère à parvenir à l'entrée de la tour où s'est réfugié le fuyard.
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