Bienvenue dans le forum de Lerth
Le Temple

Un Etranger dans le Temple

premiers pas religieux
Page [1]
Détails
Sujet lancé par Trempe
Le 27-04-1508 à 12h47
14 messages postés
Dernier message
Posté par Samael,
Le 06-05-1508 à 12h54
Voir
 
Trempe

Le Dhiwara 27 Astawir 1508 à 12h47

 
L’Etranger avait marché dans le labyrinthe sinueux des ruelles de Lerth, admirant l’architecture et la manière dont ses créateurs avaient agencé la cité. Cette Cité de Poussière, même si elle venait elle aussi de la Race des Nemens, n’avait rien en commun avec la Citadelle Noire de son passé. Il se sentait un peu perdu dans cette immensité.

Il s’était guidé grâce à un plan qu’il avait acheté à ce qui semblait être la mairie, surpris que l’on y accepte ses girasols en paiement. La monnaie de la Fraternité semblait ici avoir autant de valeur que celle locale. Il ne comprenait pas toutes les indications sur le plan, mais avait pu traduire plusieurs noms qui lui étaient familiers.

Le premier qu’il choisit pour le visiter avait été celui du Temple, le plus naturel pour son esprit.

Il s’attendait à trouver un temple comme il en existait un à Oriandre, qui de temple n’avait que le nom, étant en réalité le quartier général de l'armée, là où se réunissaient les officiers pour décider des stratégie militaires et des actions à mener. Il y avait passé tant de temps, dans son passé, qu'il ne pouvait imaginer qu'un temple puisse être dédié à autre chose qu'à la stratégie de guerre. Pour lui, il pénétrait dans l'équivalent local du Temple Noir.

Il fut surprit en entrant dans l’imposant édifice, de le trouver aussi silencieux, et aussi nu. Se figeant sur son seuil, il resta un moment à se demander où se trouvaient les armes et les cartes, où étaient les officiers et les coursiers, où se tenaient les discussions sur la marche à suivre pour tel ou tel problème militaire.

Il se décida à entrer, pour aller voir par lui-même quel était cette étrangeté. A la ceinture de son habit ample se trouvait son épée, glissée dans son fourreau. Il posa la main sur la garde, n’aimant pas le silence de mort qui régnait sur un lieu qu’il pensait dédié à sauver des vies, ce que son expérience de la guerre lui avait fait associer à quelque chose de chaotique, de bruyant, d’immanquablement voyant.

Il se rendit vite compte que ses bottines ferrées produisaient un vacarme que l’acoustique des lieux faisait résonner, gâchant le silence de l’endroit. Un sentiment de malaise le prit, sans qu’il parvienne à le comprendre. Dans une telle situation, d’ordinaire, ne possédant pas son armure pour jouer le jeu de l’intimidation, il aurait ôté ses bottines pour ne pas que le son couvre l’approche d’un ennemi, prudence élémentaire. Il retira bien ses bottines, mais non pour cette raison. Le bruit qu’il faisait lui donnait la curieuse impression de troubler quelque chose de plus grand que lui, et d’être une insulte au lieu dans lequel il se trouvait. Il ne pouvait l’expliquer, mais sentait que faire du bruit aurait été une offense.

Après un instant il poursuivit donc vers le cœur du Temple, ses bottines dans une main, l’autre sur la garde de son épée. Il se demandait s’il n’avait pas fait une erreur de traduction si cet endroit était un temple, ou bien s’il pénétrait dans autre chose. Il finit par voir des gens, qui semblaient immobiles. Il se demanda ce qu’ils faisaient, un instant, avant de conclure qu’ils devaient sans doute être entrain de penser à des choses importantes, à méditer sur quelque sujet que ce soit. Il les regarda un moment gardant le silence, sentant qu'il les dérangerait en leur demandant ce qu'ils étaient entrain de faire. Toujours cette curieuse impression.

Il sentait au fond de lui que les êtres de poussière qu'il voyait n'étaient pas entrain de réfléchir à une stratégie militaire, le lieu n'en donnait pas l'envie. Mais alors que faisaient-ils ?


 
Trempe

Le Dhiwara 27 Astawir 1508 à 22h24

 
Passé un moment à regarder les êtres de poussière présents dans l’édifice, il devint clair aux yeux de l’Etranger qu’aucun d’entre eux n’était un officier, ils ne communiquaient pas, ils allaient et venaient, restant un moment, silencieux, semblant réfléchir mais sans aucun support pour mettre au point le plus primaire plan pour guider une armée. Ce lieu devait être dédié à toute autre chose qu’à la guerre.

Il tira son plan de l’intérieur de son vêtement pour vérifier une fois encore la traduction. Il hocha la tête, pensif, en ne trouvant pas d’autre sens à ce terme en S’sarkhnesh. Il replia le morceau de papier.

Commençant à sentir qu’il se posait des questions le rendant nerveux, qu’il ne comprenait pas ce lieu, il décida de se calmer, par respect pour ces inconnus qui semblaient ici si paisibles. Délaissant la garde de son épée, et déposant ses bottines sur les dalles, il s’assit sur le sol, en tailleur, inspirant et expirant lentement pour chasser les préjugés qu’il avait sur ce lieu à en lire le nom donné sur le plan.

Si ce lieu n’était pas un édifice appartenant à l’armée, comme dans la Fraternité, alors il ne devait pas chercher à comprendre où se trouvaient les choses qu’il lui paraissait manquer. Il lui fallait observer ce lieu comme un endroit neuf, et essayer d’en comprendre la fonction. Il ouvrit un œil neuf, observant le Temple avec attention. Il se concentra sur ce qu’il voyait, tâchant de se faire une idée sur ces gens.

Le Temple de Témoins semblait être un lieu de paix et de tranquillité. Un lieu dans lequel les gens venaient pour réfléchir, pour penser. Solitairement, les groupes avaient l’air plutôt rares. Ils restaient là quelques temps, dans un silence respectueux, puis repartaient dans la même austérité presque muette.

Au visage des gens, venir ici avait une importance toute particulière, et un sérieux très peu commun.

Petit à petit, l’Etranger se faisait à l’idée que ce lieu devait avoir un rapport avec les croyances des Témoins, et à leur religion. Il ne savait exactement expliquer d’où lui venait cette intuition, mais il en venait lentement à se convaincre que ce Temple était un élément central de vie de la Scintillante.

Restait à comprendre quelle était la vocation précise de cet édifice, et pourquoi il était si important.


 
Erling

Le Luang 28 Astawir 1508 à 18h06

 
Les vêtements encore souillés par la poussière des chemins, Erling se tenait quelques mêtres en avant sur la droite de Trempe. Agenouillé à même les dalles, les mains sur les genoux et le buste droit, il conservait les yeux fermés. Sa paisible concentration avait été brièvement troublé par l'arrivée d'une personne chaussée de bottines fort bruyantes mais il semblait que cet anonyme est prit conscience des gènes qu'il occasionnait.

Il se replongea dans sa torpeur méditative ayant pour but de s'adresser au S'sarkh. Il Le remercia de l'avoir ramené en sureté dans la Scintillante auprès des siens et de lui avoir épargné les mauvaises rencontres et les Piliers de Poussières. La pratique récente de la magie aidait Erling à rester dans le calme et l'apaisement. Le jeune Tydale s'adressa une nouvelle fois au S'sarkh, renouvelant son voeux de s'engager à propager Sa Voix.

Ensuite, le Témoin conserva sa posture et fit la vide dans son esprit, cherchant un repos. Une quinzaine de minutes durant, il resta ainsi, stable et silencieux, puis il se releva. Regardant l'autel en étirant son dos contracté, il pensa à ce qu'il avait maintenant à faire. Il devait tout d'abord passer voir sa mère, dernière représentante de sa famille des Aruhns mis à part lui. Puis, il irait faire un tour à la Mission où Samael devait avoir amener les Matriarcales à moins qu'elles ne fussent à l'auberge.

Enfin, Erling émergea totalement de ses pensées et fit volte face vers la sortie du temple. Alors qu'il marchait vers ce but, son attention fut attirée par un tchae élégament vêtu assis à même le sol. Il l'effleura de sa cape en le croisant.


Pélerin du S'sarkh

 
Samael

Le Matal 29 Astawir 1508 à 11h05

 
Samael poussa la porte du Temple délicatement, à son habitude le colosse se déplaçait silencieusement. Il n'était vêtu que d'une tunique de cuir laissant voir ses stigmates à l'air libre. Depuis son retour à Lerth, le Nelda ne prenait plus la peine de les dissimuler. Il était chez lui et l'ignominie pourrissante qui le corrodait n'effrayait personne à Lerth.

Du regard il fit le tour des Poussiéreux présents, identifiant 2 symbiosés, son ami Erling qui sortait et un certain Trempe, un Tchae en armure l'allure martiale. N'était ce pas celui qui venait de les rejoindre accompagné d'une petite fille. D'ailleurs ou se trouvait elle en ce moment? Un Commandant de la fraternité, un soldat de métier, un bon élément qui semblaient les rejoindre.
Le Nelda s'avança jusqu'au Tchae en armes et s'agenouilla prés de lui. Inhabituellement le temple était silencieux. Samael en déduisit que les plus fervents prieurs étaient tout occupés aux préparations du Congrés. Ils n'étaient pas dans leurs habitudes de délaissé un seul instant le murmure de leur prière unique et incessante. Il brisa le silence en chuchotant au guerrier :


Bienvenue à Lerth, Maître Trempe.

Samael ferma ensuite les yeux et faisant le vide dans son esprit, il se concentra sur sa prière muette.

Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Trempe

Le Luang 5 Manhur 1508 à 10h36

 
Le chevalier se demandait encore à quoi pouvait être dédié ce lieu lorsqu’un des êtres de poussière présents, visiblement un voyageur fraîchement revenu dans la cité, qui n’avait pas même eut le temps de se laver et se changer, passa près de lui en faisant route vers la sortie. Sa cape flottant dans son sillage vint glisser sur l’épaule de l’étranger, qui la regarda curieusement, mais sans la plus petite trace d’offense dans le regard. Il se demandait trop ce que cet étrange personnage avait pu avoir de si urgent à faire à son retour qu’il ne s’était pas même rendu présentable avant de venir en ces lieux. Pourtant, il lui semblait bien ne rien l’avoir vu faire d’autre que de rester assis, comme les autres.

A peine un instant après, un autre être de poussière arriva à ses côtés, pour lui sembla-t-il le saluer dans la langue locale, le S’sarkhnesh. Il leva les yeux, bien haut, pour les poser dans ces du Nelda, et se concentra un instant, percevant un nom dont on lui avait déjà parlé, quelques semaines avant, dans la Fraternité du Désordre. L’être s’agenouilla à ses côtés, et ferma les paupières, sans plus parler. Quel lieu étrange que ce Temple, où rien ne se déroulait comme dans un temple fraternel. L’étranger resta un moment silencieux, ne sachant quelle attitude adopter envers ces gens, avant de prendre la parole dans un murmure le plus discret possible, afin de ne pas déranger les activités étranges des gens.

« Merci messire… Pardonnez-moi, mais quel est ce lieu ? Je ne comprends pas ce que font tous ces gens ici… »


 
Samael

Le Luang 5 Manhur 1508 à 11h45

 
Samael se recueillit un instant, puis chuchotant pour le Tchae.

Vous êtes ici dans un lieu de prière et de recueillement dédié à s'sarkh, Pére des Océans, Seigneur des abysses.

Le Propage fit une pause, cherchant une manière d'expliquer le concept à cet étranger qui allait se convertir bientôt.

Il est parmi les Témoins, des Poussiéreux qui déifient, vénèrent et prient S'sarkh de différentes manières généralement. Mais ce lieu permet à tous de Lui rendre un culte.

Le Nelda reprit son souffle et continua :

La Révélation est une philosophie de vie, mais également un ensemble de croyances. Chaque témoins est libre de ses pensées, de ses actes et ses croyances. Avez vous l'intention de vous convertir? Si vous le souhaitez je pourrais vous conter la Révélation. En espérant que vous serez prêt à la recevoir et à accepter S'sarkh à vos cotés pour le restant de votre vie.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Trempe

Le Luang 5 Manhur 1508 à 16h17

 
Le Chevalier écouta avec attention, il n’aurait de toute façon pas pu faire autrement pour comprendre les paroles du Nelda, maîtrisant encore mal sa langue, avant de fermer les yeux un moment.

La question, si elle était très claire, appelait une réponse pour le moins mûrie. Il avait déjà pris contact avec qui de droit pour se convertir, mais il semblait que celui qui tenait lieu de chef local ne soit pas en mesure d’user de télépathie.

Il avait à présent une seconde chance de bien peser son envie, et de réfléchir à son choix.

Il partageait une philosophie commune avec les Témoins, celle concernant le Fils maudit. Sur ce point, dont il avait pu longuement discuter, il était certain de ne pas se tromper. Restait celui du S’sarkh lui-même. A ce propos, sa connaissance se limitait à des rumeurs sans fondement apprises durant sa jeunesse. Comment savoir si ces rumeurs étaient plus justes que la religion des Témoins ?

Il ne lui fallu pas longtemps pour trancher, et décider que sans apprendre à connaître cette religion, il ne saurait faire un choix. Là, assis au milieu du Temple, il sourit, sobrement, au grand Nelda.

« Je partage déjà une partie de vos croyances, et l’autre m’est inconnue. Ce peut-être une erreur de ma part, mais pour ce que je sais de vous, oui, je souhaite me convertir, et apprendre à connaître votre peuple. »


Il marqua une courte pause, semblant songeur, avant de poursuivre et conclure.

« L’avenir me dira si ce choix demeure le miens une fois que toutes les zones d’ombres seront levées. »


Il rouvrit les yeux et plongea son regard dans celui du Nelda.

« Je voudrais que vous me contiez la Révelation… »


 
Samael

Le Luang 5 Manhur 1508 à 17h04

 
Samael acquiesça aux paroles du Tchäe, il songea au deuxième précepte enseigné par son Maître : La Voix est un torrent qu’on ne peut refouler, ni barrer, ni contraindre. Elle s’ouvrira toujours un passage vers l’océan des âmes égarées.. Le Nelda prit une inspiration et commença de conter sur un ton pédagogue :

La première étape d'une conversion est de recevoir l'Illumination.

Entendez la Voix et acceptez son Existence. Forgez vous vos propres croyances à Son sujet. La Philosophie des Témoins est telle que chacun sur des fondations communes y bâtit son propre temple.
Je vais vous conter la parole prophétique qui me fut transmise par Berger des âmes mon mentor.

« Ecoute, ô fils du S’sarkh, la parole prophétique,
En des temps immémoriaux, vivait un peuple arrogant,

Ses membres étaient nombreux et exploitaient la terre de Syfaria sans répit.
Ils dévastaient les ressources naturelles,
Polluaient l’Île sous des monceaux de détritus.
Les forêts furent abattues en masse,
La terre fut labouré et ensemencé sans repos,
Menaçant de devenir un désert aride et stérile.

Des Océans monta une voix puissante,
Un gardien fut crée afin de contrer les pillards.
Sa colère fit rage et, du tranchant aiguisé de son glaive,
Terrifia le monde. Ses yeux lancèrent des flammes ;
Ses lèvres distillèrent du poison et,
Le peuple pillard disparut de la surface de l’île.

Du fond des Océans le gardien sommeille
Pour l’éternité, il veille sur l’île, aidé de son immense armée,
Tout ceux qui s’opposeront à lui seront emportés
Par le flot des effluves qui s’écoule de ses mains.
Les parasites seront traqués sans relâche,
Les civilisations seront réduites à néant.

Quelques uns survivront à ses épreuves,
Ses braves seront accueillis par le Dieu Gardien,
Devenant le peuple du renouveau, fort et respectueux
Le sang naîtra du sang, la chair naîtra de la chair,
Et le Dieu gardien sera apaisé pour l’éternité.
Pour que Syfaria soit Un, la Vision du Gardien devra s’accomplir. »


Samael ajouta ensuite après une courte pause.

Il est une multitude de croyances et de convictions autour de la Philosophie des Témoins et je vous en conterais d'autres. Vous avez certainement déjà combattu les rejetons de Son Fils Maudit, l'Usurpateur? Vous avez certainement déjà vu les Signes de la corruption des Effluves que manipule le P'KhenS'sarkh pour jeter le discrédit sur celui qui l'a engendré. Connaissez vous la structure et le fonctionnement de notre faction? Cela vous éclairerez pour votre choix futur.

La deuxième étape de la conversion sera d'embrasser la Révélation et de suivre les épreuves qu'il mettra sur votre chemin de Foi. Vous devriez songer à participer activement au Congrés, cela vous permettra de comprendre un peu mieux le quotidien de notre faction et de vous initier à nos rites.







Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Trempe

Le Luang 5 Manhur 1508 à 18h28

 
Le Chevalier porta rapidement les mains à ses tempes, sentant un mal de tête le saisir à mesure que le Nelda lui contait l’histoire qu’il semblait lui-même tenir d’un personnage nommé le Berger des Âmes. Non pas que le récit, même s’il était source de réflexion pour lui, fusse à ce point obscur qu’il n’en comprenait mot, mais parce malgré la gentillesse de son interlocuteur de parler lentement et en articulant bien, il peinait à comprendre toutes ses phrases, et tous ses mots. Il devait faire un effort considérable pour arriver à suivre le rythme pourtant tranquille de son compagnon, et cela était un peu douloureux.

Mais la douleur était bien peu de chose en comparaison de ce qu’il apprenait. A mesure que l’histoire avançait, des tas de questions lui venaient à l’esprit, autant d’interrogations qu’il devait mettre de côté, car il lui semblait évident que si le texte n’était pas plus précis, ce n’était pas volontairement, mais bien parce qu’une partie de cette histoire était floue aux yeux même de ceux qui la transmettaient.

Quel pouvait être ce peuple originel qui avait été un tel danger pour Syfaria et sa nature fragile ?

Quelle put être la manifestation du S’sarkh qui fit disparaitre ce peuple de manière aussi parfaite ?

Quelle était cette armée immense à son service, et qui protégeait la nature à présent qu’il dormait ?

Il y avait tant de questions qui demandaient réflexion, et des réponses que lui seul pourrait se donner, comme le lui avait enseigné le Propage, en se forgeant ses propres croyances à partir des légendes.

Pourtant, à mesure que le discours avançait, il trouvait certaines paroles, certaines bribes de phrases, qui éveillaient un écho en lui, et qui lui faisaient penser qu’il ne faisait pas fausse route, et que la vérité qui lui était présentée ici était plus proche de la véritable que celle qu’il avait laissée derrière lui.

Au terme du conte, le Nelda demanda au Tchaë, comme une question rhétorique, s’il avait déjà combattu des Rejetons. A cette évocation, une douleur s’éveilla dans son torse, une douleur vieille de quelques mois et qui n’avait toujours pas disparue, même soignée par l’Erudite en personne. C’était la cicatrice qui témoignait du combat, et de la défaite, qu’il avait connu face à un Jyrtryan, dans le Sud.

Une douleur plus grande encore s’éveilla dans son esprit, à la pensée de son fils mort des manipulations d’un Rejeton, d’un Jyrtyran, peut-être, et peut-être même du même qu’il n’avait pas su tuer.

Il ne répondit pas à la question, mais la main qu’il posa sur sa blessure au torse et son regard le firent pour lui, assurant au Témoin qu’un mois de combat et de traque de Rejetons avaient laissé leur emprunte dans l’esprit et dans le corps du soldat, une emprunte qui ne disparaitrait jamais vraiment.

A la question suivante, qui le détourna des pensées qui venaient à lui, il ne sut quoi répondre, car à la vérité, il ignorait tout du mode de vie des Témoins, et de la manière dont été organisée leur société. Il hocha négativement la tête, décidé à l’écouter et reporter ses méditations à plus tard.

J’ignore sur quelles bases repose votre société, et de quelle manière elle s’articule…

Il ignorait d’ailleurs si ce qu’il imaginait comme les grandes lignes de son futur trouverait sa place en ces lieux, ou même s’il aspirerait encore à de telles choses d’ici quelques temps, mais il était décidé de le savoir de la seule manière réellement sûre, en le vivant, ici, et dès à présent, avec Samael.

Il garda dans un coin de son esprit le conseil de participer au Congrès organisé par les Témoins. Cela pourrait-être une bonne idée, de son point de vue. Il espérait mieux comprendre leur langue d’ici là.


 
Samael

Le Luang 5 Manhur 1508 à 19h58

 
Samael regarda attentivement son interlocuteur et analysa les gestes et les émotions qui passaient sur son visage. Bien que celui ci n'exprima qu'une phrase, le Propage en compris beaucoup plus et reprit calmement ses explications :

Tout d'abord vous devez garder à l'esprit que les fondations de notre faction sont les adeptes, croyants et partisans de notre philosophie répandus sur toute l'île.

Notre société est articulé autour du Corps Serviteur, qui veille au bon fonctionnement quotidien et à la prospérité de la faction. Il protège l'Agherehr'TaS'sarkh et soigne les malades et les blessés. Il leur revient aussi la tâche d'éduquer les prochaines générations. Ils sont pêcheurs, mineurs, protecteurs, artisans, médecins et précepteurs.

Pour remplir Sa Mission, Trois Socles viennent ensuite :

Le Socle des Contemplateurs qui ont la tâche de parcourir l'île et d'observer, récolter et rapporter les Signes de sa présence.

Le Socle des Transcients regroupe les érudits mystiques qui ont la lourde tâche d'analyser et d'interpréter les Signes.

Le Troisième Socle est le Socle des Propages qui a pour vocation la conversion des non-illuminés, ils portent la Voix partout sur l'île et propagent la Révélation.


Le Nelda fit une pause et laissa le Tchae absorber ses paroles et lui poser des questions.

Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Trempe

Le Luang 5 Manhur 1508 à 20h33

 
L’Etranger écouta avec grande attention les paroles de son compagnon, et prit grand soin de bien en comprendre le sens, le faisant répéter parfois quelques mots qu’il avait du mal à traduire, son esprit revenant machinalement à sa langue coutumière. Cela changerait avec le temps et les habitudes.

Lorsqu’il eut terminé, et marqua un silence plus prononcé que les autres pour le signifier, l’ancien soldat prit un moment pour réfléchir sur les différents corps qui lui avaient été présentés. Il associait sans y prêter attention cette réparation à celle identiquement nommée des branches de la Bulle Noire.

Sa voix, toujours aussi faible pour ne pas déranger les autres présents, se fit entendre rapidement.

« Alors, les Transcients analysent les manifestations que les Contemplateurs leurs rapportent pour essayer de comprendre la volonté du S’sarkh… Ceci dans le but de réaliser Son Dessein, comme vous me l’avez dis tout à l’heure… Les uns observent, et les autres essaient de comprendre…

Et les Propages, eux, portent les croyances des Témoins dans toutes les terres pour chercher des esprits qui y sont réceptifs et pourraient devenir Témoins à leur tour… Etrange que vous n’ayez pas l’air de les considérer comme des enseignants, qui sont dans le Corps Serviteur… Je trouve que vouloir faire comprendre aux êtres de poussière comment est fait Syfaria s’apparente presque à éduquer les peuples…

Mais, passons… Donc le Corps Serviteur regroupe… Hmmm… Tous ceux qui ont un rôle nécessaire au bon fonctionnement des autres Corps… Oui, cela se marrie bien avec son nom… Ils sont le Cœur des Témoins là où les trois autres Corps en sont l’Âme… Je crois que je comprends…
»


Il marqua un instant de pause, regardant le Nelda à ses côtés avec un air curieux, avant de reprendre.

« Tout ceci est bien loin de la hiérarchie complexe de la Bulle Noire… J’ai l’impression que cet aspect est relégué au second plan, et que les relations de supérieur à subordonné sont faites à l’économie… Est-ce que les gens sont conscients que ce en quoi ils croient demande qu’ils restent à leur place au point qu’il n’est pas nécessaire de définir de chaîne pour donner des ordres ? »


 
Samael

Le Luang 5 Manhur 1508 à 21h14

 
Samael sourit devant la question du Tchae. Au cours de ses voyages, le propage avait découvert et analysé avec curiosité les hiérarchies et le besoin de chacun de commander à des subordonnées. Apparemment ceux qui commandaient justifié cela sous le prétexte que sans eux les autres ne sauraient rien faire seuls. Chez les témoins chacun était libre de ses actes et de ses pensées, et comme tous avait reçu l'illumination, leur intérêt était relativement commun. Il reprit donc son ton calme et lent pour expliquer :

Il n'y a pas de notions de supérieurs ou de subordonnées chez nous. Tous les Témoins sont traités de manière égale et l'avis de chacun est écouté.
De toutes les discussions qui peuvent paraitre tumultueuses à un extérieur, sort une décision juste et réfléchie qui est le reflet des opinions majoritaires et qui sera respecté par tous dans son application.
Il arrive quelquefois que le KarnemS'sarkh nous fasse l'honneur de ses sages conseils et son avis est éminemment respecté. mais je peux vous assurer que cela est vraiment très rare. Nous sommes tous des êtres conscients et respectueux de notre prochain et de ses idées. Nous avons tous les mêmes intérêts : faire prospérer notre faction et convertir les âmes égarées.


Samael rebondit ensuite sur les première paroles du tchae.

Nous avons tous quelques chose à apprendre à notre entourage et à apprendre de lui. Mais seul les Précepteurs dispensent leurs savoirs aux enfants de la Scintillante et ils sont respectés pour cela.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

 
Trempe

Le Matal 6 Manhur 1508 à 11h15

 
Le chevalier hocha la tête, un sourire naissant sur son visage aux paroles du Propage. La société qu’il lui décrivait possédait à ses yeux une qualité éminemment rare, de son point de vue assez limité sur la question, et appréciable au plus haut point pour l’ancien Stratège qu’il était et qui s’était juré de ne pas transmettre son savoir en la matière. Qu’il était heureux de ne jamais avoir eu d’élève pour ça !

Il prit la parole à la suite du Témoin, pour exprimer à haute voix les conclusions qu’il tirait de cela.

« Dans la Fraternité, la Bulle Noire est très hiérarchisée, et j’ai dû plusieurs fois lorsque j’en étais membre suivre, et faire suivre des ordres que je trouvais inconsidérés, et que la majorité des gars trouvaient tout aussi inconsidérés. Des ordres qui puaient le plan établi par un planqué à cent lieux de la bataille et qui n’en avait pas le plus petit aperçu réaliste. De nombreuses vies se sont éteintes à cause d’une telle hiérarchie. Je ne la critique pas en elle, elle peut-être très efficace en mettant les bonnes personnes au bon poste. Mais aucun être de poussière n’est infaillible, et l’erreur arrive, hélas… »


Il ravala sa salive, et prit un instant pour fixer les paumes de ses mains, parfaitement propres, mais que lui voyait depuis quelques temps souillées du sang de dizaines, de centaines de vies qu’il n’aurait jamais dû faire s’éteindre. Il se demanderait sans doute toute sa vie s’il n’aurait pas du se mutiner.

« J’ai tant à apprendre de tous, ici… Mais vous avez raison, il y a une chose que je peux leur enseigner moi aussi… Il me faut simplement en trouver le courage… le courage d’apprendre quand défaire le nœud... »


Il tapota machinalement la garde de son épée, à l’endroit où il rejoignait la lame dans son fourreau. Une cordelette solide rendait l’épée solidaire du bois qui protégeait sa lame, empêchant de la tirer.

Il releva la tête vers le Nelda, tiquant sur une chose, et reprit la parole.

« Si ce n'est pas indiscret, de quel Corps faites-vous partie ? »


 
Samael

Le Matal 6 Manhur 1508 à 12h54

 
Samael sourit à son interlocuteur et répondit :

Vous n'avez donc pas deviné? J'appartiens au Socle des Propages.
Je parcoure les routes de Syfaria pour annoncer la Révélation et porter la Vision de S'sarkh.


Le Nelda se redressa d'un bond et invita le tchae à le suivre.

Venez rejoignons le Congrés et participons aux festivités. Je vous conseille de suivre avec intérêt la journée consacrée aux Propages. Vous y appréhenderez ainsi divers point de vue sur notre philosophie. Mes Croyances me sont personnelles et ne reflètent la pensée de nombreux de nos compatriotes.

En tout cas, j'ai été enchanté de faire votre connaissance, et si vous avez une question ou quoique ce soit à me demander, n'hésitez pas! Même simplement pour le plaisir de partager un repas entre ami. De plus si vous souhaitez voyager, je suis toujours à la recherche de compagnons de route.


Samael tendit son bras musculeux au tchae et lui empoigna l'avant bras en serrant franchement.


Soyez heureux parmi nous ! et Bienvenue à Lerth

Le grand Nelda sourit une dernière fois et se dirigea vers la sortie du Temple.


Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.

Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...