*** Ashvini buvait du petit lait. Son maître , Larak, et elle déambulaient dans les allées du souk. Elle s'émerveillait de voir des articles inconnus jusque là, dans une ville inconnue, au milieu de gens inconnus. Tout lui était nouveau, même la vision de son maître. Des semaines d'échange de pensées l'avait familiarisée avec lui, mais le voir , là, qui marchait un peu devant elle, ça c'était de l'inédit!
Leur but était l'acquisition de quelques longueurs de toile, d'une jolie teinture, aussi. Aussi s'étaient-ils aventurés dans le quartier des merciers. Ash ne pouvait s'empêcher de toucher les matières, s'émerveillant de la fluidité des soies, des tissages exubérants des jacquards, de la douceur des lainages.
A chaque tissu lui venait en tête un modèle à créer, ici une robe vaporeuse, là, un uniforme rutilant... Mais jamais Larak ne s'arrêtait pour choisir. C'est qu'il avait en tête la tenue que devait réaliser Ash. Une tenue brodée... Sa première création. Pourtant , Ashvini aurait aimé la réaliser dans le beau drap de laine effleuré deux échoppes plus tôt, doux et promettant un tombé souple. Il était bordeaux, et Ash l'avait vu de suite paré de broderies dorées, au motif graphique. Non, Larak avait dédaigné la merveille, pour continuer à fouiller parmi les rouleaux d'étoffe, avançant d'une échoppe à l'autre.
Enfin, il s'arrêta! Ash qui avait eu le regard attiré par une dentelle fine comme un voile de brume le percuta dans le dos. ***

***
Elle regarda ce qui avait interpellé son maître... une toile sergée, solidement tissée, oscillant entre le beige et l'écru. Un tissu rigoureux, qui résisterait surement aux affres du temps et des voyages. Ash fit la moue. Dans sa tête, les soies fluides s'évaporèrent, les dentelles s'estompèrent.
Pendant qu'Ash tentait d'imaginer ce que donnerait ce tissu cousu par ses soins, Larak achetait quatre longueurs de serge, du fil mouliné, de la craie tailleur, et négociait pour elle un ruban mesureur souple. Pour ne pas être en reste, elle s'offrit une paire de ciseaux, qu'elle fit jouer dans le vide, juste pour le plaisir d'entendre les lames crisser l'une contre l'autre, et claquer dans le vide.
Enfin, Larak la laissa choisir une teinture, qu'elle décida gris bleuté, et du cordonnet noir, pour la broderie. Tout ça pour elle! Ash regarda Larak d'un air profondément reconnaissant. ***

*** Ils s'étaient retrouvés devant l'auberge, prêts à découvrir la ville. Larak regarda la mise de son apprentie et eut une petite moue: elle allait devoir se surpasser sur sa tenue! Haussant les épaules, il se dit que, décidément, il était pareil à ses débuts.

Il apprécia le vent frais et se tourna vers Ash ***

*** Avec un léger sourire en coin, il avança dans la ville. Il la fit passer devant la Mairie, slalomer entre les passants qui devenait de plus en plus nombreux à mesure qu'ils approchaient de la place commerçante.

Enfin ils entraient dans le lieu sacré des marchands: le souk! A son arrivée, Larak était déjà passé par ici en reconnaissance: il avait bien fait. Les marchands essayaient d'attirer son attention à la criée, et leurs étoffes toutes plus belles que les autres attiraient l'oeil expert du nelda. Néanmoins, tout cela ne convenait guère pour une première création et il ne fallait pas perdre de vu leur objectif.

Il ne put que noter avec un air satisfait l'air subjugué de la tydale. Une bonne chose que voilà pour un futur maître tailleur!

Enfin il arriva à l'échoppe qu'il cherchait depuis le début. Sorte de bric-à-brac pour qui ne regarde pas de plus prés, il posséde les rouleaux de tissus les plus intéressant pour ce qu'ils cherchent.

Aprés quelques instants passés à farfouiller, il déniche le tissu souhaité, plus quelques autres petites choses indispensables. Il se tourne vers son apprentie et note le désappointement dans son regard. Un petit sourire et quelques mots ***

*** Il nota la couleur choisie, approuvant le choix de la jeune femme en silence. Puis, chargé comme des baudets, ils se retrouvérent devant l'échoppe. ***

*** Il repartit dans le dédale des rues, s'éloignant de l'agitation des rues pour s’enfoncer dans des ruelles plus désertes, non loin des remparts. Après quelques minutes de marche rapide il s’arrêta devant une échoppe modeste, isolée. Poussant la porte, il entra sans hésiter, accompagnée d'Ash. L'odeur la saisit à la gorge et la fait tousser. Ils sont, comme promis, dans la boutique du tanneur: le Maître ès peaux en tout genre.

Celui-ci à promis à Larak de l'héberger contre quelques sardoines et menues réparations, ce que le nelda a accepté d'un hochement de tête.
Le patron, un certain B'jorn, les conduis dans l'arrière salle où un grand plan de travail est délesté de toute charge inutile. Au centre, la place nécessaire pour travailler ***

*** Avec un sourire il dépose son fardeau sur le plan de travail puis il ajoute ***

*** Il désigne le fond de l'établis ***

*** Sur ces mots il s'éloigne un peu et dépose le sac de toile marron qui n'a pas quitté son épaule de la matinée et auquel Ash n'avait pas prêté attention. A l'intérieur, une armure de lien qu'il doit terminer d'enchanter. C'est une création supérieure qui lui sera accessible si elle ne se décourage pas en cours de route. ***

*** Ash regarda son maitre s'éloigner, puis posa son sac de toile enduite. Elle entreprit de le vider des outils dont elle aurait besoin, et d'un rouleau de papiers aux formes découpées. Elle dénoua le lien qui les retenait, et quand le tube se défit, le patron de sa tenue s'étala sur la table. Elle se pencha pour lisser les feuilles, vérifiant que les lignes d'aplomb ne s'étaient pas effacées, et qu'aucun angle ne s'était corné.
Tout allait bien, elle mit le patron de côté, sur le bord de la table.
A la place, elle étala la toile beige, la positionna bien, en l'alignant sur le bord de la table, et s'appliqua enfin à positionner les pièces de patron, qu'elle épingla.
Puis lui vint un doute. Elle tourna la tête vers le fond de l'atelier, hésitant à appeler Larak. ***

*** Elle fit deux pas vers lui, et désigna son ouvrage. ***

*** Sa première tenue... elle ne savait rien, vraiment, et elle espérait que son maitre n'en serait pas trop déçu. ***

*** Il observa d'un air intéressé les premiers pas de son apprentie sur la Voie puis il se plongea dans son travail. Enchanter cette tenue jusqu'au cercle suivant allait lui prendre pas mal de temps et d'énergie, il lui fallait toute sa concentration.

Il allait commencer quand une petite voix parvint jusque sa conscience. Avec un soupir il s'ébroue et se tourne vers Ash. ***

*** Il se passe la main dans la fourrure de sa tête avant d'adresser un sourire d'excuse à son apprentie. Elle a eut raison de le déranger, elle ne doit pas en douter. Avec un ton plus doux, il lui demande: ***

***
Elle lui adressa un grand sourire, et retourna à son ouvrage. Avec patience, elle ôta toute les épingles qu'elle avait fixées, replia les morceaux de patron, et ramassa son tissu en boule contre elle. Elle regarda autour d'elle et repéra bien vite les énormes cuves destinées à la teinture, que le tanneur employait pour teindre ses créations.
Grace à un ingénieux système de canalisations qui menait au dessus des cuves, le puits dans la cour lui fournit l'eau, qu'elle mit à chauffer. Il lui fallait d'abord décatir la toile, pour en ôter l'amidon, sinon, la teinture ne prendrait pas. Pour cela, un premier bain dans l'eau tiède serait nécessaire.
Et ainsi fit-elle. Pendant que l'eau chauffait, elle emplit une seconde cuve d'eau, sous laquelle elle alluma aussi un feu. Là, elle allait diluer sa teinture. Elle déboucha son flacon, le versa dans l'eau encore froide, et après avoir remonté ses manches, entreprit de mélanger le tout, pour homogénéiser l'eau et la teinture. Elle prit plaisir à enfoncer ses bras jusqu'aux coudes dans la cuve, se régalant de la sensation rafraichissante de l'eau sur sa peau. Elle tourna ses bras dans l'eau un petit moment, jusqu'à ce qu'elle sentisse l'eau devenir trop chaude. Dans l'autre cuve, le tissu devait être décati. Elle se redressa, et chercha un bâton pour attraper le coupon qui marinait dans l'eau bouillante de la première cuve.
C'est là qu'elle remarqua la couleur de sa peau.
Comme deux gants longs, la teinture avait coloré ses avant-bras en un doux gris vert. Elle ne sut pas bien si elle eut plus peur de la colère de Larak, ou de son désappointement devant la tête de linotte qu'elle était. Elle se saisit d'un chiffon, et entreprit de se frotter la peau. A part la rougeur qui transparut sous le gris, rien ne changea. Elle jeta un coup d'oeil en coin à son maitre, qui semblait concentré sur son propre ouvrage, soupira de soulagement, puis lui tourna le dos. Elle descendit ses manches, cachant l'essentiel du massacre.
Il lui fallait toujours s'occuper de teindre le tissu.
Une immense spatule de bois, destinée à cette fonction, était posée dans un coin. Ash l'attrapa, la fit glisser sous le tissu devenu tout mou, et souleva avec peine le métrage imbibé d'eau, pour le transférer dans la cuve pleine d'eau teintée.
Elle fit tourner son tissu, à l'aide de la spatule, pendant une bonne heure. Tout en tournant, elle se maudissait de ne pas avoir pensé à user de cette spatule avant, pour mélanger l'eau et la teinture! Ses mains grises , agrippées à la spatule, la rendaient malade de honte. ***

*** Elle poussa un énorme soupir , puis s'habitua à ses mains grises... la couleur était jolie, vraiment. Le tissu aussi, prenait une jolie teinte, et enfin, Ash jugea bon de le rincer, avant de le remettre à mariner dans un bain fixateur, plein d'eau et de sel.
Elle eut la bonne surprise de trouver au delà des cuves un appareil cylindrique, plein de trous: une essoreuse! Une manivelle actionnait le tambour, dans lequel le tissu plaqué contre la paroi trouée perdait la majeure partie de son eau. Le temps de séchage en serait sérieusement raccourci.
Enfin, la toile devenue d'un gris vert aussi joli que les mains d'Ash fut étendue dans la cour, sur une grosse corde tendue entre deux piquets. Il fallait laisser au soleil le temps de faire sécher le tissu. Ash décida d'en profiter pour s'éloigner de Larak, dans l'espoir de lui dissimuler sa bévue.
Elle s'assura que ses manches recouvraient jusqu'à ses poignets, et mit les mains dans ses poches. Il semblait à Ash que son maitre n'avait rien remarqué. ***

*** Satisfait il laissa son apprentie se débrouiller avec les instruments du tanneur. Malgré ce qu'il pouvait laisser croire, Larak ne resta pas concentrer sur son armure tout le long du processus.

Enchanter une armure jusqu'au 5ème cercle lui prenait encore un temps considérable et par conséquent il ne pouvait s'y consacrer indéfiniment. Il en profita pour envoyer une pensée à Fontanas, hésita à joindre Kether puis se décida à attendre un peu.

Il rit doucement et discrètement en notant l'air désappointée d'Ash à la vue de ses bras puis reprit son sérieux quand elle regarda vers lui ***

*** Avec un sourire en coin, Larak replia sa tenue avant de la ranger dans son sac. Il observa ensuite les derniers préparatifs de son apprentie, qui était en train de tendre la toile à l'extérieur pour la faire sécher.

Il se leva puis vint à sa rencontre. Sa demande lui fit hausser un sourcil puis il lui sourit ***

*** Il savait qu'elle ne pourrait le faire aujourd'hui. Tout enthousiaste qu'elle soit, teindre la toile lui a déjà prit pas mal de sa concentration et l'artisan ne voudra pas d'elle comme élève aujourd'hui.
Mais ces quelques heures de liberté leur ferait du bien à tous les deux!

Il s'étira, les muscles douloureux, et se décida à arpenter les rues de Lerth lui aussi... Il sera de retour à temps pour la voir commencer.... ***

*** Dans les rues de Lerth, Ashvini garda les main dans ses poches... jusqu'à son arrivée au souk, où elle se permit d'aller se perdre. Elle refit le chemin tracé par Larak un peu plus tôt dans la journée, et retrouva l'allée des merciers. Toute cette matière, belle à travailler, appelait à la création, et inspirait à Ash les modèles les plus fous. Oubliant sa peau grise, elle recommença à toucher les étoffes, tout en s'émerveillant.
Puis un petit air frais la surprit. Elle leva les yeux, chercha à deviner l'heure. Misère, que le temps passait vite!
Elle n'avait pas acheté de plan de la ville. 6 sardoines, enfin, c'était un budget qui confinait à la folie, vu l'état de ses finances! Alors elle demanda son chemin, et c'est essoufflée de sa course qu'elle se présenta à la corporation d'artisans.
Le tailleur allait la rabrouer, commençant à expliquer qu'il était un peu tard et qu'elle n'avait qu'à revenir demain.
Mais comme elle leva ses mains en supplique alors qu'elle argumentait pour rester, il vit la couleur de sa peau, éclata de rire et capitula.
***

*** La nuit commençait à tomber quand Ash reprit le chemin de l'atelier du tanneur. Elle avait dans son sac le patron d'une cape, dont il ne resterait qu'à ajuster la longueur, selon le client, et dans sa tête moults conseils, qu'elle se promettait d'appliquer aussitôt qu'elle en aurait l'occasion.
Enfin, elle arriva à destination. Sa toile devait être sèche, même si l'air était maintenant plus frais . Elle espéra pouvoir travailler à la lueur des bougies, il était bien plus tard qu'elle ne l'aurait cru. ***

*** La journée s'était déroulée de la meilleure des façons. Un enchantement, une apprentie motivée, une belle ballade, une bonne discussion marchande dans laquelle Larak s'était illustré. Vraiment, tout ceci le mettait de fort bonne humeur.

Cependant, à l'heure du retour le tanneur l'informa qu'Ash n'était toujours pas rentrée. Il avait compté la trouver penchée sur son travail mais visiblement elle avait mieux à faire.

Fronçant les sourcils il se rendit à l'atelier et toucha la toile: sèche. Parfait! Ce qui l'est moins, c'est l'absence de son apprentie...

Le temps passe et elle n'est toujours pas là. Le nelda s'est décidé voilà déjà un moment à rentrer la toile à l'abri. Pas question de l’abîmer en la laissant dehors toute la nuit.

Inquiet du retard de son élève, il se demande si elle n'a pas des ennuis
***

*** La voix est pensive. Il regarde autour de lui, puis va dire quelques mots à son hôte. En lui glissant quelques pierres, il lui demande de la laisser disposer de l'atelier à sa guise si elle en fait la demande. L'autre hoche la tête et Larak prend congès en le saluant d'un signe de tête.

Lui aussi a été apprenti, mais à présent qu'il est Maître, il souhaite dormir dans un lit! Hop direction l'auberge! ***

*** Ash se réveilla alors qu'il faisait presque grand jour. Elle mit une seconde à se rappeler où elle se trouvait. Ahhh, oui, l'atelier du tanneur, dans lequel elle s'était endormie aux petites lueurs de l'aube, s'écroulant bien qu'assise, la tête sur la table.
Elle se redressa, se frotta les reins, puis les yeux, s'étira en baillant. Elle avait mal partout. Elle frotta aussi sa joue, toute douloureuse. Sous ses doigts, sa peau avait été déformée par quelque chose de rond, laissant une trace palpable. Elle fronça les sourcils en s'apercevant qu'elle s'était endormie sur son ouvrage, et qu'un bouton avait laissé son empreinte dans la peau de son visage. Elle frotta plus fort, puis laissa tomber, ça partirait tout seul.
Elle reporta son attention sur la tunique. A la lueur des bougies, elle avait travaillé dur, épuisant ses yeux autant que ses doigts crispés sur l'aiguille. Là, au jour , elle vérifia son travail. Ah! il restait encore trois boutons à coudre, mais elle avait fini les boutonnières, joliment brodées par un point régulier. Ce serait solide, elle n'en doutait pas! Elle bailla encore, enfila une dernière aiguillée de fil, pour les derniers boutons, qu'elle s'appliqua à coudre.
Le modèle avait été simple, sans cela, elle ne l'aurait pas fini si vite. Mais en le tenant face à elle, tenu à bout de bras par les emmanchures, elle reconnaissait qu'il avait fière allure. Puis elle fronça les sourcils, la bouche écarquillée en un ohohhhh horrifié! Elle avait oublié de faire les poches! Comment avait-elle pu? Comment avait-elle pu oublier les poches? C'est ça qui se cousait en premier, avec le col! Si pressée qu'elle avait été d'avancer, elle avait monté les pièces de tissu et leur doublure, sans penser aux poches! Elle retourna le corsage, comme une peau de lapin, pour vérifier si rien d'autre n'avait été omis. Puis elle lâcha l'ouvrage, et se prit le front à pleines mains. ***

*** Ash leva un regard éperdu vers Mallow, qui venait d'apparaitre dans son champ de vision. ***

*** Aussitôt, elle étala les chutes de tissu sur la tables, et à la craie, traça deux rectangles, puis deux rabats, en double, qu'elle coupa. Elle préforma au centre des rectangles un double pli creux, qui donnerait aux poches l'ampleur nécessaire pour y mettre plus tard un objet volumineux. Elle surjeta ses surplus de couture, fixa la naissance des plis, et pour finir, les centra sur les basques du vêtement, pour les coudre à petits points serrés. Ensuite, elle appliqua de même les rabats, qu'elle orna en leur centre d'une boutonnière brodée, cousu le bouton sur chaque poche. Enfin, Ash s'appliqua à contourner ses poches d'une surpiqûre contrastée, façon point sellier. Du coup, elle fit de même la finition du col, et des manches.
Ash mourait maintenant de faim, de soif, et de fatigue. mais elle était absolument incapable de retrouver le chemin de l'auberge, sans Larak. Elle étancha sa soif à l'eau prise dans la cour, et s'aspergea le visage. Si le coup de fouet fut bénéfique, il fut tout de même de courte durée. Le matin était maintenant bien installé, les rues s'animaient.
Alors Ash lissa la tenue, bien à à plat sur la table, puis emmitouflée dans son mantel, s'allongea sur le banc,avec sous la tête un coussin fait des chutes de tissu.
***

*** Puis Mallow se posa sur le ventre d'Ashvini, et cessa de s'agiter, tout comme la jeune femme s'endormait d'un sommeil de plomb... ***

*** Larak avait bien dormi, contrairement à son apprentie. C'est en descendant déjeuner qu'il s’aperçut qu'elle n'était probablement pas rentrée. En effet, un bref passage par la porte de sa chambre qui resta close, le mit sur la voie!

Avec un sourire, il s'attabla et prit un solide petit déjeuner. Puis, il fit un balluchon avec quelques tranches de pain frais et un pot de confiture avant de se mettre en route pour l'atelier.

En chemin il en profita pour passer par le souk, nota les arrivages d'un oeil interessé puis sifflota de contentement le reste du trajet.

Arrivé à l'atelier, le tanneur lui confirma qu'Ash avait passé la nuit à l'atelier. Avec un petit sourire, Larak s'avança et découvrit son apprentie allongée, en train de prendre un repos bien mérité.

Son attention fut attirée par la tenue déposée sur l'établis.

Il se décida néanmoins à patienter, pour laisser l'occasion à la jeune tydale de briller. Il se racla la gorge pour réveiller l'endormie ***

*** Le bruit de gorge de Larak passa au travers des songes d'Ashvini sans rencontrer de résistance. Mais Mallow avait senti l'arrivée du Nelda, et sans bouger pour ne pas éveiller sa symbiote, avait laissé le maître tailleur entrer et s'installer. Puis il se rapprocha de la tête d'Ash, lui tapota le menton en rebondissant dessus, et s'éleva au dessus d'elle en l'appelant.
Du fond de son rêve, Ash entendit Mallow, tenta de résister, et se tourna sur le côté en grognant.

dit :
Au même moment, Ash se cassa la gueule du banc. Toute en vrac par terre, elle prit le temps de comprendre ce qui venait de se passer, ramassa ses morceaux... ah, bien, elle était entière, d'ailleurs, elle avait juste mal à un poignet. IL était là... elle leva le regard, le chercha dans la pièce.. lui fit la mimique contrite qu'il commençait sans doute à bien connaitre.

-Bonjour, maitre! dit-elle le plus dignement du monde, tout en se relevant. -Avez vous bien dormi?

Il finirait par la renvoyer, elle en devenait de plus en plus persuadée! A trop se montrer maladroite, elle le mettrait un jour dans une situation embarrassante, et il la chasserait. Mais pour l'instant, ça n'était pas le cas, pas encore, et elle avait un ouvrage à présenter. Sans vraiment écouter s'il répondait, pour chasser l'embarras dû à sa chute, elle se saisit du vêtement fraichement terminé, et le plaqua contre elle, en souriant! ***

*** Elle lui tendit la tenue, l'estomac soudain lourd. Et si elle avait loupé sa création? Elle en eut la tête qui tourne, à moins que ce ne fut la faim. Ah, oui, à l'épouvantable gargouillis qui monta de ses entrailles, le doute se dissipa: c'était bien la faim! ***

*** Larak sourit devant les tentatives du mou. Puis il éclate carrément de rire quand Ash se casse la figure. Il ne devrait pas mais il ne peut s'empécher. Les larmes coulent et il reprend difficilement son souffle. Il se revoit tellement en elle qu'il ne peut qu'en rire.

Heureusement elle n'a rien et toute préssée qu'elle est, elle ne lui laisse pas le temps de s'enquérir de sa santé, elle lui colle sous le nez le résultat d'une nuit de dur labeur.

Soit, il examine donc l'oeuvre de son apprentie avec sérieux et attention.

Les minutes s'égrennent, Ash se tortille mal-à-l'aise en attendant que Larak parle. Ce qu'il finit par faire ***

*** Il désigne la poche gauche du doigt pour le point et la droite pour l'erreur de symétrie. Probablement due à la fatique d'ailleurs. Puis, regardant son élève, il l'invite à s'asseoir à ses côtés sur le banc. ***

*** Il hoche la tête en signe d'approbation et sourit, fier d'elle ***

*** Il sort de son sac une tenue soigneusement pliée: une armure de lien qu'il s'est confectionné pour lui même. La tenue est simple, dans les tons argentés qui ressortent sur le pelage noir du nelda. Les portions de cuir ont été teintes et se fondent parfaitement dans l'ensemble. Les points sont quasi-invisible et la fluidité qui s'en dégage est due à un judicieux choix du tissu. Un travail de Maître qu'Ash finira par faire également ***

*** Il range la tenue avec soin puis sort le baluchon contenant le petit déjeuner emporté pour son apprentie ***

*** Sourire amusé, instant de connivence. Il se demande briévement ce que fait Font' en ce moment. Dommage qu'il ne passe pas les voir... ***

*** ... ne va donc pas lui teindre sa cape en rouge! finit-il en pensée. Il n'est pas inquiet, elle a de la jugeote quand elle prend le temps de réfléchir. Il se lève et s'étire ***

*** Ses doigts frétillent d'avance, cela fait trop longtemps qu'il n'a pas créé. Une tenue simple, non commandée mais qui lui permettra peut être d'avoir accès au patron de l'armure d'attirance. En tout cas, un bon moyen de patienter avant la livraison de lannë. ***

*** Ces derniers jours, Ashvini n'avait que peu vu son maitre. Il travaillait dur, puis disparaissait des heures durant, la laissant livrée à elle même. Alors elle baguenaudait dans la ville. Le quartier des échoppes n'avait plus de secrets pour elle, et elle s'était laissée aller quelques fois à des achats inconsidérés. Sa bourse était désormais plate comme une feuille de papier.
Elle avait aussi repris le chemin de la corporation des Artisans. Elle avait tant à y apprendre, et le tailleur n'était pas laid à voir. Lui arracher un sourire était une victoire secrète dans l'esprit d'Ash. Et c'est en fleuretant avec lui qu'elle lui avait extorqué le patron des bottes d'escalade. Elle avait chanté sur tout le trajet, en prévision de la rencontre avec l'artisan, ne répondant à son mou qu'en sifflotant.
Mallow avait assisté aux échanges entre le tailleur et sa symbiote sans plaisir, n'appréciant pas d'être oublié.
Après avoir jeté une dernière oeillade volcanique au beau tailleur, Ash avait couru dans toutes les échoppes possibles, pour obtenir au prix le plus bas une jolie pièce de cuir, et... hoo... elle avait lu et relu le reste du matériel nécessaire! Des sacs de cervelle d'araignées? ***

***
Ash avait soudain les genoux tout faibles. Elle regarda son mou, désemparée, avec l'air de quelqu'un qui s'apprête à changer de métier. ***

*** Il voleta jusque derrière elle et vint se placer entre ses omoplates. Puis il exerça une poussée surprenante pour son petit gabarit, la forçant à avancer.
Et finalement oui, elle se retrouva à grimper un escalier auquel elle n'avait jamais prêté attention avant, qui menait sous le toit de l'atelier du tanneur. Elle s'était donné du courage en pensant à Larak qui devait chasser les araignées depuis des années, et qui serait surement déçu de la savoir si délicate dans la recherche de ses matériaux. Ne pas décevoir Larak était son leitmotiv, son crédo.
En haut de l'escalier, Mallow poussa un tabouret sous une trappe, puis s'éleva pour soulever la trappe, qui retomba sur le plancher du grenier dans un fracas panaché de poussière. Elle éternua deux ou trois fois, puis se jucha sur le tabouret, encouragée par Mallow.

Pas une fois, elle ne se dit qu'elle était victime de la malice jalouse de son mou .

Elle se hissa à la force de ses bras par la trappe et se retrouva à genoux sous les toits, dans un grenier bas, à peine éclairé par un hublot opacifié par la saleté. Le soleil dehors faisait passer de fins rayons par les interstices de la toiture posée sur d'énormes poutres sombres. La poussière dansait dans la lumière chiche. Ca et là, des coffrets, des tas de vieux objets chassés de la vie quotidienne du tanneur, une plaque de bois sur laquelle un poisson naturalisé, étrange, était collé. Un tout petit berceau, dans un angle, était plein de vieux jouets sculptés, aux peintures décolorées, et de petites brassières jaunies. ***

***
Ash oublia aussitôt son émerveillement. Sur la tête d'un guerrier de bois, quatre pattes s'agrippaient en travers du casque. Un long frisson secoua l'échine de la jeune fille. Elle tendit la main pour ouvrir sa boite, puis pour saisir le soldat par les pieds. Mais la créature enlacée au cou du soldat bougea, et apparut en entier sur le devant de l'uniforme autrefois rouge. Ash retira sa main en hurlant.
***

*** Ash avait reculé sur ses genoux, soulevant une nuée poussiéreuse, le coeur au bord des lèvres. Pendant ce temps, Mallow avait tapoté le linge sur lequel était posé le soldat de bois, et la grosse araignée noire avait disparu. ***

*** Ash se redressa un peu pour voir par dessus le bord du berceau, et vit ce dont lui parlait Mallow: une petite araignée beige, qui n'avait sans doute jamais quitté ce grenier, ni jamais vu le soleil. C'est vrai qu'elle faisait moins peur que l'autre. Elle semblait presque inoffensive. Alors Ash s'approcha, la boite dans une main, et à l'aide du couvercle, tenta d'y faire glisser la petite créature.

C'est là que Mallow cru malin de faire: ***

*** C'est là que la grosse araignée resurgit de ses ténèbres pour venir aux nouvelles, les deux pattes avant levées.

C'est là qu'une souris trotta de sous le berceau, pour s'enfuir à travers le seul passage , entre les genoux d'Ash.

C'est là qu'Ash se mit à hurler et dans un geste défensif, envoya à l'aide du couvercle une grande baffe à Mallow, faisant voler la petite araignée qui s'accrocha à la manche de la tydale.

C'est là que Mallow fut projeté contre le mur et s'écrasa sans connaissance! Ash secoua son bras pour chasser la petite créature pâle, et lachant la boite, avança à croupetons vers Mallow qui ne bougeait plus. Elle le prit contre elle, avec précautions, l'appelant à voix basse. ***

*** Devant son absence de réaction, elle décida à aller chercher de l'aide. Mallow précautionneusement tenu contre elle, elle se laissa tomber sur le tabouret, et dévala les escaliers vers l'atelier où elle espérait trouver Larak. ***

*** Larak était fort occupé à faire une sieste bien méritée. Il s'était installé dans un hamac tendu dans la cour et il prenait un bain de soleil. Quel bonheur que de laisser sa fourrure capter le soleil et le réchauffer de la tête aux pieds!

Et quel silence apaisant...

Soudain un hurlement affolé parvient jusqu'à ses oreilles sensibles et lui fait froncer les sourcils. Et la voilà qui débarque en courant dans la cour, l'appelant à grand cri. Elle s’arrête pile devant lui mais ne peut s’empêcher de buter dans le hamac.

Et BADABOUM! Larak se casse magistralement la figure!!

Un gémissement s'échappe de ses lèvres quand il se réceptionne sur son fessier délicat.

Avec un soupir il lève les yeux vers Ash et il lui demande d'une voix lasse ***